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Citations de Philippe Nemo (222)


Une agrégée de philosophie situe Platon (et nous devons insister pour qu’elle risque un chiffre) au IIe siècle avant J.-C. Nous l’interrogeons sur les œuvres de ce grand auteur. Elle n’en cite que quelques-unes dans le désordre. Elle ne se rattrape ni sur Aristote, ni sur Malebranche, ni sur Nietzsche. Qu’a-t-elle donc appris en philosophie ?
Un agrégé de lettres modernes, à qui nous demandons de nous parler de la tragédie classique, cite péniblement « Le Cid » et, ayant dit ce titre, s’arrête net. Il ne peut nous dire l’argument de cette pièce, ni le nom d’autres tragédies de Corneille, ni citer d’autres auteurs tragiques français ou étrangers. Il n’a jamais entendu parler d’Agrippa d’Aubigné, il ne sait pas de qui est « Jacques le Fataliste ». Nous voulons le faire parler de la poésie romantique : il faut lui arracher au forceps les noms de Musset et de Vigny, et nous n’obtenons rien d’autre. Il ne peut citer que deux romans de Balzac, etc. Nous croyons comprendre, finalement, qu’il a surtout lu Marguerite Duras et, peut-être, quelques romans américains modernes, et que cela a suffit pour qu’il soit reçu à l’agrégation de lettres. Qu’enseignera-t-il à ses élèves ?
Un autre agrégé de lettres ne sait pas qui est Chrétien de Troyes et ne peut RIEN dire de la littérature française du Moyen Âge, chansons de gestes, littérature arthurienne ou fabliaux.
[…]
Un normalien de l’ENS de la rue d’Ulm (non-philosophe, certes, mais tout de même !) ne peut citer AUCUN philosophe entre Aristote et Kant.
Un élève de l’ENS Ulm reçu sur dossier pour faire une thèse de doctorat sur la littérature française du XXe siècle (avec bourse) ne peut citer un seul titre des romans composant la « Recherche du temps perdu » (de Proust, il ne peut dire que c’est un auteur qui « fait des phrases très longues » ; il est clair qu’il n’en a pas lu une page). Il ne peut citer non plus aucun roman de Gide, de Bernanos, de Giono, de Simone de Beauvoir ou de Sartre (découragés, nous n’essayons pas avec d’autres auteurs). Il semble ne s’être jamais intéressé qu’à l’auteur mineur sur lequel portera sa thèse. Le problème est que, de celui-ci, il ne peut narrer la vie, […], ne peut faire la liste des œuvres, ne peut dire la place qu’il occupe dans les courants esthétiques ou simplement dans l’histoire contemporaine. Il semble, en fait, n’avoir jamais lu qu’un seul livre de lui et paraît penser que là s’arrête sa tache intellectuelle.
(Ch. LA DESTRUCTION DE L’ECOLE PUBLIQUE EN FRANCE, p. 216-217).
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[...] en cédant [Edgar Faure] aux syndicats enseignants tout ce qu’ils demandaient – le choix de « primariser le secondaire ». Ils décideront en effet de supprimer la pédagogie traditionnelle des lycées, impossible à pratiquer avec tous les élèves dans des classes rendues intellectuellement « hétérogènes » par la suppression des filières et l’instauration d’une carte scolaire. Ils imagineront de la remplacer par une pédagogie toute différente, venue du primaire, basée sur les méthodes « actives » et « inductives », prétendant que ces méthodes sont les seules qui puissent convenir à la masse des élèves encore incapables de s’élever à une pensée abstraite et désintéressée de type scientifique. Peu importait qu’un quart ou un tiers des élèves en fussent capables : c’étaient des enfants de « privilégiés ». […] Il a résulté de ce choix […] un effondrement du niveau scolaire en France […].
(p. 153)
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[...] si l’Etat doit veiller au respect de ces règles du jeu social, d’abord en les explicitant dans ses codes, ensuite en sanctionnant ceux qui les enfreignent, il ne doit pas prendre part au jeu lui-même. Il restera extérieur à celui-ci et, en particulier, s’abstiendra de prendre parti pour tel ou tel joueur en jugeant, par exemple, que l’un d’eux a eu raison ou tort de vendre ou d’acheter tel bien à tel prix, ou d’habiter tel genre de maison à tel endroit, ou de choisir tel emploi, tel employeur ou tel employé, etc., toutes choses qui relèvent de la seule liberté individuelle des partenaires. A FORTIORI les Etats libres se sont-ils toujours abstenus jusqu’à présent d’intervenir dans les psychologies individuelles et de juger que, dans une conversation privée, une personne a eu raison ou tort de dire tel bien ou tel mal de telle autre personne.
