Le chef de l'État Emmanuel Macron est de retour à Marseille et détaille pendant tois jours le deuxième volet de son plan pour aider le territoire. Cette visite, d'une durée inédite, envoie un signal aux Français. La période dite des "100 jours" (100 jours après la fin de l'épisode de la réforme des retraites pour renouer la confiance avec le pays et relancer les autres réformes) est terminée, et le chef de l'État repart au contact de la population et développe des moyens pour aider les territoires.
Pour évoquer Marseille, la représentation de cette ville, et comment Marseille est devenue en quelque sorte le reflet des maux français, Guillaum Erner reçoit :
Philippe Pujol, journaliste.
Béatrice Giblin, géographe.
#marseille #macron #politique
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La politique, c'est comme la prison. On doit savoir s'afficher pour marquer les clans et les alliances.
À Marseille, pour expliquer ou clore bien des choses, on utilise deux ou trois phrases cultes. D'abord :《Ah... Mais c'est compliqué...》et《M'en bats les couilles...》, deux bons moyens de supporter les incohérences du quotidien. La dernière expression -《Y a pas d'arrangement!》- est une antiphrase d'une virilité naïve. Car à Marseille, il n'y a que des arrangements. À Marseille, tout se décide dans la fumée et autour de la table dun de ces innombrables cercles d'affaires, sportif, festif ou spirituel, cercles fermés où l'on se coopte à coups de droits d'entrée, d'hérédité et de consanguinité. Cercles où l'on se parle franchement, où l'on picole, baise, joue aux boules, mange des aïolis, des bouillabaisses et où l'on se rend des services en toute sincérité, son propre intérêt en ligne de mire. On y cultive aussi le respect des incapables, le triomphe des médiocres et de tous les serviles qui ne gêneront jamais ceux qui ont façonné leur carrière. Ces réseaux, entremêlés ou juxtaposés, nourrissent le cynisme du politique.
Prix Albert-Londres en 2014 pour ses articles « Quartiers shit » parus dans La Marseillaise, Philippe Pujol, 42 ans, a signé en 2016 La Fabrique du monstre aux éditions Les Arènes, succès critique et public. Il est également journaliste pour le site d’information en ligne suisse sept.info.
La chaleur arriva avec l'aube: 40°C, dès les premiers rayons du soleil toujours plus écrasant à mesure que le matin avançait dans l'engourdissement de Marseille, embouteillée jusque sur les trottoirs où les oberboards se pressaient, le long des langues d'ombres offertes par les auvents automatiques des grandes avenues. Le printemps 2040 fit ainsi son arrivée, plus irrespirable encore que les précédents ; chaque année battait un nouveau record de température depuis le Flash de 2028.
« Ces gamins portent en eux tant de faiblesse, donnent tellement prise à tous les asservissements que personne ne se prive de les assujettir, et particulièrement dans le monde dur des trafics où chacun exploite la misère de l’autre, jusqu’à en oublier qu’au départ tous étaient des enfants. »
Le drame de la rue d'Aubagne est le symptôme bubonique des falsifications, arrangements, malversations électorales, en un mot du clientélisme qui incube depuis des décennies dans les tréfonds de la politique municipale marseillaise.
"On est dans une société ou tout passe par le classement. Or, ces jeunes-là sont derniers partout. Quand ils passent à l'acte, ils ont l'impression d'être dans une trajectoire de réussite" observe Sofiane Majeri, animateur emploi (...) le plus grand handicap vient du ghetto scolaire. Dans un même établissement s'accumulent les élèves concentrant les plus grandes difficultés scolaires et familiales. Tout simplement parce que les parents qui ont l'espoir en l'école et qui en ont les moyens financiers placent leurs enfants dans d'autres écoles, en contournant la carte scolaire, ou en les inscrivant dans l'enseignement privé qui bénéficie à Marseille, des largesses du Maire, Jean-Claude Gaudin. Celui-là on ne l'aperçoit dans les quartiers nord que lorsqu'il s'agit de couper de rares rubans.
L'exploitation de la misère par la misère, si elle n'est pas morale, est bien réelle (...). J'ai pu le constater un jour en suivant une patrouille de police.
Pour se protéger du vent pendant les jours les plus froids de février, trois sans-papier louaient à un homme une voiture épave stationnée dans un coin sombre de la rue d'Amiens, au cœur du quartier Saint-Lazare. Et pour se rembourser, voire gagner un peu d'argent, les trois SDF, originaires de pays du Maghreb, négociait la vente de l'épave avec une famille de Roumains - le père, la mère, leur fils de bientôt 10 ans - eux qui n'en pouvaient plus de passer leurs nuits sous les ponts.
À bientôt 14 ans, Kevin est un BAC+7, et il n'en est pas peu fier. Sept interpellations par des brigades anticriminalité, des BAC, suivies de sept gardes à vue, ont fait de lui un《mec respecté dans la cité》.
Réputée sans charisme et plutôt empruntée, la très autoritaire Martine Vassal s’est créé dans ses publications éditoriales comme audiovisuelles un monde de douceur, d’écoute, et force propositions. (...)
C’est une prouesse que de se constituer comme une candidate à la mairie de Marseille (parfois même comme si elle a déjà gagné) sans s’être déclarée, même si tout le monde le sait. La Marseille qu’elle dépeint est dans la parfaite continuité de la Fake City contée depuis tant d’années par Gaudin et les siens. L’opposition produit du bashing, la majorité fait du washing.