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Critiques de Percival Everett (166)
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Châtiment

L’auteur vous propose un polar inimitable.

*****

Attirée par cette magnifique couverture, je l'ai été indubitablement. Elle résume à elle seule certains faits de cette histoire, ou en tout cas, l'origine de ce qui se passe ici.

L'histoire se déroule a notre époque dans la ville de Money (Mississipi), paisible (pas tout à fait) bourgade de péquenauds coincés au 19ième siècle (ce n’est pas moi qui le dit !!)

Des meurtres (atroces) d’hommes blancs y sont commis. A côté de leurs corps git celui d'un homme noir. Vont alors être dépêchés sur place deux enquêteurs du MBI (Mississippi bureau of investigation). Bien évidemment, ces derniers sont noirs !!

J'ai eu un gros coup de cœur pour ce duo d'enquêteurs Ed et Jim. Ils sont très réussis. L'alchimie entre eux est parfaite. Je me suis délectée de leurs dialogues que j'ai trouvé croustillants à souhait. Leur présence est, à mon sens, un des points forts de ce roman.

Vous l’aurez compris, le contraste entre noirs et blancs est largement travaillé par l’auteur, notamment concernant l’évolution (ou pas) des mentalités et génère, de ce fait, des situations que je qualifierais de cocasses si tant est qu’elles ne vous choquent pas. Je n’ai pas compté le nombre de fois où j’ai souri durant ma lecture alors même que le thème abordé est sérieux : racisme, lynchage... Et c’est là que Percival Everett est bluffant. Il saupoudre son récit d'un humour noir (sans mauvais jeux de mots) qui se veut parfois caustique et ça fonctionne à merveille. Le mal est dénoncé mais avec beaucoup de dextérité.

Un petit bémol toutefois : la fin, sur laquelle je misais gros. Elle sera en demi-teinte pour ma part parce que j’ai trouvé qu'elle manquait d'explications. Je ne suis pas sûre, d’ailleurs, d'avoir pleinement appréhendé les tenants et les aboutissants du pourquoi et du comment.

Quoiqu’il en soit, je ne suis pas rancunière et je vais donc m'atteler à découvrir ses autres livres parce que cette histoire et cette plume sans pareilles vont longtemps me rester en tête.
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Châtiment

Voici un roman construit d’une manière telle qu’on en oublierait que le fond est si tragique.

Percival Everett, avec Châtiment, est parti d’un fait malheureusement authentique, le lynchage d’Emmett Till, 14 ans, en 1955, dans la ville de Money dans le Mississippi.

Cet état, comme beaucoup d’autres et particulièrement dans le Sud, a très longtemps pratiqué la ségrégation (est-ce vraiment terminé ?) et a été le berceau du KKK (mais doit-on en parler au passé ?).

Sans même changé les noms des protagonistes de ce drame, l’auteur imagine une vengeance à hauteur du crime avec les meurtres des descendants pas si innocents que ça des assassins du jeune Emmett, accusé à tort par une « blanche » de l’avoir sifflée dans la rue…..

Bien sûr, les histoires de vengeances sont habituelles dans les romans noirs.

Mais ici, rien n’est habituel.

C’est une fiction mais partant de faits réels, reprenant les noms des acteurs de ces faits et ça c’est très rare, même dans les « docu-fiction » les noms et lieux sont changés.

La ville est majoritairement « blanche » et ce sont deux flics noirs de l’antenne du FBI dans le Mississippi qui viennent mener une enquête qui dépasse le shérif « blanc », le tout dans cette ville de Money dont on voit qu’elle n’a pas évolué d’un iota depuis les années 50.

Mais ce n’est pas tout, Percival Everett y ajoute une sacrée dose d’humour à la façon de Joe Lansdale et ses deux personnages de Hap et Leonard avec ses deux agents spéciaux noirs qui doivent, en plus d’enquêter, subir les habitants de ce patelin qui ont bien du mal à surveiller leur langage et éviter certains quolibets.

Il en ressort un roman souvent très drôle avec un enquête originale, teintée de mystique. L’auteur ne réussit pas moins à faire passer son message et à rappeler à la mémoire de tous la mort d’Emmett tué pour un mensonge, à cause de la couleur de sa peau, par des imbéciles ignares, des bouseux dont même le meneur religieux faisant office de médecin légiste n’est autre que le grand chef des cagoulés à croix de feu.

