On s'étonnera peut-être de voir voisiner dans notre sélection Michel Zévaco et Margureite Yourcenar, La Varende et Koestler, Anatole France et John Fowles. Mais telle est la variété effective et d'un genre qu'on peut croire par ailleurs aisé à centrer et à définir. A qui veut lui faire des emprunts, l'Histoire fournit une matière inépuisable, et ne regarde pas l'usage qu'on en fait.
Plus qu'un livre, c'est le souvenir d'un livre qui compte. Lorsqu'on commence à le changer, à le modifier, à l'imaginer d'une autre façon. Toute cette rêverie autour d'un livre fait partie de sa lecture et compte beaucoup plus en définitive.
( Un texte de Jorge Luis Borges publié dans ce livre)
Quant au choix même des livres, comment nous justifier autrement que par des arguties oiseuses ?
Si beaucoup des œuvres s'imposaient à l'évidence, la plupart ont été élues par goût et certaines écartées avec des partis pris flagrants.
Cela ne se discute pas.
Disons seulement qu'en travaillant pendant deux ans à ce projet, nous avons pu entrevoir combien reste actuelle une indication de Confucius :
"La Culture véritable consiste à mesurer l'exacte étendue de son ignorance".
Un dernier doute sous forme d'interrogation : ce livre, "La bibliothèque idéale", doit-il prendre place dans une bibliothèque idéale ? Ou, tel un satellite ayant quitté l'atmosphère tout en continuant à communiquer avec la Terre, appartient-il déjà à un autre monde ?
Borges peut-être aurait aimé cette énigme.
(extrait de "Pourquoi une bibliothèque idéale ?", avant-propos inséré en début du volume paru aux éditions "Albin Michel" en 1988)
A l'origine de La Bibliothèque idéale, il y a d'abord le désir de répondre de façon pratique à une demande réitérée quotidiennement aussi bien chez les libraires qu'à l'école ou dans les journaux : que lire d'essentiel dans tel domaine, Voila pourquoi nous avons imaginé de proposer des conseils progressifs de lecture tels des emboîtages de cubes.
La Bibliothèque Idéale est le livre des meilleurs livres du monde. De plus chacun peut le compléter et le corriger à l'infini.
Je pense que les idiots disent des idioties, comme les pommiers produisent des pommes. C'est dans la nature, c'est normal. Le problème, c'est qu'il y a des lecteurs pour les prendre au sérieux. Là, évidemment, se trouve un problème qui mériterait d'être analysé.
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Leys admettait parfaitement la fameuse distinction de Proust contre la méthode critique de Sainte-Beuve : Chez un écrivain, il y a deux moi , le superficiel qui dine en ville et le profond qui imagine et invente un monde fabuleux . Comment expliquer ,sinon, qu'un livre de qualité littéraire exceptionnelle ait pu être écrit par un salaud ?
Nous confondons le sérieux et le profond. Dans un journal , les éditoriaux nous semblent a priori sérieux et les caricatures amusantes; oui, mais bien souvent l'éditorial n'est que verbeux tandis que les caricatures sont pénétrantes.
N'oublions pas, cependant, qu'au delà du mordant et de l'ironie réjouissante, la vraie satire a d'abord pour fondement une exigence de lucidité. Face au poids de l'imposture, une voix rebelle soudain s'élève pour dénoncer l'intolérable et peu importent les les précautions comme les conséquences : on se situe ici dans un impératif de probité.
Les Affinités électives (1809)
Le Procès (1925)
Michael Kohlhaas (1811)
La Montagne magique (1924)
L'Homme sans qualités (1930)
Ainsi parlait Zarathoustra (1885)
Les cahiers de Malte Laurids Brigge (1910)
La Marche de Radetzky (1932)
Manhattan Transfer (1925)
Le Bruit et la Fureur (1929)
Gatsby le magnifique (1925)
Le Vieil Homme et la Mer (1952)
Les ambassadeurs (1903)
Moby Dick (1851)
Lolita (1955)
Histoires extraordinaires (1856)
L'Attrape-cœurs (1951)
Les Aventures de Huckleberry Finn (1884)
Ceux d'en bas (1916)
Oeuvre poétique 1925-1965 (1970)
Cent ans de solitude (1967)
Paradiso (1966)
Chant général
Livre de Pablo Neruda
La Vie brève