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Citations de Pierre Jouventin (22)


L'écologie scientifique, qui traite des rapports entre n'importe quel être vivant et son milieu, est confondue avec l'écologie politique qui traite uniquement de l'homme et qui est apparue un siècle plus tard. [...] Les professionnels de l'écologie scientifique ont tenté d'échapper à la confusion croissante avec les militants écologistes en se qualifiant d'écologues. Cela n'a guère fonctionné ; il n'est cependant pas vain de rappeler le sens des mots, en particulier parce que beaucoup d'entre nous parlent d'écologie en ignorant qu'elle est d'abord une science avant d'être un sujet d'actualité, voire de débats.
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Le loup est l'animal au sujet duquel les hommes ont le plus fantasmé.
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Les originaux qui élèvent des cochons chez eux et qui s'émerveillent de leur sociabilité sont donc souvent considérés, ainsi que nous l'avons été avec Kamala, comme des fous.
En revanche, les éleveurs hors sol qui sanglent les truies, qui meulent leur dents et qui ne leur fournissent pas de litière paraissent des gens respectables, même s'ils provoquent des stéréotypies chez cette espèce beaucoup plus intelligente, propre et sociable qu'on ne le croyait. Or ces élevages représentent 90 % des porcheries de notre pays, troisième producteur européen avec un millions de truies.
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La cohabitation avec Kamala nous a obligés, sous peine de représailles, à nous préoccuper de son bien-être et, ainsi, nous avons été amenés à voir ce canidé comme un membre important de la famille, sans considération de la différence entre espèces. Sans doute bien des amis des bêtes y sont parvenus sans avoir besoin de passer par là, mais il existe aussi des maîtres de chiens qui, sans être des esclavagistes, remplissent leur devoir sans y attacher d'importance, car un chien n'étant pas un loup ils ne sont pas constamment houspillés quand ils oublient de se préoccuper de leur compagnon qui ne revendique pas une égalité de statut. A la manière dont un homme de couleur n'apprécie pas le racisme ou une femme, le sexisme, un loup en appartement exige d'être traité en égal : il constitue un perpétuel rappel à l'ordre contre la discrimination spéciste !
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Pierre Jouventin
La plupart des espèces s'adaptent à leur milieu. L'homme ne le fait pas et il va droit dans le mur.
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"Quand votre chien saute sur votre lit, c'est qu'il adore votre compagnie.
Quand votre chat saute sur votre lit, c'est qu'il adore votre lit."
Alisha Everett
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Pour Claude Lévi-Strauss, les enfants loups de Midnapore sont assimilables à des débiles congénitaux et pour Bruno Bettelheim à des autistes. I lest vrai que la plupart des enfants dits sauvages, dont les plus célèbres sont Victor de l'Aveyron (1799) et Gaspard Hauser de Nuremberg (1828), sont en réalité des cas d'isolement social, d'abandon ou de claustration par les parents, ce qui a entraîné un arrêt du développement psychique et souvent l'incapacité de parler. Il est vrai aussi que certains enfants autistes refusent le port de vêtements. Mais s'il est indéniable que certains enfants fous évitent le contact humain ou que beaucoup d'enfants dits sauvages sont en réalité des cas d'isolement social, il n'en reste pas moins que des comportements originaux et liés à la biologie des parents adoptifs ont pu apparaître chez certains enfants dits sauvages, c'est-à-dire d'enfants ayant vécu surtout avec des animaux.
Notre témoignage d'élevage d'une louve en appartement ne peut en rien trancher cette querelle sans fin sur les enfants-loups. Si, malgré tout, ce débat est si passionné et a duré si longtemps, c'est que son enjeu dépasse l'anecdote journalistique et animalière pour poser le problèmes des racines animales de l'homme. On a longtemps cru que les enfants sauvages, plus encore que les grands singes, représentaient un stade antérieur, intermédiaire entre l'animal et l'homme, et qu'ils allaient nous donner les clefs de la nature humaine.
