Citations de Paul-Loup Sulitzer (104)
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Parmi les souvenirs d'une netteté étincelante que j'ai gardés de cette journée, il y a d'abord cette légèreté de l'air autrichien, ensoleillé et doux, embaumé des parfums d'un printemps en apparence figé pour l'éternité.
Ensuite seulement vint l'odeur.
Elle atteignit mes narines alors que nous étions encore à deux ou trois cents mètres du camp. Un grand charroi de camions bâchés nous contraignit à stopper et notre chauffeur improvisé en profita pour proclamer avec une détermination rageuse qu'il n'irait pas plus loin. Nous dûmes descendre et poursuivre à pied. L'odeur se fit plus perceptible, elle stagnait en nappes successives et immobiles. « Fours crématoires », dit Blackstock avec son traînant accent du sud, et le ton placide, cet accent même, dépouillèrent les mots de presque tout leur horreur. Nous passâmes les portes larges ouvertes. ....
....
sitôt le grand porche franchi, se perdait aussitôt dans une mer immense et muette de cadavres vivants, étrangement peu mouvante
- vous vous appeler comment?
- reb Michael klimrod .je suis arrivé ici en février dernier, amené par un obersturmbannfuhrer ..
- qui s, appelait?
- je ne sais plus! de quel droit me posez
vous ces questions? parce que vous êtes
américain et que vous avez gagné la guerre. je ne crois pas avoir été vaincu par les u s a ni par quiconque....
-Il veut mourir, Hannah, n'est-ce pas ?
- Il peut réussir. Seuls les fous réussissent. Les autres ne tentent rien.
Quand les gens achètent des choses dont ils ont vraiment besoin, ils discutaillent, prêts à se battre pour un sou. En revanche, qu'ils achètent quelque chose dont ils pourraient se passer pendant cent ans et alors là, ils sont prêts à payer n'importe quel prix .
... Il faut mourir, je mourrai : ce ne sera pas une grosse perte pour l'univers ; et d'ailleurs, moi-même, je commence à m'ennuyer passablement en ce monde.
Je suis comme un homme qui baille à un bal et qui ne rentre pas se coucher uniquement parce que sa calèche n'est pas encore là...
("Un héros de notre temps" de Mikhaïl Lermontov cité dans "Hanna 2 - L'Impératrice" de Paul Loup Sulitzer).
Et un petit-fils n’offre pas les mêmes garanties. Mais enfin, l’amitié l’emporte, le cœur vainc la raison. C’est pour cela que ma générosité est si considérable.
Et j’imagine le visage de Martin Yahl à cet instant, je l’imagine avec mieux que de la joie : de la délectation et de la volupté. Le visage de Martin Yahl doit mathématiquement refléter d’abord une surprise froide et puis, au fil des secondes, une colère, une rage aux limites de la folie
L'événement m'affûte comme une lame, me décape de toute faiblesse et met à nu une agressivité efficace et froide dont jusqu'à ce jour je n'avais pas soupçonné l'existence.
Quand je suis tombé à la mer de mon bateau yakkan, ans la tempête, au milieu des Badjau-laut qui m'ont recueilli le premier coup, il y en avait un qui disait que les cocotiers n'existaient pas, que c'étaient els mauvais esprits qui nous faisaient croire qu'ils existaient. Il ne changeait jamais de directions devant un cocotier et s'éclatait le crâne dessus. Et il en est mort.
Je découvrais les vertus commerciales du snobisme , et les deux seules façons qu'il y a de réussir dans le négoce : soit en vendant beaucoup et peu cher des choses dont tout le monde a besoin, soit en déterminant avec le plus grand soin sa clientèle et en persuadant à celle-ci d'acheter, hors de prix, des choses dont elle n'a strictement aucun besoin...
Mon père, lui, est toujours puissant. On l’appelle le comte Giulio Gasparini. Il donne des ordres. On s’incline devant lui. Les gondoliers, après avoir placé le cercueil de ma mère sur un catafalque, devant la chapelle qui jouxte le caveau en marbre de la famille Gasparini, ont salué mon père d’un grand geste, levant leurs chapeaux de paille entourés d’un ruban noir. Puis ils ont tendu la main et mon père, sans les regarder, a donné à chacun d’eux des billets.
Mais qu'est-ce que c'est que ce maroufle qui débarque en pleine nuit, qui me touche le cul, qui me parle dans un jargon encore plus ridicule que celui des Indiens et qui, surtout, ça c'est vraiment insultant, se couche près de moi sans même quérir de la lumière pour voir quelle face j'ai, ni comment je suis faite, qui ne me touche plus après m'avoir tapotée, et qui s'endort en ronflant aussitôt après. Je t'en ficherais, des bons Noëls !
- Croyez-vous qu'un jour viendra où l'on n'aura plus besoin de passeport ni de cachet sur l'épaule ?
- J'en serais surpris. Je n'ai pas une haute opinion de l'humanité en général, mais en matière de crétinisme, les Etats la surpassent.
"Le risque, dans l’éthique chrétienne, c’est parfois d’aimer jusqu’au Diable par charité aveugle. On en finit par provoquer des situations monstrueuses à partir de sentiments généreux"
"Cessons de travestir le doute cartésien, qui fit la force de l’Europe, en une lâcheté mentale qui fait aujourd’hui la ruine de l’Occident" (Entretiens spirituels)
"Le réel excède toujours les conditions du contexte. Ce qui arrive n’est jamais exactement la somme des facteurs et des causes impliquées. Le texte de la Bible porte cette marque" (Entretiens spirituels)
"Les grandes religions ne sont pas forcément contradictoires entre elles lorsque leurs énoncés divergent : elles abordent la vérité sous tel ou tel angle. C’est le fait de croire qu’elles s’expriment toutes sous le même angle qui est une erreur : une erreur dans le regard du polémiste qui juge"
"Je ne crois pas en la réincarnation. J’ai eu suffisamment de vies différentes en une seule pour croire qu’il en faille plusieurs à l’accomplissement de chaque être"
"Si le Coran est plus vaste que la science, en faire une encyclopédie médicale ou un manuel de chimie me semble plutôt contradictoire"
"De fait, l’antisionisme parachève l’antisémitisme en le politisant, en « lissant » une pulsion raciste. Or, dans l’absolu, l’antisionisme est un phénomène distinct de l’antisémitisme"