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Citations de Pauline Dreyfus (183)


"Nous sommes tous des Juifs allemands !" Denise Prévost, née Rosenthal, revenue de Birkenau, écoute considérée les hurlements des manifestants. Elle est partagée entre des sentiments contradictoires, la crainte que son mari, en dépit de son casque et de son bouclier, ne soit blessé ce soir dans les affrontements, et l'admiration pour le culot des jeunes gens. Ce qu'elle avait pris pour un chahut cache une forme d'idéal qui, ce soir, la touche.
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Mais le directeur est un homme qui a des principes, le premier d'entre eux étant qu'on ne mélange pas le travail et le plaisir.
Évidemment, si la menace d'un procès se précisait, il serait prêt à faire une entorse à ces principes. La bonne marche de l'hôtel avant tout.
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Un silence consterné a accueilli ces propos. Ils se regardent. Pensent la même chose : que dans le luxe immuable du palace, ils n'avaient pas idée de ce qui se tramait au-dehors. Et que derrière les utopies charmantes de la révolution, il y a, possiblement, un lot de violences qui leur fait horreur.
Pour briser le silence pesant qui a suivit son récit, l'interne conclut :
_ Vous connaissez la célèbre formule de Mao ? "La révolution n'est pas un dîner de gala."
Les employés en queue-de-pie et gants blancs hochent la tête. Lucien déclare avec gravité :
_ Ce Monsieur Mao, qu'à ma connaissance l'hôtel n'a encore jamais eu l'honneur de compter parmi ses clients, a prononcé une bien belle phrase.
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Quand les CRS les arrêtent et les entraînent dans le panier à salade, ils ne se méfient pas. Ils montent une jambe pour s'engouffrer dans le véhicule. Instinctivement, ils baissent la tête. Et c'est dans ce moment de distraction que la violence s'engouffre. Le policier posté à l'entrée du fourgon sort sa matraque et frappe. Nous on les recueille aux urgences, quand ils pissent le sang et que le commissariat ne peut pas les recevoir dans un tel état. Au mieux des points de suture. Au pire, un traumatisme crânien.
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[...] après avoir entendu le discours de Morand, le jeune homme est convaincu que ce prix est le fruit d'un malentendu. Il le voit bien : les jurés ont salué en lui un quasi-gamin incollable sur leurs jeunes années ; ont peut-être apprécié au premier degré son héros, lâche, goguenard, antisémite. Ses phrases à l'emporte-père, ils les ont eues maintes fois au bord des lèvres. Cette rancœur maladive, ils l'ont souvent éprouvée. Les héros de son livre, ce sont eux. L'écrivain, avec ce roman cinglant, a compris qu'il leur avait tendu un miroir. Faut-il vraiment s'en vanter ?
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Des barricades ! Dès le lundi 21 août 1944, les journaux de la Résistance avaient appelé les Parisiens à l'insurrection. Le message du colonel Rol avait été entendu au-delà de toute espérance. Tout ce qui pouvait être arraché et transporté servait à la construction de ces barricades. Les hommes ôtaient les pavés de la chaussée, puis laissaient aux femmes et aux enfants le soin de les passer de main en main. La barricade enflait ensuite, accumulation hétéroclite de sacs de sable de la défense passive, de plaques dégouts, d'arbres déracinés, de matelas et même de camions allemands incendiés. On ne refusait aucun objet.
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Jamais la brigade n'a vu son chef si tendu. Ce repas est un défi qu'il s'est lancé. Nul ne aurait entraver la marche minutieuse vers la perfection qu'il compte atteindre. Un système d'allégeances consenties s'est mis en place dans la vaste cuisine, pour que chaque geste minuscule, depuis le remplissage des casseroles jusqu'à la découpe des volailles encore fumantes, depuis l'effeuillage des artichauts jusqu'au subtil pochage de la bête dans les herbes aromatiques, depuis la préparation de la sauce à la crème jusqu'à l'élaboration du velouté de laitue glacée, trouve son aboutissement dans un plat qui, d'un instant à l'autre, fera le tour de la table. La combinaison est délicate. L'exécution de la poularde Rivoli exige de la minutie et du doigté. Une minute de trop sur le feu et tout est fichu. Les marmitons ont retrouvé les réflexes serviles de la veille. L'autogestion n'a plus lieu d'être dans ces minutes de tension maîtrisée.
