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Critiques de Philippe Arnaud (152)
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La proie

Tout commence comme dans un rêve coloré.

Anthéa une fillette de 12 ans vit dans un petit village du pays bamiléké au Cameroun.

Théa n’est pas brillante à l’école malgré toute sa bonne volonté mais la nature l’a dotée d’une imagination débordante, en plus de sa beauté fascinante.

Depuis peu, Théa est devenue conteuse. Mue par une force mystérieuse, celle que l’on surnomme désormais « la petite mère » a découvert le pouvoir des mots qui se révèle à travers les histoires qu’elle raconte avec passion devant des enfants subjugués, à l’ombre du kolatier.

Sous son impulsion, la magie opère et les personnages prennent vie, se matérialisent sous la forme de figurines qu’elle sculpte dans la terre rouge qu’elle affectionne tant.



Tous les mardis, Théa aide sa mère sur le marché. Une étrangère, une « dame blanche » aisée qu’elle croise régulièrement, s’apprête à rentrer en France avec son mari et ses deux enfants. Christine propose de l’emmener pour lui offrir une meilleure éducation, en échange d’un peu d’aide et de baby-sitting.



Cela aurait pu être un merveilleux conte de fées, une chance inespérée mais le titre est sans équivoque : Théa devient une proie.



Dès son arrivée à Paris, tout change.

Au mal du pays, s’ajoute la morsure de l’exil et le choc des cultures.

Tout va trop vite dans cette nouvelle vie au cœur d’un foyer instable sous la domination de Stéphane, le père de famille.

Le sentiment de ne pas être à sa place et surtout la honte de décevoir sa famille la tétanise et la réduit au silence. Le piège se referme inexorablement.



Dans la première partie, Théa évoque avec innocence et naïveté son enfance au Cameroun, peuplée de ses histoires extraordinaires, de l’amour de ses parents, du rire de sa meilleure amie Diane, du regard énigmatique de Samuel, son amoureux discret.



Le temps de la liberté et des rêves est bien révolu avec son arrivée en France qui marque un tournant brutal. Le ton change radicalement. C’est l’engrenage et la chute progressive dans l’esclavage domestique. Théa doit affronter les remarques insidieuses sur son devoir de « payer son voyage », la privation de liberté, le racisme. Sa beauté est loin d’être une alliée face à la violence des enfants et des adultes. Que l’Afrique lui parait lointaine et inaccessible !



Classé roman jeunesse, ce roman s’adresse néanmoins aux adolescents avertis et aux adultes. Dur et poignant, il frappe surtout par son réalisme et par le courage de la jeune Théa qui affronte seule son destin.



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La proie

Un roman jeunesse fort et poignant d’une jeune fille camerounaise prise dans l’engrenage de l’esclavage domestique en France. Sur fond de racisme et de néocolonialisme, Anthéa, qui ne rêve que de retrouver son pays natal et sa liberté perdue, affronte seule son destin avec courage.
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La proie

Encore un livre que j’ai dévoré (qu’est-ce que ça va être pendant mes vacances 😂). On suit le parcours d’Anthéa, jeune fille heureuse et pétillante qui grandit avec insouciance dans un Cameroun chaleureux et qui se retrouve arrachée à son pays par une famille en apparence bien sous tout rapport, mais qui se révèle malsaine une fois arrivée en France. Cette histoire qui fait froid dans le dos est une fiction, mais n’oublions pas que l’esclavage moderne est bien une réalité en France.
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La proie

Un livre poignant, remuant, dérangeant.

Vous l'aurez compris, voici une nouvelle histoire dont on ne ressort pas indemne et pour cause, on s'identifie complètement au personnage d'Anthéa dont on partage les préoccupations et les interrogations.

Mais qui est cette Anthéa?

Il s'agit d'une jeune et jolie camerounaise qui déserte l'école le mardi, jour de marché, pour assister sa mère et contribuer ainsi au travail de la famille. C'est là qu'elle va rencontrer Christine, une française qui vit pour quelques temps au Cameroun avec son mari et ses enfants. Lorsque l'heure de leur retour en France aura sonné, ils vont naturellement proposer à la famille d'Anthéa de l'emmener avec eux afin qu'elle trouve sa place en France pour par la suite être en mesure d'aider sa famille.

