Si vous n’avez pas lu ce livre, il est certain que vous en avez déjà entendu le titre, car c’est probablement l’un des romans du XVIIIème siècle les plus connus. Roman épistolaire, Les liaisons dangereuses représente pour l’époque un ouvrage osé car il s’agit là d’un véritable roman libertin sur la frivolité des mœurs et la manipulation amoureuse. Nous sommes alors en plein siècle des Lumières, dans une société malgré tout encore très marqué par le devoir, la religion, et bien évidemment le patriarcat. Sacrément gonflé alors ce Pierre Choderlos de Laclos, qui ose ici mettre en scène des gens de la Haute Société dans leur plus sordide apparat.
Les Liaisons dangereuses a été l’objet de moult films et pièces que je ne vais pas lister ici. La première adaptation cinématographique date de 1959 avec Jeanne Moreau et Gérard Philippe. Les gens de ma génération (ndlr : un peu plus de la trentaine aujourd’hui) ont davantage connu le remake américain Cruel Intentions avec Sarah Michelle Gellar et Ryan Philippe, dont la BO était bien ☺
Voici donc l’histoire de ce roman torturé aux multiples victimes.
• La marquise de Merteuil est une femme très respectée pour sa vertu dans toute la société parisienne. Mariée jeune, veuve quasiment après, elle inspire le respect par ses bonnes actions et sa disponibilité pour autrui. En réalité, la marquise est avant tout une grande libertine, cherchant à séduire à tout prix les hommes, notamment les plus inaccessibles, ce à quoi elle parvient toujours. Belle, intelligente, excessivement rusée, elle devient la confidente de tous, parvenant ainsi à tromper tout le monde, étant toujours au courant de tout. Mais sa condition de femme (et dire que nous sommes aujourd’hui le 8 mars et que peu de choses ont changé !) l’oblige à d’extrêmes précautions car une femme qui s’amuse de l’amour, c’est parfaitement honteux et inexcusable. Ainsi, seule dans ses tourments, la Marquise ne connaît qu’un seul confident, le Vicomte de Valmont, libertin absolu, qui est son ancien amant. Mais attention : Même si elle en a été la maitresse, la Marquise n’a jamais réellement succombé au Vicomte, ce qui énerve prodigieusement celui-ci.
• Le Vicomte de Valmont est typiquement l’ordure moderne tombeur de femmes. Très beau, extrêmement machiavélique, on ne lui connaît que des conquêtes, toujours abandonnées violemment. Doté d’une réelle réputation de Don Juan, il est tout autant méprisé qu’adulé par les gens de sa classe sociale, chez qui malgré tout il inspire une certaine fascination. A la différence de la Marquise (re-spéciale dédicace à la journée du 8 mars), il s’enorgueillit de ses succès amoureux et raconte à qui veut l’entendre chacune de ses liaisons… Un jour, le Vicomte va décider de séduire la présidente de Tourvel, jeune femme fraîchement mariée, symbole de vertu et de paix. C’est ce défi-là qui va causer sa perte, car il va en tomber amoureux malgré lui.
Le roman traite essentiellement de la relation entre la Marquise et le Vicomte. Nous lisons l’ensemble de leurs échanges de courriers et comprenons assez rapidement le pari : la Marquise met au défi le Vicomte de séduire la Présidente de Tourvel, ce qu’elle pense impossible. Si le Vicomte y parvient, alors il gagne la seule femme lui ayant jamais tenu tête : la Marquise elle-même…
Si jamais vous ne connaissez pas l’histoire de ce roman anthologique, je ne peux pas vous en dire plus car c’est justement tout l’intérêt de la découvrir… Mais ce que je peux vous assurer, c’est que c’est absolument génial de perfidie, manipulation, surnoiserie et orgueil. Toutes les mauvaises facettes de notre humanité s’y retrouvent et c’est avec plaisir qu’on avance dans l’ensemble des échanges de lettres, en voyant certains devenirs victimes, puis bourreaux, puis re-victimes etc.
A se demander qui Pierre Choderlos de Laclos a rencontré comme personnes pour savoir décrire si justement le malin de l’esprit humain ?
A titre informatif, je n’ai pas « lu » ce roman, mais l’ai « écouté » grâce à l’application Audible d’Amazon. Comme le roman est épistolaire, cela s’y prêtait parfaitement, et ce d’autant plus que c’est Karin Viard qui interprète la Marquise et Thibault de Montalembert qui « joue » le Vicomte…
Indépendamment de ces travers psychologiques, ce roman est une très bonne peinture de la société de l’époque et même hélas de celle d’aujourd’hui : orgueil de posséder (les objets et les gens), passions amoureuses qu’on pense être de l’amour, et surtout différences de regards sur la vie que peuvent mener les femmes en comparaison de celles des hommes. Lorsque l’on est femme, peu de choses sont autorisées, et certainement pas mettre à mal sa vertu. En revanche, quand on est un homme, on est simplement un Don Juan un peu perdu qui un jour bien évidemment se rangera…
Les stéréotypes ont la vie dure ; Duras et Badinter n’ont pas tout réglé…
Jo la Frite
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