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Critiques de Paula Jacques (79)
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Plutôt la fin du monde qu’une écorchure à mon doigt

Louison est une jeune femme pleine de vie lorsqu’en 1940, elle décide de se rendre à Marseille pour rejoindre Alger où son ami de l’époque l’attend. Mais la guerre fait rage et l’empêche d’embarquer. Seule dans une ville inconnue, elle fera des rencontres qui la protégeront des temps mauvais.

C’est avec une soif de vivre hors du commun, une aptitude à ne retenir que les belles choses, à avancer coûte que coûte même quand tout est noir, que l’on découvre le portrait d’une femme aussi pétillante que jamais dans une France ravagée par la guerre.



J’ai plutôt bien accroché à ce roman, surtout dans sa première partie. Je regrette néanmoins que l’énergie s’essouffle dans la seconde avec une impression d’immobilité dans l’avancée du destin de Louison. Un bémol également dans les personnages qui auraient mérité d’être plus travaillés.

Une lecture légère dans la féminité et le charme d’une femme qui a su se faire aimer et qui en retour s’accrocha à la vie plus que jamais.



Merci à NetGalley France pour l’envoi de ce roman.
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Au moins il ne pleut pas

Ce n'est pas un secret, malgré mes innombrables lectures, le thème de la Seconde guerre continue de me fasciner.



Ce qui attire autant mon intérêt, ce sont toutes les histoires personnelles qui gravitent autour de cette tragédie et la manière dont des hommes et des femmes de différentes nationalités, cultures et religions ont été impactés et ont dû faire face à la monstruosité des choix impossibles.



Paula Jacques nous offre un roman tout en nuances, sombre et déchirant où toutefois il perce régulièrement une accalmie d'espoir.

Elle nous fait réfléchir sur la persistance de l'héritage du mal même une fois qu'on croit qu'il appartient au passé.

Elle ne cherche pas à revisiter L Histoire mais à montrer comment certains choix continuent à percuter les destins individuels, même bien longtemps après les faits.



Parfois lors d'une lecture des images ou des chansons s'imposent sans que l'on comprenne vraiment la raison.

Les paroles de la chanson de Jean-Jacques Goldman, Né en 17 à Leidenstadt, m'ont accompagnée tout au long du récit.



« On ne saura jamais ce qu'on a vraiment dans nos ventres

Caché derrière nos apparences

L'âme d'un brave ou d'un complice ou d'un bourreau?

Ou le pire ou le plus beau?

Serions-nous de ceux qui résistent ou bien les moutons d'un troupeau

S'il fallait plus que des mots? »



Paula Jacques dresse des portraits singuliers qui éclairent la façon dont chacun appréhende le poids de l'Histoire et des jugements.



Son langage est beau et poétique car la poésie et l'amour peuvent naître même au fond des entrailles de l'enfer.

Certains survivants ont réussi à faire que l'horreur et le chagrin se transcendent dans les mots.

Il est question de résilience et de reconstruction après l'horreur, des gens qui ont choisi la vie mais qui ont dû payer le prix fort.



Et c'est encore la conclusion de Jean-Jacques Goldmann qui me vient au moment de clore ce billet :

« Et qu'on nous épargne à toi et moi si possible très longtemps

D'avoir à choisir un camp »



Pour ne jamais oublier!







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Plutôt la fin du monde qu’une écorchure à mon doigt

Intriguée par le choix du titre, je ne regrette pas d'avoir acheté cet ouvrage mi- historique, mi- roman qui conte, en alternant présent et passé, en l'occurrence ——le temps du deuxième conflit mondial et aujourd'hui—- le destin de Louison Desmarais, belle jeune femme au teint diaphane nimbé d'une mousse de cheveux blonds , aux yeux bleu clair, presque translucides, sensuelle, douée d'un fort appétit de vie .



Elle se rend en catimini du port du Havre à Marseille afin d'embarquer pour Alger où l'attend son fiancé du moment, laissant sa soeur Margot et son père ...