Percival, en faisant s’exprimer ces personnages, en créant des situations parfois très drôles, prouve aussi que oui, on peut encore rire de (presque) tout sans pour autant salir la mémoire de qui que ce soit.


Lien : http://www.evadez-moi.com/ar..
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Châtiment

Excellent et absolument agaçant.



Je m’explique : l’intrigue et la plume sont dingues, l’auteur traite du racisme et des violences qui en découlent avec brio.



Les twists sont palpitants, tout se déploie intelligemment.



Sauf la fin.

On part sur un truc métaphysique et quasi fantastique qui m’a fait lever les yeux au ciel.
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Manuel de dressage - Truite de fond

Comment dire ? J'aime beaucoup les romans de Perceval Everett que j'ai lus. Il y a beaucoup de sensibilité, d'humanité, de respect des différences.



Ici, j'ai détesté son manuel fictif de dressage, outré ou pas.



Sa poésie n'est pas mauvaise, mais est-elle bonne ? Je n'ai pas senti mon coeur vibrer, ni aucune image me titiller plus qu'une autre. Je lis peut-être trop de poésie, c'est vrai.
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Désert américain

Sur la route qui devait le mener à son suicide, Ted Larue perd la vie dans un accident de voiture qui le laisse sur le bitume, la tête tranchée. Un échec de plus dans la vie de celui convient d'appeler un loser. Mais Ted Larue est-il vraiment un loser, comme se complaisent à le rappeler la quasi totalité des critiques ? N'est il pas un homme ordinaire dont les imperfections sont mise en lumière à l'approche de la quarantaine ? valons-nous vraiment mieux que lui ? Après tout, ses étudiants lui reconnaissent de grandes qualités pédagogiques et l'aveu de son infidélité demontre qu'il n'est pas dénué de qualité... Ted est finalement comme beaucoup d'entre nous, un homme qui n'arrive pas à être celui que la société souhaite qu'il soit.

Cet état des choses va changer le jour de sa résurrection, au beau milieu de ses funérailles, événement déclencheur d'une folle aventure. Ces aventures sont évidemment un prétexte pour dénoncer les dérives de la société américaine, notamment religieuses, le livre nous présentant une galerie de personnages sacrément illuminés, fous de la parole de quelque gourou ou adeptes de la théorie du complot.

Desert américain appartient au genre du roman déjanté, serti d'humour noir et d'aventures loufoques. On passe un bon moment, on rit parfois et la curiosité nous pousse à aller jusqu'au bout de ce roman à l'intrigue maîtrisée. Le message que veut faire passer l'auteur n'est toutefois pas très clair, il est question de rédemption salvatrice et d'absurdité de la vie. Un roman absolument non essentiel.
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Blessés

De belles pages sur l'incompréhension, l'intolérance.

Mais aussi sur le drame des" enfants du divorce".

Paysages de nature, loin de la ville. Mais, il ne sert à rien de fuir, les problèmes restent avec soi.
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Montée aux Enfers

J'ai dû passer à côté, louper le coche...Zora pas compris.

Un roman policier en trois parties, sans liant entre elles. Les tribulations d'un adjoint shérif pas franchement doué au Nouveau-Mexique. Perplexité...

Et j'attends. Et je me motive en me disant que, évidemment, l'épilogue va me retourner, me donner un tout nouvel angle de compréhension ou de lecture... Oui, tout cela va enfin prendre sens !

Ben non. Pas pour moi. Frustrant. D'autant plus que cet auteur m'avait été fortement conseillé par une amie. Incompréhension.

Besoin de passer à autre chose, très vite.
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Le supplice de l'eau

« Le supplice de l’eau » est la confession d’Ismaël Kidder, un homme brillant, excessivement érudit, et auteur de romans à l’eau de rose qu'il publie sous le nom d’Estelle Gilliam. Il avait récemment quitté sa femme Charlotte lorsque sa petite fille de 11 ans a été enlevée et assassinée. Il enlève à son tour et, dans son sous-sol, torture méthodiquement le meurtrier présumé de sa fille (sans être vraiment sûr qu'il s'agit bien du meurtrier), un homme qui a été relâché faute de preuves.



