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Critiques de Piergiorgio Pulixi (490)
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L'île des âmes

Une jeune fille retrouvée la gorge tranchée en pleine forêt, un masque zoomorphe sur le visage, à genoux comme en prière, recouverte d'une peau de mouton. Ce meurtre énigmatique et glaçant réactive des cold cases vieux d'une vingtaine d'années. A partir de ce point de départ classique, Piergiorgio Pulixi construit un ethnopolar envoûtant, habité de la présence imposante que constitue la Barbagia, région reculée et montagneuse de Sardaigne



L'immersion est totale, entre les superbes descriptions de cette Sardaigne sauvage loin des flux touristiques et l'inscription de l'enquête dans une ambiance mythologique en relation avec la culture nuragique qui s'est épanouie sur l'île durant le Paléolithique autour de cultes et rituels ancestraux liés à la déesse Mère. L'expérience de lecture est même très sensorielle : senteurs, saveurs, images, dialectes transpercent les pages et arrivent directement au lecteur, l'enveloppant des mystères d'une Sardaigne peu connue, à la fois terrible et enchanteresse.



La construction du récit est impeccable, alternant passages crus et descriptions presque lyriques, rythme frénétique du présent et atmosphère immuable du passé. Tout cela monte crescendo jusqu'à un dénouement surprenant et totalement cohérent.



En fait, l'auteur est aussi à l'aise dans les scènes d'action qui vous font trembler que dans les scènes intimistes qui vous serrent la gorge d'émotion, et pour ma part, c'est cet équilibre-là que je recherche de plus en plus dans les thrillers. Cela passe par des personnages forts. Il n'y a que cela dans ce roman. A commencer par le vieux flic à la retraite, dont le cœur et l'âme sont corrompus par le poison de ses deux enquêtes non résolues. Puis le duo explosif des deux inspectrices qui risquent de se faire avaler par le vortex de cette enquête hors norme, elles qui ne savent pas encore à quel point une obsession professionnelle peut être cruelle et vous engloutir.



Avec ce duo de forces polaires, la perspicacité cérébrale de l'une s'alliant à l'instinct impétueux de l'autre, Piergiorgio Pulixi propose un superbe double portrait féminin en construction tout au long du roman, dévoilant progressivement dans le bon tempo le passé douloureux de chacune avec une intensité dingue lorsqu'il s'agit d'Eva ( le personnage de Mara est un peu plus monolithique). Ce dévoilement déchirant nourrit l'intrigue policière qui gagne en densité à mesure qu'on commence à en apercevoir les enjeux et les conséquences sur les deux femmes.



Ce roman rude infusé de mysticisme et de superstitions m'a emballée avec sa densité à la True Detective ( saison 1 ) qui explore les racines du mal au plus profond de l'âme humaine.
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L'île des âmes

L’île des âmes. Un roman policier qui concentre la découverte d’un territoire peu utilisé par la littérature (la Sardaigne), une description sociale du fonctionnement d’anciennes sociétés à la limite du paganisme pré-chrétien, un duo d’enquêtrices un peu abîmées par la vie et qui allient caractère fort et talents d’enquêtrice et pour napper le tout, une intrigue prenante avec une résolution surprenante.

Une belle découverte, donc, que ce premier roman traduit en français du Sarde Piergiorgio Pulixi.

Un meurtre rituel réveille la police de Cagliari. Une jeune femme, la gorge tranchée, recouverte d’une peau de bête dans une position sacrificielle semble marquer le retour de ces pratiques d’un autre âge qui avaient déjà ensanglantées l’île des décennies plus tôt.

L’inspectrice Mara Raïs va devoir faire équipe avec la nouvelle, Eva Croce, fraîchement mutée de Lombardie. Elles vont devoir se découvrir elles-même autant que plonger dans les méandres de cette enquête qui semble déranger en haut lieu.

Mara n’est plus en odeur de sainteté dans le service depuis qu’elle a refusé les avances d’un ponte de la police qui se venge en la placardisant. Eva a perdu sa fille d’un cancer en Lombardie et sous le choc a commis bavure sur bavure.

Les deux enquêtrices ont quelque chose a prouver mais elles ont aussi beaucoup de mal a faire confiance. Elles sont toutefois aider par Moreno Barrali, flic proche de la retraite et qui a couvert les meurtres rituels depuis cinquante ans. La non résolution de ces cas l’ont amené au bord de la dépression nerveuse et de la maladie.

Les deux héroïnes découvrent rapidement une nouvelle victime et leur enquête s’accélère. Les fausses pistes, les révélations se succèdent à un rythme effréné. Dans un décor de rêve superbement décris par petites touches, les pires atrocités sont commises.

Le roman de Piergiorgio Pulixi est divisé en deux grandes parties. La première pose les bases des personnages, des meurtres et des barbaries, le décor et les découvertes des crimes passés.

La deuxième qui se déroule à une vitesse folle confronte les personnages à la résolution de l’intrigue mais en utilisant tout ce que l’auteur a placé dans la première.

La construction de ce polar est donc un petit chef d’œuvre de précision. L’action et la réflexion s’inversent et le lecteur finit le roman en apnée avec quelques hoquets de surprise.

Le style de Pulixi est très dynamique. Le découpage en chapitres très courts alternants descriptions, personnages, action, interrogatoires nous plonge dans cette intrigue sans nous laisser le temps d’en sortir.

On est vraiment dans un véritable tourne-page à la tension croissante et qui se termine sur un véritable feu d’artifice d’action, d’émotions et de révélations.
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L'Illusion du mal

°°° Rentrée littéraire 2022 # 13 °°°



Ravie de retrouver cet auteur italien dont j’avais adoré L’Ile des âmes ! Une nouvelle fois j’ai dévoré les 600 pages de ce thriller qui défile à toute allure.

