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Citations de Polina Panassenko (138)


Russe à l'intérieur, français à l'extérieur. C'est pas compliqué. Quand on sort on met son français. Quand on rentre à la maison, on l'enlève. On peut même commencer à se déhabiller dans l'ascenseur. Sauf s'il y a des voisins. S'il y a des voisins, on attend. Bonjour. Bonjour. Quel étage ? Bon appétit.
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Je pense plutôt à l'âme qui reste encore trois jours. Trois jours présente dans les endroits chers du défunt, les endroits de sa vie terrestre. Je ne connais pas les détails, je préfère ne pas, cette information me convient comme telle. Je me presse d'arriver à l'appartement. Nous sommes la nuit du troisième jour, je veux arriver à temps. Je fais un décompte avantageux qui me laisse plus d'heures pour étreindre son âme. Étreindre son âme morte avec mon corps vivant. Si ça se trouve on ne dit pas âme morte, on dit âme tout court. Si c'est profane d'avoir dit ça, j'espère que je n'ai pas perdu ma chance de l'étreindre pour autant. Je tiens à le faire, puisque c'est tout ce qu'on nous laisse.
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Puis on laisse dérouler tous les hits d'Outiossov, jusqu'à ce que Les fenêtres de Moscou arrive. Moskovskié okna. Celle-là on la remet deux fois. Léonid Outiossov chante :
Voici qu'à nouveau le ciel s'assombrit
Les fenêtres s'allument à la tombée de la nuit
C'est ici que vivent mes amis
Et dans la lueur de ces fenêtres
Je cherche les traits de ceux qui me sont chers
Rien en moi ne brille plus fort qu'elle
Elle m'étreint et elle m'appelle
La lueur éternelle des fenêtres de Moscou
Elle m'est chère depuis toujours
Elle m'étreint et elle m'appelle
La lueur éternelle des fenêtres de Moscou
Sous vos fenêtres, je me presse d'arriver
Rendez-vous de mes jeunes années
Chères fenêtres, je vous souhaite d'être heureuses
Votre lumière plus que tout m'est précieuse
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Après du thé pour moi, du kéfir pour lui, on se rabiboche. J'ai préparé une playlist de ses tubes préférés. Du Léonid Outiossov, du Alexandre Vertinski, du Vadim Kozin à gogo. J'ai galéré à trouver toutes les versions originales.
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Et puis tac, uppercut. Tu sais que tous les émigrés rentrent mourir au pays ? Tous. Tôt ou tard, leur terre leur manque et ils viennent mourir là où ils sont nés, ils rentrent chez eux.
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Vingt-cinq millions de morts. Tu sais combien c'est vingt-cinq millions de morts ? Nous on en a eu vingt-cinq millions et eux cinq cent mille, sans l'Armée rouge ils n'auraient jamais pu..Tu les vois les lilas ? Ils ont des lilas comme ça là-bas ? Ah tu vois, tu vois, bon, mais ils ont des gens bien quand-même, Yves Montand, ça va, il est pas mal, ça ne vaut pas Léonid Outiossov mais... Tu connais Léonid Outiossov ?
On rentre écouter Léonid Outiossov.
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Sur le chemin de l'aéroport j'essaie d'imaginer l'appartement en notre absence. Ça doit être comme un forêt sous la neige, silencieuse, immobile, endormie. Suspendue dans l'attente du printemps de notre retour.
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Vingt quatre heures plus tard le démembrement de l'Union soviétique est acté. Sur le Kremlin le drapeau soviétique est remplacé par le drapeau russe.

