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Critiques de Percival Everett (166)
Le supplice de l'eau

Résumer les romans de Percival Everett présente en général peu d'intérêt. Ses récits, rarement linéaires, allient complexité de la forme et clarté quant à la teneur du message que l'auteur a souhaité transmettre.

Aussi, "Le supplice de l'eau" a beau tantôt guider -ou perdre- le lecteur dans les arcanes de la philosophie grecque, tantôt le dérouter par des passages rédigés dans un charabia quasiment incompréhensible, le but de l'auteur est quant à lui limpide : fustiger, avec une virulence peu commune, l'attitude d'un gouvernement américain qui, au nom de la défense de la démocratie et de la sécurité, commet ses exactions en toute impunité.



Pour ce faire, il se livre à une démonstration que d'aucuns qualifieraient de grossière, mais qui a le mérite d'être efficace. Ismaël Kidder est un homme cultivé, voire érudit, qui écrit sous le pseudonyme d'Estelle Gilliam des romans à l'eau de rose dont le succès lui permet de vivre confortablement. La vie de ce père divorcé a basculé avec l'enlèvement de sa fille de onze ans, retrouvée morte après avoir été violée et mutilée. Il séquestre dans le sous-sol de sa maison un homme qu'il a décidé de tenir pour coupable du crime, qu'il torture...

Doté d'une grande capacité d'analyse et de réflexion, le héros fait par ailleurs preuve d'un comportement arbitraire et illogique en reportant sur un innocent la douleur d'avoir perdu sa fille. Et l'on devine que c'est justement sa souffrance qui sert de prétexte à sa barbarie, et lui confère le droit de s'y livrer.

... Tout comme, sous prétexte d'avoir subi la douleur des attentats du onze septembre, le gouvernement américain s'est permis Guantanamo ou Abou Graïb.



Oui, c'est aussi simple que cela, et Percival Everett ne se donne même pas la peine de déguiser son message, car telle n'est pas sa volonté. La forme caricaturale que prend parfois sa démonstration révèle l'ampleur de son incontrôlable révolte face aux choix politiques et stratégiques de l'administration Bush, son écœurement face à l’aveuglement et la passivité de ses concitoyens, et sa détresse face à cette société qui se dit civilisée, mais qui ne sait répondre à la violence que par une autre violence arbitraire, qui se prétend celle des droits de l'homme, et qui légitimise la torture et la stigmatisation.



Cependant, ne vous méprenez pas. "Le supplice de l'eau" est loin d'être un roman simpliste, et nécessite même une certaine concentration de la part du lecteur. A l'image des divagations philosophiques de son héros, qui sombre peu à peu dans la démence, le récit est tortueux, et, sans mauvais jeu de mots, torturé.

Au point de pouvoir, sans doute, en rebuter certains...

En ce qui me concerne, j'ai une fois de plus été ravie de retrouver Percival Everett, sa colère et la sinuosité de son écriture.
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Effacement

Déroutant de prime abord, l'histoire de cet écrivain noir pas assez noir pour être vendu est très attachante. L'auteur, comme d'habitude, arrive à nous emmener par la main là où i veut nous mener avec toute son humanité. Un très bon moment de lecture.
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Pas Sidney Poitier

«The only difference between reality and fiction is that fiction needs to be credible.» Avec un humour nourri de tout l’héritage littéraire et cinématographique américain, Percival Everett, lui, ne s’embarrasse pas du fardeau inutile de la vraisemblance, ou plutôt utilise l’invraisemblance et l’absurde pour éclairer la réalité de ce que c’est d’être noir dans des Etats-Unis toujours en proie à un racisme directement hérité des pères fondateurs, et pour explorer les questions de langage et d’identité.