Le narrateur, homme victime transformé en bourreau, exécute sans culpabilité la vengeance aveugle et atroce de quelqu’un qui, bien qu’ayant une culture et des raisonnements extrêmement poussés, a perdu tout repère moral dans ce drame.



L’exécution de la vengeance n’est que la partie emergée de ce roman construit en fragments, fragments de l’homme qui se délite, assemblant des réflexions autour des penseurs présocratiques, des théories linguistique ou militaire, entre autres, et qui forme un feu d’artifice de styles et de langages. La maîtrise absolue de ce récit insensé fonctionne comme le miroir du comportement fou et totalement maîtrisé du narrateur, et comme une démonstration de la perte de sens moral et de jugement de la société américaine qui, sous Bush Jr, torture à Abou Ghraïb ou Guantanamo au nom de valeurs de justice et de démocratie et fonde ses justifications sur sa culture, son savoir et ses valeurs

Une bonne illustration en est ce que le narrateur appelle le théorème protagoréen (d’après Protagoras) : savoir2 + certitude2 = indécrottable2.



Heureusement, Percival Everett nous permet de respirer par moments, avec les évocations de sa vie passée avec sa fille et avec des passages totalement savoureux, teintés d’humour et de la dérive actuelle autour des valeurs américaines fondatrices, comme celui-ci, où le narrateur évoque avec le shérif local la question des cultivateurs de marijuana voisins de sa maison qui viennent sur sa propriété pour détourner le cours d’eau de la rivière.



« Le shérif : Je ne comprends pas pourquoi tu ne te plantes pas tout simplement là pour leur tirer dessus quand ils arrivent.

Moi : C’est mon eau.

Le shérif : C’est bien de ca que je parle. L’eau, c’est de l’or ici. Personne ne te reprocherait de descendre quelqu’un qui essaie de voler de l’or.

Moi : Hé là ! Tu es censé représenter la loi.

Le shérif : Et alors ?

Moi : Bucky, j’ai comme l’impression que tu m’encourages à violer deux ou trois lois.

Le shérif : Il y a loi et loi. Peut-être bien qu’il y a une loi contre, mais ca ne veut pas dire que tu ne peux pas le faire. C’est que des mots, la loi, après tout.

Moi : Ça fait peur.

Le shérif : Il y a de quoi. C’est comme ça qu’on fait, en Amérique. »



Livre difficile mais extrêmement stimulant, le supplice de l’eau est aussi un récit dont le langage est le sujet, qui fait totalement voler en éclats la structure de la narration. Cette manipulation virtuose du langage permet à Percival Everett de mettre la question de l’instabilité de l’apparence au cœur de ce roman fascinant.
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Montée aux Enfers

Percival Everett, auteur multi-talentueux, n’utilise pas ici ses armes habituelles de l’humour et de la dérision brillante, mais nous manipule habilement sur la base de nos propres présuppositions (il est aussi un familier du procédé), dans cette «Montée aux enfers» («Assumption» pour le titre original), un roman de 2011 prestement traduit en français en 2012, pour la plus grande joie des lecteurs français fans de l’auteur dont je fais maintenant partie.



Ogden Walker, adjoint du shérif de La Plata, comté de péquenots bornés au Nouveau-Mexique, vit en célibataire dans un mobil home, est un aficionados de la pêche à la mouche, dîne très souvent chez sa mère et ne cesse de s’interroger sur la pertinence de sa vie – le métier qu’il exerce, l’endroit où il vit - à l’aulne de ce que, selon lui, son père aurait pensé s’il était encore en vie. Homme aux dehors placides, il est un enquêteur médiocre, mais, selon ses collègues, un «putain d’obstiné qui a le complexe du sauveur», un non-violent qui n’hésite pas à se jeter dans la mêlée, et à parcourir des milliers de kilomètres pour les besoins de son enquête.



Après le meurtre énigmatique d’une vieille femme, ce comté d’ordinaire si calme voit s’accumuler les meurtres non élucidés. Au fil des cadavres retrouvés dans la nature ou les coffres de voiture, un Ogden qui ne cesse de se demander s’il est un imposteur, s’éloigne en s’épuisant toujours davantage de sa base, et semble se rapprocher toujours plus de «la vidange de l’humanité».