La scène inaugurale harponne d’emblée. Dans une cour d’appel, un pédophile avéré est acquitté, la procédure s’étant engluée dans les limbes d’un système judiciaire saturé, au point de lui ouvrir l’issue d’une prescription. Colère du public, désespoir de la victime. Tout cela sous le regard d’un homme qui, quelques heures après, attend tranquillement le violeur chez lui avant de le kidnapper et de poster via WhatsApp une vidéo devenue virale intitulée « La loi, c’est toi. ». On l’y voit aux côtés du pédophile torturé, mutilé toutes ses dents arrachées sommairement (remises au préalable à la jeune femme violée en cadeau de réparation), appelant le peuple à voter dans un délai de 3 heures pour décider si cet homme doit vivre ou mourir. Un clic et c’est la mort.



S’en suit une course contre la montre pour empêcher le tueur en série, surnommé le Dentiste, de passer à l’acte. Dans un style très cinématographique d’une rare efficacité, Piergiorgio Pulixi propose un montage serré de chapitres courts ( 3-4 pages maximum ) et des dialogues vifs au cœur de l’action. C’est un excellent metteur en scène, dosant avec justesse scènes sombres bourrées d’adrénaline, suspense haletant et moments calmes permettant de reprendre son souffle entre descriptions s’attardant sur un détail, plans rapprochés ou images fixes.



A l’intrigue de la traque du Dentiste, l’auteur coud une dimension sociétale sur le rapport à la justice et aux médias lorsqu’ils dysfontionnent, poussant le lecteur vers une réflexion non manichéenne sur cette double thématique. Les motivations et le modus operandi du tueur soulèvent de nombreuses questions. Si la loi ne protège plus les citoyens contre toute forme de violence perpétrée par des criminels, pourquoi le citoyen ne s’arrogerait-il pas l’exercice direct de la puissance punitive étatique ? pourquoi la communauté nationale n’assumerait-elle pas la charge de rétablir l’équilibre brisé par les défaillances d’une justice injuste, inefficace voire corrompue ? Le débat agite même les représentants de l’ordre, lassés de l’obscène disproportion entre le crime et la peine. Pour certains, le Dentiste « lubrifie la machine judiciaire avec du sang » au point de risquer de faire exploser tout le système.



Entre le Bien et le Mal, une grande porosité. Le lecteur devient un acteur à part entière, traversé par un vent incohérent qui fait vaciller ses certitudes ou plutôt qui joue avec elles. D’autant plus que Piergiorgio Pulixi complexifie le parcours des consciences en faisant intervenir dans l’arène une racoleuse émission de justice-spectacle, Verdict, animée par une bimbo sur le retour, qui alimente la curiosité morbide des téléspectateurs, se goberge dans leur impulsivité. Impossible de ne pas penser au film Joker, Pulixi saisissant comme Todd Philipps, le cauchemar d’une époque marquée par la haine numérique, la fureur populaire ne fonctionnant qu’à l’impulsivité des émotions ou de l’indignation et le pilori médiatique. La foule prend parti pour le Dentiste vu comme un héros justicier. Et c’est glaçant.



A ce stade-là, le thriller est déjà excellent, ménageant des surprises indéchiffrables dans le scénario comme ce gros changement de braquet à mi-parcours. Il gagne en profondeur et humanité avec la formidable caractérisation de la triade d’enquêteurs avec lesquels on se connecte immédiatement. Ceux qui ont lu L’Ile des âmes retrouveront le duo d’inspectrices Mara Rais / Eva Croce avec leurs traits de caractère déjà bien campés mais avec des précisions importantes sur leur évolution psychologique, notamment Eva. L’auteur a l’excellente idée de leur adjoindre un fascinant personnage en la personne du criminologue Vito Strega. Un autre paria du système policier, une autre solitude hantée par les démons du passé qui, additionnée aux deux autres, constitue une formidable force de frappe pour traquer le Dentiste.



Un thriller qui m’a captivée. Il peut se lire indépendamment du premier volet des enquêtrices Mara Rais / Eva Croce mais ce serait vraiment dommage de passer à côté de L’Ile des âmes ( très différent dans les thématiques abordées et l’atmosphère déployée ).



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L'île des âmes

Avis très mitigé sur ce livre multi-encensé ici-bas, et je vais en profiter pour commencer par un coup de gueule :



Y en a marre de ces polars qui croient utiles d'épaissir la psychologie de leurs enquêteurs en les dotant de blessures internes ressassées à longueur de pages !



(Attention, à celles et ceux qui lisent ce genre de romans justement pour ça : je vais divulgâcher sans remords).



Là, on a un florilège qui en devient grotesque. On part sur un duo d'enquêtrices.

Ma première vit mal son divorce et encore plus mal d'avoir vu sa carrière ruinée pour avoir refusé les avances du préfet prédateur sexuel (ou le sous-préfet, je ne sais plus).

Ma seconde ne se remet pas de la perte de sa fillette cancéreuse (on compatit forcément) et traîne une bavure commise sous l'emprise de ce drame.

Mon troisième en fait un duo dysfonctionnel qui s'affronte à fleuret moucheté par fiertés respectives de vouloir masquer ces douleurs intimes.

Mon tout fait trop de pages inutiles et convenues.



J'arrête ? Non, ce serait bête de passer la suite sous silence.

Il y a un vieil inspecteur en phase terminale de son cancer à lui, mais encore hanté par les cold cases qui sont le substrat de l'intrigue. Et d'ailleurs il a tellement somatisé que c'est certainement ça qui le tue à petit feu.

Un commissaire qui ne supportera pas le meurtre de trop, qu'il aurait dû empêcher puisqu'il enquêtait sur l'enlèvement préalable, et qui s'en ouvre les veines dans sa baignoire.



Et ça en fait des caisses pour nous égrener tout ça avec suspense, au fil des petits chapitres intercalés, comme autant de petites intrigues mineures…



Et c'est bien dommage, parce que raccourci de cette pénible moitié, le polar serait excellent.