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Il a traversé la Seine en face du quai de Conti. Sur le pont des Arts, des fourgons de CRS en faction l'ont mis mal à l'aise. La police partout, comme sous l'Occupation. Un Paris piéton, silencieux, méfiant : l'Occupation, encore. Il a marché le long des arcades de la rue de Rivoli. Avec ses grands jambes, le trajet ne lui a pris que quelques minutes. Par la rue de Castiglione, il a rejoint la rue du Mont-Thabor. Devant le numéro 13, il a retenu son souffle et a levé les yeux vers la façade.
Est-une illusion ? Elle est scarifiée par les svastikas.
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Aux deux tiers de sa lecture, un paragraphe l'a fait sursauter. "Une jeune femme brune, le menton appuyé sur la paume de ses mains. Je me demande ce qu'elle fait là, seule, si triste parmi les buveurs de bière. Sûrement, elle appartient à cette race d'humains que j'ai élue entre toute : leurs traits sont dures et pourtant fragiles, on y lit une grande fidélité au malheur." Denise, qui sait bien que dans son dos on la surnomme la Chouette, s'est reconnue dans ces lignes.
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Au nom du progrès, le Président avait supprimé l’usage des titres de noblesse au sein du Palais. Les invitations portaient invariablement la mention « Monsieur » ou « Madame ». Il fallait être au minimum prince de sang royal pour échapper à l’oukase inspiré par le culte du progrès : le comte de Paris et le prince Napoléon étaient les seuls rescapés de cette folle passion de l’égalité. Les abus n’avaient pu être évités : toute religion comporte ses fanatiques. Un huissier avait fait du zèle, aboyant « Monsieur Ringuet » pour annoncer le professeur Louis Leprince-Ringuet.
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Au printemps 1974, Hedwige avait adhéré sans réserve à la vulgate du changement. Le vent de la modernité soufflait et cela faisait un bien fou. Elle se sentait rajeunir tous les jours. Elle avait vénéré ce Président jeune et séduisant, admiré sa façon de jeter la jaquette et le chauffeur dans les orties du passé, loué sa promptitude à engager des réformes. Le nouveau Président voulait décrisper la société. Hedwige avait décrispé sa garde-robe, Saint Laurent Rive Gauche avait remplacé Madame Grès dans ses armoires – elle avait même acheté un blue-jean pour la première fois de sa vie ; elle avait décrispé ses habitudes, boudant de plus en plus souvent ses après-midi de bridge ; elle avait décrispé ses lectures, délaissé Guy des Cars pour adopter Barthes, et s’était même abonnée au Nouvel Observateur (qu’elle appelait, dans le souci de décrisper son langage, « Le Nouvel Obs »). Enfin, dans un louable souci de décrisper les relations familiales, elle avait décidé que dorénavant, le mois d’août se passerait dans une villa louée au Pyla plutôt que chez ses beaux-parents, au fin fond du Perche. À quarante ans, elle s’était sentie jeune comme jamais. Hubert avait déploré en silence la mort prématurée du président Pompidou.
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Cette journée sera la sienne.
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S'il ne parle pas, c'est qu'il espère que l'incendie va s'éteindre de lui-même. Ce dont on ne parle pas n'existe pas. C'est une tactique vieille comme le monde.
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En rentrant dans la salle, elle se remémore les conseils de son premier patron: Toujours examiner les chaussures et les mains de ton interlocuteur. Les chaussures pour l'origine sociale et les mains pour le caractère.
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Elle aurait volontiers continué à contempler cette scène réjouissante, mais déjà on entendait le crissement des pneus officiels sur les pavés de la cour, on percevait les piétinements impatients des invités pris en otage par l'aparté présidentiel, puisqu'en vertu d'un protocole désuet le Président devait être le dernier arrivé et le premier parti (...)
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Il existe deux sortes d'enfants, ceux qui accrochent des posters aux murs de leur chambre et ceux qui regardent par la fenêtre.
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Ce genre de machine nous rend tous idiots. Les hommes politiques, parce qu’ils s’y précipitent en pensant changer l’opinion des gens. Et nous, parce qu’à force d’écouter ce qu’ils disent, nous ne regardons plus ce qu’ils font
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Je voudrais les y voir, ceux qui disent que gouverner, c’est accepter de ne plus être aimé ! Qu’il faut savoir consentir à l’impopularité !
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guérit-on mieux d’un mal quand on le nomme, ce n’est pas si sûr,
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C’est drôle ces deux genoux qui émergent de la mousse, un Fuji-Yama de la féminité, un Vésuve sans fumée,
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