Mais nous sommes en juin 1940... Aucun bateau ne peut quitter la ville assaillie de réfugiés fuyant le nazisme .



Désemparée , Louison lie connaissance avec Antoine Corsini dit « Tonton », corse au grand coeur, tenancier de tripots clandestins, patron puissant de boites de nuit, au bar «  Les flots bleus » , mais surtout patriote et résistant de la première heure ,..



Débrouillarde, pétillante, capricieuse , tournée vers elle même , petite tête de linotte, rebelle, sous la protection de Tonton , elle tombe amoureuse d'un jeune juif , exalté d'idéalisme , à l'étoffe de héros , devient maman d'une petite fille contre son gré , brave la guerre et pas mal d'épreuves ... poursuit sa quête du bonheur envers et contre tout...

N'en disons pas plus ...



C'est un beau portrait de femme sans morale ni principe à l'appétit de vivre insatiable même au plus profond du malheur, passionnée et libre, coquette et délurée .

Portrait ironique, grinçant, délicieusement irrévérencieux , mère atypique, légère , d'une insouciance folle...

....

C'est aussi et surtout grâce à une solide documentation le roman de Marseille sous l'occupation et son état d'esprit : attentats, rafles, prise d'otages après les actions des résistants , bombardements , spoliation de biens juifs, représailles ,gens molestés en pleine rue , fracassements des vitres de nombreux commerces, boutiques mises à sac, convocations à la Gestapo, morgue des officiers , évacuation de quartiers entiers, sous le chaud soleil ...

Une ville martyrisée , déformée par la guerre ...



Entre passé et présent que je ne dévoilerai pas, la narratrice conte sa mère au présent et au passé.

Lecture rapide, légère , fluide, agréable entre ombre et lumière !

Paula Jacques, une judicieuse conteuse !







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Plutôt la fin du monde qu’une écorchure à mon doigt

Autre roman reçu via net galley par les éditions Stock : Plutôt la fin du monde qu'une écorchure à mon doigt de Paula Jacques.

Louison Desmarais est une jeune femme dotée d’un fort appétit pour la vie. Nous sommes en juin 1940. Elle se rend à Marseille afin d’embarquer pour Alger où l’attend son fiancé du moment ; mais aucun bateau ne peut quitter la ville assaillie de réfugiés fuyant le nazisme....

Débrouillarde, elle fait les bonnes rencontres... Elle aime.. Elle devient maman...

Plutôt la fin du monde qu'une écorchure à mon doigt c'est donc l'histoire de Louison, une jeune femme haute en couleur. Elle pétille alors qu'autour d'elle la guerre fait rage.

J'ai aimé ce portrait de femme toutefois je n'ai pas toujours accroché avec cette lecture. Louison m'a parfois agacé, elle est attachante... mais pas toujours.

J'ai apprécié que ce roman se déroule à Marseille et que l'auteure nous fasse découvrir cette ville sous l'occupation. J'ai surtout lu des romans se déroulant à Paris ou dans des petits villages pendant la seconde guerre mondiale mais pas à Marseille. Du coup, cela me change et j'ai trouvé ça très intéressant.

Dans l'ensemble, ce roman m'a plu et je le recommande.

Ma note : quatre étoiles.
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Plutôt la fin du monde qu’une écorchure à mon doigt

J’ai retrouvé avec grand plaisir la plume de Paula Jacques que j’ai découverte il y a quelques années avec « Gilda Stambouli souffre et se plaint» et plus récemment avec « Au moins il ne pleut pas ».

Dans ce nouveau roman, au titre judicieusement choisi, l’auteure brosse le portrait de Louison Desmarais, jeune femme belle et rebelle.

Dès son plus jeune âge elle se montre têtue, insolente, frondeuse. A l’âge de neuf ans, elle est renvoyée du pensionnat religieux où elle avait été admise après le suicide de sa mère enceinte de son troisième enfant pour avoir osé danser quasiment nue sous le jet d’arrosage mettant à mal la quiétude de la communauté des bonnes sœurs et mis le feu aux sens du jardinier.