On découvre la civilisation nuragique qui occupait la Sardaigne à l'âge du bronze, ses croyances, ses rites et comment ils survivent aujourd'hui. À la fois dans le folklore des villages ; à travers des ahuris sectaires new age, mâtinés de puissants de l'élite locale qui s'y dévoient ; et enfin, mes préférés, au sein d'un clan familial perdu dans l'arrière-pays qui perpétue ces croyances. Bon, c'est la ficelle un peu grosse des ethno-polars, le coup des barbaries antiques qui se transmettent de génération en génération depuis quatre mille ans, mais moi, je marche, c'est ce que j'y aime.



Ces divers ingrédients sont toutouillés et malaxés avec adresse et le suspense est maîtrisé (malgré sa dilution dans la psychologie de bazar dénoncée plus haut). On en profite pour aborder le fonctionnement de l'île : pas de mafia, mais une coterie locale qui monopolise quand même le pouvoir et l'argent. On dévore la fin et on est surpris du dénouement.



Ce qui fait que, réduit de moitié, on aurait eu un livre remarquable.
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L'Illusion du mal

Commençons l'année 2023 par...mes meilleurs voeux à vous tous , amies et amis babeliotes qui me faites l'honneur de m'accorder votre confiance et me renouvelez sans cesse votre inestimable intérêt . Que la morosité ambiante ne nous empêche pas de nous adonner sans mesure à notre passion commune de la lecture et de partager encore et encore ...

Et , oui , c'est que la morosité , elle est partout et , entre autres , dans le domaine de la santé .Pas moyen , par exemple , de trouver un mèdecin pendant les fêtes ....Tenez , moi , j'ai souffert d'une violente rage de dents et bien , vous me croirez si vous voulez , personne pour me soulager ! De rage (!) , je me suis mis à ......( lire , boire ) pour oublier et j'ai tourné les premières pages d'un des cadeaux apportés par le Père Noël ! "l'illusion du mal " de Piergiorgio Pulixi .Oui , c'est ça , l'auteur de "L'île des âmes " , ouvrage déjà grandement commenté et apprécié dans lequel on a pu rencontrer Eva et Mara , les deux héroïnes enquêtrices . Tout ça pour vous dire que je n'ai pas lu le premier opus ( je compte bien le faire rapidement ) mais que je n'ai pas du tout été gêné ....Bon , mais je cause , je cause et j'oublie ( magie de la lecture ) ma rage de dents .J'y reviens .Vous ne me croirez pas , mais Eva , Mara et le criminologue Vito Strega ( trés bel homme , parait il , mesdames ) en recherchent un de dentiste .Ou plutôt LE Dentiste .Peu au fait des motifs de cette quête , moi , dés lors que j'en ai eu connaissance , j'ai décidé ....de les suivre !!!! Et là , chers amies et amis babeliotes , les pages ont tourné toutes seules et je me suis tout simplement demandé pourquoi , au fond , j'étais allé fourrer mon nez dans cette histoire .En fait , ça commence dans un tribunal où un individu peu recommandable retrouve la liberté en raison de défaillances de la justice italienne .Il quitte le tribunal sourire aux lèvres .Beau sourire moqueur , du reste , le dernier....Allez sourire , vous , avec 29 dents en moins !!!La télé s'en mêle puis s'emmêle ; 29 dents ...oui , et sans anesthésie !Et ce n'est pas fini mais moi , à ce moment là , déjà , même si je n'ai pas vu Le Dentiste , je n'ai plus aucune douleur , si , si , je vous assure . Par contre , j'aimerais comprendre alors je vais suivre ( de loin ) Mara , Eva et(le beau ) Vito , trois personnages dont on aura l'occasion d'apprécier les caractères bien trempés , charismatiques et attachants ....Prêts et prêtes à vous lancer à la poursuite de l'ennemi public numéro 1 , un ennemi capable de diriger la vindicte populaire vers l'organisation sociale et le gouvernement d'un pays , d'utiliser les médias ? ....

Mais oui , amateurs du genre , ne laissez pas passer l'occasion de faire un beau ( enfin , si on peut dire ...) voyage entre la Sardaigne et Milan dans un ouvrage trés bien traduit et vivant , un ouvrage qui se dévore .

Allez , asseyez- vous sur le fauteuil , détendez vous et dites moi quelle dent vous fait souffrir , il ne faudrait pas se tromper , hein ? Bon , de toute façon , on va toutes les enlever , comme ça , on sera certain ....Une petite anesthésie ? Mais non , vous allez voir , il n'y en a pas pour longtemps .....Comment ? Mais non , je n'ai pas la " moindre dent contre vous " pas du tout .

Un excellent roman , plus profond qu'il n'y paraît sur des sujets sociétaux importants et complexes qui montrent que l'équilibre de la vie commune des individus est précaire et qu'elle mérite attention . Pulixi a beaucoup plus de talent que moi pour vous le démontrer .A bientôt .
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L'île des âmes

Ne vous laissez pas désarmer par la première partie un peu poussive, l’île des âmes est un excellent roman tellurique, de rituels et d’atmosphère où la Sardaigne, terre de croyance, semble immuable et ancrée dans des millénaires de traditions archaïques.

Le synopsis est assez simple : Eva et Mara, 2 inspectrices en charge du suivi des cold case, sont sollicitées par un enquêteur en fin de vie, pour résoudre une vieille affaire de meurtres rituels sur des jeunes filles datant de 1975 et 1986.

Leurs investigations vont les mener sur les traces du passé, dans une Sardaigne de rites ancestraux, et surtout bien plus loin qu’elles ne l’imaginaient…

J’ai aimé ce roman, son mysticisme envoûtant, ses paysages escarpés et sauvages, sa nature primitive, son duo d’enquêtrices improbable au passé chargé.

Et sa fin inattendue.

Que demander de plus ?

Une suite peut-être ?
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L'île des âmes

J'ai découvert Piergiorgio Pulixi lors de la rentrée littéraire 2022 avec son second roman « L'illusion du mal ». Un roman de 600 pages que j'avais dévoré en un claquement de doigt, et que j'avais particulièrement adoré. « L'illusion de mal » fait partie de ces romans qui vous reste longtemps dans la tête.