À la fin, la seule certitude qui nous reste est l’état de la société américaine dépeinte ici (celle du sud des Etats-Unis), minée par le racisme et le délabrement économique et social, la difficulté d’y faire face sans péter les plombs ... et surtout le fait que Percival Everett nous a mené en bateau tout au long du récit.



Un livre à relire donc pour en prendre toute la mesure.



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Pas Sidney Poitier

Jubilatoire !

Ce mot employé à tort et à travers par nombre de journalistes je l'emploie volontiers pour qualifier ce livre.

Quel plaisir de lire !

Quelle maestria dans l'emploi des mots !

Complétement déjantée par moment cette histoire nous emporte dans les aventures de Pas Sidney. Avec un prénom pareil on s'attend à des merveilles, des vertes et des pas mures.

Dès que Everett ou Ted passent l'histoire sombre (ou s'illumine) dans l'absurde.

J'ai bien ri. Et pensé aussi "mais foutez lui la paix à ce pauvre Pas Sidney !!"

Et je me suis laissée mener par le bout du nez par l'écriture de ce Percival Everett que j'ai hâte de lire de nouveau.
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Désert américain

Theodore Larue, professeur d'université un peu terne, époux vaguement minable et père transparent (du moins sont-ce ses impressions), est en route vers son suicide quand un accident de voiture le décapite. Propre, net et sans bavure, sa femme n'identifie que sa tête, bien à part du corps. Bref : selon toute vraisemblance, Ted Larue est mort. Mais pendant ses funérailles, il se redresse soudain dans son cercueil, se lève, se débrouille pour découdre les points qui lui ferment la bouche (en gardant bien entendu en place ceux qui relient grossièrement sa tête à son corps), et parle. Puis repart chez lui avec femme et enfants, au milieu d'une émeute... Est-il vivant ou mort ? Nous le saurons vite... Sans rien comprendre, car ce "détail" est le seul qui ne soit pas réaliste.



A partir de ce début pour le moins original, Percival Everett nous emmène pour une petite balade dans le désert américain... Désert au sens propre, à la frontière duquel se passera une partie de l'histoire... et surtout désert d'une culture à la dérive où chacun (en particulier profs d'université petits-esprits, journalistes déshumanisés, badauds moutonnants, fanatiques religieux illuminés, scientifiques cyniques qui ne le sont pas moins, militaires insignifiants) se fera égratigner d'autant plus cruellement que c'est avec un réalisme saisissant, pas du tout caricatural. On imagine en effet facilement l'effet que pourrait produire à tous échelons une telle résurection, dans notre société ou tout se sait plus vite que ne s'enflamme une traînée de poudre...



La plume est drôle sans exagération, bien que deux scènes du début soient totalement échevelées et franchement désopilantes, le tout est ironique sans scalpel, acide sans méchanceté, le roman se lit en plusieurs couches, de la banale et distrayante histoire presque road movie à lire au premier degré pour le plaisir, au petit traité philosophique sur le sens de la vie et l'essence de la mort, sans prétention ni leçon d'aucune sorte. Un livre réjouissant qui se lit vite, avec simplicité et grand plaisir, et révèle un double fond intelligent et moins intello-inaccessible que je ne le craignais en empruntant un Percival Everett, auteur dont la réputation me faisait peur, à tort, bien qu'il la mérite manifestement... J'y reviendrai sûrement, faire du secouage philosophique de neurone de cette façon, c'est vraiment... trop mortel !



(extraits sur mon blog)
Lien : http://ploufetreplouf.over-b..
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Pas Sidney Poitier

Encore une excellente lecture grâce au club Babélio!

Que trouve-t-on dans ce livre? Critique de la société américaine? oui. Quête de l'identité? oui. Dénonciation de la persistance des préjugés raciaux? oui. Références culturelles populaires? oui. Mais surtout : drôlerie? absurde? humour? oui, oui, oui!