Le héros de Pas Sidney Poitier porte non seulement ce patronyme bizarre, étrangeté qui lui vaudra d’être rossé pendant toute sa jeunesse, mais il est de surcroît le sosie de Sidney Poitier, en plus jeune. Avant de naître, il a passé 24 mois dans le ventre de sa mère, une autodidacte avisée qui est devenue immensément riche en plaçant toutes ses économies dans la société de Ted Turner. Après le décès prématuré de celle-ci, Pas Sidney est élevé dans la maison de Ted Turner, tout en taisant toujours cette situation et sa fortune à ceux qu’il rencontre.



Les péripéties et les rêves de Pas Sidney, inspirés par la filmographie de l’autre (le Sidney Poitier) et certainement par beaucoup d’autres (on pense notamment aux frères Coen –O’ Brother- ou à Philip Roth dans Opération Shylock), lui font croiser une professeur d’histoire nymphomane, des racistes invétérés du sud pour lesquels le temps semble s’être arrêté en 1865, des sœurs complètement déjantées qui voient en lui un envoyé de Dieu pour construire leur église ou bien une étudiante qui l’invite pour Thanksgiving dans le but inavouable de choquer ses parents avec sa peau noire. Il est heureusement soutenu par sa fortune et par son professeur de philosophie du non-sens, Percival Everett lui-même.



Une lecture absolument jubilatoire.
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Blessés

J'ai rencontré l'auteur lors d'un festival littéraire et ce professeur d'université m'avait diablement donné l'envie de lire une de ses oeuvres. Je n'ai pas été déçue. La condition noire ou des discriminés en général aux States à l'heure d'aujourd'hui. Avec une très belle plume. Sereine et sage. Un très gros coup de coeur. Je recommande.
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Le supplice de l'eau

[...] Un prédateur de la pire espèce, un Tyrannosaurus-(sed)-Rex qui dépèce, déchire, émiette, non pas seulement la vie de Lane, mais aussi celle de Charlotte – qui elle résiste à la folie grâce à l’épaule réconfortante de son nouveau mari – , et surtout celle de Ismaël dont l’esprit vole en éclat. Le début de la folie.

Tel est le synopsis de notre lecture et l’épitaphe, longue, de ceux qui lâché la lecture de ce magnifique roman. Car voici une lecture qui nous rappelle à l’humilité, qui montre à quel point un auteur peut sublimer l’art de la création littéraire, du jeu de déconstruction des mots et de la logique narrative.



Percival Everett nous plonge dans la tête de ce père que la douleur a rendu fou, littéralement, et dont l’esprit brillant a décidé de justifier l’injustifiable. Il n’en a que faire des policiers qui lui disent que le violeur-tuer a été arrêté, il lui faut exercer lui-même la vengeance, la douleur est trop grande, elle vit avec lui, est devenue sa maitresse, il lui faut la satisfaire. C’est cette douleur qui, en appelant à la logique de Socratique, aux syllogismes d’Aristote, à l’être ne éternel devenir d’Héraclite pour qui "tout devient tout, tout est tout". La conclusion de toutes ses collusions cérébrales avec les penseurs ? Cet homme rencontré dans la rue aurait aussi bien pu être le monstre qui lui a enlevé Lane puisque tous les hommes se ressemblent. Il doit donc payer.



[suite sur http://www.loumeto.com/spip.php?article369]
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Blessés

Avec Blessés, Percival Everett délaisse le loufoque et l'humour à tout va, pour un récit à l'image de son personnage principal, John Hunt, éleveur de chevaux au fin fond du Wyoming, vivant avec pour seule compagnie depuis la mort de se femme avec son vieil oncle, ses chevaux et le paysage sauvage de l'Ouest mythique.



Mais des évènements viennent troubler la quiétude savamment entretenue par Hunt. Un jeune homme, homosexuel, est retrouvé mort après avoir très probablement été torturé, l'homme tout faire de Hunt, Wallace, un peu benêt est accusé du meurtre. Les bêtes d'un éleveur Indien sont abattues, la neige souillée d'une inscription haineuse "Nègre rouge".



Everett, dans ce roman de l'Ouest, tord le cou aux clichés du cow-boy à la John Wayne: certes John Hunt monte à cheval, certes il est taciturne, mais il est diplômé de Berkeley en histoire de l'art, il est cultivé. Et sa peau est d'ébène.



