Pierre Gaxotte

J'aime beaucoup les livres d'occasion car ils ont un passé, un vécu. De ce fait, il n'est pas rare que j'aille chez Emmaüs où l'on trouve souvent de petites pépites. J'y ai trouvé récemment ce manuel datant de 1960. Je n'ai pas hésité une seule seconde ! Et zou, dans mon panier, en compagnie des autres bouquins qui avaient eu la joie d'être sélectionnés.



Je dois avoir à peu près une quinzaine de manuels d'Histoire. Je trouve intéressant de pouvoir les comparer et, également, d'en avoir d'époques différentes. Croyez-moi, celui-ci ne s'apparente à aucun autre. Vous allez me dire, "l'Histoire, c'est l'Histoire"... Qu'a-t-il de plus que les innombrables livres qui sortent sur le sujet ? Le ton employé M'ssieurs-Dames, le ton employé ! On est loin du discours professoral, pompeux, pédant et ennuyeux que l'on peut trouver dans certains exemplaires. Attention, cela ne veut pas dire pour autant que les périodes ne sont pas traitées avec sérieux. Loin de là ! Mais quelle aisance dans la lecture ! Et, ce qui ne gâche rien, de nombreux documents iconographiques viennent illustrer le propos. Que réclame le peuple, hein ?
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Il y a plusieurs façons de rédiger une autobiographie…

Il y a la chronologique…

Il y a la thématique…

Il y a le rassemblement de miscellanées…

Etc…

Dans « Mon village à moi », Pierre Gaxotte nous livre un texte thémato-chronologique… Je m’explique : nous sommes devant un assemblage de courtes chroniques (deux à quatre pages) organisées par thèmes, chaque thème étant chargé de soutenir une période de la vie de l’auteur. On voit d’abord Pierre Gaxotte évoluer enfant dans son village lorrain, puis à l’école, enfin en pension au collège et au lycée.

Nous sommes avant la guerre de 14, et la vie est dure en province, même pour une famille bien ancrée comme l’est la famille Gaxotte : le père est notaire... nous sommes témoins d’une vie simple, basée sur l’économie de tout : un sou est un sou, pas de gaspillage.

Une vie simple et tournée vers l’excellence : Pierre Gaxotte, boursier se verra souvent signifier que « la République fera quelque chose pour lui ». Et elle le fit : École Normale Supérieure en 1917, reçu premier à l’agrégation d’histoire en 1920, Pierre Gaxotte entrera à l’Académie Française en 1953…

Un remarquable livre où Pierre Gaxotte évoque avec tendresse son enfance ; un livre qui nous plonge dans la vie provinciale au début du XX ème siècle ; et quelle belle prose !

Plus qu'un livre d'Histoire, plus qu'une explication de la révolution française, ce livre est une plaidoirie pour l'ancien régime et surtout pour la monarchie.

Pierre Gaxotte, avocat de la défense de son roi est à la barre.

Son propos est bien amené, construit, logique. Sa démonstration est intelligente voire même brillante. L'auteur du plaidoyer est un défenseur redoutable et un écrivain talentueux.

On sent qu'il va convaincre et nous amener à baisser gentiment le pavillon de la République.

Pourtant voilà qu'au fil des pages, le lecteur, virulent républicain qu'il ne peut s'empêcher d'être, pense percevoir une certaine mauvaise foi qui viendrait malheureusement teinter le discours.

Comment ! Ne savez-vous point, qu'au temps de Louis XII, le villageois avait pour son rude baron un respect familier qui le faisait l'inviter à tous les repas de familles ?

Ignorez-vous qu'à la nuit tombante, seigneurs et laboureurs de retour de la foire, après avoir échangé quelques verres et bonnes plaisanteries, s'en retournaient ensembles fièrement campés sur la même rossinante ?

L'auteur de cet ouvrage, Pierre Gaxotte, nous offre là une historiographie monarchiste et conservatrice de la révolution.

Le propos est, aujourd'hui, désuet et a perdu de son acuité politique. Pourtant ce livre, écrit d'un style élégant, conserve un intérêt majeur pour le lecteur moderne.

Il serait comme le récit, fait, au fil du temps, par un partisan du roi, des soubresauts et des troubles de la révolution française.

Il pourrait prendre ce titre de souvenirs apocryphe d'un fidèle à son souverain.

Cet ouvrage s'inscrit dans la même veine qu'une histoire de France rédigée par Jacques Bainville. Sa lecture peut expliquer par l'orientation de son propos bien des méandres de l'Histoire de France.