Mais les intentions de ce couple aisé sont-elles aussi honnêtes qu'elles y paraissent? Anthéa trouvera-t-elle sa place? La France est-elle le "remède" à la "misère" camerounaise?

Ce roman nous interroge et nous touche. J'en suis personnellement ressortie bouleversée tant l'écriture de Philippe Arnaud a gommé les frontières de la fiction me transportant dans le quotidien d'Anthea et me forçant à ouvrir les yeux sur ce qu'est réellement la misère humaine.

J'en conseille vivement la lecture.
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Terre promise

Roman historique époustouflant dont l’intrigue est située dans le Kansas de 1870. Son auteur, Philippe ARNAUD, entraîne le lecteur dans un far-west violent, raciste et sexiste.

Jim Lockheart, confédéré sudiste raciste, plein de fureur, débarque à New Hope sur les traces d’un homme qu’il traque depuis des années. Il découvre, étonné, une ville régentée par une très belle femme, Ellen Maplethorpe, shérif à poigne, soutenue par un barman noir !

Pour servir son enquête, il s’installe néanmoins dans ce bled. Mais lorsqu’un dangereux chasseur de primes menace la région, Jim va devoir choisir entre les démons de son passé et une nouvelle vie en « terre promise ».

Dans un style nerveux et tendu, le texte propose des péripéties qui s’enchaînent dans un rythme soutenu et des personnages bousculés par la vie, tous attachants. La figure de la shérif, notamment, à la fois forte et féminine porte un lourd passé mais affronte le présent avec une énergie, un courage et une détermination sans faille.

Le texte alterne entre les points de vue et les desseins de chacun tandis que les multiples retours en arrière éclairent leur passé. Le procédé, et c'est la force du récit, rend le lecteur avide de connaître la suite.

Ce western littéraire aborde les thématiques de liberté, de vérité et de vengeance dans une belle langue au vocabulaire précis et recherché. L'évolution des personnages, qui gagneront en humanité au fil du récit fera oublier l’âpreté et la violence de certaines scènes.

Roman rythmé et haletant découvert dans le cadre de la pré sélection du prix des collégiens et lycéens de Charente, édition 2024.
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La proie

Un roman jeunesse qui est un hymne à la liberté et à la lutte contre les préjugés raciaux . La Proie est un roman qui pourrait être lu par plusieurs adolescents mais pas tous , pour sensibiliser contre le racisme . Anthéa est une adolescentes victime de racisme elle est utilisée par la famille bourgeoise , ils lui demandent de faire énormément de taches domestiques . L'esclavage est un mot pouvant choquer certaines personnes mais il ne faut pas avoir peur de le prononcer . Les esclaves n'étaient pas respéctés par leur maitre , pas payés , sans papiers , sans identités . L'esclavage est encore d'actualité de nos jours . Excellent roman que je conseille !!!
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Terre promise

Belle ambiance western dans ce roman qui n'est pas sans rappeler les films cultes du genre. Après les cow-boys noirs découverts dans un documentaire Arte ("Black Far West"), voici le barman, Big Louis, et le shérif au féminin, Ellen Maplethorpe. Ellen est une sacrée femme qui a appris très jeune à se protéger des hommes et à s'imposer au milieu d'eux ("Louis avait vu grandir la gamine indomptable des Maplethorpe avec affection, et une certaine admiration"). C'est donc avec méfiance qu'elle accueille à New Hope le sudiste arrogant qu'est Jim Lockheart. Celui-ci est à la recherche d'un esclave en fuite, Carson Brown.



Les points de vue alternent entre les protagonistes et des flashbacks nous plongent dans le passé des deux héros, ce qui permet de mieux comprendre comment ils sont devenus ainsi. Chacun·e cache un traumatisme d'enfance. Avec Jim, on est immergé dans l'univers des plantations de coton et de l'esclavagisme. C'est le personnage qui évolue le plus au fil de l'aventure. Les liens qu'il noue avec Big Louis bousculent ses préjugés sur les Noirs. Jim est aussi amené à côtoyer les Indiens (Creeks et Cheyennes) de la forêt voisine et découvrira avec eux (et contre le terrible chasseur de primes Wild Blood) des valeurs humaines dépassant les rivalités de couleur. Enfin, son amour naissant (et déstabilisant, car nouveau) pour Ellen apporte une dimension sentimentale bienvenue à l'ensemble.
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Terre promise

Je ne lis que très peu de western, ce n'est pas mon genre favori de lecture, je sors donc de mes sentiers battus. En fait c'est la couverture qui m'a parlé plus que le résumé.