A l'image de ce personnage tout en retenue, ce taiseux qui se tient à l'écart, Blessés explore, sans grands discours, ni grandes descriptions, les travers de l'âme humaine, les haines qui couvent et se réveillent dès que la différence pointe le bout de son nez. La dernière phrase du roman est marquante: "C'est la frontière ici, cow-boy. Partout c'est la frontière." La frontière de l'humanité, de la haine. La frontière qui marque la fin de la société ordonnée et respectueuse pour entrer dans un état de non droit, de violence.



Un roman de l'action, servi par des personnages attachants, même si peut-être un peu trop manichéens. Trop gentil, trop méchants... Mais John Hunt, avec ses questionnements, ses doutes, son humanité, nous touche. Et puis, les dialogues sont excellents, beaucoup d'humour encore de la part de l'auteur.



Un roman qui se lit d'une traite, qu'on ne lâche qu'à la toute fin, pris par l'histoire et les personnages.
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Blessés

Un magnifique roman qui aborde avec beaucoup de délicatesse le racisme dont sont victimes les noirs aux Etats-Unis et l'homophobie.
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Désert américain

Quand on lit en quatrième de couverture qu'il s'agit de l'histoire d'un professeur dépressif qui ressuscite après avoir été décapité on se demande ce que l'on va bien pouvoir trouver... Et c'est une réflexion philosophique déguisée en comédie avec des pointes d'ironie qui nous conduit à réfléchir la vanité de la vie, la peur de mourir et les erreurs de la civilisation face à cette peur. Notre Franckenstein à travers des aventures extravagantes nous conduit dans un monde qui a perdu ses repères et qui cherche à n'importe quel prix des réponses à ses angoisses. On s'attache à ce sympathique mort-vivant qui nous fait une critique en règle des dérives de la société américaine. C'est très incisif avec des trouvailles réjouissantes qui en font un moment de plaisir vraiment pas inutile et puis notre Ted, car c'est son nom, profite de sa mort pour devenir "Enfin" un homme respectable et c'est un beau spectacle de voir un humain devenir quelqu'un de bien.
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Châtiment

Le mouvement antiraciste « Black Lives Matter », né en 2013, a gagné en importance après le meurtre de Georges Floyd par un policier à Minneapolis le 25 mai 2020. Percival Everett écrit et publie son roman « Châtiment » dans ces années-là. Aussi, il se souvient qu’avant cela des milliers de Noirs ont été lynchés (au moins 3446 entre 1890 et 1968 selon Tuskegee Institute), que des milliers d’autres ont été tranquillement assassinés, abandonnés dans des comtés isolés et que plus fréquemment encore des milliers de « chasses aux nègres » (nigger hunts) par des bandes (posses) se sont organisées à la poursuite d’innombrables Noirs.





« Châtiment », mélange de comédie et d’horreur, reprend avec un savoir-faire certain les codes du genre policier. Les chapitres y sont courts et absolument répétitifs, les dialogues enlevés et ironiques, le suspens inexistant mais sans importance aucune. A Money – Mississipi – Mama C repense, en guise d’introduction, à une mauvaise action qu’elle a commise il y a bien longtemps et qui a coûté la vie à un adolescent (lynchage d’Emett Till en 1955). L’histoire s’apprête alors à faire un long retour de quelques centaines de pages. Le fils de Mama C est retrouvé assassiné et châtré en présence d’un improbable homme noir, mort lui aussi et tenant le fameux sexe tranché. Le corps de l’homme de couleur ensuite disparait et réapparait incompréhensiblement dans d’autres scènes de crime. Histoires anciennes ? Des meurtres absolument similaires, comme une trainée de sang, vont se multiplier à l’envie dans tout le pays. Trois policiers afro-américains, bardés de toutes les qualités, mènent l’enquête jusqu’à la dernière page dans un Sud raciste sans nuance et sans surprise.