Lorsqu’elle tombe amoureuse, Louison fait des pieds et des mains pour rejoindre son amoureux, non sans avoir subtilisé quelques billets dans le portefeuille de son père et s’être approprié les bijoux de sa mère, sans penser à sa jeune sœur.

La ville de Marseille l’accueille sous un bien mauvais jour, tout est bloqué, la ville est occupé par les allemands.

Louison fait la connaissance de Tonton, corse au grand cœur, héros de la résistance pour sa part de lumière, patron de boîtes de nuit de de tripots clandestins pour sa part d’ombre.

La vie s’organise et Louison trouve rapidement sa place, ne cherchant que son bien-être personnel. Elle ne s’embarrasse de personne, même pas de la fillette qu’elle vient de mettre au monde.



Louison est détestable, égocentrique, narcissique, sa motivation principale et unique est d’être heureuse et qu’importe ceux qui restent sur le bord du chemin.

Malgré tous les défauts dont Paula Jacques affuble son héroïne, on ressent une extrême bienveillance à son égard, car au fond d’elle-même la jeune femme ne se rend pas vraiment compte de son attitude.

Elle agit presque innocemment, sa devise étant « Plutôt la fin du monde qu’une écorchure à mon doigt ».



Outre des personnages dépeints avec talent et minutie, Paula Jacques s’attarde sur la ville de Marseille sous le joug de l’occupant et c’est parfaitement réussi.



Un grand merci à NetGalley et aux Editions Stock.



#PlutôtLaFinDuMondeQuuneécorchureàmonDoigts #NetGalleyFrance



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Gilda Stambouli souffre et se plaint...

Contraint de fuir l'Egypte à la fin des années cinquante, Gilda Stambouli et son fils errent d'hôtel en hôtel à Paris. Elle a, dans sa fuite, abandonnée sa fille Juliette dans un kibboutz israélien. Vivant de rien grâce à de maigrelettes aides, elle cherche désespérément un travail pour réunir la somme qui permettrait de réunir toute la famille. Veuve d'un avocat, elle est plus habituée à commander qu'à travailler et n'hésite pas, à utiliser ses charmes pour parvenir à ses fins.

Un livre ou alterne récit et courrier administratif pour peindre un beau portrait de femme malheureusement un tantinet trop long. Certes la vie de cette femme est passionnante mais ce livre comporte beaucoup trop de longueur et de plainte à mon goût pour que je puisse l'apprécier à sa juste valeur.

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Les femmes avec leur amour

Mara a douze ans est vient d'être, en une nuit et à sa grande surprise, propulsée dans le monde des femmes. Sa mère ne l'a mise au courant de rien. Heureusement, la bonne Zanouba est là pour la rassurer et la réconforter. Elle en profite pour nous raconter ses souvenirs de sa jeunesse.

Nous sommes en 1956 au Caire, en Egypte, à l'aube de la guerre de Suez, un conflit entre l'Egypte, qui vient de nationaliser le canal de Suez d'un côté et Israël, le Royaume-Uni et la France de l'autre.

Un roman à deux voix : celle de Mara, jeune juive qui vit dans un pays devenu hostile avec l'arrestation de sont père, de l'autre Zanouba, musulmane, qui ne supporte ni les hommes, ni les patrons auxquelles elle voue une aversion profonde.

Un roman sur et avec des femmes qui raconte cette vie au Caire à l'aube des années soixante. C'est bien écrit, passionnant et pour moi, homme, une invitation aux rapports et aux secrets féminins.

