Les personnes avec autisme ont des difficultés à relativiser. Elles sont prisonnières des choses qu'elles ressentent, et donc également prisonnières de leurs propres sentiments. Si elles sont en colère, alors elles sont accaparées par la colère. Elles sont envahies, submergées par cette émotion. Le sentiment est absolu.

Les troubles spécifiques à l'autisme du traitement de l'information et les problèmes qui en découlent concernant la communication, l'image de soi et les comportements visant à résoudre les problèmes, s'opposent aux modèles les plus courants de l'accompagnement psychologique. À cause de la spécificité du trouble, il est capital de partir d'une perception autistique et d'un traitement de l'information SPÉCIFIQUES et ESSENTIELLEMENT DIFFÉRENTS, en tenant compte des possibilités communicatives sociales de la personne, avec son manque d'imagination et d'empathie. Une bonne compréhension du style cognitif totalement différent des personnes avec autisme est capitale. Cela implque surtout que la manière de communiquer sera essentiellement différente. Quel que soit l'angle théorique d'où découle l'accompagnement, il faudra, en premier lieu, toujours tenir compte de l'autisme, c'est-à-dire travailler aussi concrètement que possible. Ce qui a des conséquences sur la forme de l'échange de l'information, mais aussi sur le contenu. (…) Les mots constituent un piège important dans l'accompagnement psychologique des personnes avec autisme. Tout comme nous l'avons écrit précédemment, les mots de ces personnes cachent souvent une signification différente, autistique. Des malentendus peuvent également apparaître dans l'autre direction de la communication, de l'accompagnateur à la personne qui a de l'autisme. Quiconque parle avec une personne avec autisme teste sans arrêt ce qu'elle comprend de ce qui a été dit. Il est conseillé de lui faire répéter régulièrement avec ses propres mots ce qui a été dit lors de la discussion.
Les personnes qui ont de l'autisme sont souvent embrouillées à cause de leurs propres sentiments. Pour elles, leurs émotions sont comme une pelote de laine emmêlée de sensations. Les laisser parler librement de ces sentiments crée encore plus de nœuds dans la pelote. Nous pouvons au mieux les aider, tout d'abord et surtout, en écoutant les problèmes auxquels elles sont confrontées. Des questions très précises et concrètes peuvent les aider. Une fois que le problème est percé, une nouvelle explication est nécessaire, par exemple en montrant de manière visible grâce à des mots et des notions.
Nous ne devons pas leur donner une place dans la société malgré leur autisme mais avec leur autisme. Notre société tirerait profit d'un petit brin supplémentaire d'autisme.

Selon des études, entre 5 % et 20 % des personnes atteintes d'autisme, une fois adulte, peuvent vivre une vie raisonnablement autonome et normale. Bien évidemment, ce chiffre est plus élevé chez les personnes atteintes d'autisme sans retard mental (les estimations varient entre 10 % et 25 %). Le nombre des personnes qui vivent en complète indépendance tournerait autour de 5 %. Pour celles qui y parviennent, les facteurs suivants influencent de manière positive le résultat favorable :
• un diagnostic précoce et une éducation avec un traitement adapté ;
• un bon niveau d'intelligence verbale (c'est-à-dire déjà à l'âge de 5 ans la présence d'un langage significatif) ;
• une capacité à se servir de manière fonctionnelle de leurs talents et intérêts particuliers ;
• une absence de problèmes neurologiques ou psychiatriques ;
• une personnes référente offrant du soutien et une aide pratique ;
• un partenaire, engagé dans le soutien et dans une relation affective et qui compenser et camoufler leurs difficultés ;
• un emploi du temps quotidien qui ait du sens ;
• la capacité à être en paix avec son propre déficit et ses propres capacités et ne pas vouloir être quelqu'un qu'ils ne peuvent pas être.

Les personnes avec autisme dotées d'un potentiel intellectuel normal, en particulier, sont souvent surestimées dans leur compréhension de la langue. Ces problèmes valent généralement pour toutes sortes de termes et de notions psychologiques qui sont liées à la « langue » de la psychothérapie. Jim Sinclair, qui présente de l'autisme de haut niveau, écrit à ce sujet : « J'ai passé la plus grande partie de ma vie à suivre l'une ou l'autre psychothérapie, avec des thérapeutes qui partaient du principe que je savais ce que les mots signifiaient mais que je ne comprenais pas mon propre fonctionnement. Leurs interventions consistaient principalement à m'accompagner pour nommer des choses que je ne ressentais pas... Et lorsque je disais que ce n'était pas ce que je ressentais, surtout parce que je ne savais pas comment décrire mes émotions ni comment je me sentais vraiment, ils me répondaient que je m'opposais à la thérapie et que je n'étais pas assez ouvert à mes sentiments. Pendant toutes ces années où je me suis tracassé sur mes émotions, personne n'a jamais pris la peine de m'expliquer ce que ces mots signifiaient ! »
Le but de ce livre est de donner au lecteur un éclairage sur un aspect essentiel de l'autisme : la manière singulière de traiter l'information.
Comme nous l'avons déjà décrit, les adolescents et jeunes adultes avec autisme et dotés de compétences normales ont souvent une bonne connaissance abstraite des émotions, des relations et du comportement social, mais ils ne possèdent pas les aptitudes pratiques du domaine socioémotionnel. La même constatation s'applique à leur connaissance de l'autisme. Parfois, leur connaissance théorique de l'autisme est même impressionnante ou stupéfiante, mais savoir ce que l'autisme signifie pour eux concrètement et dans les situations quotidiennes est beaucoup plus compliqué.
(…) Nous voyons parfois des enfants ou des jeunes qui parlent d'eux-mêmes de manière impressionnante et en des termes théoriques, mais si vous continuez à les interroger sur les conséquences dans des situations très concrètes, ils restent silencieux et sans réponse. Il s'agit d'une forme d'écholalie, disons de très haut niveau.
Ces stratégies de compensation n'arrivent cependant pas à leur permettre de participer réellement à la vie de notre société, et ceci malgré le caractère créatif et original de la pensée autistique. C'est la raison pour laquelle, l'autisme est un handicap.
Quand les personnes douées avec de l'autisme ont des problèmes, il faut penser en premier lieu à réduire les mots, à réduire la pression sociale, à diminuer les attentes, et surtout à adapter l'environnement.