Citations de Paul-Loup Sulitzer (104)
"Les prophètes de la Bible sont des historiens en lévitation. S’ils n’ont pas les pieds sur terre, leur regard porte plus loin"
Je suppose que l’on peut aussi bien commencer l’histoire ce 23 novembre au matin, vers onze heures trente, dans cette maison d’Old Queen Street, en bordure de Saint James Park, à Londres.
Kopp sourit malgré lui à cette image. Si Vanzuidermann livrait des informations, c'était par fatuité, pour un pichet de bière et sans même s'en rendre compte.
Mais du même coup il appartenait à la plus dangereuse espèce de traîtres, celle des cons.
Tu es très intelligente, Hannah. Sûrement trop pour ton bien.
... je croiserai rarement regard aussi intelligent que le sien. D'ailleurs, il ne faudrait pas grand-chose pour que j'éprouve de la sympathie, voire de l'amitié pour cet homme ; il suffirait simplement que je cesse d'avoir peur de lui.
- Eh oui. Tu es homosexuel, jeune Géorgien ?
- A peu près autant que Tarass Boulba.
- Tu es fiancé ?
Non. Ou alors dix ou quinze fois.
(page 13)
Or c’est un fait : pris collectivement, ces hommes ont capitulé devant la Technostructure. Aucun d’eux n’est parvenu – la seule exception à la règle étant Pinay – à lier durablement son nom à une politique. Ils n’auront, en fin de compte, baptisé que de grands travaux : un centre culturel, une voie sur berge ou une arche à la Défense. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que les politiques soient aussi mal aimés.
(p. 114)
...e suis cette jeune femme élancée, belle, sur qui on se retourne, que tous les amis de Delmas ont essayé de séduire, d’arracher à ce salaud qui va de jolie femme en jolie femme – les photographes ont vraiment toutes les chances. Et je suis là, j’enlève mon soutien-gorge. Je souris. Je m’approche de lui. Je l’enlace. Je l’interroge. Puis-je utiliser sa salle de bains, tout de suite, s’il n’est pas pressé ? Il hésite. Il tente de m’écarter. Mais je suis suspendue à son cou et ses mains emprisonnent tout à coup mon dos. C’est moi qui le repousse, qui lui explique que j’ai deux rendez-vous, avec le rédacteur en chef d’un hebdomadaire féminin et avec le directeur de l’agence de presse Regards.
Les gens accepteront pour pouvoir te regarder bouger devant eux. Tu va être le serpent qui les hypnotise. Ils voudront recommencer le reportage. Ils t’obéiront. Sois exigeante. Tape-leur dessus, comme un dresseur. Ils monteront sur les escabeaux, ils sauteront dans des cerceaux enflammés, tu verras, les stars, les princes, les auteurs à succès, les présidents, tu les auras tous à ta botte.
Laurent aime que je sois passive, que je subisse en silence. J’obéis à ses moindres désirs. Mon corps éprouve du plaisir. Je le laisse aller, je suis emportée par mes instincts. Mes hanches ondulent comme si la houle m’entraînait. Mon sexe s’ouvre. J’écoute ce cri étouffé qui s’échappe de ma bouche.
Quand mon père est absent, Margaret m’entraîne hors de la maison. Elle me conduit dans sa voiture découverte, haute sur ses énormes roues, jusqu’au sommet des collines, au-dessus des barres rocheuses qui dominent l’océan. Nous nous asseyons à l’abri. Elle continue ses leçons, en utilisant alternativement les langues qu’elle doit m’enseigner ; elle ne me parle plus des maîtres de la littérature des différents pays mais de l’amour, du corps et du désir.
Parfois elle a des gestes inattendus. Elle me prend par la taille, elle glisse sa main entre mes cuisses, elle me serre contre elle, ses lèvres tout près des miennes. Elle halète. Je sens sa poitrine qui palpite.
Après le Tigre blanc, le Cygne noir, voici le Dragon vert.
Bientôt l’Ecureuil rose ? Le Lapin turquoise ? L’Eléphant bleu marine ?
- Esther, je fais sans doute partie de ces gens qui éprouvent une angoisse permanente tant qu'ils n'ont pas la preuve que, oui, on veut bien d'eux, on ne veut qu'eux ... (p. 251)
Je n’ai pas besoin de témoins, dit-il, réellement indigné. Quand je donne ma parole, qu’il y ait des témoins ou non, c’est pareil.
Les femmes qui l’avaient aguiché avaient été émoustillées par son exotisme. Or elles ne voudraient sûrement pas de lui comme mari ou comme gendre.
Les cobras font comme tout le monde. Ils attendent que les eaux redescendent.
La difficulté fut d’écrire le message et d’y mettre les mots qui conviennent. Rédiger une longue lettre était au-dessus de ses forces et de ses connaissances, ça lui prendrait un mois et demi pour le moins, pour peu que la lettre en question excédât les trois lignes
Entrer dans le passé, il aime l’expression. C’est comme de refermer un tiroir. Ou un livre terminé. Sauf que jamais tu n’as terminé de livre
La mangouste est le seul animal qui ose s’attaquer au cobra et qui le tue.
Pour moi,deux et deux font toujours quatre, la nuit et le jour. Même quand ça vous agace. Lorsque j'ai lu le premier livre de Taddeuz, j'ai eu honte. De moi, et
de ce que je pensais. Car j'ai pensé que ce qu'il avait fait ne servait à rien,que c'était gratuit, que c'était écrire pour écrire, pour démontrer qu'on savait foutument bien la langue, mais qu'on était au-dessus des gens ordinaires, au point qu'on n'avait pas à condescendre à leur raconter une histoire avec un début et une fin.