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Plutôt la fin du monde qu’une écorchure à mon doigt

Une amie m'a parlé de cette écrivaine que je n'ai jamais lu. Au vu du titre à rallonge, je l'aurai certainement évité. Au final, c'est une histoire plaisante à l'écriture fluide. La narratrice raconte sa mère au présent qui doit se faire soigner et surtout au passé. Une femme pleine de vie qui va se trouver à Marseille, à l'époque de la seconde guerre mondiale parce qu'elle n'a pas pu prendre un bateau pour rejoindre son fiancé. Un beau portrait de femme.
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Au moins il ne pleut pas

En 1959, deux orphelins égyptiens débarquent d’un navire d’immigrants juifs sous une pluie d’hiver. Dans le camp de Haïfa où ils sont emmenés, la panique submerge Solly. Le jeune garçon de 14 ans ne supporte pas d’être séparé de sa sœur Lola, de treize mois son aînée. Ils décident de fuir les conditions de vie inhumaines de ces baraques sordides. Les enfants trouvent refuge dans une grande maison, grâce à l’aide de Georgie, jeune voyou qui voit immédiatement en Solly un joyeux complice. Ils sont accueillis par deux étranges rescapées d’un camp de la mort, des amies inséparables mais totalement différentes, le feu et la glace. Lola, jeune fille studieuse, est attirée par le climat romanesque de sa famille d’accueil. Georgie et Solly sont très vite liés à la vie à la mort et deviennent des experts de l’arnaque. Les enfants sont des clandestins, cette maison est pour eux un véritable havre de paix. Quand leur protectrice Magda est confrontée aux lourds secrets de son passé, le fragile bonheur de la maisonnée vacille. Alors Lola, en jeune femme réfléchie, fera face contre vents et marées, et Solly se forgera une armure, prêt à tout pour préserver leur liberté.

Paula Jacques analyse les sentiments humains en confrontant la mémoire du passé et l’espoir de l’avenir. Un roman émouvant qui nous dit que rien ne peut détruire la force de l’amour.

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Au moins il ne pleut pas

Solly, 14 ans et Lola Sasson, 15 ans, arrivent en Israël un jour de l’hiver 59. Orphelins de père et de mère après un accident de voiture au Caire. Ils trouvent refuge dans le quartier pauvre de Wad Salib,chez Magda, leur logeuse,et son amie Ruthie, femme très énigmatique Solly se livre à de petits trafics avec Georgie le neveu de Magda. Lola rêve de la poursuite de ses études , et observe le monde qui l'entoure, notamment « Tante Magda » . Magda qui a connu les camps comme Ruthie est un jour accusée d’avoir été en fait une collaboratrice zélée des Allemands. Bouleversée, Lola tente de comprendre. Il s'agit d'un roman sur l'adaptation à de nouvelles conditions de vie des jeunes gens et le passé de leurs amies dans l'univers concentrationnaire. Il y a un charme certain et l'on éprouve de l'empathie pour ces enfants livrés à eux-mêmes
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Au moins il ne pleut pas

Une lecture émouvante et intéressante qui nous raconte, aux débuts d’Israël (1959/1960 exactement), l'histoire de quelques personnages blessés très différents les uns des autres... mais aussi...

comment la lecture rend plus maline et circonspecte l'orpheline que l'on pense plus faible que son frère...

comment certains juifs se voyaient attribuer de grandes maisons alors que d'autres devaient caser la famille nombreuse dans une pauvre masure...

comment certaines, qui avaient connu les camps de concentration, ne se remettaient toujours pas en faisant silence sur tout ça, alors que d'autres ne cessaient de ressasser...

comment de victime on passait à bourreau tout en restant victime...



comment cinq blessés de la vie se recréent une famille pour survivre d'abord, puis peut-être, revivre avec l'espoir de quelques bonheurs.
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Blue Pearl

Un nouveau roman pour revenir sur l’histoire américaine, et son rapport douloureux à l’esclavage qui est traité à travers le récit de Lizzie.

 Il marque par son écriture authentique, ce récit douloureux, choquant, et révoltant pour ceux qui n’ont jamais compris que l’esclavage puisse exister.