(Ch. LA REGRESSION INTELLECTUELLE DE LA FRANCE, p. 89).
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[...] étant donné que le socialisme est une idéologie non seulement fausse, mais de caractère utopique et parareligieux, cette progression de la vision socialiste du monde parmi les Français a eu pour conséquence qu’ils ne disposent plus aujourd’hui des catégories intellectuelles qui leur permettraient de penser scientifiquement le réel, tout spécialement les réalités économiques.
Plus gravement, le jugement moral d’un grand nombre d’entre eux a été perverti. Ils ne jugent plus selon des principes sains […] mais selon les catégories étroites et mesquines que le socialisme leur a fait peu à peu intérioriser, selon lesquelles 1) une société de liberté est injuste par nature puisque inégalitaire, 2) tout bien que certains possèdent et que tous ne possèdent pas est illégitime et doit être confisqué au nom de la « solidarité », 3) toute résistance à ces vols est odieuse et immorale.
(p. 14-15)
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L’ignorance, comme toujours, s’accompagne de vaines passions. Un diplômé de Sciences-Po Paris, interrogé sur « La France pendant la Seconde Guerre mondiale », se lance sans respirer dans une diatribe échevelée contre le régime de Vichy et ses crimes odieux. Après quoi, lorsque nous lui demandons quand a commencé la Seconde Guerre mondiale, quand l’armistice a été signé, quand l’a été la capitulation allemande, quels types de mesures les gouvernements successifs de Vichy ont prises, en quoi a consisté la politique de collaboration, comment s’est organisée la Résistance, ce qu’a été la France libre, quel rôle a joué l’armée française de 1943 à 1945 en Afrique du Nord et ailleurs, etc., il ne répond RIEN à AUCUNE de ces questions. Donc, sur cette période, il n’avait en tête qu’un slogan idéologique, pour ne pas dire parareligieux. Il ne disposait pas de la moindre base rationnelle, du moindre matériau historique objectif lui permettant de porter en connaissance de cause les arguments péremptoires qu’il a assenés. Il avait seulement entendu dire qu’il fallait penser le plus grand mal du régime de Vichy. On aurait dit un élève d’une école coranique du fin fond des montagnes de l’Afghanistan chantant le Coran sans en comprendre les paroles.
(Ch. LA DESTRUCTION DE L’ECOLE PUBLIQUE EN FRANCE, p. 221).
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Etant donné que ces prédations utilisent tous les moyens de force et même de terreur dont peut disposer un Etat – police, justice, fichiers, perquisitions, etc. -, le seul mot qui la désigne adéquatement, et qui a en outre le mérite d’évoquer des précédents historiques, est celui d’OPPRESSION. Nous subissons désormais en France une oppression, celle d’une NOUVELLE CLASSE DOMINANTE, la FONCTION PUBLIQUE, le SECTEUR NATIONALISE, le SECTEUR SOCIAL, TOUS LES BENEFICIAIRES DES PRELEVEMENTS OBLIGATOIRES, sur une NOUVELLE CLASSE DOMINEE, LA SOCIETE CIVILE PRODUCTIVE. Quand un contribuable reçoit un redressement fiscal pour une peccadille qu’il ne pouvait éviter vu l’obscurité et l’incohérence des textes, et qu’il comprend que l’argent supplémentaire qu’on VA LUI PRENDRE servira finalement à SUBVENTIONNER TELLE OU TELLE ASSOCIATION QUI L’INJURIE ET TRAVAILLE A SA PERTE, il ne peut qu’avoir le sentiment d’être UN OPPRIME, UN VAINCU POLITIQUE, comme il y en a tant eu dans l’histoire. Les souvenirs historiques se bousculent dans mon esprit : les razzias des Tartares, les privilèges de l’Ancien Régime, l’impôt révolutionnaire des terroristes basques ou corses, les rackets de la Mafia… Ces violences ont pour point commun leur banale leur plate malhonnêteté. Car IL A TOUJOURS ETE DIFFICILE DE GAGNER SA VIE HONNETEMENT : il faut travailler, faire preuve d’énergie et d’intelligence, convaincre autrui, faire un pas vers ses besoins et ses désirs, en un mot être altruiste. Pour CEUX QUI SONT EN POSITION DE DECIDER L’IMPOT, en revanche, IL SUFFIT DE DECRETER. En ce court-circuit réside l’immoralité de l’impôt sans contrepartie.