Ce qui m'a le plus marqué dans cette lecture, c'est la découverte des personnages tous plus loufoques et tordus les uns les autres. La mère d'abord. Elle meurt rapidement dans le récit mais est présente tout le long du roman. Son caractère insoumi et rebelle fait merveille. J'ai adoré Ted Turner et ses phrases dont la fin n'a rien à voir avec le début! Il passe du coq à l'âne, sans rien à voir avec le schmilblick! Et Percival Everett alors! Royal en prof du non-sens. Je dois moi même être complètement tordue, car à certains moments je pense avoir compris ce qu'il voulait dire... Docteur? Et le pauvre Pas Sidney au milieu de tout ça... C'est peut-être le plus lucide de tous, débarqué dans un monde de fous : co-détenu, shérif, bonnes soeurs, beaux-parents... Il n'y a que des personnages complètement décalés pour croiser sa route, alors que lui recherche plutôt une vie normale : il veut faire des études, il ne sait pas pourquoi mais cela semble la chose à faire! (tiens ça me rappelle quelque chose...).

Bref, une lecture captivante et drôle, qu'une fois lancée j'ai eu du mal à lâcher!
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Effacement

Totalement séduite! A ceux qui commencerait ce roman, ne vous laissez pas décourager par l'exposé d'Ellison sur le roman expérimental. Je n'ai RIEN compris mais ça ne m'a pas empêché de savourer pleinement ce(s) roman(s).
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Tout ce bleu

« Tout ce bleu » ; Perceval Everett (Actes Sud, 330p)

Le narrateur, Kevin Pace, sexagénaire bien installé, quelque peu alcoolique, américain, noir, marié, deux enfants ados et peintre relativement bankable (à prendre dans n’importe quel ordre), va nous compter trois épisodes marquants de sa vie, à quelques décennies d’intervalle ;

- une folle virée au Salvador en plein coup d’état militaire en 1979, pour accompagner son ami Richard qui cherche son frère embourbé là-bas dans une sombre et dangereuse histoire,

- une très brève et passionnelle aventure extra-conjugale à Paris, 20 ans plus tard

- le douloureux secret que lui confie sa fille de 15-16 ans, en lui faisant promettre de n’en rien dire à sa mère.

Il fait s’alterner des bribes de chacun de ces épisodes (qui n’ont a priori strictement rien à voir l’un avec l’autre), les emmêlant dans une chronologie d’écriture assez baroque. Enfin, dans le même temps, au fil du récit, il fait aussi quelques allusions à un tableau immense auquel il se consacre depuis des années hors du regard de tout le monde, la toile étant sous clé dans un grand hangar.

Voilà pour la trame du roman, nouée autour des secrets (que l’on peut peut-être voir comme le seul référent commun aux trois épisodes). Même si je n’ai guère compris le sens de l’entremêlement temporel des différents chapitres, je ne m’y suis pas perdu, j’ai bien accroché à l’histoire, qui ménage ses doses de suspense. Au fil des évènements que traverse Kevin Pace, on fait connaissance avec un type plutôt sympathique et attachant, pris entre ses doutes, ses questions existentielles, son sens de l’engagement, ses bouleversements émotionnels. L’écriture est simple et directe, comme un parler de tous les jours, d’autant que les dialogues sont assez nombreux et rendent la lecture aisée. Et bien sûr, le « héros » étant peintre (comme Everett, lui-même écrivain et peintre), il fait jongler sa perception des couleurs, leur chimie, avec ses ressentis (un peu comme la synesthésie associe chez certains mélomanes musique et couleurs.) Il distille aussi quelques belles réflexions sur l’art, et quelques piques discrètement acides sur le commerce de l’art.

Un plutôt bon roman, vite lu bien lu.