L'auteur a mélangé ici du féminisme, au racisme, des indiens, une femme shérif au caractère fort, un barman noir sous fond de fin de guerre civile américaine. Pourquoi pas dirons nous ? Mais arrivé au 3/4 du roman, tout se mélange et n'a pas vraiment de sens. Ce qui donne l'impression d'une fin un peu bâclée je trouve. C'est dommage parce que l'histoire était prometteuse.
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Terre promise

Au Kansas, en 1870, Jimmy Lockheart arrive dans la petite ville de New Hope et il rencontre tout d'abord Ellen Mapplethorpe, la shérif puis Big Louis, le tenancier du saloon, un noir. C'est un changement pour lui qui vient du Sud, en Géorgie et qui a grandi avec sa mère Margaret et son frère Bernard dans la plantation de son beau-père, Jefferson Dandridge. Il a connu la guerre de Sécession puis les révoltes des esclaves. Il est sur les traces d'un de ces esclaves, Carson Brown.



"Philippe Arnaud est né en 1966 à Riom (63). Après une enfance auvergnate et des études de lettres, il a vécu deux ans au Cameroun. Il y a enseigné le Français dans un collège protestant, et s’y est marié. Enseignant de lettres dans les années 90 à Orléans, il a travaillé quatorze ans à Brive-la-Gaillarde, comme enseignant en français et en cinéma, au lycée. Il vit aujourd’hui à Floirac avec sa femme et ses trois enfants.

Il a nourri sa passion pour le théâtre en co-animant des clubs, des ateliers et une option théâtre dans les différents lieux où il a exercé son métier (...). Pendant 25 ans il a aussi écrit des centaines de chroniques de rock pour des fanzines comme Harmonie magazine, sur des albums de rock progressif, de metal prog, de chanson française et parfois de jazz ; et également pour ses copains du label de rock Muséa.

Les artistes qui l’ont marqué au fils des ans témoignent d’un éclectisme boulimique : de Baudelaire, Stendhal, L.F. Céline, Rimbaud, Césaire, à Stephen King ou Dan Simmons, de Hitchcock, Spielberg, Scorcese, De Palma, Kubrick à Chris Marker, Resnais, Souleymane Cissé ou Wong Kar Wai (...)". - source éditions Sarbacane.



Philippe Arnaud rend hommage au western dans une histoire extravagante, haute en couleurs dans l'ouest américain mais sans prétention historique avec une galerie de portraits saisissants, le jeune héros sudiste élevé dans le mépris des noirs, son frère, homosexuel sombrant dans l'opium, la shérif de la ville, le personnage le plus emblématique du roman, une femme rebelle, iconoclaste, déterminée et farouche, le tenancier du saloon, un noir ayant perdu l'amour de sa vie à cause de l'esclavage etc. Philippe Arnaud nous emmène à la fois dans une petite ville de l'Ouest américain mais aussi dans une plantation de coton ou dans une tribu indienne. C'est aussi une plongée dans le monde de la violence et de l'assouvissement de désirs primaires, il n'hésite pas à nous confronter à la vulgarité et la bestialité de ses héros. La conquête de l'Ouest est avant tout une histoire de violence, d'alcool et de sexe, Philippe Arnaud n'en élude aucun, c'est souvent cru mais les personnages en sortent d'autant plus humains qu'ils ont le coeur tendre.

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Terre promise

Ceci n'est pas un roman pour les jeunes. D'abord parce qu'il est difficile de lire les pensées racistes du héros, même si celui-ci va changer au fil du texte et réaliser ses erreurs et que le trait est forcé justement pour voir ce changement mais justement sans doute trop forcé.