(Ch. L’IMMORALITE DE L’IMPOT FRANÇAIS, p. 159).
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Il conviendra d’enseigner aux jeunes juges […]
6) qu’il n’y a eu à Vichy et dans la Collaboration que des gens de droite, le fait que le principal inspirateur et agent de la Collaboration, Laval, ait été un militant actif d’extrême gauche pendant plus de vingt ans et que les chefs des partis pro-nazis français aient été Marcel Déat, ex-numéro deux de la SFIO, et jacques Doriot, ex-numéro deux du Parti communiste, n’ayant aucune signification politique, idéologique, morale ou historique ; d’où se déduit que seule la gauche est l’ennemie du nazisme et de tout ce qui lui ressemble, et que par conséquent, le seul fait qu’un prévenu soit résolument hostile à la gauche autorise à soupçonner chez lui un esprit de fascisme, de collaboration et en général d’immoralité et d’injustice […].
(Ch. LA REGRESSION INTELLECTUELLE DE LA FRANCE, p. 109).
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[…] ; les réformateurs N’ONT JAMAIS CRU à la plus grande efficacité pédagogique de leurs propres méthodes actives ; ils n’ont pas cherché, par elles, à MIEUX atteindre les MEMES buts que les méthodes classiques – l’acquisition de solides apprentissages de base dans le primaire, puis des éléments des sciences dans le secondaire -, ils ont imposé les méthodes actives pour atteindre un AUTRE but, à savoir rendre possible l’école « hétérogène » et égalitaire.
(Ch. LA DESTRUCTION DE L’ECOLE PUBLIQUE EN FRANCE, p. 235).
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Dans une société collectivisée, […], la solidarité, loin de refléter et de développer la bienveillance humaine, a vocation à devenir un instrument de combat. Car naturellement, dans ce grand chaudron, tout le monde essaie de puiser la plus grande part. Et tout le monde veut que les autres remplissent le chaudron, cependant que chacun entend, en ce qui le concerne que sa part soit minimale. […] Elle [la répartition des revenus] obéit à une logique politique et de rapports de force étrangère à toute justice. Elle est le fruit d’une foire d’empoigne où il s’agit, pour chaque catégorie sociale, de forcer le pouvoir politique à prendre les décisions qui favoriseront le plus ses intérêts particuliers. Dans cette bataille, bien entendu, la plus grande part revient aux oligarchies qui détiennent déjà des rentes dans l’appareil d’Etat et aux catégories sociales syndiquées qui, parce qu’elles peuvent occuper la rue et bloquer le pays, sont en mesure d’attirer à elles le maximum de biens collectifs et de produits fiscaux.
(Ch. L’IMMORALITE DE L’ETAT PROVIDENCE, p. 168).
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Le marxisme, bien entendu, renforcera encore cette intolérance. Forme idéologique achevée du millénarisme, il prétendra offrir une interprétation totale du monde et de l’Histoire. Il ne sera donc pas question pour lui, pas plus que pour les fanatiques quinétistes, de supporter la rivalité d’autres conceptions du monde. Pour les marxistes qui s’empareront de l’école publique française, la laïcité ne sera pas un principe de neutralité, mais un instrument de combat.
(p. 119)
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[…] cet usage de la force d’Etat contre la liberté d’expression et le pluralisme relève du fascisme : la détestation du libre débat, la haine de la pensée qui suinte des nouvelles lois françaises de censure s’apparentent à l’obscurantisme et à la misologie des sociétés fascistes historiques qui ont toujours brûlé les livres, persécuté les intellectuels et prétendu fonder le consensus social sur l’élimination violente de toute critique.
(Ch. LA REGRESSION INTELLECTUELLE DE LA FRANCE, p. 115).
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Elle [la science] fait des hypothèses, les teste, les conserve si elles se révèlent fécondes, mais les abandonne si elles ne débouchent sur rien. […] Telle n’est pas la démarche du progressisme dont le caractère utopique, irrationnel et non scientifique se marque précisément par le fait qu’il ne veut jamais revenir en arrière quand il se targue d’avoir effectué une « avancée ». […] ce [un retour en arrière] serait une impiété, un blasphème à l’encontre de l’idole qu’ils ont campée, le « progrès social ». Par exemple, il est à craindre que les francs-maçons, qui sont, je l’ai dit, les vrais chefs de notre Education prétendument nationale, ne renoncent jamais aux nouvelles pédagogies, parce qu’ils ont fait l’analyse qu’elles seules permettent de pratiquer l’école unique, et que celle-ci a été présentée depuis le début du XXe siècle par ces fanatiques comme l’« avancée » majeure, la mise sur pied du plus important des piliers du Temple, celui qui permettra de faire sortir de la matrice scolaire un homme nouveau. Qu’il en sorte une nation française à moitié illettrée, virtuellement barbare, et plus mal placée que jamais pour relever les défis de la compétition internationale n’est pas une objection valable pour le progressisme qui est satisfait d’avoir mis en œuvre son programme idéologique […].
