Bande annonce de la série The Sinner, adaptation du roman de Petra Hammesfahr
There were venial sins, the little ones that were forgiven if you repented of them at once; and medium-grade sins, from which you were cleansed in Purgatory when you died; and mortal sins, for which you atoned in hell for all eternity.
Je ne veux pas d'avenir, j'ai un passé qui suffit pour cent ans
Professeur Burthe, on lui disait. Il ressemblait bien à un professeur, petit et maigrichon. C'était un nain, évidemment. Car seuls les nains peuvent s'introduire dans les cerveaux, en suivre chaque méandre, guetter à chaque tournant.
Au début, tout allait bien, la légère musique de Noël, la tendresse de Gereon qui se faisait toujours plus ardente et pressante.
Puis il la pénétra lentement et cela devint désagréable. Quand il plongea sa figure entre ses jambes et qu’elle sentit sa langue, la musique devint plus forte. Elle perçut les rapides battements d’une batterie, une guitare électrique et les sons aigus et stridents d’un synthétiseur – cela dura une fraction de seconde et, déjà, c’était passé. Mais ce court instant suffit.
Quelque chose s’effondra en elle – ou plutôt s’ouvrit en elle, comme un coffre bien fermé que quelqu’un aurait percé au chalumeau. C’était un sentiment irréel. Elle n’était plus allongée dans son lit. Le sol était dur sous son dos et elle sentait quelque chose dans sa bouche comme si un pouce particulièrement épais lui abaissait la langue, provoquant une terrible nausée.
Son geste fut un simple réflexe. Elle entoura de ses genoux le cou de Gereon et serra les cuisses. Elle faillit lui briser les vertèbres ou l’étrangler. Elle ne s’aperçut même pas jusqu’où elle était allée.
Ce n’est que lorsque Gereon, haletant et râlant, se jeta sur le côté et enfonça ses ongles dans la chair tendre de sa taille que la douleur l’arrêta.
Gereon tentait de reprendre haleine: « Tu es tarée ou quoi?
Qu’est-ce qui t’a pris?» Il se frotta la nuque, toussa, se tâta la gorge et la considéra en secouant la tête.
Il ne comprenait pas sa réaction. Elle non plus ne comprenait pas ce qui soudain était devenu si odieux et si répugnant. Si horrible que pendant quelques secondes elle avait cru sentir la langue de la mort.
Rien n’était frappant non plus chez Cora Bender, à l’exception d’une cicatrice au front et d’une autre à la saignée du bras.
Celle du front était le résultat d’un accident, celle plus visible, au bras, venait d’une méchante inflammation causée par l’aiguille d’une injection faite en clinique, comme elle l’avait expliqué à Gereon.
Il y avait un trou dans sa vie. Il s’y cachait un sombre chapitre, elle le savait même si elle en avait perdu le souvenir. Quelques années auparavant, elle avait sombré dans des nuits innombrables.
La dernière datait de quatre ans.
C’est par une chaude journée de juillet que Cora Bender décida de mourir. Dans la nuit, Gereon lui avait fait l’amour. Il lui faisait régulièrement l’amour le vendredi et le samedi. Elle n’arrivait pas à le repousser, elle savait combien il en avait besoin. Et elle aimait Gereon. C’était même plus que de l’amour. C’était de la reconnaissance, un dévouement total, quelque chose d’absolu.
C’était le soir de Noël et Gereon avait eu l’idée de mettre la radio dans la chambre. La nuit devait être particulièrement belle.
Ils s’étaient mariés un soir de Noël, deux ans avant, et, depuis dixhuit mois, ils avaient un fils.
Gereon avait vingt-sept ans, Cora Bender vingt-quatre.
Lorsque la voiture s’arrêta et qu’on lui dit de descendre, elle refit surface un instant, puis replongea dans la pensée du futur pour éviter d’affronter le passé.