Beaucoup de scènes de sexe trop détaillées et pas indispensables pour un jeune public voire superflues pour l'avancée du personnage (le rêve/transe indienne d'Ellen)
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Terre promise

Le narrateur omniscient de Philippe Arnaud navigue de personnage en personnage et saute dans le temps afin d’éclairer le présent électrique à la lumière du passé tragique.
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Terre promise

Mon avis est assez partagé sur ce livre. J'ai d'abord été séduit par l'idée de départ. Je n'avais pas souvenir d'avoir lu un seul roman qui se passe au temps des cowboys et des indiens. Une première, donc. Mais bon, si le style est agréable et la lecture fluide, j'ai trouvé quelques longueurs et des incohérences. Les personnages sont pourtant assez bien campés et on arrive à connaître leur histoire. Je n'ai pas été pris par cette lecture et il m'a fallu un peu de courage pour le terminer. Je n'y reviendrai pas.
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Terre promise

En 1870, Jim débarque à New Hope, un petit village du Kansas. Il est à la recherche d'un homme, un ancien esclave dont il veut se venger. Il rencontre le shérif de la petite ville : une femme et le barman noir du saloon. Ces deux rencontres vont le faire réfléchir et chambouler sa vision des choses.



Je suis partagée.



L'histoire m'a bien accrochée. Le roman est construit en flash-back. On comprend peu à peu ce qui amène tous les personnages dans la situation où ils sont. C'est passionnant. Le roman est très bien écrit.



Mais j'ai plein de mais. L'auteur joue avec les codes du western : il y a tout : le sheriff, le saloon, les indiens, le riche propriétaire terrien, le duel... A un moment je me suis dit : "tiens, y a pas de bison" mais ils arrivent juste avant la fin, un peu plaqués d'ailleurs. A chaque fois, on est proche du cliché : la palme revenant au nom des indiens. On n'est pas loin de bison futé. Je n'ai pas su déterminer si c'était un hommage aux films américains entre autant en emporte le vent et le train sifflera trois fois ou juste des erreurs.



En tous cas, il y a vraiment des anachronismes. Déjà la femme sheriff, j'ai fait une recherche et la première femme sheriff adjointe n'était même pas née au moment du début du roman. J'aime bien l'idée de présenter des femmes fortes mais il ne faut pas non plus faire n'importe quoi.



Même chose pour le chasseur de prime. La sheriff sait bien que c'est un sociopathe, terme est utilisé pour la première fois en 1909. D'ailleurs, il est vraiment gratiné ce sociopathe qui se délecte à tuer les gens, à manger les cœurs et autre et qui le fait en toute impunité.



Et le roman part tout de même sur un gros anachronisme : le héros est à la recherche d'un esclave en fuite et tout le monde semble l'admettre à un moment où il n'y a plus d'esclave ! Et même avant, les esclaves ont des noms de famille. Je crois que ça aussi c'est une erreur. Je sais bien qu'il ne s'agit pas d'un documentaire historique mais le roman semble réaliste et ne l'est pas du tout.



Mais le simple fait que j'ai fait des recherche montre à quel point le roman m'a interpellé. Je l'ai dévoré.
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Terre promise

Le pays où coulent le sang et la poussière.

Posé dans les grandes plaines du Kansas, le long de la voie ferrée, New Hope est un bled paumé où le boulot ne court pas la rue poussiéreuse. Sans aucun attrait, c’est pourtant dans ce trou damné que le sudiste Jim Lockheart, fils adoptif de planteur esclavagiste, survivant de la guerre de Sécession, veut prendre ses quartiers, à l’unique saloon tenu par Big Louis, un Noir affranchi. Il piste Carson Brown, esclave enfui qu’il tient pour responsable de la mort de sa famille mais rien n’est simple tant l’histoire personnelle se fantasme et déforme les faits. Brown est peut-être dans les parages mais il demeure insaisissable et Lockheart, avec ses airs guindés, ses préjugés racistes et misogynes est bien mal parti pour délier les langues et avancer dans son enquête à haut risque. Ellen Maplethorpe, shérif indépendante et intrépide, voit en Jim Lockheart un homme rigide, blessé mais séduisant malgré un fort potentiel à semer le désordre. La donne se complique encore davantage quand le sadique et sanguinaire chasseur de primes Wild Blood arrive dans les parages, à la recherche lui aussi de Carson Brown dont la tête a été mise à prix. La voie de la rédemption va alors devenir un véritable chemin de croix sanglant et douloureux vers la terre promise, là où devraient couler le lait et le miel.

