Harris travailla dans le parc pendant l'automne, l'hiver et le printemps. Il enterra ses munitions de première nécessité avant que le sol ne gèle. Il sélectionna plusieurs aires de combat, refit d'innombrables reconnaissances de terrain et mit au point plusieurs options tactiques. Durant l'hiver, il n'arrêta pas de répéter et de minuter chacun des gestes qu'il aurait à accomplir. Il passa des heures à explorer le système de canalisation et les différents tunnels du parc. Quand il avait besoin de faire des recherches livresques, il se déguisait et demandait les informations nécessaires au cadastre ou dans d'autres départements municipaux.
Quand le printemps arriva, Harris alla vérifier toutes ses caches de munitions et s'occupa des armes antipersonnel les plus vicieuses. Il avait dû enterrer plus d'une tonne d'équipement, de munitions et d'outils et les camoufler pour que personne ne tombe dessus, par hasard, dans les mois suivants. Harris devait se montrer d'une très grande prudence, et cela prenait beaucoup de temps : il lui fallait sans cesse s'arrêter, repartir et être absolument sûr que personne ne le voyait.
il ne parvenait pas à oublier ce visage sur le gazon c'était la pire des intrusions possibles dans son univers parallèle- un univers qu'il acceptait, où il vivait, fuyant une horrible réalité. C'était un monde sans règles avec cet extraordinaire pouvoir de modifier le réel, de créer des formes et des apparences qui peu à peu parvenaient à une espèce d'existence. Mais la découverte du corps avait détruit cette illusion. On ne pouvait plus le nier ce n'était pas le visage qu'il fallait . Harris hurla
Une forme vint s’écraser sur lui; c’était Weaver qui courait comme une folle en direction du tunnel. Harris la suivit et ils passèrent sous en se repliant sous les branches basses. Le paysage se brisa; leurs sens furent assaillis par une étrange et sombre géométrie, chaque forme floue, chaque espace contenait une horreur indescriptible.