Sans lâcher l’enquête, le récit tente certes de prendre un peu de hauteur. Il y est question du désir de représailles mais aussi de la responsabilité de la littérature. Comme en passant, Percival Everett donne la parole à la très cultivée barmaid Gertrude, à son érudite grand-mère Mama Z, et à son universitaire d’ami Damon Nathan Thruff. Ce dernier, à partir des très exhaustives archives de Mama Z, se voit proposer d’écrire la triste histoire de la ségrégation raciale des noirs aux États-Unis. Il opposera alors un cénotaphe de papier, le nom de toutes les victimes, à la barbarie sans nom.





L’auteur cependant, très en colère et en quête d’une nécessaire réparation, le plus souvent dans le roman semble s’abandonner à la plus coupable envie de vengeance, de meurtre et de castration. « Châtiment » est évidemment une tentative de parodie mais l’imitation du polar, mal détournée de son sens initial et surtout sans une distance véritablement satirique, parait ici manquer totalement sa cible. Il déplace le contexte, retourne le plus simplement la fiction étasunienne et nous livre en fin de compte un texte imprégné par les représentations les plus stéréotypées et racistes des euro-américains pauvres de milieu rural. Les blancs, certes sans qu’on puisse les plaindre, font les frais de ce renversement. Ils sont, sans exception des blancs idiots, ignares, sans diplôme et pro Trump ; des blancs confrontés à des personnes de couleurs toutes intelligentes, cultivées, diplômées et pleines d’humour. Si le shérif Jetty est plus modéré, c’est naturellement qu’il a quelques gouttes de sang noir dans les veines. L’essentialisme noir parfois le dispute à la haine de classe. Il faut insister dans ce commentaire sur l’ambivalence de la parodie. Sa réception est fondamentale parce qu’elle implique toujours des « balises » interprétatives : lorsque celles-ci font défaut, le statut parodique du texte prend le risque d’être complétement ignoré par le lecteur.





Il n’est pas possible de croire naïvement que la dénonciation des horreurs racistes permettra un jour de faire vivre en bonne harmonie les hommes, dans le respect de leur diversité. En dépit de son urgente nécessité pratique et morale, la lutte contre les discriminations entraine dans un même mouvement l’humanité vers une civilisation mondiale destructrice des particularismes créateurs de valeurs esthétiques et spirituelles qui donnent du prix à la vie. Mais si la littérature ne se résigne pas à devenir productrice de valeurs dominantes, capable seulement de donner jour à des œuvres bâtardes, des inventions grossières et puériles, elle doit réapprendre que toute création implique une certaine surdité à l’appel d’autres valeurs pouvant aller jusqu’à leur refus, leur négation. Car on ne peut à la fois, nous dit Claude Lévi-Strauss dans « Race et Culture », se fondre dans la jouissance de l’autre, s’identifier à lui et se maintenir différent. « Châtiment » est sans aucun doute un de ces romans agréablement standardisés qui ne permet pas à la communauté afro-étasunienne d’évoluer de façon différente sur le plan culturel et d’exister. Toute l’œuvre de Toni Morrison est l’exact opposé de ce travail de Percival Everett. Son écriture n'est pas seulement inventions de formes, elle est transmission de la mémoire du peuple afro-américain, manifestation de la richesse de sa culture, histoire particularisée de son monde. L'auteure dit la communauté telle qu'elle était et, peut-être surtout, telle qu'elle change.



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Châtiment

Apres lu ce mois ce mois «  l’affaire Emmett till « de JM Pottier dans la collection des 10-18 Society , ce livre est tombe a pount nomme dans ma pal.



Nous sommes en 1955. Dans la ville de Money dans le Mississippi.

Deux corps mutiles viennent d’être retrouves.

Celui de de Junior Milam et celui de Wheat Bryan. A cote le corps d’Emmett Till . 2 blancs , un noir.

Mais au bout de quelques jours , de nouveaux d’autres corps blancs mutiles sont retrouves avec a cote de ceux ci une fois de plus le corps d’Emmett Till .