«Dans « L'île aux âmes », son premier ouvrage, l'auteur nous immerge dans sa Sardaigne natale. Au cœur de cette île à la fois mystérieuse et envoûtante. Aux paysages magnifiques. Où les traditions nuragiques ont traversées les siècles.



Dans cette histoire, nous suivons Eva Croce et Mara Rais, un duo d'enquêtrices cabossées par la vie. Suite à une mutation disciplinaire, les deux jeunes femmes se retrouvent à devoir travailler ensemble sur des cold case de la police de Caglieri. Très rapidement, elles découvrent que depuis plusieurs décennies, cette île séculaire, aux milles parfums, est le théâtre de meurtres rituels barbares commis à plusieurs années d'intervalle...commence alors une enquête, qui très rapidement se transforme en une traque sombre, immersive, ou l'ombre des morts envahie leur quotidien...



« L'île aux âmes » est un roman noir, envoûtant. Dans lequel le présent laisse place au passé. Conjointement immersif et dense, Piergiorgio Pulixi nous embarque dans un voyage sensoriel, aux multiples senteurs. Sa plume est brute mais riche, ce qui la rend addictive. Les personnages sont haut en couleur, soignés, attachants, forts. Notre duo d'enquêtrices, comme chien et chat, une petite touche d'humour en plus, ce qui, pour le lecteur, ne gâche rien bien au contraire. Du pur plaisir. La nature est omniprésente, somptueuse. L'atmosphère est lourde, pesante. Aussi à l'aise dans la construction de ses personnages que dans la description des paysages, l'auteur nous embarque dans une intrigue vertigineuse, au rythme des rites et des légendes, en plein cœur du milieu rural Sarde.



La lecture est captivante. Les pages s'enchainent les unes aux autres. Parsemées de nombreux rebondissements, elles tiennent le lecteur en haleine. « L'île aux âmes » est un roman que l'on lâche pas. « L'île aux âmes » est un roman une fois fini, on aimerait pourvoir encore lire des pages et des pages......



Est-ce le hasard ?. Une coïncidence ? ... Toujours est-il, juste avant de lire ce roman, j'ai lu « La trilogie écossaise » - l'intégrale de Peter May.. et.. je peux dire que Piergiorgio Pulixi avec « L'île aux âmes », fait entrer la Sardaigne dans le milieu du polar au même niveau que Peter May avec l'Ecosse.



« L'île aux âmes » est une très belle réussite ! Une invitation au voyage ! Un dépaysement garanti !



Merci aux éditions Gallmeister d'avoir ouvert leur porte à l'Italie....













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L'Illusion du mal

Déjà une bonne nouvelle, le trio d'enquêteurs Mara, Eva et Vito sera opérationnel dès avril prochain pour les "Quais des polars" de Lyon, et des adaptations cinématographiques sont possible, le tout selon l'auteur récemment rencontré en promotion.



Le roman surfe implacablement sur un sujet de société prégnant en Italie, la qualité de la Justice, ses dérives potentielles supputées ou avérées et ses conséquences sociétales telles la dérive populiste et la vindicte personnelle, expéditives et démagogiques, délicats à traiter avec rigueur.



Sur ce terrain glissant, pouvant vite déraper, de la masse populaire avide de sang spectacle aiguillée par de cyniques tribuns, l'auteur réussit l'équilibre entre ces differents ancrages sociétaux et politiques, sans prendre ouvertement parti.



Les vissitudes de la télé poubelle spectacle, quasi culturelle en Italie, sont particulièrement bien mis en exergue, et jouissifs, et l'on prend presque en pitié l' animatrice toute puissante dont la brutale déchéance illustre qu'un clou chasse l'autre sur un cercueil médiatique.



J'assimile l'œuvre à une vague de surf qui une fois engagée ne peut plus qu'être suivie jusqu'à sa fin quelques soient les secousses ; et il y en a quelques unes, telles les scènes tortures physiques et psychiques.

Le roman, à la belle mécanique tant de suspense que d'intrigue, certes dur, taillé au cordeau, fait la part belle aux personnalités complexes et trempés de Mara et Eva et du nouvel enquêteur Vito qui les rejoint sur cette enquête embrouillée d'ampleur nationale, pour former un trio d'avenir semble-t-il selon les informations de l'auteur himself. Et avec des personnages secondaires quelquefois truculents, par des répliques et échanges incisifs savoureux, le livre s'allège quelque peu sans perdre son mordant.



Et l'on apprend beaucoup d'insultes regionalistes sardes, siciliennes et vénitiennes selon l'intervenant.
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L'île des âmes

Ce qui m'a d'abord attiré dans ce livre, c'est son titre : L'île des âmes que je trouvais très poétique en symbiose avec une île aux aspects sauvages : La Sardaigne.

Pierguorgio Puluxi avec L'île des âmes à réussi un véritable coup de maître, on ne lâche pas son roman tant il est haletant.

Tous les "ingrédients" y sont pour faire ce que certains ont appelé " un ethnopolar".

C'est d'abord le lieu du roman : la Sardaigne avec tous ses secrets naturels et sauvages comme cette région montagneuse de la Barbagia.

Associé à une culture fondée sur des rites ancestraux qui peuvent conduire à des meurtres rituels.

Une fois campé ce décor, on se retrouve dans la vie d'aujourd'hui avec deux femmes policières, chacune pour des raisons différentes ayant touché le fond d'un abîme noir qu'elles peinent à masquer.

C'est alors, qu'elles se retrouvent à la charge d'une enquête sulfureuse qui les conduit à travers des découvertes macabres à retrouver le fil et tenter de sauver des âmes.

C'est un livre magique, ensorcelant même si l'écriture est légère et fluide.

L'auteur nous porte dans sa Sardaigne natale à travers un flamboyant roman.



Lecture à ne manquer sous aucun prétexte surtout pour les passionnés de polars.



Un très très grand roman !
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Le Chant des innocents

Bravissimo, excellent polar qu'on ne lâche pas une minute !