(Ch. LA FRANCE, FILLE AINEE DE LA FRANC-MACONNERIE, p 71-72).
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[...] d’une obédience [franc-maçonne] à l’autre, il y a de grands invariants doctrinaux, à commencer par la même détestation (et incompréhension) des courants d’idées qui définissent en général la droite française : catholicisme, libéralisme, attachement à la libre entreprise, à l’héritage et à la famille. Or on trouve de nombreux francs-maçons dans la droite parlementaire. Ils sont donc membres d’une alliance dont ils ne partagent pas certaines bases philosophiques. S’ils veulent être fidèles aux enseignements de leur ordre et CONTINUER A BENEFICIER DE L’AIDE DES FRERES DANS LEUR CARRIERE, ils devront donc souvent S’OPPOSER AUX CHOIX POLITIQUES DE LEUR PROPRE CAMP, la droite.
(Ch. LA FRANCE, FILLE AINEE DE LA FRANC-MACONNERIE, p 55).
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Les hommes jeunes, élevés dans ce nouveau monde, peuvent croire qu’il a toujours existé. Que la France a toujours été collectiviste, qu’y ont toujours régné l’Etat providence, les prélèvements obligatoires records, une fonction publique hypertrophiée, l’assistanat, qu’il n’y a jamais eu chez nous de libres paysans, de libres artisans, de libres commerçants, de libres entrepreneurs ne demandant ni subventions, ni autorisations, ni conseils à aucun fonctionnaire, menant leur barque à leur idée, embauchant qui ils voulaient ou se faisant embaucher par qui ils voulaient, veillant eux-mêmes à leurs vieux jours, construisant leurs maisons comme ils l’entendaient, trouvant naturel de transmettre intégralement leurs patrimoines à leurs enfants et n’imaginant même pas que quelqu’un leur contesterait un jour ce droit fondamental. Ils croient peut-être aussi qu’on a jamais donné son argent volontairement aux pauvres et aux bonnes œuvres selon sa propre générosité et son propre discernement, mais que la bienfaisance a toujours été exercée par la médiation de l’Etat et des « partenaires sociaux » selon leurs propres choix arbitraires et intéressés, au nom et aux frais des citoyens, après prélèvement d’une quote-part croissante sous forme d’emplois publics inamovibles.
(p. 16)
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[…] les socialistes révolutionnaires, dont certains s’intéressent d’ailleurs de très près au fascisme et au nazisme auxquels ils reconnaissent le mérite de savoir unifier et mobiliser les « masses », ce qu’ils rêvent de faire aussi en France, en utilisant notamment l’école. Thibaudet sait donc très bien ce que les radicaux et les socialistes ont voulu faire lorsqu’ils ont changé « l’enseigne modestement libérale d’Instruction publique » pour celle d’« Education nationale », substitution accomplie en 1932 par le second Cartel des gauches : ils ont voulu imposer à la jeunesse et par elle, à terme, au pays, une unité philosophique profonde autour de leur projet de transformation sociale radicale.
(p. 133)
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Pas d’humanisme sans le droit privé et la protection juridique de la propriété. C’est le progrès que Rome a fait faire au droit qui a définitivement fait sortir l’humanité du holisme. L’Occident enregistrera cet acquis en même temps que celui du civisme grec. L’Orient l’ignorera.
(p.34)
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Nous avons un problème gravissime de poids de la fonction publique, de dépenses publiques excessives et contre-productives, de fiscalité confiscatoire qui inquiète les investisseurs et fait fuir les cerveaux et les capitaux français, de droit du travail qui limite à l’excès les libertés contractuelles et constitue un frein à la création et au développement des entreprises. Il existe des solutions, mais il est nécessaire, pour cela, de sortir du PARADIGME ETATICO-SOCIALISTE qui a dominé presque toute la Ve République. […] Or, en France, toute remise en cause du poids de l’Etat est présentée, dans les médias et dans la plus grande partie de la classe politique, non comme une option normale à discuter, mais comme une sorte de transgression qui ne peut émaner que d’hommes égoïstes et immoraux. Le fait même de PROPOSER D’AUTRES SCHEMAS ECONOMIQUES PASSE POUR UN CRIME. Lorsque, voilà quelques années, pour la première fois et seule fois en deux ou trois décennies, il y a eu un président de jury d’agrégation [universitaire] d’économie connu pour ses idées libérales, M. Pascal Salin […], il fut l’objet des mêmes campagnes de délation et des mêmes tentatives de destitution que l’historien évoqué ci-dessus, M. Sylvain Guggenheim.