Le MBI , le Fbi tout le monde cherchera a comprendre ce qu’il se passe dans cette ville .





Ce livre mêle a la fois fiction et réalité.

On se croirait dans un polar mais en fait il s’agit d’une veritable analyse satirique de la ségrégation raciale qu’on connus les Etats Unis au cours de leur histoire.



Vous rencontrerez des personnages tel que les membres du KKK mais également Donald Trump .



J’ai beaucoup aime ce livre mais peut être la fin un peu moins

Une bonne lecture
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Châtiment

Un régal d’humour qui fait du bien après quelques déconvenues de polars mal écrits. Ici les piques font mouches, d’autant plus qu’elles sont cyniques.

On est au pays des rednecks, des ploucs quoi, au Mississippi. Ces petits blancs racistes sont encore plus bas du front qu’on pourrait l’imaginer, du genre qui roulent à vélo sans lumière, tout en transformant cette bêtise congénitale en art de vivre. Alors quand on leur met dans les pattes des meurtres horribles avec cadavres émasculés, et que le corps du meurtrier présumé passe son temps à disparaître, la consternation est générale.

Pour achever de désorienter ces avortons du KKK à peine capables de faire brûler une croix, ce sont deux nègres, pardon, deux policiers noirs, qui viennent tenter de démêler ce sac de nœuds, et des crimes qui semblent liés au lynchage légendaire d’un noir qui, il y a quelques dizaines d’années, aurait osé adresser la parole à une femme blanche.

Bref, il y a de la vengeance dans l’air, des fantômes de noirs qui viennent tourmenter les descendants d’assassins racistes, une sorte de sorcière plus que centenaire qui compile tous les lynchages des Etats Unis depuis sa naissance, et donc deux flics débonnaires qui n’attendent plus grand-chose de ces dégénérés du Mississippi. Et pour peu, on dirait bien qu’une guerre raciale se profile.
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Châtiment

La petite ville de Money dans le Mississippi est touchée par une série de crimes. Des blancs sont assassinés avec des mutilations et le cadavre d’un homme noir est retrouvé sur les scènes de crime. Le problème c’est que c’est le même cadavre qu’on retrouve et qu’on reperd.

L’enquête va au-delà des compétences du shérif et de ses adjoints. Ce sont deux enquêteurs qui se rendent dans la ville. Deux enquêteurs noirs dans une ville plutôt raciste. Ils vont se heurter à la réticence des autorités et de la population.

Un super thriller atrocement drôle. C’est plein de répliques décalées et cinglantes mais sans que cela ne dénote.

C’est plein d’observations malheureuses quant au racisme ambiant.

Le suspens est sagement mené.

Une très belle découverte de l’histoire comme de la plume.

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Blessés

Je l’ai lu il y a un petit moment et j’en garde un souvenir lumineux, un livre très fort qui m’a transportée et marquée
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Désert américain

Désert américain est une fable humoristique sur un homme incapable d'accepter sa propre mort. Par ce récit constamment comique, Percival Everett livre une réflexion captivante sur nos spiritualités, le mensonge de nos vies et les regrets que nous les laissons charrier.
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Effacement

Fils, petit-fils, et frère de médecins, Thelonious « Monk » Ellison a reçu une éducation et une instruction qui, liés à une intelligence hors du commun, lui ont permis d’être un écrivain talentueux. C’est un romancier exigeant, dont l’œuvre est difficilement accessible, et qui a la « particularité » d’être noir. « Particularité » non pas pour lui, qui ne s’est jamais véritablement interrogé sur l’incidence de sa couleur de peau, mais au regard des autres, et notamment de ses lecteurs potentiels, pour lesquels son apparence physique induit l’écriture d’une certaine catégorie de romans. Catégorie dans laquelle se classe notamment le dernier roman de Juanita Mae Jenkins, auteure noire qui vient de publier un best-seller dont l’action se déroule dans un ghetto et qui met en scène des personnages incultes et caricaturaux, issus des bas-fonds des quartiers afro américains. Thelonious est perplexe et furieux face au succès de cet ouvrage dénué de toute qualité littéraire…