Avec sa Révolution française, Pierre Gaxotte nous permet de sortir de l'aveuglement issu du romantisme révolutionnaire. S'appuyant sur sa grande érudition et son talent d'historien, il dénoue l'écheveau des événements, de leurs causes, de leurs répercussions. Il nous donne à voir aussi à quel point l'histoire en marche s'est nourrie de la profonde médiocrité de ses acteurs : arrivistes, cupides, mesquins, coupables de crimes de droit commun et ne tenant l'apparence de leur génie qu'à celui des circonstances et de l'histoire. On mesure enfin à quel point la révolution a été une véritable boucherie, du début à la fin.



Les portraits que Pierre Gaxotte brosse des principaux protagonistes sont très réussis :

- Malesherbes : « Il se met en quatre pour allumer la révolution et protéger les incendiaires »,

- Mirabeau : « On parlait couramment de sa bassesse, de sa vénalité, de ses vices. Il parviendra à séduire, à convaincre, à arracher certains votes, il aura de l'influence, il n'aura jamais l'autorité. »

- Danton : « Très endetté, dévoré de besoins, esclave d'un tempérament tyrannique, il se jeta dans la révolution comme un moissonneur dans un champ. Eloquence brutale, figure de dogue, mufle puissant : c'est le Mirabeau de la Canaille. »

- Robespierre : « Il a peu vécu et son expérience des choses est bornée. le club [des Jacobins] est une société artificielle construite au rebours de la société véritable. Il a l'intelligence formaliste, sans grande prise sur le réel ? Au club, l'action ne compte pas, mais la parole. »

- Saint-Just : « S'il n'était pas d'une bravoure à toute épreuve, on dirait que c'est un théoricien excité ».

- Siéyès : « Il bénéficie de la force immense attachée à ceux qui ont l'art de se faire désirer. […] Il est mystérieux, profond, inintelligible. »

- Fouché : « Il avait vécu misérablement, tâtant de tous les métiers, rôdant autour du pouvoir, prêt à toutes les besognes pourvu qu'elles fussent bien payées. »



On sort de cette lecture avec un immense sentiment de gâchis et d'occasions manquées.

Le prix Nobel d’économie 1974, Friedrich Hayek, pose la question de savoir si une société de liberté peut prendre ses racines sur la violence. L’ouvrage de Pierre Gaxotte donne des éléments de réponse à cette question.

Pendant toutes mes études secondaires, je n’ai jamais entendu autre chose qu’une apologie de la Révolution française, ainsi que de Rousseau et de son ‘Contrat social’. Pierre Gaxotte apporte un autre son de cloche bienvenu.

J’ai découvert ce livre par hasard. Aujourd’hui, je le garde toujours à portée de la main.

« Je prie le lecteur de l[e] traiter comme une bagatelle ». Ainsi s’achève le texte en quatrième de couverture par lequel Pierre Gaxotte présentait ce petit livre, en 1972.

Un texte remanié, peu après les événements de mai 68, dont la première mouture, rédigée en 1954 était précisément une commande de Pierre Brisson du « Figaro » pour servir de support à un jeu destiné à quelques sommités littéraires.



On est surpris de découvrir en Pierre Gaxotte, historien spécialiste de l’Ancien Régime, comme une jubilation à écrire une pareille farce…malgré une honte facilement avouée et assumée pour les emprunts à Voltaire…

Un petit conte satirique et néanmoins une photographie sans concession de la société de l’immédiat après 68…



Des remarques, des critiques, même, qui prêteraient à rire, si elles n’étaient pas, pour la plupart, toujours d’actualité…

Pierre Gaxotte nous fait partager la nostalgie de son enfance, de son éduction à travers de judicieux chapitres organisés par thèmes et souvenirs attachés à son village lorrain.

Le lecteur clôt le XIX° siècle, aborde le XX° et découvre avec lui le progrès naissant, source de bouleversements sociologiques, pour le meilleur et... le pire.

Le style savoureux de Pierre Gaxotte, "historien-académicien", sert parfaitement cette belle et sobre œuvre de terroir.

Très bon livre de Pierre Gaxotte qui relate l'histoire de cette révolution française baignée dans le sang et l'anarchie. A lire absolument

Cette histoire d'un Huron millionnaire grace au pétrole qui débarque à Paris après mai 68 n'a pas beaucoup d'intérêt. Ce nouvel ingenu rencontre un philosophe alcoolique, une journaliste de mode d'un magasine de tricot, un chanteur (à la mode lui aussi), un groupe d'étudiants fêtards...