J'avais déjà été séduite par son précédent : L'île des âmes mais alors j'ai été totalement envoûtée.

On est fasciné par le personnage central du roman : le commissaire sulfureux et ténébreux qu'est Vito Strega et sa consœur Teresa Brusca.

Piergiorgio Pulixi nous entraîne avec le chant des innocents dans une enquête effroyable mais passionnante.

Pourquoi et comment des adolescents deviennent -ils des meurtriers juste en jouant à un jeu vidéo ?

Un suspense haletant, patiné par les amours malheureux du commissaire dont l'enfance révèle le secret de sa personnalité.

Une psychologue déstabilisée par ce même commissaire.

Je n'ai qu'un conseil, amateur de bons polars, jetez vous sur le chant des innocents.
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L'île des âmes

Il a surgi du temple lorsque le gamin et son chien se sont approchés du cadavre ensanglanté de cette femme. C’est un géant, une torche dans une main, un couteau à la lame recourbée et maculée de sang et d’eau dans l’autre. La victime est couverte de peaux de chèvres et a le visage caché par un masque carnavalesque en bois représentant une bête cornue. Sa gorge est tranchée comme pour un sacrifice païen. Elle n’est pas la première… Elle ne sera pas la dernière…

Cette série de meurtres sacrificiels qui s’étale sur près de quarante années fait partie des affaires classées jamais résolues de l’île sarde. Moreno Barrali, inspecteur en chef de la police d’état, a passé le plus gros de sa carrière à essayer d’élucider ce mystère. En phase terminale d’un cancer, il est soulagé lorsque sa hiérarchie crée le service des « gold cases » avec l’aide de deux inspectrices, Mara Rais et Eva Croce.

Piergiorgio Pulixi invente avec beaucoup d’imagination une série de faits divers à la limite du surnaturel. En rédigeant son roman avec de très courts chapitres il donne un rythme infernal à son histoire. Celle-ci, très bien documentée, mêle archéologie, anthropologie, civilisation nuragique basée sur le culte de la déesse mère (la vie), le dieu taureau (la fertilité) et le sacrifice d’une vierge dont le sang est censé ensemencer la terre. Si l’on rajoute l’atmosphère, celle d’une terre brulée sous les assauts d’un soleil caniculaire qui exhale les senteurs de thym, de romarin, de serpolet, sur fond de mer méditerranée dont le bleu azuréen inonde de petites criques où l’on rêve d’y passer des journées à lézarder, on rend grâce à l’auteur d’avoir eu ce talent de nous immerger dans ce véritable paradis terrestre qu’est la Sardaigne. De même il a su décrire parfaitement le caractère rustique de l’autochtone. Jusque-là, le dépliant touristique est parfait, on achète le séjour pension complète pour une durée indéterminée. Le roman de Piergiorgio Pulixi réunit les principales qualités d’un « nature writing ».

En ce qui concerne le polar, l’auteur organise son roman comme un jeu d’échec, il avance chacun des pions qui vont être déterminant lors de cette intrigue policière. Mais il faut attendre la seconde partie du roman, soit après la présentation de tous les éléments de l’intrigue, pour que l’enquête démarre vraiment. Et quand elle démarre, c’est pour emporter le lecteur dans ses méandres les plus obscurs et pour son plus grand plaisir, ce qui sauve ce roman. Ce n’est qu’à ce moment-là que l’histoire prend toute sa dimension dramatique et que l’intrigue atteint une tension paroxystique. Inutile d’essayer de trouver le ou les coupables, le dénouement est insoupçonnable.

Le texte est persillé de mots et expressions sardes, ce qui ne rend pas toujours la lecture fluide et casse le rythme imposé par la succession des brefs chapitres. Heureusement le plus souvent ils sont suivis de leur traduction en français, mais pas toujours.

Certains dialogues n’ont pas la maturité ni la vraisemblance pour donner un accent dramatique à cette histoire. Au contraire, ils tournent parfois à la digression et éloignent le lecteur de la noirceur de ce roman.

Concernant les personnages, l’auteur nous laisse deviner des caractères bien trempés, des natures brisées par des accidents de la vie, mais dans les faits, on ne remarque pas suffisamment tôt dans le récit que nos héros en soient particulièrement traumatisés. Ce n’est que par la suite que l’on découvre les blessures psychologiques qu’ils ont subies. Et elles ne sont pas des moindres.

« L’île des âmes » est certainement un très bon roman policier pour lequel il ne faut pas s’attarder sur la première partie mais foncer sur la suite qui est passionnante et addictive.

Concernant le choix éditorial, c’est une réelle bonne idée qu’ont eu les éditions Gallmeister que d’ouvrir leur offre à d’autres destinations que les états unis d’Amérique, d’arpenter le monde afin de dénicher l’Œuvre.

« C'est pourquoi fault ouvrir le livre et soigneusement peser ce que y est déduict. [...] Puis, par curieuse leçon et méditation fréquente, rompre l'os, et sugcer la substantificque moelle, [...]. » Rabelais (source Wikipédia).

Merci aux éditions Gallmeister et à masse critique babelio, pour la découverte de cet auteur en gestation et de son roman ethno-policier « L’île des âmes ». On attend une suite, bien évidemment…

Traduction de Anatole Pons-Reumaux.

Editions Gallmeister, 536 pages.

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L'île des âmes

Ayant vu de nombreux retours positifs du deuxième tome du duo d'enquêtrices façonné par P. Pulixi, "l'illusion du mal", la logique voulait, comme l'aurait suggéré monsieur de Lapalisse, de commencer par le premier, "L'île des âmes".

Des le début, l'originalité du lieu, la Sardaigne, intrigue et succite l'intérêt. L'entrée en matière sert à la mise en place de ce duo d'enquêtrices rebelles de caractères, présentées comme antagonistes, bref une base d'un classissisme pouvant induire une certaine méfiance pour la suite.