Philippe Arnaud s’est emparé des codes du western littéraire pour les mouliner habilement afin de composer une histoire bien troussée malgré les poncifs inhérents au genre. L’arrivée de Lockheart à New Hope accueilli avec un glaviot barométrique jeté adroitement entre ses chaussures par un shérif peu conventionnel est un vrai régal, une entrée en matière vive qui met immédiatement en tension les caractères des deux principaux personnages. L’histoire qui s’ensuit est pleine de rebonds et de cahots, d’avancées et d’incertitudes que les multiples flashbacks enrichissent, dévoilant les personnalités, éclairant les fêlures, mettant à nu les blessures. Les personnages y gagnent en humanité et en crédibilité. Au-delà des préjugés, des peurs et des atermoiements, des liens se tissent, des amitiés se forgent dans l’épreuve du feu, au creuset d’une humanité meurtrie.
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La fabrique des jugements

Aujourd’hui je vais évoquer La fabrique des jugements essai stimulant d’Arnaud Philippe qui est économiste. Le sous-titre est Comment sont déterminées les sanctions pénales. Dans cet ouvrage le terrain de recherche et de mise en œuvre des théories économiques et statistiques développées par l’auteur est le monde judiciaire.

La fabrique des jugements est étayée sur des questions simples pour explorer la réalité de la justice pénale française. A délit équivalent, les peines prononcées sont-elles partout identiques ? Existe-t-il des facteurs aggravants comme l’origine ethnique, le genre ou la classe sociale ? Le contexte médiatique peut-il affecter les condamnations prononcées ? Le genre des juges modifie-t-il les peines moyennes infligées ? Ces interrogations sont au cœur de cet essai qui se base sur l’analyse comparative et statistiques de milliers de décisions de justice. La méthodologie employée peut dérouter, cet essai n’est pas celui d’un sociologue ou d’un anthropologue mais bien celui d’un économiste, des graphes, des chiffres et des courbes illustrent les propos. Cependant, force est de reconnaitre qu’il n’est nul besoin d’être féru d’économie pour être intéressé par le contenu de l’essai et l’approche didactique rend la lecture fluide. Dans les premiers chapitres Arnaud Philippe expose la réalité des lois et met en lumière la marge de manœuvre à disposition des magistrats par rapport au code civil qui encadre les peines encourues en fonction des délits commis. Il cherche à mettre en regard les propos politiques ou citoyens sur la justice et son laxisme supposé et la réalité des faits et des condamnations. Il regarde les effets des différentes lois en vigueur (par exemple les peines planchers) sur la modification attendue des sanctions. Force est de constater que les variations sont souvent mineures et peu directement liées aux évolutions législatives. Les juges (professionnels ou jurés désignés) disposent d’une certaine latitude mais travaillent à l’intérieur d’un cadre contraignant. Les différences d’appréciation entre ces deux catégories sont somme toute peu importantes. Toutes les analyses de données produites (à partir de sources comme le fichier du casier judiciaire) sont éclairantes. Des comparaisons avec d’autres systèmes (par exemple aux Etats-Unis) sont parfois nécessaires car certaines informations ne sont pas disponibles en France (interdiction légale de collecter certaines données). L’économiste démontre que les juges sont comme tout un chacun sous l’influence de biais et de normes qui peuvent affecter leurs jugements et les sanctions prononcées. Il démontre ainsi que les reportages télévisés diffusés la veille d’un jugement peuvent l’affecter mais cet effet ne perdure pas. Les juges restent des hommes et ils rendent leurs jugements à l’intérieur d’un dispositif cadré tout en gardant parfois de façon inconsciente une possibilité de moduler les peines prononcées.

La fabrique des jugements est un ouvrage passionnant qui permet au citoyen de mieux comprendre la réalité du fonctionnement du monde judiciaire. L’économiste ne porte pas de jugement, il déconstruit et analyse les faits avec distance et sans parti pris. Les conclusions peuvent dérouter mais témoignent d’une pérennité de la justice qui demeure autant que possible hermétique aux injonctions contradictoires portées par exemple lors de campagnes électorales. C’est un livre utile qui relativise la distance supposée entre les juges professionnels et les jurés.

Voilà, je vous ai donc parlé de La fabrique des jugements d’Arnaud Philippe paru aux éditions La Découverte.


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Terre promise

1870, une ville perdue dans le Kansas, gérée par un shérif à poigne et à la gâchette agile : une femme Ellen. La torpeur de la ville est bouleversée par l'arrivée d'un homme assoiffé de vengeance, par des esclaves en fuite, des indiens exploités et un chasseur de prime plus que machiavélique qui tue comme il respire.