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Effacement

Thelonious Ellison, spécialiste du Nouveau Roman, exerce le métier d'écrivain mais son écriture, jugée trop " dense et hermétique", le range dans la catégorie des auteurs mineurs, celle de ceux qui restent dans l'anonymat. Quand il découvre le nouveau best-seller "Not'vie à nous au ghetto" ovationné par la critique et le public, qui n'est autre qu'un ramassis de clichés sur les afro-américains, il réclame "au nom de l'art" vengeance. Thelonious prend donc un pseudonyme et entreprend la rédaction d'une parodie acerbe intitulée " Ma pataulogie" dans laquelle il met en scène un protagoniste violent et vulgaire :" J'la plante pasque j'l'aime.... avec m'man qui rampe sur le lino qu'essaye d'rattraper ses boyaux", véritable représentation archétypale du " vrai noir" du ghetto. La visée de son œuvre était de dénoncer cette fausse vérité dans laquelle il ne se reconnait pas, de condamner tous ces stéréotypes qui alimentent les discriminations mais ce roman contre toute attente rencontre un succès phénoménal, il devient même le plus gros succès de Thelonious. S'en suit alors une schizophrénie qui ronge le personnage, totalement dépassé par la situation d'autant plus qu'il doit faire face à des problèmes familiaux très préoccupants. Lui qui assiste au déclin de sa mère aurait bien besoin de cet argent mais ce serait vendre son âme au diable....Percival Everett propose un roman original, nourri de littérature et de références érudites mais qui reste aussi drôle et percutant. Il se saisit d'un sujet sensible, celui de la question raciale, et l'aborde sous l'angle du "politiquement incorrect". Une oeuvre terriblement intelligente !
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Blessés

Un beau livre, pudique et puissant, plein d’humanité.
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Effacement

Voilà un livre qui vaut le détour (livre recommandé par Ingannmic)



D’abord j’ai adoré la forme : un journal d’un écrivain américain qui livre à la fois ses impressions sur l’écriture et l’art et qui nous fait partager son quotidien : ses relations avec sa mère atteinte d’Alzheimer, ses relations avec ses frère et sœur, son éditeur, ses relations sentimentales …



Thelonious Monk Ellison (Monk pour ses amis) est un écrivain qui a publié des analyses érudites sur des auteurs grecs ou sur le « nouveau roman ».



Aux Usa, il a peu de succès car le fait qu’il soit noir fait que le public attend de lui une certaine littérature (une littérature « noire , comprenez : qui mette en avant des «noirs»)

Un jour, il lit un extrait d’un livre (atroce) d’une femme noire « Not’ vie à nous au ghetto» et rédige une parodie (parodie qui est présente intégralement dans le livre), ce livre compte tout attente devient un best seller, et Monk se retrouve confronté à un cruel dilemme : perdre son honneur ou ne pas pouvoir subvenir aux besoins de sa mère dépendante..



Ce que j’ai le plus aimé dans ce livre est bien la surprise. On passe d’un épisode « réel » de l’auteur avec sa mère avec une discussion fictive (ou pas) entre Hitler et Eckhart («Souvenez vous que vous êtes allemand. Gardez notre sang pur ») puis un épisode réel puis une discussion fictive (ou pas) de Rothko et Alain Resnais… sur la valeur artistique des rectangles, De Kooning et Rauschenberg sur la notion d’effacement du titre….



Puis on revient à des souvenirs d’enfance et de ce qu’il a vécu à 10 ans. Cela pourrait semble un peu foutoir mais pas du tout : La transition entre tous ses « moments » est facilité par la typographie. A chaque changement de narration, le lecteur est « prévenu » par trois croix.



Bref, tout m’a plu dans ce livre le fonds et la forme, l’écrivain pris entre ses convictions sur le fait qu’un écrivain peut écrire sur tout et pas seulement sur le milieu d’où il vient et la dure réalité de la vie quotidienne.



J’ai eu un peu peur au début de ne pas arriver à finir (je n’ai pas compris un seul mot de la conférence sur le « nouveau roman » mais je crois que c’était fait exprès).



Autre tout petit bémol : le style de « Pataulogie », le livre dans le livre, est très « grossier », dans le sens bourré de clichés (étonnant que les lecteurs américains n’aient pas vu qu’il s’agissait d’une parodie tellement c’est gros!!!)…donc 80 pages un petit peu longuettes… mais si ce faux « livre » n’avait pas été inclus, il est presque certain que j’aurais regretté qu’il n’y soit pas….



Le point principal est qu’il remet en cause tous nos préjugés : En refermant ce livre, je m’aperçois que j’avais un préjugé sur ce livre : En voyant la couverture, et sans avoir lu la quatrième, je m’étais imaginé que le sujet était l’histoire d’un homme noir dans le couloir de la mort (qui allait donc être effacé)…Etrange non, ce préjugé juste sur la couverture?