De sa plume ciselée, Paula Jacques raconte une histoire qui est aussi le vrai témoignage d’une époque cruelle, inhumaine, mais où plane cependant en permanence une lueur d’espoir, grâce au courage et à la résilience de personnages volontaires, forts, qui aiment la vie. C’est cette force du courage qui rend plus supportable cette histoire et montre le côté indispensable des droits de l’homme. 
Lien : http://www.liresousletilleul..
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Rachel-Rose et l'officier arabe

Janvier 1957, au Caire.

Une nuit, Fouad Barkouk, un jeune officier de l’armée égyptienne, se présente avec un mandat d’amener au domicile de Salomon Cohen, un prospère commerçant juif. Rachel-Rose, la fille de Salomon, lui ouvre en nuisette légère.

La prestance de l’officier, l’étrange façon dont il l’aborde, jettent l’adolescente totalement naïve dans un trouble de grande sensualité. D’autant que l’officier semble conscient et même satisfait de l’effet produit sur la fille du commerçant juif qu’il vient arrêter. Au point de renoncer, cette nuit-là, à la mesure d’arrestation.

Mais en réalité la jeune fille importe peu à Fouad. Il n’a qu’une seule idée en tête, venger sa mère morte dans la solitude et l’indifférence de ses anciens patrons, les commerçants Salomon et Margot Cohen…

Fouad a tous les atouts pour réussir un plan subtil : un sentiment aigu d’humiliation sociale et une profonde conviction nationaliste.

Tout cela à l’heure où l’Egypte de Nasser expulse, en les spoliant de leurs biens, tous les habitants non-arabes et non-musulmans. « A l’instant où la guerre de Suez avait pris fin, ce ne fut plus la guerre, mais la paix qui devint terrible. »

Fouad va donc profiter de la situation précaire des Juifs en Egypte pour ourdir un jeu machiavélique.

Sous prétexte de le soustraire à la prison, il séquestre Salomon dans une chambre en tous points semblables à celle où sa mère a vécu sa misérable existence.

Il séduit également Rachel-Rose, la déflore et la maintient de longues semaines sous son emprise amoureuse, tandis que les parents de la petite, feignant l’ignorance, laissent faire.

Malgré la cruauté de la situation, Rachel-Rose connait pourtant dans les bras du bel officier les émois du premier amour, sans remords, ni péché.

Elle est si fraîche, si éperdument offerte, que le cœur de Fouad parfois vacille, allant même jusqu’à songer à renoncer à l’exécution de son plan. Mais le souvenir des anciennes souffrances est trop fort et l’aveuglement volontaire des Cohen ne fait que raviver son désir de vengeance.

Le drame se nouera trois mois plus tard, mais l’accomplissement de la vengeance n’aura-telle pas un goût amer ?..



Productrice, animatrice de radio et écrivaine d’origine égyptienne, Paula Jacques, offre avec « Rachel-Rose et l’officier arabe » un beau roman ambigu et sensuel, plein d’équivoque et d’une savoureuse suavité, qui emporte le lecteur dans l’Egypte des années 1950, époque de prédilection de l’auteur où roman après roman, elle saisit la fin du monde cosmopolite qui fut le sien et poursuit sa propre version de la comédie humaine qu’elle épingle avec une subtilité fine et incisive, utilisant souvent les ressorts tragi-comiques pour dépeindre la réalité de ce pays qui lui tient à cœur.

Membre du jury du Prix Fémina depuis 1996 et couronnée par ce même prix en 1991 pour le roman « Déborah et les anges dissipés », Paula Jacques, au fil de nombreux livres, a toujours fait grand cas de la psychologie de ses personnages, les analysant avec une férocité du regard et une tendresse du cœur assorties d’une grande lucidité.

Dans « Rachel-Rose et l’officier arabe », elle montre de la sorte que tout n’est pas « blanc ou noir » et que chacun porte en soi une face cachée et trouble.