(Ch. LA REGRESSION INTELLECTUELLE DE LA FRANCE, p. 127).
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[...] depuis Abélard, et en tout cas depuis qu’on été établies les libertés intellectuelles modernes – liberté religieuse et de conscience, liberté de recherche scientifique, liberté d’expression, liberté de presse...- on a renoncé à FAIRE D’UNE SIMPLE IDEE L’EQUIVALENT D’UN ACTE et, partant à PUNIR L’AUTEUR D’UNE IDEE COMME ON PUNIT L’AUTEUR D’UN DELIT.
En demandant aux juges de sanctionner des idées en tant que telles, les nouvelles lois françaises de censure leur demandent donc de rompre avec cette exigence de rationalité du droit moderne. Elles leur imposent de revenir aux modes de raisonnement des sociétés où les idées étaient réputées avoir par elles-mêmes une causalité intrinsèque, une sorte de force magique maléfique, à savoir les sociétés anciennes préscientifiques (primitives ou traditionnelles). En effet, dans ces sociétés, l’ordre social reposait sur l’unanimisme. Donc le seul fait d’énoncer des idées contraires aux mythes en vigueur était perçu par la communauté comme une menace, et c’est en ce sens que certaines idées pouvaient être considérées par elles-mêmes comme un crime.
(Ch. LA REGRESSION INTELLECTUELLE DE LA FRANCE, p. 102).
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La loi du 13 juillet 1990 [loi Gayssot] rétablit explicitement le DELIT D’OPINION, type de délit qui avait été écarté du droit pénal depuis les débuts de l’ère libérale moderne et les grandes déclarations des droits de l’homme. Ce n’est pas en effet un trouble à l’ordre public qu’elle sanctionne, mais la simple expression d’un jugement intellectuel […].
Le caractère révolutionnaire de ce changement de l’appareil pénal, la rupture qu’il constitue par rapport à des siècles de progrès des libertés, éclate aux yeux de quiconque ayant un minimum d’instruction. […] arrêter le savoir aux thèses qui paraissent vraies à une certaine étape de l’histoire bloque purement et simplement le progrès du savoir.
On a souvent souligné, par exemple, que si la loi Gayssot [député communiste] avait été voté en 1945, elle aurait permis, dans les années suivantes, de jeter en prison pour « contestation de crimes contre l’humanité » les historiens qui tentaient de démontrer que le massacre de milliers d’officiers polonais à Katyn ne fut pas perpétré par les nazis, mais par les Soviétiques.
…La droite avait voté contre la loi Gayssot. Mais, toujours par crainte de la même nouvelle cléricature [la gauche FRANÇAISE (en Nouvelle-Zélande, la gauche a fait des réformes économiques libérales de fond)] et de ses excommunications, elle se garda de l’abroger quand elle revint au pouvoir.
(Ch. LA REGRESSION INTELLECTUELLE DE LA FRANCE, p. 86-87, 91).
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Du fait de cette mainmise obtenue par une unique famille idéologique sur la communication officielle, la qualité du débat public a significativement diminué en France. Les vraies critiques portant sur des problèmes de fond ayant disparu de la scène médiatique et, sauf exception de la scène universitaire, elles ont été remplacées par un bavardage dont la règle, implicite mais scrupuleusement observée, est qu’aucun de ceux qui sont invités à parler ne s’aventurera à sortir des paradigmes dominants. Tant qu’ils se tiendront dans ce cadre, intellectuels, hommes politiques et journalistes pourront discuter à l’infini d’une multitude de sujets divers, d’où l’impression que le débat public existe encore et est aussi fourni qu’il l’a toujours été. Mais c’est une illusion, car il se déroule toujours « entre les forces de progrès ». Il est entendu que personne ne remettra en cause les principes de la social-démocratie et du socialisme ambiants en proposant et discutant des solutions véritablement alternatives. Que quelqu’un s’y risque, il se voit immédiatement couper la parole et n’est plus jamais réinvité.
(Ch. LA REGRESSION INTELLECTUELLE DE LA FRANCE, p. 80-81).
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