Suite à l’assassinat de sa sœur par des militants anti-avortement, il se voit contraint de s’occuper de sa mère, qui sombre peu à peu dans la maladie d’Alhzeimer, puisque son frère Henry, homosexuel en prise avec un divorce difficile, en est incapable. Cette responsabilité implique une importante participation financière qu’il ne peut assumer, jusqu’au jour où un manuscrit adressé à son agent conquiert les éditeurs. Et c’est là que cela se corse…en effet, ledit manuscrit n’est autre qu’un exercice de style que Thelonious a réalisé sans le prendre au sérieux, dans lequel il s’essaie à cette fameuse « littérature afro-américaine ». Le résultat : un court récit avec pour personnage principal un jeune noir vivant dans les quartiers pauvres, haineux, violent, et qui ne sait pas aligner 2 mots sans les ponctuer de multiples grossièretés. Le comble, c’est que ce roman rencontre un succès phénoménal parce qu’il est considéré comme « vrai » et authentique !

Pour lui qui s’était juré de ne jamais compromettre son art, la situation est difficile : il a l’impression de devoir assumer une « négritude » qu’un lui impose comme étant une composante essentielle – sinon comme la composante principale- de sa personnalité. C’est comme si les rôles étaient inversés, aussi : c’est le public qui impose à l’artiste ce qu’il doit « produire », et non plus l’artiste qui livre au public le résultat d’un travail volontaire et réfléchi de sa part.



La place qu’occupent d’ailleurs écrivains et autres peintres ou sculpteurs dans la société et les messages qu’ils peuvent faire inconsciemment passer par l’image que l’on a d’eux, est une préoccupation qui revient dans « Effacement » à intervalles réguliers, d’une façon tout à fait originale, mais que je ne dévoilerai pas ici, par égard pour ceux qui décideraient de le lire… C’est un roman très riche, varié, ponctué d’anecdotes et de réflexions qui vont de conseils sur la pêche à la truite à des explications sémantiques parfois absconses.



J’ai dans un premier temps lu « Blessés » du même auteur et j’ai été frappée par les similitudes existant entre les personnalités des narrateurs des 2 romans : ce sont des hommes cultivés, intelligents, avec un sens des responsabilités affirmé, et en même temps d’une grande humilité. De plus, dans les deux récits, l’auteur évoque les difficultés à imposer aux yeux des autres une image de soi qui serait déterminée non pas par notre apparence mais par notre personnalité, nos actes et tout ce que l’on peut exprimer.
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Percival Everett par Virgil Russell

Il en est des relations que les lecteurs entretiennent avec les écrivains, comme des amitiés, des amours que l'on expérimente dans la "vraie vie".

Il y a celles qui dureront toute une vie, et celles qui n'excéderont pas le temps d'une saison...

Il y les fidèles et les frivoles, les incompréhensibles et les évidentes, les orageuses ou les sereines...



C'est une relation d'une nature inconditionnelle, peut-être irraisonnée, qui me lie à Percival Everett. Je crois qu'il pourrait bien me raconter n'importe quoi, une indéfectible et docile bienveillance me pousse à gober toutes ses paroles...



J'aime son intelligence et son humour, ses humeurs politiquement incorrectes, j'aime même le manque de retenue qui, parfois, préside à ses colères...



"Percival Everett par Virgin Russell" est peut-être à ce jour le roman le plus personnel que j'ai lu de cet auteur, et peut-être aussi, du coup, celui où il se montre le moins en colère. Il y aborde, en même temps que celui de la filiation, un sujet ô combien intime, celui de notre rapport à la mort. Celle de nos proches (en l'occurrence ici celle du père, que l'auteur a perdu en 2009), et plus généralement l'évidence de celle à venir, pour chacun de nous.