Ainsi Salomon, qui sous des dehors résolus, laisse sa propre fille aux mains d’un être vil et complexe. Il ne jouit en définitive d’aucune qualité morale pour faire face à l’adversité, cache une grande lâcheté le rendant incapable de tenir tête à Fouad. On se rend compte alors que c’est la peur la première ennemie de Salomon et non pas l’officier arabe. La peur qui l’incite à fermer les yeux sur le déshonneur de sa fille, la peur qui l’entraînera dans la chute.

A l’inverse, Fouad, très antipathique au début, être amer à l’orgueil démesuré, va finalement montrer des sentiments et de l’humanité. Il va surtout prendre conscience que la vengeance n’apporte pas toujours l’apaisement escompté.

Rachel-Rose, sous ses airs candides et puérils, cache aussi une personnalité bien complexe. La relation amoureuse et perverse qu’elle entretient avec Fouad va révéler son penchant pour les relations « dominant-dominé » bien loin de la jeune fille discrète et réservée qu’elle affiche en famille…



Tous ces personnages démontrent de façon comique et dramatique à la fois que rien n’est figé dans le temps et que les périodes difficiles et troubles peuvent changer le caractère des hommes ou montrer qui ils sont réellement.

L’auteur le fait sans parti pris, décrivant simplement les bons côtés mais aussi les travers des gens qu’ils soient juifs ou égyptiens.

Avec ce séduisant roman, elle saisit la fin d’un monde, celui du cosmopolisme et de la diversité, au profit du nationalisme et du racisme de l’époque de Nasser, monde d’arbitraire où l’on emprisonne, spolie, exile sans raison tous les non-musulmans, ce qui fait dire à l’officier arabe « le monde change, les grands deviennent petits et il se pourrait bientôt que les petits deviennent très grands. »

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Au moins il ne pleut pas

A travers l'histoire d'un frère et d'une soeur parachutés par l'agence juive en Israël où personne ne les attend, ce roman évoque une société raciste et injuste, loin du rêve sioniste, qui réserve un mauvais accueil à certains nouveaux immigrants.

D'abord ceux venus de l'Afrique du Nord, les séfarades méprisés par les ashkénazes au pouvoir. Considérés comme sauvages, incultes et non assimilables, ils sont mis à l'écart et vivent dans la misére. Les marocains surtout, appelés « maroko sakin » (marocain au couteau), suspectés d'être malhonnêtes et aussi dangereux que les palestiniens.

Ensuite, et aussi surprenant que ça puisse paraître, les immigrants rescapés de la Shoah envisagés comme des lâches pour avoir tendu le cou à l'égorgeur. Ils ne collent pas avec l'image, désirée par le jeune état, d'un juif nouveau, fier et fort.

Basé sur des faits réels, les évènements de Wadi Salib et le procès Eichmann qui éveille les consciences mais soulève aussi l'épineuse question de la complicité de certains juifs avec les nazis dans l'accomplissement de "la solution finale au problème juif", le roman de Paula Jacques apporte un éclairage passionnant sur un pan de l'histoire d'Israël peu traité en littérature. Celui de la fin des années cinquante qui annonce un certain nombre de changements radicaux au sein de la société israélienne, notamment concernant la Shoah qui devint plus seulement l'affaire des rescapés mais celle du peuple d'Israël tout entier.
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Blue Pearl

Un court roman jeunesse, qui se lit très vite, et donne une vision assez complète de ce qu'a pu être l'esclavage aux Etats-Unis.

Les aspects les plus durs sont abordés : exploitation, violence, viol, meurtre. Mais c'est fait avec beaucoup de sobriété, sans s’appesantir, à portée d'un public jeunesse. Alors pas trop petit, car cela reste une réalité difficile à appréhender (enfin, je l'espère) , mais à partir de 10/11 ans je dirais (mais cela dépend vraiment de chaque enfant, tous n'ayant pas le même degré de maturité face à la lecture).

