Il ne suffit pas de manger bio pour changer le monde : conversations avec
Pierre Rabhi
Sophie Caillat et
Pierre Haski -- photos Audrey Cerdan « Ce n'est pas parce qu'on va tous manger bio que le monde va changer. On peut manger bio et recréer nos tares fondamentales. L'aventure humaine ne doit pas se résumer à l'économie d'énergie ou à l'innovation. L'aventure humaine, c'est comment devenir une société qui soit belle, rayonnante, légère. »
Pierre Rabhi s'est installé en 1960 sur une terre rocailleuse et sèche d'Ardèche, en rupture avec l'aliénation du monde industriel. Au fil des années, cet autodidacte a développé des méthodes innovantes d'agroécologie, le bio bien avant la mode, et une pensée originale et décapante sur notre monde et le moyen de le transformer radicalement. Rue89 est allé à sa rencontre, dans sa ferme de Monchamp où il vit toujours, dans une nature qui le nourrit d'abord spirituellement. Dans cette conversation à bâtons rompus,
Pierre Rabhi revient sur son parcours hors du commun, de sa naissance algérienne dans une famille de forgeron musulman, à son aura qui dépasse de beaucoup le cercle de l'écologie. Ce paysan-philosophe récuse l'idée qu'il soit devenu un « gourou », même s'il est une source d'inspiration pour beaucoup, et a généré un courant qui s'inspire de ses idées. Au coeur de sa démarche : le changement par l'exemplarité, la création d' « oasis » de vie et de travail où s'ébauche la société de demain. Mais en même temps, comme Gandhi, il pense que l'homme doit « changer lui-même pour changer le monde », que manger bio ne suffit
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