Une mort que Percival Everett a trouvé le moyen de tenir à distance, stylistiquement du moins : son récit tourne autour, flirte avec le cœur du sujet pour ensuite s'en esquiver, constamment. Par une intrigue sans cesse renouvelée, "rafraichie" par des changements de narrateur, les histoires s'imbriquant les unes dans les autres, on a ainsi l'impression d'un éternel recommencement...



Plongé dans une enchainement de pirouettes narratives, de passages parfois rhétoriques qu'allège une humour omniprésent, le lecteur se sentira peut-être parfois un peu perdu, mais peu importe, la découverte d'un roman de Percival Everett reste toujours un plaisir. En grande partie grâce à sa capacité à mêler savamment l'érudition et la réflexion à l'auto dérision, comme pour nous rappeler que les sujets les plus graves peuvent être évoqués intelligemment sans pour autant se prendre au sérieux.



Et ne vous fiez pas à l'apparent désordre qui régit l'intrigue. On devine, derrière, un dessein. La volonté aussi bien par la forme que par le fond, de nous faire toucher du doigt la dimension à la fois existentielle et dérisoire, intime et universelle, des tragédies individuelles. Tout cela avec la malice et la dextérité qui permettent à l'auteur de jongler avec le sens des mots, pour manier un humour dont lui-même est parfois la cible.



Bref, une fois de plus, j'ai adoré...
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Montée aux Enfers

Montée aux enfers est un polar qui surprend par sa forme bien que rien ne le laisse supposer au lecteur au départ.

Tout commence classiquement dans un petit bled du Nouveau Mexique. Ogden Walker est adjoint du shérif. Il fait son boulot consciencieusement et même avec intuition. Il sent que quelque chose ne tourne pas rond chez cette Mme Bickers chez qui il a été appelé. Et effectivement, lorsqu'il repasse faire une 2ème visite, comme ça, pour vérifier si ses soupçons sont exacts, le chat a été étranglé et la vieille dame a disparu...



L'enquête démarre, accroche le lecteur, le rythme s'accélère. Déjà une centaine de pages, on ne voit pas le temps passer. Youpi!

Arrive la fin du 1er chapitre.

Le deuxième démarre sur une toute autre histoire. On retrouve les personnages principaux mais il s'agit d'une nouvelle enquête, d'un nouvel épisode de la vie de flic d'Ogden, sans rapport avec le 1er.

Même chose une 3ème fois.

Au vu des trous qu'il y a dans la narration, je m'attendais à trouver un lien qui relierait les différentes séquences, qui permettrait de reconstituer le puzzle (comme c'est le cas la plupart du temps) mais ça n'a pas été le cas. Du coup je suis restée sur ma faim. Je me suis sentie bête de n'avoir rien compris et d'être passée à côté.
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Montée aux Enfers

Je ne connaissais pas cet auteur, je n'avais donc nulle attente particulière qu'il aurait déçue ou sublimée...



Le titre, déjà, ne m'inspirait pas trop : je n'aime pas quand il y a des mots aussi forts dans les titres des polars, je préfère les subtilités plus originales. Enfin, je n'allais tout de même pas m'arrêter à un titre, surtout traduit !



J'ai donc ouvert le livre, qui commençait bien : un policier paumé dans un village paumé, une vieille que personne n'aime meurt... et l'enquête débute, contrariée par le racisme ambiant à l'égard du héros.



Mais voilà, cette première enquête-là ne mène pas loin, et dès qu'une femme disparaît, on a l'impression qu'elle est totalement mise de côté. Alors on découvre la ville, ses bas quartiers et sa violence inouïe - l'ambiance est plutôt réussie d'ailleurs. Et puis cela aboutit encore une fois bien rapidement, avant de passer à une troisième enquête qui vire au grand n'importe quoi. Le héros change de comportement du tout au tout et on n'a pas vraiment d'explications, pas de glissements ni de coup de folie...