Elle ne dure pas ; les personnages, principaux et secondaires, sont complexes, fouillés, remplis de fêlures bien exposées et exploitées dans l'intérêt de l'intrigue. Au long du récit leurs histoires personnelles sont puissamment développées dans l'intérêt de cette œuvre très noire. Le personnage d'Eva est ainsi particulièrement prégnant mais non au détriment des autres, démarche importante pour l'appréciation globale de ce polar à connotation sociologique.

Sociologique par son immersion et dans un milieu sectaire, et surtout dans les racines d'une tribu réfractaire à toute modernité, ésotérique, autoreglée par des croyances ancestrales mises en exergue aux fins à la fois d'explications de la genèse de la société sarde et plus prosaïquement de celle de l'enquête.

Cette partie de l'intrigue, servant surtout de cours magistral quant à l'humanisation de la Sardaigne, n'est pas trop lourde. L'on s'instruit...c'est déjà ça.



Sur un plan de l' écriture, je défini l'auteur comme "aimant s'écouter écrire " : de belles phrases avec beaucoup d'adjectifs "soyeux", dénotant le plaisir d'écriture littéraire, mais ne détonnant pas heureusement pas dans ce qui reste avant tout un polar.

Aucun personnage ne sort indemne de cette enquête sur des crimes paraissant rituels, catharsitique pour Eva, traumatisante à divers degrés pour d'autres. L'intrige est particulièrement bien menée, dévoilant petit à petit le passé et la vie des protagonistes, se révèlant particulièrement sombre, avec un lourd tribut payé à la vérité. Le dénouement est particulièrement inattendu.



Une œuvre qui commence doucement puis devient vite absorbante. Une réussite, en espérant que le deuxième tome soit issu du même tonneau.

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L'île des âmes

La Sardaigne, l'île des tombes des géants. L'île de cette civilisation nuragique vieille de millénaires, l'une des plus anciennes du bassin méditerranéen. Cette civilisation pratiquait une religion animiste adorant le taureau et le soleil symbolisant les forces masculines et la lune et la mer manifestation de la déesse mère, signe de la fertilité féminine.

La première partie nous plante le décor et on se croit vraiment dans un roman d'ambiance empreinte de mysticisme et envoutante. Mais très vite on reviendra à notre enquête policière.

Nous avons donc affaire à un homicide qui porte à penser à des rites messianiques, païens et qui rappellerait deux autres meurtres non résolus 20 ans et 30 ans plus tôt. Meurtres qui hantent un policier à la retraite mais qui avait travaillé sur ces deux affaires auparavant. Rais et Croce, deux enquêtrices mises en purgatoire, hériteront plus ou moins de ce dossier car leur peine veut que celles-ci oeuvrent à la mise sur pied du nouveau département des affaires non résolues. Mutée de Milan à Cagliari, Croce devra composer avec le caractère sarde impétueux de sa partenaire imposée: Rais.

En parallèle, il y a l'arrière pays , la Barbagia. La Barbagia où vit le clan des Ladu installé depuis des lunes dans la "vallée des âmes" vivant en retrait de la civilisation, observant les us et coutumes des ancêtres, vivant au rythme de la terre et des saisons. Porteur de la civilisation nuragique, ce clan se considère comme le gardien de ces montagnes et forêts, grottes et vallées. là où aucun envahisseur n'a réussi à pénétrer parce que protéger par une divinité sylvestre. Une divinité, oui, qui les protège mais qui demande en retour, fidélité et sacrifice.

En plus, il y a les "néonuragiques". La pseudo-religion appelée Nutaxia. Ces gens croient que les monuments millénaires, grottes, tombes, puits ou autres sont des sites de connexion avec le cosmos. Ils attendent sous moults rituels l'avènement d'une nouvelle ère. Rien de nouveau sous le soleil me direz vous mais ce sera une piste que devront suivre nos enquêtrices. Et il y a également les anthropologues, les universitaires , les chercheurs, les références aux policiers ceux qui les renseigneront.

Bref, il y a tout ça ce qui fait de "L'île des âmes" un roman touffu, documenté, dense mais clairement expliqué dans une langue et avec une narration impeccables. Chapeau à Piergiorgio Pulixi pour ces personnages immenses, bien en chair, complexes et fascinants. Un brin ethno-polar et très polar avec tout juste ce qu'il faut de fausses pistes, de rebondissements, de recherche de preuves et bien sûr une intrigue diabolique et captivante. C'est une lecture qui m'a happée comme une force magnétique ensorcelante, comme une forêt qui me parle et me raconte ses secrets.
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Le Chant des innocents

Cette rentrée littéraire 2023 m’avait déjà offert de très belles surprises et je dois vous dire que « Le chant des innocents » viendra se rajouter à cette liste. Alors que la culture transalpine n’est pas bien présente dans mes lectures, cette année aura compté plusieurs livres et m’aura permise de la découvrir, tant en matière de littérature contemporaine, qu’en littéraire noire.



Dorénavant, les Editions Gallmeister ne se concentrent plus seulement sur les écrivains américains mais publient aussi des auteurs venant d’Europe, comme c’est le cas ici et il faut les en remercier !



« Le chant des innocents » est un thriller palpitant et captivant. Composé de chapitres courts, le rythme est effréné ! Pas de temps morts, ni de tergiversations ou de passages inutiles, tout est savamment posé.



L’enquête sur un meurtre perpétré par une gamine de seulement 13 ans est menée par Teresa Brusca, une inspectrice qui sollicite l’aide de son commissaire suspendu Vito Strega, brillant mais torturé. Alors que les meurtres s’additionnent, tous commis par de très jeunes adolescents et que les auteurs restent mutiques, Stega est persuadé que quelqu’un tire les ficelles et qu’ils sont tous liés…



Cet enquêteur Strega est hyper intéressant. Bien loin des stéréotypes de policier bien sous rapport, c’est une force de la nature, qui n’en a que faire de l’autorité et dont le besoin de justice étrille son quotidien. Hyper attachant par ses failles, ses convictions sont bien souvent avérées.



