A l'occasion du vote annuel du contingent militaire, Thiers va, en effet, prononcer le 3 mai de cette année (1865) un grand discours de politique étrangère. Défendant les traités de 1815, il estime qu'il convient de s'opposer aux desseins prussiens et d'abandonner l'Italie à son sort, et fait reproche à l'empereur de parrainer une alliance italo-prussienne.
Son discours produira, comme on dit, une forte impression, notamment lorsqu'il prophétise : « Et alors, permettez-moi de vous le dire, s'accomplira un grand phénomène vers lequel on tend depuis plus d'un siècle : on verra refaire un nouvel Empire germanique, cet Empire de Charles Quint, qui résidait autrefois à Vienne, qui résiderait maintenant à Berlin, qui serait bien près de notre frontière, qui la presserait, la serrerait ; et pour compléter l'analogie, cet Empire au lieu de s'appuyer, comme au seizième siècle sur l'Espagne, s'appuierait sur l'Italie.
« Non, ajoute-t-il, ce n'est pas une vieille politique, c'est une politique éternelle qui conseille de ne pas créer autour de soi de grandes puissances... »
Il lance cet avertissement: « Allez, allez partout en France, allez dans les petites villes et les villages et vous verrez si cette politique qui tendrait à rétablir l'ancien Empire germanique en plaçant le pouvoir de Charles Quint dans le Nord au lieu du Sud de l'Allemagne, si ce pouvoir, aidé par l'Italie, serait populaire en France. »
En 1974, les Français voulaient un jeune: ils ont eu Giscard. En 1995, ils voudront un vieux: ils auront Giscard.
Il ne suffit pas d'avoir de l'appétit, il faut aussi avoir de l'estomac.
Ce qui fait de Louis Napoléon un homme à la fois attachant et respectable, ce n’est pas seulement son œuvre, aussi impressionnante que mal comprise, pas seulement son habilité et la force de caractère dont il a fait montre pour passer de l’exil au pouvoir c’est aussi et surtout sa fidélité à ses convictions.
L'expérience a révélé la force du parti bonapartiste, ou pour dire plus vrai, du nom de Napoléon. C'est beaucoup d'être à la fois une gloire nationale, une garantie révolutionnaire et un principe d'autorité. Il y a la de quoi survivre à de grandes fautes et à de longs revers.
Né au temps de la splendeur du premier Empire, Louis Napoléon après vingt-sept ans d'exil, six ans de prison et un peu plus de vingt ans de pouvoir, repose toujours, cent dix-sept ans après sa mort, dans une humble chapelle d'un village anglais, car il demeure un réprouvé.
La rumeur publique s'en mêla colportant ce bon mot, doublement cruel : «Hortense fait des faux Louis...» Cela ne saurait pourtant excuser les grandes plumes et les grands noms qui ont utilisé ces doutes comme une arme, une arme terrible, contre Louis-Napoléon. Victor Hugo se laissa ainsi aller à dénoncer en lui «l'enfant du hasard dont le nom est un vol et la naissance un faux».
En fait il en aura tant vu, il y aura assisté à tant de retournements de situation, il aura eu à souffrir de temps de revirements qu'il en viendra, paradoxalement, à ne jamais définitivement désespérer de personne. Il pratiquera ainsi le pardon des injures. Rien ne sera plus d'étranger à son comportement que l'exercice de la vengeance. Et pourtant, c'est peu dire qu'il sera rarement payé de retour...
(...) que l'on ne s'y trompe pas, la logique du processus de l'engrenage économique et politique mis au point à Maastricht est celle d'un fédéralisme au rabais fondamentalement anti-démocratique, faussement libéral et résolument technocratique. L'Europe qu'on nous propose n'est ni libre, ni juste, ni efficace. Elle enterre la conception de la souveraineté nationale et les grands principes issus de la Révolution : 1992 est littéralement l'anti 1789. Beau cadeau d'anniversaire que lui font, pour ses 200 ans, les pharisiens de cette République qu'ils encensent dans leurs discours et risquent de ruiner par leurs actes!
[Discours prononcé par M. Philippe Seguin, le 5 mai1992 à l'Assemblée nationale]
Vouloir se conformer, avant tout, aux sentiments réels ou supposés des citoyens : comportement aussi vieux que la démocratie mais qui, sous prétexte de la défendre, aboutit à la dévoyer.