Philip Kerr

En vérité, je me sentais aussi nerveux qu’elle. Encore plus, probablement. Quand vous avez vu autant de morts que moi, vous savez combien il est facile d’en devenir un.

Nous déjeunâmes. Les steaks étaient bons, comme la nourriture en Argentine. A condition de commander un steak.

- Vous parler comme si les nazis allaient gagner les élections, Bernie.
- Je continue à espérer que non. Et à craindre que oui. (…) Dans ce boulot, on rencontre des fainéants, des idiots, des pervers et des je-m’en-foutistes. Hélas, c’est ce qu’on appelle un électorat.

Personne ne dit rien. Mais ils étaient quand même tout ouïe. Quand le type qui parle tient un flingue, ça vaut la peine qu’on l’écoute.

Les signalements donnés par les témoins étaient vagues, bien entendu. Mais tous les assassins se ressemblent quand ils portent une chemise brune.

Grund fit la grimace.
- Tu es trop mou pour être flic, tu sais ça ?
- Venant d’un nazi de ton espèce, je le prends comme un compliment.

J’avais déjà vu des affiches électorales favorables à Hitler moins ouvertement nazies que l’appartement de Schwarz.

La plupart du temps, j'ai l'impression que ces managers crient parce qu'ils ne savent absolument pas quoi dire. Qu'ils n'ont aucune solution aux problèmes qu'ils constatent sur le terrain, ce qui les rend furieux.
Certes, il faut parfois se conduire comme une brute, mais motiver des joueurs, c'est autre chose. Motiver des hommes dans le sport, c'est comme motiver dans n'importe quel autre domaine. Il te faut deux choses. D'abord, tu dois comprendre, et tu ne peux le faire que si tu les écoutes ; beaucoup trop de gens parlent sans écouter d'abord. L'écoute est primordiale. [...] La seconde chose dont tu as besoin, c'est d'avoir mérité le respect des autres. Tout le monde respecte l'expérience et la plupart du temps, ça signifie l'expérience de la vie elle-même. [...] La simplicité est l'outil de motivation le plus sophistiqué du monde. Savoir ce qu'il ne faut pas dire exige une véritable intelligence, tout comme dire ce qui est essentiel.

Il n'existe aucune obligation de gagner au football, mais il y en a une de continuer à essayer.

Être intelligent dans le football est presque aussi mal vu que d'être homo.

Être civilisé nécessite que vous soyez tolérant avec des gens qui sont différents.

- Bernie Gunther. Qu'est-ce qui peut bien amener le détective de l’hôtel Adlon à l'Excelsior ?
- j'oublie toujours que c'est un hôtel. J'étais venu acheter un billet de train.

C'est peut-être Dieu qui a inventé le Diable, mais c'est l'Autriche qui nous a donné le Führer.

C'est toujours agréable de prendre quelques photos d'un endroit que vous avez aimé, même si cet endroit se trouve au fond d'un verre.

- Peu importe, dit-il d'une voix patiente, je suis convaincu que l'on ne devient pas, mais que l'on naît mathématicien. De telles choses sont évidentes à mes yeux. En vérité, je perçois dans les chiffres des choses que la plupart des hommes ne verront jamais, dussent-ils vivre cent ans.
– Mais ce sont des lettres, pas des chiffres, objectai-je.
– Et pourtant tout le monde devrait s'apercevoir qu'il y a forcément un ordonnancement numérique dans la fréquence d'apparition de ces lettres. Ce qui fait que ce message n'est pas une simple fantaisie, Ellis. Il s'agit très probablement d'un code secret. Or tous les codes, s'ils sont systématiques et correctement agencés, sont régis par les mathématiques, et ce que les mathématiques ont rendu obscur, elles sont aussi capables de le rendre visible.

Par ma lampe, on ne pouvait quand même pas laisser notre Premier ministre se ridiculiser devant le chancelier allemand ! Laissons cela au président de la République française.

Je veux vous apprendre qui vous êtes. Et ce que vous êtes. Vous parlez de la chance et de ses rouages.

Si Dieu avait créé la femme, M. Vadim avait simplement fait de son mieux pour la rendre heureuse. J'aurais pu lui dire de ne pas se donner la peine. Les hommes préfèrent les blondes, mais les blondes ne savent pas ce qu'elles préfèrent, jusqu'à ce qu'elles comprennent qu'elles ne l'obtiendront jamais.

... Derrière lui , je pouvais apercevoir un grand hall rond et une table en mosaïque avec un vase enterre cuite vernissée de style persan contenant des lys. Sur un mur, un grand drapeau noir s'ornait de caractères arabes blanc argenté, sans doute conçu pour la SS par Hugo Boss.

Et pourtant de manière déchirante, je ne pouvais la toucher et ne le ferais jamais plus, selon toute vraisemblance. Rien que d'y penser, je me sentis soudain si faible et mal en point que c'était comme si j'avais perdu la volonté de vivre. On ne peut jamais combler tout à fait le vide laissé par une femme qu'on a aimée.