Une lecture frisson, parfois terrible car beaucoup de scène très violentes. L'esclavage est aboli dans les faits mais pas dans les esprits. Un scenario riche en rebondissements, beaucoup de va et vient dans le récit ce qui parfois peut perdre le lecteur. Un ouvrage hors normes pour de grands lecteurs ados.
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Terre promise

Contrairement à ce que disent certaines critiques, j'ai lu ce livre à 14 ans et il ne m'a pas paru plus violent que d'autre. L'histoire est certes noire, mais il y a aussi des moments plutôt calmes.



Quant au langage grossier, il est moins présent que dans d'autres livres que j'ai lu (la confrérie des templiers par exemple).



On y retrouve des personnages attachants pour la plupart et l'histoire est entremêlée de souvenirs de Jim ou Ellen.



Cependant au début j'avais parfois l'impression que l'intrigue principale avançait beaucoup moins vite que ces souvenirs.



On trouve tout de même une fin très prenante et bien rythmée.
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Terre promise

Roman abandonné [ Quelque part au milieu entre deux cactus]



" Une femme shérif et un nègre au comptoir?!" Peut-t-on voir bien en évidence sur la quatrième de couverture, avec avouons-le une jolie couverture. Malheureusement, cette promesse ne présente ni la femme libre espérée ni le "Noir" libéré escompté, pour tendre vers ce qui est à mon sens rien de plus qu'un énième "Far West" fantasmé - pas historique - tels que vus dans le cinéma américain des années 50-60, avec la palette de clichés et de stéréotypes qu'on leur connait. Un roman violent, peu crédible et véhiculant d'agaçants stéréotypes. À mon avis, bien sur.





On retrouvera une femme shérif , une superbe plante blonde à belle poitrine, qui a flairé le connard de passage dans la personne du personnage principal, une parodie de "cowboy" aussi sexiste que raciste, avant de le baiser ( si, si, baiser, même si un autre mot plus vulgaire m'a effleuré l'esprit) quelques heures à peine après être arrivé dans la petite ville. Comment peut-on prendre au sérieux un personnage aussi stupide. Je n'ai jamais comprit les hommes qui croient que les femmes sont prêtes à coucher avec un homme dont elle ont mauvaise opinion "juste parce qu'il est sexy et mystérieux". C'est affligeant.





On a un "nègre" ( Concédons ici des circonstances historiques avérées) qui est barman, Louis, un personnage extraordinairement secondaire pour un héro qui arrive d'entrée de jeu. Rien à voir avec les oeuvres à la Underground Railroad ici, on est dans le cliché type du personnage Noir costaud qui a perdu sa femme sur une plantation de coton et l'asservissement dont a été victime, effacé et affable. Loin de moi l'idée de banaliser son état, mais je vous rappelle que des Noirs existaient à pareille époque dans le Nord anti-esclavagiste et le Canada - le gros pays au Nord des States dont aucun Western ne parle jamais en dépit d'une Histoire pourtant très intéressante et en parallèle de la Ruée vers l'Or américaine. J'aimerais bien un Far West Canadien une bonne fois. Bref.





Sinon, le hér..non, pas ce mot, franchement ce serait surfait. Beau, jeune, mâle alpha typique, sexuellement attractif, rustre et évidemment pas commode, c'est tellement cliché que s'en est banal. On dirait un personnage de Harlequin War Fest. Je n'arrive pas à comprendre ce gars, surtout que ses figures paternelles avaient du sens, surtout à l'époque. Oui, le second est un propriétaire d'esclave, mais il n'était pas si férocement sexiste et insensible. Je ne comprend pas la psychologie du personnage, Jim Whitefoot de son prénom. Jim "piedblanc", sérieusement?





