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Citations de Polina Panassenko (144)


Au début, je pensais que parler français sans accent ça voulait dire sans qu'on sache que je suis russe. (...)
Mais à Saint-Étienne on peut parler français sans accent et avoir l'accent stéphanois. On peut le cumuler. Stéphanois + russe. Stéphanois + russe + banlieue. Il y a aussi le parler gaga. Le parler gaga, pendant longtemps, je ne savais pas que ça se cumule. Je ne savais pas qu'en dehors du Forez, personne n'est berchu quand il lui manque une dent.
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A Saint-Cyr, on ne dit pas bizutage, on dit bahutage ou transmission des traditions. (...)
le chef d'état-major (...) : "Mais vous vouliez, disiez-vous, rendre à la France un peu de ce qu'elle vous avait donné. Votre parcours remarquable illustre ce que notre beau pays peut offrir de mieux à tous ceux qui, animés par une saine ambition, se donnent les moyens de réussir." Il dit ça devant le cercueil d'un type noyé au milieu de la nuit dans une eau à neuf degrés au son de La Walkyrie pendant une séance de "transmission des traditions".
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A Sciences-Po, le premier jour de cours, on s'est retrouvés dans le même groupe d' "introduction à la sociologie". Je ne connaissais personne. Je me suis assise derrière une rangée de types de mon âge qui avaient déjà une cravate enfoncée dans la pomme d'Adam et un attaché-case en cuir. Je me suis dit qu'à part la calvitie ça ne leur laissait pas beaucoup de marge pour la suite.
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J'ai l'impression d'avoir fait rentrer mon nom dan le dictionnaire.
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On a fait des rubans de mots dans le vide.
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On déroule encore des rubans de mots mais dans tout ce qu'on dit il y a surtout ce qu'on ne dit pas, celle dont on ne parle pas, celle que la langue évite.
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L’accent c’est ma langue maternelle.
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À la fin d'année, je passe de Polina à Poline. J'adopte un e en feuille de vigne. Polonais à la maison. Police à l’école. Dedans, dehors, dedans, dehors.
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Russe à l’intérieur, français à l’extérieur. C'est pas compliqué. Quand on sort on met son français. Quand on rentre à la maison, on l’enlève. On peut même se déshabiller dans l’ascenseur. Sauf s’il y a des voisins.
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Ma mère aussi veille sur mon russe comme sur le dernier oeuf du coucou migrateur. Ma langue et son nid. Ma bouche, la cavité qu'il abrite. Plusieurs fois par semaine, ma mère m'amène de nouveaux mots, vérifie l'état de ceux qui sont déjà là, s'assure qu'on en perd pas en route. Elle surveille l'équilibre de la population globale. Le flux migratoire : les entrées et les sorties des mots russes et français. Gardienne d'un vaste territoire dans les frontières sont en pourparlers. Russe. Français. Russe. Français. Sentinelle de la langue , elle veille au poste frontière. Pas de mélange. Elle traque les fugitifs français hébergés par mon russe. Ils passent dos courbé, tête dans les épaules, se glissent sous la barrière. Ils s’installent avec les russes, parfois même copulent, jusqu'à ce que ma mère les attrapée. En général, ils se piégées eux-mêmes. Il suffit que je convoque un mot russe et qu’un français accoure en même temps que lui. Vu! Ma mère les saisit et les décortique comme les crevettes surgelées d’Ochane-Santr’Dieu.
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Elle a raison mon avocate. N'importe qui aurait pu se noyer. Est-ce que pour n'importe qui on aurait parler de dette? Ah oui, dis l'avocate, mais ça c'est un peu le cas de tous les émigrés, non ?
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C'est drôle de faire un exposé sur la sociologie des prénoms et de ne surtout pas parler des siens. C'est exactement ce qu’on a fait.
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La Muraille de Chine c'est un immeuble sublime. On dirait un immeuble russe. Un immeuble immigré.
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J’ai fixé la ligne et le ciel jusqu'à ce que le bleu me suce les yeux.
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D’ici là, je ne vais plus regarder leurs bouches. Je ne vais plus écouter les sons qu’elles font. Je vais attendre que ma mère revienne. Qu’elle revienne et qu’avec elle reviennent tous les mots.
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Plus de mots. Que des sons. La bouche de l’immense femme- adulte en produit de toutes sortes.
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Moi aussi j'aimerais dire quelque chose. Participer. Il faut jouer sur le contraste. Ils sont forts d'être grands, je le serai d'être petite. J’œuvre les yeux, je lève les sourcils, je dis: C’est ici que nous allons habiter? C'est joli, on pourra quand-même mettre un petit banc pour dormir ? Rires, attendrissement, caresse sur les cheveux. La tension retombe. Mission accomplie.
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Une protestation silencieuse doit savoir être visible.
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Si le son marche, il devient mot. S’il ne marche pas, je le relâche dans le fleuve. Un son qui marche c’est un son qui produit quelque chose. Un son qui ne marche pas équivaut au silence. Tu fais le son mais l’autre fait comme si tu n’avais rien dit.
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L’accent qui revient malgré toi, on le remarque et on se moque : T’as l’accent qui pointe.
C’est l’en-dedans qui sort dehors. C’est le relief qui fait tomber ta langue dans le domaine public. Le même que celui des femmes enceintes. On veut savoir qui c’est là-dessous.
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