En bref une excellente lecture qui réussit à mêler écriture, racisme, préjugés en tout genre , coming out, droit à l’avortement , Alzheimer et art sans paraître complètement superficiel …

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Blessés

Voilà un roman passionnant de bout en bout, à l’écriture habile et précise, mais surtout profondément teintée d’humanisme. « Blessés » où le récit de John Hunt, un black d’une quarantaine d’année, brillant universitaire, qui a préféré fuir une société un peu trop féroce et guindée pour élever des chevaux dans le grand ouest. Son ranch, est son antre, tout autour la nature y est généreuse et sauvage, un peu comme lui… Courageux et loyal il a su se faire adopter dans la contrée échappant au racisme quotidien et à la haine. Jusqu’au jour où… Percival Everett aborde ici bien des thèmes en souffrance dans une Amérique certes « plus ouverte » mais qui sait faire ressurgir ses vieux démons à la première occasion (ce qui n’est pas inhérent à ce seul pays du reste). C’est un grand roman sur le courage, John, Gus, Morgan ou David ne cèdent jamais à la facilité, ils évoluent en fonction de ce qu’ils pensent être juste. C’’est aussi un grand livre humaniste où l’auteur évoque à travers la personnalité emblématique de John ou celle de Gus (son oncle) les belle valeurs de la vie empreintes de tolérance, de simplicité, d’altruisme. Et c’est cette simplicité, qui nous nous touche tant, qui porte le récit, à travers ses non dits, ces petits gestes d’amour, ces scènes d’une incroyable convivialité ou de profonde détresse. Cette vie qui s’écoule devant nos yeux, tantôt limpide, tantôt trouble nous happe, nous émeut ou nous fait sourire, mais surtout nous fait nous extasier et nous fait dire que le monde devrait compter plus d’amis et d’hommes comme John, si rassurant et fragile à la fois. Percival Everett est un auteur flamboyant, sa plume est perspicace, sans faille et bienfaisante !
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Percival Everett par Virgil Russell

Difficile lecture que celle-là.

Les rapports père-fils ne sont pas simples, ils sont assez décousus, tout comme le livre. Les degrés de narration sont multiples, dans le temps, dans l'espace. Les joutes oratoires n'arrangent rien et les multiples chemins de traverse sémantiques égarent le lecteur dans une forêt de mots qui frise l'écriture automatique. Des histoires hors-champ font irruption au hasard d'un chapitre.

Je ne suis pas versé dans l'expérimentation linguistique et ces exercices de style me fatiguent assez vite. Je suis juste content d'avoir lu cet ouvrage jusqu'à la dernière ligne.

Si quelqu'un peut m'éclairer, je suis preneur mais apparemment peu de lecteurs se sont risqués chez Percival Everett.
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Montée aux Enfers

Je viens de terminer ce livre, et je suis assez déroutée, pour cette première rencontre avec Perceval Everett.

Il faudrait presque commencer le livre par la fin… et le relire après, à la lumière du dénouement.

L’action se passe dans un trou paumé du Nouveau-Mexique, où il ne se passe quasiment rien, si ce n’est un meurtre particulièrement violent d’une vieille dame et de son chat. Le moins que je puisse dire est que les enquêteurs ne sont pas très futés, oubliant les précautions les plus élémentaires dans une enquête. Du coup, cela m’a mise mal à l’aise, comme si tout n’était pas dit, et plus je progressais dans le roman, plus le malaise grandissait. La focalisation sur Odgen Walker oriente forcément le récit : d’un côté, il patauge, de l’autre, les faits troublants s’accumulent, entre combats de chien, trafic de drogue et prostitution, qui sont le quotidien de ce coin du Nouveau-Mexique.

Bien sûr, ce n’est pas la première fois qu’un policier est accusé de meurtre et doit prouver son innocence (je pense aux romans de Kirk Mitchell, par exemple). Ce n’est pas non plus la première fois que le narrateur n’est pas un personnage très futé, mais là, la sauce n’a vraiment pas pris pour moi, et je ressors déçue de cette lecture, de ses meurtres, nombreux, pour presque rien, et de ce dénouement qui ne résout pas toutes les questions.
Lien : http://deslivresetsharon.wor..
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