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Au terme de ce voyage effectué depuis notre salon, nous avons fait plus ample connaissance avec les trois prédateurs de notre monde : le chat, ce mini-fauve qui fait entrer la jungle dans notre intimité, avec néanmoins une immense délicatesse ; le chien, cet ado éternel proche de la perfection sociale de son ancêtre le loup, par sa capacité d'empathie, de partage, d'entraide et d'altruisme ; enfin le singe génial et original que nous sommes, qui a longtemps chassé en clans comme le loup, mais qui cherche à oublier ce passé honteux et à trouver ses limites...
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Un chien ou même un chat qui finit votre plat, ce n'est pas seulement une affaire de calories et de gourmandise, c'est aussi un partage d'affection, comme au temps où la meute partageait le butin après la chasse.
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en préface, Boris Cyrulnik dit:
C'est très dangereux de savoir de quoi on parle parce que ça détruit les mythes que les êtres humains vénèrent. L'Histoire occidentale a donné au loup une place tragique. Un animal tueur d'enfants, un être vivant dont les pouvoirs maléfiques sont la cause d'un grand nombre de tragédies humaines mérite la mort, n'est-ce pas? Il devient moral de le persécuter afin de protéger les siens et son bétail.
Seulement voilà, les loups réels sont différents des loups imaginés! Ils sont beaux quand ils sont adultes et adorables sous la forme d'un nouveau-né. On a tant envie de s'en occuper qu'on marque notre empreinte en eux, provoquant ainsi un intense attachement réciproque qui permet de les côtoyer, de mieux les comprendre et même de découvrir leur monde mental. En écrivant ces lignes, je viens de poser un problème biologique (l'empreinte), un problème psychoaffectif (l'attachement qui constitue actuellement la théorie la plus citée en psychologie humaine) et un problème philosophique : Kamala a-t-elle une âme ? Ou au moins un monde mental, composé de représentations intimes, une mémoire acquise au cours de son développement dans la famille Jouventin.
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La cohabitation avec Kamala n'a pas seulement remis en question mes habitudes domestiques. Bien au-delà, elle m'a amené à douter des oppositions rhétoriques qui nous sont inculquées par notre éducation et qui me paraissaient des évidences (animal/homme, nature/homme, nature/culture, instinct/apprentissage, inné/acquis, sauvage/civilisé ou domestique, etc). L'homme n'est pas l'être d' "anti-nature" dont parlaient les philosophes de la liberté. Il n'est pas plus séparé de son environnement que le poisson rouge de son bocal. (...) Ma carrière scientifique m'a fait découvrir les capacités des oiseaux et mammifères, qui sont si incroyables et proches des nôtres, comme l'a montré l'éthologie moderne, alors que nous continuons à raisonner sur les mêmes bases que La Fontaine et Descartes, il y a trois siècles et demi. La réflexion sur les loups et les chiens m'a peu à peu fait descendre du piédestal où nous place l'humanisme anthropocentré et elle m'a ouvert à un *humanisme élargi* prenant en compte la communauté des vivants. Il ne s'agit pas seulement d'un point de vue anticonformiste et d'une révolte en faveur de la cause animale, mais d'une révolution conceptuelle encore plus radicale que celle de 1789 et des Lumières, puisqu'elle remet en question la philosophie occidentale fondée sur l'anthropocentrisme.
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" Ne sous-estimons pas la probabilité que l'éducation, inculquant aux enfants la croyance en Dieu, puisse produire un effet puissant et peut-être héréditaire sur leur cerveau encore malléable, et que se débarrasser de la croyance en Dieu leur serait aussi difficile que, pour un singe, de se débarrasser de la peur instinctive du serpent."
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"L'homme, par son égoïsme trop peu clairvoyant pour ses propres intérêts, par son penchant à jouir, de tout ce qui est à sa disposition [...], semble travailler à l'anéantissement de ses moyens de conservation et à la destruction même de sa propre espèce".

