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Critiques de Pramoedya Ananta Toer (110)
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Buru quartet, tome 1 : Le monde des hommes

Le monde des hommes était le premier roman de Pramoedya Ananta Toer que je lus. D'ailleurs, cet homme a été pressenti plusieurs fois pour le prix Nobel, et au terme de cette lecture je ne peux que comprendre et approuver.



Le monde des hommes est un roman indonésien, se déroulant à la fin du 19e siècle, dans les Indes Néerlandaises. Il met en scène Minke, un indigène, qui tombe amoureux d'une métisse, Annelies. Pas besoin d'en savoir plus, il faut se plonger dans ce roman-fleuve, se laisser embarquer dans ce premier tome de la quadrilogie du Buru Quartet !



Dans ce premier tome, de nombreux sujets ont le temps d'être abordés : le racisme, la condition de la femme, la colonisation, les rêves, l'adolescence, les déceptions, les interdits selon la classe sociale, les injustices, la politique, le pouvoir, etc.



C'est complet, incroyablement bien mené, bien écrit. C'est aussi original ! Et j'ai déjà hâte de me plonger dans le second tome !
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Buru quartet, tome 1 : Le monde des hommes

Java début du 20e.



Le premier intérêt en entamant ce gros roman (1er tome d’une tétralogie) est de décrypter une organisation sociale extrêmement complexe, trait commun de nombre de pays subissant une colonisation. Les Indes Néerlandaises ont structuré une société multiple de « pur blanc », métis et indigènes, aux codes rigoureux de domination/servilité par l’origine, le statut, et le pouvoir économique.



Minke, jeune homme de haute naissance indigène mais pur produit du système éducatif européen, est l’image de cette difficile mutation entre l’obscurantisme et les « lumières » du modernisme. En quête de son identité propre, tout ce qu’il vit, découvre ou subit tourne autour de l’idée d’humiliation et de domination d’un autochtone face à une civilisation blanche condescendante et hypocrite, et au constat de la féodalité de son propre peuple.



Le récit s’apparente à un journal chronologique de l’apprentissage à la vie d’un jeune homme qui se cherche, découvre le sentiment amoureux et l’impérieux désir de reconnaissance, de justice et de liberté. Au-delà du parcours personnel d’un individu entre deux cultures se dessine aussi une conscience plus large d’égalité, à défaut d’auto détermination d’une nation asservie.



Un livre important, percutant sur le fond, à qui on peut reprocher une certaine lourdeur de narration, un manque de subtilité de formulation.

La plume classique, à la sensibilité un peu désuète colle parfaitement à l’époque évoquée. L’équilibre entre les aventures de Minke et les sujets de réflexion historique ou identitaire est parfait, permettant une lecture aisée et riche d’enseignement.



Une découverte originale et dépaysante...et le second opus* sous le coude!



*Enfant de toutes les nations
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Buru quartet, tome 1 : Le monde des hommes

J’ai mis à profit mes vacances à Bali pour découvrir la littérature indonésienne, relativement méconnue en France. Pour commencer mon exploration, j’ai choisi Le Monde des hommes, le premier volume d’une tétralogie par l’écrivain indonésien Pramoedya Ananta Toer. Dans ce roman d’apprentissage, l’auteur raconte la vie de Minke, un jeune indigène à la recherche de son identité au début du XXème siècle, une époque où Java, Sumatra et Bali étaient des comptoirs commerciaux placés sous l’autorité coloniale des Indes néerlandaises. Jeune journaliste idéaliste issu d’une haute famille javanaise, Minke fréquente les enfants des colons néerlandais dans un lycée de Surabaya. C’est dans cette société qu’il fera la connaissance d’Annelies et de sa mère, la concubine Nyai Ontosoroh, une femme indigène courageuse qui gère un vaste domaine agricole en l’absence de son mari néerlandais. Tombé amoureux de la jeune Annelies, Minke devra se battre contre l’injustice et la violence de la société coloniale pour l’épouser et conquérir ainsi sa place dans le monde.



Un roman humaniste et anticolonialiste

D’inspiration autobiographique, ce roman a été écrit alors que Pramoedia Ananta Toer était détenu au pénitencier de l’île de Buru, victime de son opposition au régime militaire du Général Soeharto. Cela donne une résonnance particulière au message humaniste qui en constitue le fondement. Le Monde des hommes est avant tout un roman politique, une dénonciation de la société coloniale néerlandaise et de ses aliénations. Dans un univers très hiérarchisé qui classe impitoyablement ses membres entre colons, métis et indigènes selon une stratification raciste et figée, les écrits de Minke et son alliance avec la concubine Nyai Ontosoroh prennent une couleur militante qui préfigure le combat pour l’indépendance.