Écrit en 2015, soit il y a près de huit ans, il est stupéfiant de constater comment l’auteur sarde, Piergiorgio Pulixi avait imaginé cette histoire très actuelle, à l’heure de la très forte influence des réseaux sociaux, alors que ces derniers n’en étaient pas encore à leur apogée actuelle !



Ce livre, « Le chant des innocents » est en fait le premier d’une série écrite par l’auteur mais les traductions n’ont pas été faites chronologiquement puisque deux autres ont été préalablement publiées : « L’île des âmes » et « L’illusion du mal ». Toutefois, pas de panique car chacun des tomes peut être lu indépendamment des autres.



Il me tarde de me les procurer et d’aller découvrir ces deux autres tomes après ce gros coup de cœur italien qui m’a littéralement scotchée !
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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L'Illusion du mal



J'ai découvert Piergiorgio Pulixi avec L'île des âmes qui fut un coup de coeur. Ici, L'illusion du mal est dans un tout autre registre. Plus moderne, plus contemporain mais toujours avec nos deux enquêtrices Mara et Eva, rencontrées dans le précédent opus.

Tout de suite l'auteur nous plonge dans l'action. Un prologue qui nous introduit immédiatement dans le vif du sujet comme le dit si bien la citation en exergue: "Le droit est terrible comme la vie " (Salvatore Satta dans Le Jour du jugement).

Le récit nous met en pleine face les lacunes de la justice italienne (peut-être de toutes les justices finalement) qui pour le commun des mortels semble bien trop souvent protéger les coupables. Ils sont libérés pour vice de forme, pour lenteur administrative, des jugements où, semble-t-il, le bon sens est balayé au profit de la procédure.

L'illusion du mal c'est les verdicts d'un justicier masqué qui fait appel à la vindicte populaire pour condamner. Il enlève des criminels libérés, les torture et demande au peuple s'il doit les faire mourir ou pas à l'aide d'un vote populaire sur Internet. Votez coupable ou non, on a trois heures pour décider ! On se croit revenu au temps des condamnations aux jeux du cirque chez les Romains de l'Antiquité. Et c'est très efficace car je me suis sentie prise à partie en tant que lectrice. Parce que trop souvent certains jugements nous semblent injustes, certaines peines trop clémentes.

Une narration efficace qui mise sur les dialogues et les chapitres courts ce qui donne du rythme au récit et nous entraine. Des personnages bien campés, bien caractérisés, crédibles et qui semblent nous dire que ce n'est qu'un au revoir. Un polar noir ? En tout cas, un polar social car bien ancré dans une réalité toute actuelle qui nous force à réfléchir sur le tribunal populaire qu'engendrent les réseaux sociaux, sur les voix souvent haineuses qui condamnent rapidement et sans discernement. Une enquête prenante qui nous parle de justice, de victimes, de médias et de l'outrageuse influence de ceux -ci.

Je recommande vivement cet auteur et ses deux titres L'ile des âmes et L'illusion du mal.







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L'Illusion du mal

Un prologue de 5 pages plonge le lecteur dans le vif du sujet, si j’ose dire. Piergiorgio Pulixi entraîne ses lecteurs au tribunal. À cause d’une « succession d’erreurs du système judiciaire » italien, la présidente de la cour d’appel prononce, avec regret, l’acquittement d’un pédophile : il bénéficie de la prescription des faits. La victime est désespérée, la salle manifeste bruyamment son désaccord et le coupable se permet de sourire. Un homme quitte discrètement le tribunal. On le suit jusqu’au domicile du pédophile. Visiblement, il connaît déjà les lieux. Après avoir enfilé une cagoule, il se cache dans l’armoire de la chambre. Il sort de son sac une petite boîte et commence à toucher délicatement ce qu’elle contient : des dents humaines. Trois parties trépidantes suivies d’un épilogue nous emmèneront à la poursuite du « Dentiste »…

***

Contrairement à ce qu’il faisait dans L’Île des âme, Piergiorgio Pulixi adopte toutes les caractéristiques du thriller dans L’Illusion du mal : chapitres très courts, cliffhangers, omniprésence des dialogues, fausses pistes, etc. On se retrouve ici avec, peut-être, un bon exemple du genre, mais bien loin de la profondeur et de l’originalité de son précédent roman. On accompagne de nouveau le tandem mal assorti et très efficace composé de Mara Rais, irrévérencieuse dure à cuire toujours tirée à quatre épingles, et d’Eva Croce, rousse flamboyante et femme très secrète, qui semble se ficher de son apparence. Elles vont travailler sous la supervision de Vito Strega qui semble cristalliser sur lui tous les clichés du héros masculin : il est grand, il est beau ; il est plus qu’intelligent, il se comporte en vrai gentleman ; son charisme lui vaut l’admiration des femmes et le respect des hommes ; etc. Le chapitre 24 (p. 118-122), celui dans lequel il rencontre les deux inspectrices, marque le début de ma déconvenue et de ma grande déception par rapport au roman précédent du même auteur. Dommage, parce que les thèmes traités par le biais de ce thriller sont passionnants et brûlants d’actualité en Italie, mais pas seulement : inefficacité de la justice, télé-poubelle, populisme, démagogie, vindicte populaire, vengeance et plusieurs autres encore. Je ne doute pas que ce roman puisse plaire à de nombreux lecteurs, mais, pour ma part, je ne suis pas fan des thrillers : trop de coïncidences, trop d’invraisemblances, trop de clichés, trop de trop. Je suis allée vérifier si le traducteur était le même que pour l’autre roman parce que je trouvais l’écriture moins fluide, moins intéressante. C’est bien le même, Anatole Pons-Reumaux. Si les périphrases qui traduisent certaines des insultes sont amusantes, la quantité d’interventions dans les différents dialectes a fini par me lasser. Déception pour moi…

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Le Chant des innocents

Troisième roman de PG Pulixi paru, il s'agit en fait d'une prequelle à "L'illusion du mal ", permettant de découvrir l'histoire et le passé qui ont faconné le commissaire Vito Strega tel qu'on le retrouve aux côtés des enquêtrice Eva et Mara dans celui-ci.