Il n'y a pas vraiment de lien entre les affaires, à part Ogden qui enquête dessus, et ça part dans tous les sens sans réussir à se resserrer sur un final qui aurait peut-être apporté une explication. Les romans qui interrogent plus qu'ils ne solutionnent ne me dérangent pas, mais ce n'est pas non plus le cas ici : j'ai juste eu le sentiment que le livre n'était pas achevé.
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Montée aux Enfers

C'est avec surprise, étant passé complètement à côté de sa sortie en grand format, que j'ai appris la parution en poche de "Montée aux enfers", dernier titre en date de l'écrivain américain Percival Everett, dont je déplore la traduction trop parcimonieuse de l’œuvre en français (sur ses 24 publications, seules 7 sont à ce jour parues en France).



Autre surprise : cette nouveauté est un polar, genre qu'à ma connaissance il n'avait encore jamais expérimenté. Mais le polar selon Everett, c'est surtout du... Everett ! Si les amateurs d'intrigues policières ne trouveront pas forcément leur compte avec ce roman atypique, les inconditionnels de l'auteur y reconnaîtront et apprécieront sa capacité à mêler cynisme et burlesque, et à déstabiliser ses héros face à la malfaisance du monde.



Le héros, en l’occurrence, est ici Ogden Walker, shérif adjoint de La Plata, bourgade paumée du Nouveau-Mexique, où il ne se passe en général pas grand-chose. Ogden est a priori l'archétype du "brave homme" : serviable et toujours aimable, ce célibataire est proche de sa mère, une femme dynamique, généreuse, et noire. Elle est également la veuve d'un blanc raciste, qui a laissé comme héritage à Ogden une passion pour la pêche à la truite, et une tendance à l'auto dévaluation alimentée par l'idée que son père n'aurait sans doute pas apprécié que son fils fasse carrière dans la police...



Le synopsis de "Montée aux enfers" débute bel et bien comme un polar, et arbore certains éléments du genre, que l'auteur exploite de manière parfois volontairement caricaturale : brutes épaisses et femmes manipulatrices, duo d'agents du FBI laconiques et condescendants trouvent ainsi naturellement leur place dans un jeu où l'auteur s'amuse à intervertir les rôles.



Le meurtre de Mme Bickers, une vieille dame peu appréciée de ses voisins, et l'enquête qui s'ensuit, donnent le ton de l'intrigue à venir. A partir de faits crédibles et tragiques, Percival Everett perd le lecteur dans des développements qui semblent n'avoir ni queue ni tête, interrompt brutalement le cours de l'enquête pour passer à une autre, avec laquelle il n'existe aucun lien, hormis sa prise en charge par le personnage principal. D'emblée, certains dialogues nous donnent quelques indices sur le caractère quasi surréaliste qui va s'emparer à certains moments du récit.



Ogden s'enfonce peu à peu dans une forme de dépression suscitée par la prise de conscience de l'omniprésence de la violence, du malheur et du mensonge, son personnage acquérant au fil du récit une dimension de plus en plus complexe, et de plus en plus insaisissable. "Montée aux enfers" est ainsi fait d'un curieux mélange : les codes du roman noir y servent de toile de fond à la chute d'un héros empêtré dans ses contradictions et trahi par un comportement de plus en plus invraisemblable, le tout teinté d'une étrange atmosphère, à la fois surnaturelle et angoissante.



En tant qu'adepte de l'auteur de l'immense "Effacement", j'y ai personnellement trouvé mon compte, et recommande ce curieux polar à tous ceux qui apprécient de sortir des sentiers battus !


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Glyphe

Roman très drôle et captivant malgré sa forme peu conventionnelle. Plusieurs fils et niveaux de lecture sont entremêlés dans ce livre : le roman policier avec l'enlèvement du bébé, la farce, la critique sociale et politique, la réflexion sur ce qu'est la littérature et le langage, la critique du discours universitaire. Souvent on ne sait plus si tout cela est du lard ou du cochon et si l'auteur n'essaie pas de distiller quelques vérités derrière des énormités grotesques et foldingues.

Les apparitions de Roland Barthes sont à chaque fois des sommets de drôlerie.

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