Parlant de noms, je suis très perplexe devant l'absence de travail autours des autochtones ( qu'on appelaient "Indiens" tout comme on appelait "Nègres" les Noirs). Ils sont caricaturaux, ont des noms digne de camp de vacances comme "Renard Agile" ou Aigle Sage"...Mais ça va faire cette manie de mettre un animal et un adjectif et de prétendre que c'est un nom autochtone?! Et ce serait trop demander de le mettre dans la bonne langue? de la bonne Nation? Il existe des dictionnaires numérique sur les premières nations, maintenant, alors pas d'excuses. Et cette histoire de scalp, j'en perd mon latin - enfin, mon français- c'était prévisible: Encore une fois, on semble croire que c'était courant chez les autochtones, mais sans contexte religieux et conflictuel précis, ça n'avait pas de signification. Aussi, c'était certaines nations guerrières ( donc pas la majorité) qui la pratiquaient. Bref.



La violence est crue et elle est souvent inutile. Le "Gros Méchant" de service est bien sur une brute cruelle balafrée amateur de scalps, sans cœur, sanguinaire, un brin timbré, qui commets des horreurs parce qu'il les a apprise. Bah oui, comme dans les films de western en somme. Manquait juste les crachas. Comme ce personnage odieux est dépourvu d'âme - mais dans le sens d'être crédible, pas dans le sens "humain", ça on avait comprit. Je suis contre les antagonistes totalement noir d'âme, parce que c'est manichéen et parce que ça manque totalement de nuances. Or, L Histoire, elle est nuancée. L'Humain aussi. On a donc un supraMéchant qui tue, viole, casse, détruit, sclap, emmerde tout le monde et bien sur, tous les autres vont faire front commun contre lui. ( Musique de flûte style "avant le duel).





Je pense que cette oeuvre n'est pas originale, ni Historique, ni pertinente. On ne dénonce pas les comportements odieux des acteurs sociaux de cette époque et pourtant les sujets ne manquent pas. On n'offre pas de personnages nouveaux et psychologiquement crédibles. Il est fort probable que ce roman plaira à ceux qui ne connaissent pas du tout l'Histoire Nord américaine et les films Western tous plus sexistes, machistes et racistes les uns que les autres, en bonne glorification du colon Blanc chrétien américain moyen, et qui y verront un roman d'action.



Dernier truc qui m'a irrité: quand le Canadien français ( parce que ça ne s'appelait pas encore un "Québecois") est inclut, soit c'est l'imbécile de service, soit, comme ici, c'est un sale petit pervers. ( Soupire) Pourquoi le si petite nombre de représentants de la Belle Province dans les oeuvres françaises ont systématiquement un rôle ingrat? Commentez cette affirmation, s'il vous en prend l'envie.





Ce roman me semble un bon exemple de ce qu'est un Western dans l'imagination des européens, mais si certains éléments sont emprunts d'une certaine vérité ( surtout les réalités sociales) , reste que le reste est emprunté au décor du cinéma.



Si cela vous intéresse, il y a une série western beaucoup plus intéressante quand il s'agit de malmener les stéréotypes tout en dressant un portrait de cette époque à cet endroit du monde: "Terre sans Dieu", "Godless" en VO, sur Netflix.



Pour un roman une femme réellement moderne pour son époque, il y a "Maddie Maud", de Camille Bouchard, aux éditions Québec Amérique.





Compte tenu de l'intensité de la violence et du langage parfois injurieux ( ou à caractère discriminatoire) nous avons placé ce roman en Jeune Adulte, 17 ans et +.





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Terre promise

J'ai aimé cette lecture même si j'ai du mal à le considérer comme un roman "jeunesse" car je l'ai trouvé assez violent que ce soit dans les propos des personnages ou dans les faits. Evidemment on est dans un contexte historique quelques années après l abolition de l exclavage au États Unis. J'ai beaucoup aimé l'ambiance vraiment western de ce roman, des personnages attachants et nuancés, mention spéciale pour le personnage de Big Louie. Le seul hic pour moi reste le personnage de wild blood, qui finalement à part sa violence outrancière ne sert à rien dans le récit et qui a rendu les dernières pages un peu rudes.. Dommage
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Terre promise

Un western en plein hiver, il fallait oser ! Mais les éditions Sarbacane n’ont pas froid aux yeux 😉 (hiver, froid ? vous l’avez ?). L’auteur non plus, d’ailleurs, puisqu’il choisit de traiter le sujet de l’esclavagisme noir et de la ségrégation, par le biais du regard d’un sudiste confédéré : Jim Lockheart.