Est aussi mise en scène, sans interférences dans l'enquête menée par Strega, d'une figure tueuse à ses heures perdues traçant une trajectoire parasite et balbutiante, et dont la présence semble n'être qu'un acte de naissance pour recroiser son orbite lors d'un futur épisode.

Ce n'est pas un cheveu sur la soupe, mais pas loin, cet "alien" se raccrochant tant bien que mal au scenario du roman.



Il faut être honnête, le roman est nettement moins prenant, intéressant, que "L'illusion du mal". La personnalité de Strega prend clairement le pas sur la trame elle même, au demeurant plutôt linéaire pour un thème se presentant comme complexe.

Mais la lecture reste agréable et fluide, et le style, nerveux, s'exprime bien par l'enchaînement de courts chapitres.



Mais à mon sens, si l'on envisage de découvrir et poursuivre cette série de Pulixi, dont le quatrième épisode vient de paraître, la lecture de ce tome est intéressante à la pleine compréhension des personnages. Et en replaçant dans l'ordre chronologique les differents livres cela donne "le chant des innocents " pour Strega en premier, puis "L'île des âmes " pour Eva et Mara, et enfin "L'illusion du mal" ; le quatrième épisode, "La septième lune", reprend les protagonistes après la conclusion de ce dernier.
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L'île des âmes

Le jour des morts, jour crucial en Sardaigne où le culte des défunts est ancien, la questure de Cagliari est en ébullition depuis la disparition inquiétante de Dolores Murgia une jeune étudiante citadine. Hanté jusqu'à l'obsession par d'anciens meurtres rituels non élucidés dont les victimes sont des femmes inconnues, Moreno Barrali convainc ses pairs de confier l'enquête à 2 femmes spécialistes en la matière. La sarde Mara Rais et la milanaise Eva Croce fraîchement débarquée du continent vont former dans cette enquête particulière mêlant crimes sordides et mysticisme un duo imprévisible et détonnant.



Il faut dire tout de suite que je n'ai jamais rien lu de pareil ! L'île des âmes est un formidable roman de Piergiorgio Pulixi ancré dans le paysage et les croyances de l'arrière pays sarde des pierres sèches et des rituels, loin si loin de la paisible ville côtière de Cagliari.



Entre modernité et rites païens, ce thriller aux racines telluriques est un incroyable et exaltant voyage par delà les frontières et le temps, dans une Sardaigne multiple et silencieuse. Mais le silence a aussi une voix que l'auteur fait seulement et uniquement entendre au lecteur laissant ses personnages se débrouiller avec leurs hypothèses et leurs croyances. Et ce faisant, nous sommes les témoins impuissants mais témoins quand même des visions sortilèges de la montagne Barbagia. Pris au piège de la loi du silence.



Le duo d'enquêtrices Mara Rais et Eva Croce est performant et efficace mais les difficultés inhérentes aux femmes dans leur vie professionnelle parce qu'elles sont femmes ne sont pas effacées.



La tension dans ce thriller singulier est constant mais impalpable car elle se nourrit de fausses pistes pour draper d'un voile de matérialité ce qui est étranger et inconnu.

Le point fort de ce roman policier ethnologique ne se trouve pas dans la résolution de l'énigme. Ce qui rend ce livre incroyablement attirant et totalement addictif est l'abondance d'informations sur ce qui est caché, fait peur et envoûte inconsciemment, le culte sacré de la nature, les masques et les rituels, l'anthropologie.



On pénètre en Sardaigne par la langue, le décor grandiose et changeant d'une île encore sauvage, la survie d'une communauté agropastorale, les croyances anciennes et les rituels.

C'est complètement immersif et d'une beauté noire inoubliable.





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L'Illusion du mal

Bonjour,

Voici « L'illusion du mal »de Piergiorgio Pulixi. J’ai adoré ce thriller dont l’intrigue se révèle captivante et machiavélique. L’auteur nous propose un voyage à Cagliari en Sardaigne et à Milan. Deux enquêtrices et un criminologue sont chargés d’une affaire complexe: retrouver un justicier qui kidnappe et torture des personnes qui ont échappé à la justice, et qui fait voter le public pour savoir s’il leur laissera la vie sauve. Le récit, glaçant de réalisme, dénonce les travers de la justice, l’impact profond des réseaux sociaux et celui des émissions à grande écoute. Les rebondissements multiples m’ont donné des sueurs froides. Les trois enquêteurs, au passé douloureux et tourmenté, se montrent très attachants et profondément humains. L’écriture de l’auteur est percutante, incisive, visuelle, avec cette pointe d’humour qui fait la différence. Un thriller coup de cœur à découvrir au plus vite !

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L'île des âmes

La culture nuragique, vous connaissez ?

Bienvenue en Sardaigne, de nos jours, où nous allons accompagner deux inspectrices qui ont toutes les deux été mises au placard et vont former ensemble une nouvelle unité chargée de résoudre des crimes anciens, les fameux "cold case".

Bon, l'association de deux femmes très différentes mais ayant toutes les deux vécu des choses affreuses est assez basique, mais ça ne m'a pas trop gêné. Ajoutons à cela un policier retraité et agonisant qui est obsédé par de vieux meurtres non résolus et qui va évidemment venir à la rescousse des deux inspectrices.

J'ai adoré découvrir à la fois cette région montagneuse et cette culture très particulière.

Certains passages semblent se dérouler il y a des centaines d'années, tellement les pratiques de certaines familles semblent ancestrales et surtout abominables.

Entre meurtres rituels, vieilles pratiques, occultisme, mythologie, folklore, sectes et enquêtes policières, on est servis, le lecteur ne s'ennuie pas un instant.

J'ai été étonnée car certaines pratiques mentionnées dans le roman et qui semblent d’origines sardes sont les mêmes que dans le film d'horreur "Midsommar" qui se déroule en Suède.

Un roman haletant et passionnant, mais à déconseiller aux âmes sensibles.

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