Cela reste emprunt d'optimisme tout de même. Les épreuves sont difficiles, mais Lizzie est entourée d'amour. Et comme c'est la vieille Lizzie qui nous parle dès le départ, on sait que cela se terminera bien pour elle, c'est rassurant.

Bon après, la poupée m'apparaît simplement comme un prétexte à se souvenir de l'enfance. Au départ je pensais qu'elle aurait une place plus centrale, mais non. Une petite déception, mais rien d'insurmontable.

J'ai été un peu gênée par le langage parfois. Des expressions familières d'aujourd'hui dans un texte se situant à la fin du 19e siècle, ça me paraissait un peu décalé. Mais bon, je comprends l'envie de mettre un langage familier, langage certainement employé par les esclaves, sans pour autant "singer" une langue et donc tomber dans les stéréotypes racistes. C'est un exercice difficile, et malgré ma petite gêne, je pense que l'autrice s'en sort plutôt bien.
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Plutôt la fin du monde qu’une écorchure à mon doigt

Derrière ce titre intriguant, et qui résume parfaitement l'attitude de l'héroine, se cache une histoire de femme ayant choisi sa vie, sans s'apesantir sur les vicissitudes vécues par son entourage ni sur les conséquences de ses actes, ce n'est pas son problème. C'est sa fille (!) qui nous parle de cette mère atypique et sans morale, ou très peu.

L'écriture de ce roman est fluide, rythmée, et l'histoire racontée-la vie d'une femme, Louison, prête à tout pour vivre sa vie comme elle l'entend-est bien imaginée, plus complexe qu'il n'y paraît, agréable à lire.

Mon seul petit bémol serait justement le personnage principal, cette femme sans règles, si ce n'est les siennes, qui semble vivre sa vie indépendamment des autres,  même si c'est très réducteur. Louison n'est pas attachante même si on prend plaisir à suivre ses aventures, et que certaines de ses décisions, courageuses ou dictées par l'amour, la rendent plus mystérieuse et humaine qu'on ne pourrait le croire.

Heureusement elle croise de beaux et/ou stimulants personnages, ce qui compense le peu d'empathie de l'héroïne.



Un livre que je qualifierais d'intriguant et agréable à lire, avec un petit plus pour les personnages masculins et les  descriptions de Marseille. Et une auteure à suivre assurément.



Merci aux Editions Stock et à NetGalley pour la découverte de cette auteure et de ce livre.
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Blue Pearl

Un petit livre facile à lire pour appréhender l'esclavage . Je l'avais emprunté à l'origine pour mon fils, l'ayant vu dans la sélection des livres jeunesse du salon de Montreuil, je n'ai pas pu m'empêcher de le lire.

Je pense que c'est une approche simple sur le sujet avec peu de violence pour que mon fils puisse le lire.

Je lui avais acheté un album sur Abraham Lincoln qu'il a beaucoup apprécié.

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Plutôt la fin du monde qu’une écorchure à mon doigt



Louison a 20 ans en juin 1940 lorsqu’elle se retrouve à Marseille dans l’impossibilité de rejoindre son fiancé à Alger.

Pourtant, elle essaiera tous les moyens possibles pour traverser la Méditerranée. Rien à faire et aucune envie de retourner chez elle, au Havre, où elle a laissé un père alcoolique et une sœur bigote.

Elle rencontre alors Tonton, parrain de la pègre, qui la prendra sous son aile affectueuse, lui permettant de brûler sa vie par les deux bouts, loin de la réalité de la grande Histoire qui se joue sous son nez.

Rien n’a plus d’importance que de s’amuser, de danser, de séduire. Ce charmant égocentrisme teinté d’une forte naïveté n’empêche pas sa générosité de se manifester à l’occasion mais, toute sa vie durant, elle sera dans la difficulté de s’intéresser à une autre personne qu’elle, esclave de sa beauté et de son pouvoir de séduction.

