Citations de Pierre Corneille (1034)
Qui ne craint point la mort ne craint point les menaces.
J’ai le cœur au-dessus des plus fières disgrâces;
Et l’on peut me réduire à vivre sans bonheur,
Mais non pas me résoudre à vivre sans honneur.
À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.
Je cherche le silence et la nuit pour pleurer
Vivez, Seigneur, vivez, afin que je languisse,
Qu'à vos feux ma langueur rende longtemps justice;
Le trépas à vos yeux me semblerait trop doux,
Et je n'ai pas encore assez souffert pour vous.
Je veux qu'un noir chagrin à pas lents me consume,
Qu'il me fasse à longs traits goûter son amertume,
Je veux, sans que la mort ose me secourir,
Toujours aimer, toujours souffrir, toujours mourir.
Horace Rodogune Nicomède Andromaque Bérénice Iphigénie
Au milieu toutefois d’une fureur si juste, j’aime encor plus Cinna que je ne hais Auguste.
Il m'échappe, suivons, et forçons-le de voir
Qu'il peut en faisant grâce affermir son pouvoir,
Et qu'enfin la clémence est la plus belle marque
Qui fasse à l'Univers connaître un vrai Monarque.
Et le combat cessa faute de combattants.
MEDEE :
Il aime ses enfants, ce courage inflexible :
Son faible est découvert ; par eux il est sensible,
Par eux mon bras, armé d'une juste rigueur,
Va trouver des chemins à lui percer le coeur.
JASON
Je dois tout à Médée, et si je ne puis sans honte
Et d'elle et de ma foi tenir si peu de conte ;
Je dois tout à Créon, et d'un si puissant roi
Je fais un ennemi, si je garde ma foi.
NDL : et voilà le dilemme cornélien posé !
CLARICE
De le croire à l'aimer la distance est petite,
Qui fait croire ses feux fait croire son mérite,
Ces deux points en amour se suivent de si près,
Que qui se croit aimée aime bientôt après.
IV,9
DORANTE
La poudre que tu dis n'est que de la commune,
On n'en fait plus de cas ; mais, Cliton, j'en sais une
Qui rappelle si tôt des portes du trépas,
Qu'en moins d'un tournemain on ne s'en souvient pas.
Quiconque la sait faire a de grands avantages.
CLITON
Donnez-m'en le secret, et je vous sers sans gages.
IV,3
CLITON
Certes, vous dites vrai, j'en juge par moi-même,
Ce n'est point mon humeur de refuser qui m'aime,
Et comme c'est m'aimer que me faire présent,
Je suis toujours alors d'un esprit complaisant.
DORANTE
Il est beaucoup d'humeurs pareilles à la tienne.
IV,1
DORANTE
Je me suis souvenu d'un secret que toi-même
Me donnais hier pour grand, pour rare, pour suprême.
Un Amant obtient tout, quand il est libéral.
CLITON
Le secret est fort beau, mais vous l'appliquez mal.
Il ne fait réussir qu'auprès d'une coquette.
IV,1
DORANTE
Le Ciel fait cette grâce à fort peu de personnes.
Il y faut promptitude, esprit, mémoire, soins,
Ne se brouiller jamais, et rougir encore moins.
III,4
ISABELLE
(...)
Mais qu'allez-vous donc faire, et pourquoi lui parler ?
Est-ce à dessein d'en rire, ou de le quereller ?
CLARICE
Je prendrai du plaisir du moins à le confondre.
ISABELLE
J'en prendrais davantage à le laisser morfondre.
III,3
DORANTE (seul)
- - - Je revins hier au soir de Poitiers,
D'aujourd'hui seulement je produis mon visage,
Et j'ai déjà querelle, amour et mariage ?
Pour un commencement, ce n'est point mal trouvé.
Vienne encore un procès, et je suis achevé.
II,8
CLARICE
Cette chaîne qui dure autant que notre vie,
Et qui devrait donner plus de peur que d'envie,
Si l'on n'y prend bien garde, attache assez souvent
Le contraire au contraire, et le mort au vivant ; (...)
II,2
DORANTE
(...) Jugez par là quel bien peut recevoir ma flamme
D'une main qu'on me donne, en me refusant l'âme,
Je la tiens, je la touche, et je la touche en vain,
Si je ne puis toucher le cœur avec la main.
I, 2.
CLITON
(...) Vous avez l'appétit ouvert de bon matin.
D'hier au soir seulement vous êtes dans la ville,
Et vous vous ennuyez déjà d'être inutile !
Votre humeur sans emploi ne peut passer un jour,
Et déjà vous cherchez à pratiquer l'amour !
I, 1 (vers 24 à 28)