Mon avis



Le roman s’ouvre en 1850, en Géorgie, en plein champs de coton alors que Rachel n’est plus. Lui, on ne sait pas qui sait, on sait simplement qu’il fuit, libéré par quelqu’un à qui il n’a jamais parlé, les yeux rivés au contremaître qui l’a tuée, le coeur débordant de haine que seule la voix fantomatique de sa femme semble pouvoir percer. Vingt ans plus tard, Jim Lockheart est à New Hope et observe avec stupéfaction le mollard qui a atterri entre ses chaussures. En face de lui, Ellen sait qu’il n’a pas encore compris que le shérif qui l’observe est une femme. Lorsqu’il s’accoude au bar, Big Louis, lui, sait qu’il a face à lui un connard du sud. Mais quelque chose l’émeut sans trop savoir quoi.



Le décor est planté, la chaleur balaye les cheveux, les corps, les chevaux. Jim est à la poursuite de Carson, un noir que tous à New Hope semble vouloir protéger. Qu’à cela ne tienne, il n’en a rien à faire des ces yankees, il trouvera bien celui qui lui a volé sa vie ! Pourtant, en chemin, c’est le portrait d’une femme téméraire et déterminée qui occupera ses doigts, la chanson au banjo d’un barman prudent et triste qui l’émouvra, et des rêves indiens qui visiteront ses nuits. Il faut dire que « c’est Babylone » ici. Entre cette femme qui monte à cheval, lui réponde et lui tienne tête, peut se permettre d’entrer et sortir de sa chambre, et ce gros Big Louis noir, qui se tait et refuse de lui répondre, on peut dire que Jim est secoué dans ses convictions.



Ses convictions d’ailleurs, on en comprend l’origine assez vite, alors que l’on retourne dans son passé, aux côtés de son frère, sa mère et ses pères successifs, du respectueux bien que rugueux première père qui lui apprit à manier la carabine, au mielleux et doucereux second père qui lui apprit à abattre son fouet. Bien loin de notre XXIe siècle, on grimace, on souffle, on se crispe devant le discours terrifiant et arriéré de Jim. Dans le même temps on commence à deviner le propos de Philippe Arnaud. Parce que si les convictions peuvent trouver leur source, elles peuvent aussi changer, évoluer, rien n’est gravé dans le marbre ! En plaçant son roman à New Hope, l’auteur nous diffuse un « nouvel espoir ». L’espoir d’un monde meilleur avec des hommes meilleurs, où les femmes peuvent chiquer et monter à cheval, où les hommes peuvent être de toutes les couleurs, où nos corps nous appartiennent.



Toutefois, même si j’en comprends la portée et le message, je ne peux pas dire que le roman m’ait transcendée. Bien que les aventures se succèdent, autant que les points de vue qui nous permettent d’appréhender ce dix-neuvième siècle terrible, il m’a manqué de l’émotion. En dehors d’un profond dégoût pour les pensées sudistes de Jim et une certaine admiration pour Ellen, je n’ai absolument rien ressenti. Ni peur, ni effroi, ni tristesse malgré le sort révoltant des noirs à cette époque et de l’acharnement dégueulasse de Wild Blood, amateur de femmes sans défense pour les défigurer, et de scalpes. Un personnage très manichéen comme il en existe parfois dans la « vraie vie », ne vivant que pour la traque et le sang.



Servi par une plume fluide et un vocabulaire de l’époque (yankee, nègre, négresse, les femmes sont des putes, etc.) Terre Promise offre une immersion au Kansas sans jamais nous permettre de nous attacher un tant soit peu aux personnages. Il faut dire qu’en choisissant de faire parler majoritairement le sudiste Jim Lockheart, Philippe Arnaud a choisi la voix de l’originalité mais aussi celle de l’anti-héros.



En résumé



Terre Promise est un roman terrible, un western violent et sombre, aux portes d’une Amérique post-esclavagiste. Dans la petite ville de New Hope, c’est tout un pan de l’histoire qui s’affronte : celle des noirs qui revendiquent leurs droits d’exister, d’être, de vivre ; celle des femmes qui affirment leur volonté d’être l’égale des hommes en tous points ; celle d’une Amérique profonde, ségrégationniste et sombre qui refuse de changer. A travers Ellen, Jim et Big Louis, Philippe Arnaud brosse le portrait d’une histoire aux accents d’espoir, de sang et d’amour, aux sons d’un banjo, d’un pinceau et du piétinement des chevaux.
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