Le 26 décembre 1991, l'Union soviétique n'existe plus.
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C'est écrit sur demarches.interieur.gouv."Afin de faciliter votre intégration, vous pouvez demander la francisation de votre nom de famille et/ou de vos prénoms." Il y a même des exemples :
Ahmed devient Alain.
Giovanni devient Charles.
Antonia devient Adrienne.
Kouassi devient Paul.
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Cette fois je n'ai pas de jupe d'été mais j'ai mes règles. Quand t'as tes règles t'as pas le droit d'entrer dans l'église. T'as pas le droit parce que t'es sale et que l'église c'est propre alors t'attends. T'attends d'être propre, et quand c'est bon tu y retournes avec ta jupe longue, tes cheveux couverts et ta phase lutéale.
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Est-ce que je peux faire quelque chose? Non. Il faut et il suffit d'attendre. Ça, ça me fait de très belles jambes. Bien toniques. Mollets dynamiques, fesses galbées. Remises en forme à la salle des pas perdus du tribunal de Bobigny. Façon marche athlétique.
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C'est un héritage. Savoir que sa mère était libre de porter son prénom de naissance. C'est celui-là que je veux transmettre, pas celui de la peur.
Je veux croire qu'en France je suis libre de porter mon prénom de naissance.
Je veux prendre ce risque-là.
Je m'appelle Polina. (p. 18)
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Après les choux, on s assoit. Toujours en rond. Toujours main moite dans main moite. Il faut s assoir, se taire et écouter. La femme -adulte-moins-immenses a bien vu que la mode de chez nous n’était pas vraiment la mienne. Elle me fait des sourires pédagogiques.
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Tout le monde en cercle. Main moite dans main moite. Rotation dans le sens des aiguilles d’ une montre. On plante les choux. Aller retour Aller retour . On ne fait que ça. On plante. On plante. Avec toutes les parties du corps. On plante puis on se demande si on a bien planté. À la bonne mode. En ce qui me concerne ça se passe mal. Les modes changent trop vite, je n arrive pas à suivre. Jusqu’à la mode,à la mode, ça va. Mais à partir d’ on les plante avec je panique. Je ne sais pas comment ça s appelle. Je finis par tout planter pareil.
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J'ai dit [à mon père] : Mais c'est normal que du côté de ta mère personne ne porte son vrai nom ? (...) Et j'ai appelé sa soeur. (...)
La tiotia [tante] soupire. Et elle dit :
Comme ça, juste comme ça, elle n'aimait pas comment ça sonnait, Pessah. Elle ne trouvait pas ça joli. C'est tout. Elle a changé ses papiers en 1954 mais aussi loin que je me souvienne elle se faisait appeler Polina. Chez les juifs, il y en a beaucoup qui ont pris des noms russes.
(p. 39-40)
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Ce que je veux moi, c'est porter le prénom que j'ai reçu à la naissance. Sans le cacher, sans le maquiller. C'est un héritage. Je veux croire qu'en France je suis libre de porter mon prénom de naissance.
Ma mère veille sur mon russe...Elle surveille le flux migratoire : les entrées et les sorties des mots russes et français.
Russe à l'intérieur, français à l'extérieur.
Je suis la seule de ma famille à avoir perdu l'accent russe. La paroi entre le français et le russe est devenue étanche.
Une mort russe annoncée par un mot français
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Polina Panassenko
Russe à l'intérieur, français à l'extérieur. C'est pas compliqué. Quand on sort on met son français. Quand on rentre à la maison, on l'enlève. On peut même commencer à se déshabiller dans l'ascenseur. Saur s'il y a des voisins. S'il y a des voisins on attend. Bonjour. Quel étage ? Bon appêtit.
Il faut bien séparer sinon on risque de se retrouver cul nu à l'extérieur.
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Ma mère veille sur mon russe comme sur le dernier oeuf du coucou migrateur. Ma langue est son nid. Ma bouche, la cavité qui l'abrite. Plusieurs fois par semaine, ma mère m'amène de nouveaux mots, vérifie l'état de ceux qui sont déjà là, s'assure qu'on n'en perd pas en route. Elle surveille l'équilibre de la population globale. Le flux migratoire : les entrées et sorties des mots russes et français. Gardienne d'un vaste territoire dont les frontières sont en pourparlers. Russe. Français. Russe. Français. Sentinelle de la langue, elle veille au poste-frontière. Pas de mélange. Elle traque les fugitifs français hébergés par mon russe. Ils passent dos courbé, tête dans les épaules, se glissent sous la barrière. Ils s'installent avec les russes, parfois même copulent, jusqu'à ce que ma mère les attrape.
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Le méchant sait qu'il méchant mais il en a marre. Si le gentil est si gentil,il n'a qu'a faire un effort.

(P.53)
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Tous les moyens sont bons pour transformer la crème en beurre. Ce que je comprends pas, je l'imagine.

(p.46)
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