En tant que lecteur et voyageur à la découverte de l’Indonésie, j’ai été sensible à la dimension historique et politique de ce roman. Dommage que sa narration et son style soient parfois un peu maladroits, cela gâche un peu la lecture. Malgré tout, je serais heureux de lire la suite de la tétralogie lorsqu’elle sera publiée en français.
Lien : http://www.carnetlecture.com..
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Buru quartet, tome 1 : Le monde des hommes

Le Monde des hommes ouvre une tétralogie intitulée "Buru Quartet" (du nom de l'île indonésienne dans laquelle Pram a été envoyé au bagne, et d'où il écrivit la plupart de ses romans), dont seuls les deux premiers tomes ont été traduits en français (pauvres de nous !). A la fin du XIXème siècle, la société de Java est gangrenée par une distinction raciale : les européens blancs d'un côté, les indigènes de l'autre, et entre les deux, les métis. Minke, jeune étudiant javanais indigène, croise le chemin d'une famille singulière, aussi attirante qu'effrayante. Son moteur ? Ontosoroh, une Nyai, c'est-à-dire une concubine d'un riche colon hollandais nommé Herman Mellema dont elle a deux enfants : la jeune et belle Annelies, qui se revendique indigène comme sa mère, et Robert qui au contraire les méprise et veut être considéré comme métis du fait de sa filiation avec son père colon. A travers une suite d’événements divers, Minke doit faire face à un tiraillement entre ses racines javanaises et son instruction européenne, et interroge ainsi le monde dans lequel il vit.



Ce jeune écrivain en herbe croise le destin de personnages marquants, dont certains me hanteront sûrement pour quelques temps, tant ils paraissent réels grâce à délicatesse de la plume de Pram : une prostituée japonaise, un ancien combattant français reconverti en artiste peintre et dessinateur de mobilier d'intérieur, une professeur de langue et de littérature néerlandaise (qui a des airs de M. Keating, le professeur du cercle des poètes disparus campé par Robin Williams), un docteur dont la pratique se rapprocherait de celle d'un ethnopsychiatre ... Une foule de protagonistes destinés à mettre en exergue des thèmes d'une profondeur saisissante tels que la dignité, la liberté ou encore l'identité.



On notera également en toile de fond une réflexion intéressante sur la colonisation, l'intérêt de ce roman résidant aussi dans sa description de l'histoire de l'Indonésie, que j'ignorais pour ma part.



Par l'intermédiaire de dialogues tranchants dénués de tout caractère superficiel, Le Monde des hommes questionne notre rapport à l'autre, fait grandir, et réchauffe le cœur. A ne pas manquer.
Lien : https://www.chezlaurette.org..
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Buru quartet, tome 1 : Le monde des hommes

Dépaysement total : Java, à la fin du 19e siècle.



Java, c’est en Indonésie, mais c’était alors les Indes néerlandaises et la reine Wilhelmine venait de monter sur le trône. Le narrateur et héros du roman, Minke, est un Javanais né le même jour que la souveraine et très amoureux de l’image inaccessible de sa reine. C’est un indigène favorisé, car il fréquente un collège néerlandais où il a d’excellents résultats scolaires. Il gagne sa vie en vendant des meubles qu’il fait fabriquer par un voisin français. Il réussira aussi à faire publier ses textes dans le journal.



Un collègue étudiant l’amène chez une « Nyai », la concubine d’un homme blanc. Les préjugés voudraient qu’il pénètre dans un lieu malfamé, mais la Nyai est au contraire une femme extrêmement cultivée, qui lit et parle néerlandais. Elle hébergera Minke qui deviendra l’amant de sa fille Annelies qui se rend malade tellement elle est amoureuse de lui.



Le roman présente une image de relations sociales complexes avec des « purs blancs », des métis et des indigènes. Pour Minke, instruit des valeurs néerlandaises, les choses qui semblaient aller de soi, comme de se mettre à genoux face contre terre devant un chef, ne lui semblent plus du tout normales. Il sait qu’il est aussi intelligent que les « purs blancs », même s’il n’a pas de nom de famille.



Un livre qui m’a fait réaliser à quel point je suis ignorante de cette partie du monde. Je l’avoue, je ne connaissais pas grand-chose de l’Indonésie à part son emplacement sur le globe terrestre. C’est pourtant le 4e pays le plus peuplé et selon Wikipédia, c’est une des plus importantes sources de biodiversité, mais aussi un pays pauvre et à majorité musulmane. C’est une société cosmopolite, le roman mentionne les Javanais, les Madurais, les Balinais, les Aceh, mais ce ne sont que quelques-uns de plus d’un millier de groupes ethniques recensés aujourd’hui…



Un livre étonnant et dépaysant, à savourer au son du gamelan : https://youtu.be/UEWCCSuHsuQ.



