Citations de Per Olov Enquist (102)
On n'a pas besoin de croire au bonheur fabuleux, seulement de comprendre qu'il existe toujours un autre choix que la mort. Et puis, il faut conserver ce qui était douloureux. Inutile de se défiler, d'oublier, comme nous l'avons fait, aussi Johannes que moi. Car, dans ce cas, que nous reste-t-il? Si on ne conserve rien, il ne reste rien. Et alors rien de tout ce qui était douloureux n'a de sens.
Quel est le moteur le plus puissant de la foi, si ce n'est celui du désir!
L'amour triomphe de tout. Tout en sachant que c'est faux, mais quand même, on a un petit pincement au coeur en lisant cela, oh, si ça pouvait être vrai, si seulement ça pouvait être vrai.
On espère toujours un miracle.
Si on n'espère pas, on n'est certainement pas un être humain. Et, au bout du compte, on est quand même bien une sorte d'humain, non?
Est-ce l'obscur qui est lumière, ou la lumière qui est obscurité ? On a le choix. Il en va de même pour l'histoire, on peut choisir ce que l'on voit, ce qui est lumière, ou ce qui est obscurité.
« Il y a un dicton qui dit qu’en France on demande : Est-ce un homme instruit ? En Allemagne : Vient-il d’une bonne famille ? En Hollande : A combien s’élève sa fortune ? Mais, au Danemark, la question est : Quel est son titre ? »
Tout le monde a un petit poème dans son passé.
Les oiseaux dormaient, engoncés en eux-mêmes et dans leurs rêves. Les oiseaux pouvaient-ils rêver?
Trois soirs par semaine, ce parc fut tout particulièrement ouvert aux couples masqués. Le droit du peuple à se masquer avait été décrété, y compris dans les jardins publics et la nuit. En pratique, cela signifie le droit, moyennant un certain anonymat procuré par les masques, de copuler librement dehors.
Quand quelque chose se passe, et qu'on n'a pas encore compris que c'est irrémédiable, on devient comme sourd. On n'entend rien, et du coup on s'imagine que personne ne parle. On ne dispose que de cette oreille-là pour entendre et à laquelle se fier. Et alors on se retrouve tout seul, quelque que soit le nombre de voix qui crient et qui entourent la personne ne détresse.
(En parlant du futur roi Christian VII)
A l'âge de cinq ans, en effet, il avait assisté à une représentation par une troupe italienne de passage. La noble prestance des comédiens, leur stature et leurs costumes somptueux avaient fait sur lui une impression si forte qu'il en était à les concevoir comme des êtres supérieurs. Ils étaient divins. Et si lui, qu'on disait aussi être l'élu de Dieu, faisait des progrès, il allait pouvoir s'unir à ces dieux, devenir comédien, et être ainsi délivré du "tourment du pouvoir royal".
Tiens-toi droit par vent debout, ainsi tu sauras rester droit aussi quand tu auras le vent en poupe.
Les documents sont toujours écrits par des gens qui savent écrire, ainsi que par les vainqueurs. Il est souhaitable, effectivement, qu'ils soient conservés, sinon on n'a que du silence. Cela limite cependant la portée de la vérité.
Guldberg avait appris à supporter le mépris avec calme.
Il connaissait ses ennemis. Ils parlaient de Lumières mais répandaient l'obscurité.
Le 5 avril 1768, Johann Friedrich Struensee fut engagé comme médecin personnel du roi du Danemark Christian VII, et quatre ans plus tard il fut exécuté.
Bref est mon temps,
qu'il me laisse alors,
me laisse en paix,
que je goûte
une joie fugitive.
(En préambule de la seconde partie du "départ des musiciens")
- Si nous pouvions vivre une autre vie, finit par demander struensee, si une nouvelle vie nous était offerte, une nouvelle possibilité, que voudrions-nous être alors ?
- Tu n'as plus beaucoup d'amis. Alors c'est de la folie d'aller passer l'été à Hirschholm. Mais ton problème, c'est autre chose.
- Quoi ? demanda Struensee.
- Tu n'es pas capable de choisir les bons ennemis.
"Il n'existe que trois sortes d'hommes : les bourreaux, les victimes et les traîtres.
Les bourreaux et les victimes sont faciles à comprendre. Les traîtres sont dans une situation beaucoup plus compliquée. Parfois, je crois que tout homme devrait être obligé une fois au moins dans sa vie d'être un traître. Ainsi, on comprendrait mieux les plus vils scélérats. C'est pour eux que ça s'avère le plus difficile. Mais quand on a été l'un d'eux, on sait mieux ce qu'est un homme, et alors on est en mesure de se défendre."
La réponse était qu'il regagnait ses appartements pour s'y masturber. Il ne voulait pas rendre visite à la reine. Il n'éprouvait à son égard que de la frayeur. Christian possédait de nombreux visages. L'un est éclairé par la frayeur, le désespoir et la haine. Un autre est penché, calme, au-dessus des lettres qu'il écrit à monsieur Voltaire, cet homme qui, selon ses propres déclarations, lui a appris à penser.