Jean-Baptiste Lamarck, Discours d'ouverture du cours de l'an VIII (1799-1800)
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Il ne faut pas croire l'opinion courante qui affirme que le loup aspire l'eau alors que le chien lape. Tous deux boivent en lapant. Le loup se distingue assez bien des chiens par ses empreintes larges, sa denture et son crâne. Il place les pattes de derrière exactement dans les traces de celles de devant alors que le chien les pose au milieu.
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Car, comble de la folie, non seulement nous avons adopté un loup, mais nous l'avons fait dans un appartement, et non à la campagne dans un vaste enclos, comme c'est toujours le cas pour les amoureux des loups. Paradoxalement, ce fut la chance du scientifique, à défaut d'être celle du père de famille, car nous avons vécu avec Kamala dans une intimité forcée qui recréa les liens sociaux très forts d'une meute et nous permit de découvrir les sentiments les plus profonds de cet animal longtemps impossible à étudier sur le terrain. Cela me conféra un point d'observation sans pareil sur le loup.
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Pierre Jouventin
l'homme moderne est un animal raté.
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Ce n'était pas la première fois que j'installais un animal sauvage dans des conditions rocambolesques. Quelques années auparavant, j'avais rapporté d'Afrique des mandrills que j'avais achetés à des chasseurs gabonais qui avaient tué leur mère et les gardaient attachés devant leur case. J'avais placé la bande de singes dans l'animalerie de l'institut dans lequel je travaillais, à Marseille. Il s'agissait de locaux pour souris et mes singes eurent vite fait d'arracher les grilles des canalisations de climatisation pour explorer les tuyaux. Accédant aux toits et redescendant par les gouttières, les plus hardis pointaient leur museau à l'extérieur des fenêtres pour observer le personnel de l'institut au travail, provoquant la très grande peur de bien des techniciennes. Heureusement, le parc zoologique de Montpellier, intéressé par la présentation d'une nouvelle espèce, me proposa un enclos. Les mandrills déménagèrent dans l'Hérault. Je les suivis avec ma famille pour les observer.
L'aventure des mandrills s'était bien terminée. Celle de l'arrivée d'un loup était plus risquée mais, au moins, ne concernait que ma famille.
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en préface, Boris Cyrulnik dit:
Kamala ne savait pas que ses ancêtres avaient participé à une telle révolution culturelle mais, en s’attachant à la famille Jouventin, elle a permis de poser une série de problèmes philosophiques. Quand elle vole au secours d’un de ses proches qui risque de se noyer et le ramène à la berge en le tirant par un bras, elle témoigne d’un altruisme qui solidarise le groupe familial. Quand elle décode le moindre indice comportemental émis par le corps de ceux qu’elle aime, la louve prouve qu’elle est capable de cette empathie que de nombreux philosophes considèrent comme le fondement de la morale. Quand elle inhibe un comportement d’attaque envers un proche qui l’irrite ou qui transgresse un rituel d’interaction, elle manifeste une aptitude à freiner l’expression de ses émotions, une sorte d’interdit préverbal.
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D’où ce récit à trois niveaux. Celui de la famille – ma
femme, mon fils et moi – qui découvrit et éleva un loup,
le plus souvent avec amour et joie, parfois dans l’exaspération.
Celui de l’éthologiste et de l’écologue qui observait,
analysait et vérifiait des hypothèses. Enfin, celui de l’écologiste
citoyen ou, comme on disait à l’époque de La Fontaine,
du « moraliste » qui s’appuie non sur une fable mais sur les
récentes découvertes en éthologie et en préhistoire. Comme
une « leçon de choses » d’antan, chaque chapitre de ce livre
commencera par des « anecdotes » sur Kamala et de ces
observations seront tirés des enseignements. Ainsi, nous
expliquerons les comportements d’un loup de ville par ceux
de ses congénères qui vivent dans la nature et les moeurs du
« meilleur ami de l’homme », le chien, par ceux de leur
ancêtre, avant de conclure sur l’homme.
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Cela ne veut pas dire nécessairement que le misanthrope répétant : « Plus je connais les gens, plus j’aime les bêtes » ait raison, mais l’éthologie est un antidote, une psychanalyse ultime qui apprend à rechercher les causes biologiques de nos actes.
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