Citations de Pauline Gill (128)
Je ne suis pas instruite comme je l’aurais souhaité. J’aurais aimé apprendre à écrire de beaux livres d’histoires qu’on aurait publiés. Comme les écrivains français l’ont fait. Mais non. Tant que les autorités religieuses et royales considéreront que l’instruction est dangereuse et que les maîtres ambulants ne doivent s’intéresser qu’aux garçons, nous, les femmes, en sommes réduites à nous débrouiller seules pour apprendre autre chose que les services à la famille.
Luce craignait de ne plus revoir dans les yeux de son mari cette flamme ardente, signe d’enthousiasme, de goût de vivre et de foi en l’avenir. Elle ne la retrouva qu’au soir du premier anniversaire de leur fils. Les Lajus, quelques Bédard, dont Marie-Josèphe et son frère Joseph, le cousin John Neilson et son épouse, invités à venir le célébrer, en furent témoins.
La feuille de framboisier tonifierait la matrice et rendrait l’accouchement beaucoup plus facile. Il faut continuer d’en prendre après, pour que la guérison soit rapide et notre lait, plus riche. Puis la sauge serait conseillée à tout le monde. Vous connaissez le proverbe qui dit: «Qui a de la sauge dans son jardin n’a pas besoin d’un médecin»?
Quand il arrive, je m’amuse à le faire languir avant de le laisser s’en approcher. Je me dis que ce pourrait être une façon de favoriser son attachement à notre bébé, même si ce n’est pas une fille.
Je suis fatiguée de toutes ces croyances et de tous ces dictons qui, à vous entendre, décideraient de notre vie. Comme si, chaque fois qu’un enfant naît, quelqu’un de la parenté devrait mourir pour lui laisser la place! Comme si la terre n’était pas assez grande pour recevoir des millions de nouveau-nés!
Lorsque les petits garçons
Sont gentils et sages
On leur donne des bonbons
De belles images
Mais quand ils se font gronder
C’est le fouet qu’il faut donner
La triste aventure ô gué
La triste aventure
Je sais que notre papa est âgé, mais c’est le meilleur père au monde! C’est l’amour qui compte, René-Flavien, pas l’âge. Regarde maman. Elle est heureuse avec notre vieux père.
Le oui de la mariée devait être d’autant plus audible qu’elle était d’âge mineur et que sa réponse ne devait laisser planer aucun doute sur la liberté de son engagement. Ainsi fut-il.
— L’épouse est invitée à témoigner à son mari la même soumission et la même tendresse que l’Église a manifestées envers Jésus-Christ, poursuivit le célébrant avant de faire la liste des obligations réciproques des époux, dont la plus importante: la fidélité mutuelle. Vous êtes obligés de supporter avec patience vos défauts, vos imperfections et vos infirmités.
— Ça m’inquiète un peu de marier un homme d’un si grand savoir et de tant d’expérience, alors que j’ai vécu une vie d’enfant et de jeune fille si protégée, si aisée. Comment pourrai-je lui apporter la compréhension et le soutien qu’il serait en mesure d’attendre d’une épouse de son âge?
«Dieu a créé notre âme et il a trouvé digne de la placer dans une enveloppe charnelle… avec ses besoins. Notre devoir de reconnaissance envers lui se résume à la discipliner, comme on éduque des enfants.»
Soudés l’un à l’autre, François et sa douce savourèrent le parfum de leurs corps abandonnés à l’amour. L’épuisement avait fondu sous la flamme de leurs retrouvailles. Le sommeil allait patienter. Angélique confia à son mari les raisons qui l’avaient conduite au bureau de Mgr Hubert avant qu’il ne l’épouse.
Cohabiter avec cette cruauté, non! Il valait mieux partir avec ce fils adoré, si fier, si irréprochable, sa relève. Échapper au spectre d’un deuil incurable. Ne pas repousser l’agonie. L’appeler. La laisser l’emporter. Mais une image s’imprimait dans sa tête: les regards de ses deux autres fils, lourds de reproches, ceux de son épouse et de sa fille noyés de chagrin. Sa vie se déroulait à l’envers: vingt ans auparavant, François avait épousé «la plus belle femme de toute la terre». Le serment de fidélité, il s’entendait encore le prononcer. «Je te jure…» Vite! Il fallait rattraper la vie. Aller serrer Angélique dans ses bras. Être à ses côtés pour pleurer la perte de cet enfant de l’amour conçu le jour même de leur mariage. Consoler Jean-Baptiste et René-Flavien. Sécher les larmes de Luce.
Cette fille aux doigts de fée et à la voix de cristal, fort jolie de surcroît, très intelligente et d’un caractère trempé séduisait des messieurs de tous âges. Il fallait l’entendre chanter à la chorale ou lors des réunions familiales pour les comprendre. Avec sa mère, Angélique, elle jouait des pièces musicales qu’elle n’avait pas eu à répéter longtemps avant de les maîtriser parfaitement. Ses doigts couraient sur le clavier du piano avec une aisance innée. Un cauchemar pour son père, qui pour elle rêvait d’un époux fortuné et digne de sa réputation de chirurgien-major. C’était sa seule fille.
Je voulais t'apporter un bonheur plus grand que ta peine. ( tome 3 p. 55)
Faudrait-il croire que l'humain n'est pas fait pour un bonheur constant? Seulement pour des petits bouts de paradis, en avant-gout de la mort? ( tome 2, p.349)
Les hygiénistes ne semblent pas comprendre que dans cette ville la pauvreté est responsable du taux si élevé de mortalité infantile. Le manque de ressources condamne ces familles à une mauvaise alimentation et à des logements insalubres, véritables foyers de maladies contagieuses. La typhoïde tue leurs enfants tant l'eau qu'ils consomment est mauvaise.
Il n'y a pas que la peur qui soit mauvaise conseillère. La peine l'est tout autant.
C'est qu'il y a des morceaux de notre passé qu'on ne pourra jamais reconstruire.
Dieu seul peut donner la vie et la mort. Ce n'est ni toi ni personne d'autre. Et surtout, n'accorde pas aux désirs un pouvoir qu'ils n'ont pas.