L'Infante.
L'amour est un tyran qui n'épargne personne.
Acte I, scène 2.
Sa douleur a trahi les secrets de son âme.
Néarque
Quoi ! Vous vous arrêtez aux songes d’une femme !
De si faibles sujets troublent cette grande âme !
Et ce cœur tant de fois dans la guerre éprouvé
S’alarme d’un péril qu’une femme a rêvé !
Polyeucte
Je sais ce qu’est un songe, et le peu de croyance
Qu’un homme doit donner à son extravagance,
Qui d’un amas confus des vapeurs de la nuit
Forme de vains objets que le réveil détruit ;
Mais vous ne savez pas ce que c’est qu’une femme ;
Vous ignorez quels droits elle a sur toute l’âme
Quand, après un long temps qu’elle a su nous charmer,
Les flambeaux de l’hymen viennent de s’allumer.
Pauline, sans raison dans la douleur plongée,
Craint et croit déjà voir ma mort qu’elle a songée ;
Elle oppose ses pleurs au dessein que je fais,
Rome, l'unique objet de mon ressentiment!
Rome, à qui vient ton bras d'immoler mon amant!
Rome qui t'a vu naître, et que ton coeur adore!
Rome enfin que je hais parce qu'elle t'honore!
Ma plus douce espérance est de perdre l'espoir
(L'infante, Acte I Scène 2)
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ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie !
N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers
Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ?
Mon bras qu'avec respect toute l'Espagne admire,
Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire,
Tant de fois affermi le trône de son roi,
Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi ?
ô cruel souvenir de ma gloire passée !
Oeuvre de tant de jours en un jour effacée !
Nouvelle dignité fatale à mon bonheur !
Précipice élevé d'où tombe mon honneur !
Faut-il de votre éclat voir triompher le comte,
Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte ?
Comte, sois de mon prince à présent gouverneur ;
Ce haut rang n'admet point un homme sans honneur ;
Et ton jaloux orgueil par cet affront insigne
Malgré le choix du roi, m'en a su rendre indigne.
Et toi, de mes exploits glorieux instrument,
Mais d'un corps tout de glace inutile ornement,
Fer jadis tant à craindre, et qui, dans cette offense,
M'as servi de parade, et non pas de défense,
Va, quitte désormais le dernier des humains,
Passe, pour me venger en de meilleures mains.
Aux âmes biens nées, la valeur n'attend point le nombre des années.
Chimène : Ôte-moi cet objet odieux,
Qui reproche ton crime et à vie à mes yeux.
Rodrigue :Regarde-le plutôt pour exciter ta haine,
Pour croître ta colère et pour hâter ma peine.
Chimène : Il est teint de mon sang.
Rodrigue : Plonge-le dans le mien,
Et fais-lui perdre ainsi la teinture du tien.
Chimène : Ah ! quelle cruauté, qui tout en un jour tue
Le père par le fer, la fille par la vue !
Ôte-moi cet objet, je ne le puis souffrir :
Tuveux que je t'écoute, et tu me fais mourir !
Eh bien ! sans vous donner la peine de poursuivre,
Assurez-vous l'honneur de m'empêcher de vivre.
Si le ciel en naissant ne m'a fait grand seigneur, il m'a fait le coeur ferme et sensible à l'honneur, et je suis homme à rendre un jour ce qu'on me prête
Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées la valeur n'attend point le nombre des années.
O rage ! O désespoir ! O vieillesse ennemie ! N’ai-je donc tant tant vécu que pour cette infamie ?
"Le théâtre est un fief dont les rentes sont bonnes"
Le cuisant souvenir d'une action méchante
Soudain au moindre mot nous donne l'épouvante.
Je meure, s'il n'est vrai que la moitié du monde
Sur l'exemple d'autrui se conduit et se fonde!
Celui-là fait le crime à qui le crime sert.
A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.
... quiconque prend se vend.
Plusieurs citations :
Nous n'avons qu'un honneur, il est tant de maîtresses !
L'amour n'est qu'un plaisir, l'honneur est un devoir.
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Ma passion s'oppose à mon ressentiment ;
Dedans mon ennemi je trouve mon amant ;...
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A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.
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Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées,
La valeur n'attend point le nombre des années.
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Et l'on peut me réduire à vivre sans bonheur,
Mais non pas me résoudre à vivre sans honneur.