Toutes ces rencontres ne sont que prétexte pour décrire les travers de la bonne société de cette epoque... Il n'y a plus de bon sauvage aujourd'hui (en 2023), mais si il y en avait un, que penserait il de notre société actuelle ?

Ouvrage sur une période passionnante de l'histoire de France, j'ai dévoré l'histoire de ce siècle (on ne parle pas seulement de Louis XV, mais également des autres personnalités importantes en France pendant et avant son règne). Notamment, le cardinal Fleury, principal ministre pendant l'enfance et la jeunesse du Roi est longuement évoqué. Celui-ci atteint les postes de responsabilité à un âge où certains prennent leur retraite, et reste vif et alerte jusqu'à environ 90 ans. Quelques anecdotes croustillantes datent également de cette époque, je me souviens notamment du ministre, M. de Silhouette, qui selon beaucoup, par son passage éclair dans un ministère aurait donné lieu au nom commun "silhouette". Quelques guerres importantes ont eu lieu pendant le règne de Louis XV, notamment celle de sept ans, qui s'est traduit par la perte du Canada français. Ce sujet est amplement discuté, et la thèse de Gaxotte est que le Canada français n'avait pas assez attiré de colons, de sorte que la perte de cette colonie était inévitable. C'est bien écrit, dans un style à la fois imagé et efficace.

Excellent ouvrage pour mieux connaître ce règne, avec tous ces Grands, un règne qui commence sur les chapeaux de roues et finit à deux doigts du désastre, avec la victoire inattendue de Villers à Denain. On y apprend que le roi Louis XIV était un bourreau de travail, qu'il a bénéficié au début de son règne d'une génération dorée dont les Fouquet, Louvois et Colbert son les principaux représentants, mais que cette génération s'est éteinte avant la fin du règne sans laisser de successeurs à leur hauteur.

Ce volume est une nouvelle offrande de la boîte à livres de mon quartier (et sans doute emblématique de ses tendances politiques, en tout cas anciennes!). En une série de chapitres courts, écrits dans une langue claire, élégante et sans apprêts ou presque, Gavotte évoqué ses souvenirs, brosse des portraits depuis l'époque où il entra en khâgne.



Il se rappelle ainsi deux de ses professeurs de classes préparatoires, l'un probe et travailleur (qui annota ainsi la première copie du jeune Gavotte: "Votre version [latine] est un scandale, votre commentaire, un méfait", l'autre brillant et dilettante; il décrit ses collègues de l'Action française, en particulier Maurras, Bainville et Léon Daudet, mais aussi sa femme de chambre dans des lignes assez touchantes. Son village lorrain, la ville de Normandie où il occupa son poste de jeune agrégé, le quatorzième arrondissement où il loge actuellement sont aussi dépeints.



Bref d'intéressants souvenirs pour qui s'intéresse à la vie littéraire et journalistique dans la mouvance royaliste des années 1914-1950 (en gros) ou à la condition d'un jeune professeur vers 1920: si ce sont des sujets qui laissent indifférent, on passera son chemin. Il convient de noter que les opinions de Gaxotte sont bien reconnaissables mais restent à l'arrière-plan, essentiellement à travers quelques rapprochements entre jadis et les temps présents (le milieu des années 1970).

En grand spécialiste du XVIIIe siècle, Pierre Gavotte nous présente un tableau détaillé de Paris dans de nombreux domaines, qui permet d'avoir une meilleure vision de ce ville qui ne cessait de s'agrandir, de se moderniser. Une très grande partie du livre est passionnante alors que quelques sujets m'ont moins intéressé. Les illustrations permettent également de mieux s'imprégner de cette époque.

Au-delà des bouleversements politiques profonds, Gaxotte nous fait comprendre le cahos "économique" qui y fut associé, et qui a certainement traumatisé durablement les campagnes, dans une France alors essentiellement rurale : instabilité monétaire, cadre légal constamment remis en cause... toutes choses ayant provoqué la méfiance du plus grand nombre car associées à la Ière République. Si nous avons dû attendre 1871 et la IIIème pour que ce régime devienne pérenne et légitime, ce n'est certainement pas par hasard...

Un panorama très complet de la vie des français, petits et grands, au Grand Siècle du Roi Soleil à la cour de Versailles et dans les provinces à la guerre comme dans la paix.