Ce roman est très amusant, également désopilant car on peine à croire que qui que ce soit ait pu faire preuve d’autant de frivolité au milieu des nazis qui arrêtent et déportent, alors que la plupart ont faim et froid et que d’autres s’engagent dans la Résistance.

J’ai passé un moment de lecture plutôt incongru, à suivre les aventures de cette femme que rien n’a empêché de vivre, au sens propre et au sens figuré, même la perspective de sa propre mort.

Un roman à part. Je vous encourage à ne pas passer à côté

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Blue Pearl

En 1926, Lizzie habite à Little Africa, un quartier déshérité de Washington, elle est veuve depuis la mort de Luther. Sa mère, Abigail Burlington y fabriquait des poupées noires. Une collectionneuse blanche, Helen Williams, vient lui rendre visite a la recherche de nouvelles poupées et montre à la vieille dame sa poupée d'enfance, Blue Pearl que celle-ci avait reçue pour ses dix ans. En effet, Eliza Burlington est née en 1850 esclave de Sir James Burlington dans une plantation à côté de Suffolk dans l'état de Virginie. Elle a eu la chance que sa mère soit cuisinière dans la maison des Burlington et même si la maîtresse, Mrs Priscilla était sévère, Lizzie s'occupait de la fille de la maison, Miss Laura May en 1860. Elle entend alors parler d'Abraham Lincoln au temple et assiste aux préparatifs de la guerre de Sécession dans laquelle s'engage James Burlington emmenant avec lui deux esclaves, le jeune Luther et Seth. Seth revient en 1862 avec la dépouille mortelle de son maître et le contremaître, Jenkins, prend le pouvoir sur la plantation. Il est cruel et il tente de violer la jeune Lizzie, sa mère, Abigail, tue l'horrible personnage et elles doivent alors prendre la fuite pour échapper à la mort. Elles partent vers le nord avec Seth. En 1863, Abigail épouse Seth à Greenfield avec Joshua et Hester Spigot comme témoins, des quakers qui leur ont sauvé la vie en les accueillant chez eux durant tout l'hiver. Ils terminent leur périple jusqu'au fleuve Potomac ou le pasteur Samuel Tyson et sa femme Marcia les accueillent à Washington.

Paula Jacques est une journaliste, productrice et écrivaine. Elle est née au Caire dans une famille juive expulsée d'Égypte en 1957 et elle a passé son enfance en Israël dans un kibboutz avant de s'installer en France. Elle a travaillé à la comédie de St-Étienne, à France Inter pour l'émission l'oreille en coin puis à Cosmopolitaine, le magazine culturel. Elle a publié à partir de 1980 plusieurs romans de littérature générale. Blue Pearl est son premier roman pour la jeunesse.

Ce délicat roman historique raconte le quotidien d'une petite fille noire esclave dans une plantation de Virginie aux Etats-Unis d'Amérique avant la guerre de Sécession. Elle raconte le quotidien de cette ségrégation et l'immense espoir souleve par Abraham Lincoln et le mouvement des abolitionnistes.

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Blue Pearl

Blue Pearl est une poupée de couleur noire appartenant à une petite esclave nommée Lizzie. Celle-ci la chérit car c'est sa maman, elle-même esclave, qui l'a confectionné pour elle. Mais c'est sans compter sur la cruauté des "maîtres", la fuite précipitée et les collectionneurs d'objets datant de l'esclavage. Leurs retrouvailles va réveiller chez Lizzie, devenue une femme âgée, ses souvenirs d'enfance.



Paula Jacques raconte l'esclavage au XIXe siècle aux Etats-Unis. Elle s'adresse aux enfants entre 9 et 12 ans avec une honnêteté sur la situation qui peut les heurter mais qui est nécessaire. Elle écrit bien, le ton est empreint d'émotions mais sans jamais tomber dans la lamentation.

C'est le témoignage d'une époque qui a profondément marqué les générations par son ignominie mais aussi par la force incroyable et le courage démesuré de ceux qui ont combattu cette pratique abjecte.
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