Le problème avec ce roman, c’est qu’il n’est que le premier d’une tétralogie et que j’ai vraiment envie de connaître la suite. Ma PAL va encore s’alourdir.

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Buru quartet, tome 1 : Le monde des hommes

Débuts romanesques d'un récit d'émancipation, d'une prise de conscience de soi, des discours et langues qui enferme l'individu dans sa société. Le monde des hommes est une belle plongée dans l'Indonésie de la toute fin du XIX. Pramoyeda Ananta Toer interroge comment se construit un auteur et comment son personnage prend conscience des ségrégations et des discriminations qui le déterminent.
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Buru quartet, tome 1 : Le monde des hommes

Un excellent gros roman, qui inaugure une série de 4 volumes.

P. A. TOER, écrivain dont l'engagement politique lui a valu de nombreuses années en prison, dépeint une société coloniale : l'Indonésie, et plus particulièrement Java, sous domination néerlandaise.

L'origine raciale, la couleur de peau, le sexe, la religion se révèlent déterminants dans une société si inégalitaire qu'elle nous apparaît presque caricaturale. Malheureusement, l'auteur décrit une réalité de la fin du XIXème siècle, et elle est à hurler!

Minke (l'origine de son nom, que je vous laisse découvrir, donne déjà le ton) est au début du volume un adolescent autochtone, brillant élève d'un lycée réputé, où il côtoie enfants de colons et de métis.

Sa rencontre avec une jeune fille métisse, dont la mère est une femme d'affaires puissante et atypique, va l'entraîner dans une histoire d'amour et un mariage, que des règles raciales et une justice au service des blancs refuseront.

Parallèlement, Minke poursuit son éducation scolaire et politique. Un peintre d'origine française, une professeure engagée politiquement, le directeur d'un journal ainsi qu'une famille de colons participent de cet éveil.

La soumission des autochtones paraît aussi totale qu'incompréhensible, avant que l'on ne découvre que la société locale est elle-même régie par des règles très inégalitaires, et souvent humiliantes.

Un magnifique objet romanesque qui, en bonus, fait réfléchie sur la démocratie et l'humanité.

Le colonialisme, évidemment, n'en sort pas grandi!





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Buru quartet, tome 1 : Le monde des hommes

Après de longs mois sur ce roman indonésien : le Monde des hommes de Pramoedya Ananta Toer.

S’inspirant de sa propre vie mêlée d’éléments fictifs qui vous verseront des larmes jusqu’à la toute de fin du livre.

Toutefois, ce roman n’a rien de léger. Il s’agit d’une lecture exigeante mais dépaysante sur l’histoire coloniale des Indes néerlandaises.

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Buru quartet, tome 1 : Le monde des hommes

Européens, métis et indigènes. Voilà les trois catégories qui structurent la société coloniale des Indes néerlandaises de la fin du XIXe siècle. Peu importe votre niveau d'instruction, votre richesse, votre place sur terre est dictée par votre naissance. Voilà un système colonial si bien huilé, si bien installé, que même les indigènes n'oseraient pas le remettre en cause, reconnaissant la supériorité des européens.

C'est dans ce décor que l'auteur va dérouler sa grande fresque des Indes néerlandaises. Un monde perçu de l'intérieur, par Minke, un jeune indigène, pur produit de cette société coloniale : un jeune homme plus tout à fait javanais, mais qui ne sera jamais néerlandais.

C'est une magnifique fresque épique que nous offre ici l'auteur, écrite -ou plutôt imaginée- alors qu'il était en détention. Il n'est pas Minke mais on sent qu'il a mis beaucoup de lui dans ce jeune homme. Les auteurs indonésiens sont suffisamment peu nombreux à être traduits pour que l'on prête attention à celui-ci qui nous fait pénétrer un monde peu connu et une forme de colonialisme aussi moins souvent évoquée que celle de la France ou de l'Angleterre.

Attention à la postface, elle en révèle un peu trop à mon goût sur la suite de l'histoire dans les trois autres tomes.
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Buru quartet, tome 1 : Le monde des hommes

Le personnage principal, Minke, est un jeune homme ambitieux et intellectuellement doué. Issu d'une famille indigène javanaise, il est déterminé à briser les barrières sociales et à lutter pour la justice et l'égalité en dépit des préjugés raciaux et des contraintes coloniales.

Il s'éprend d'Annelies dont la mère, Nyai Ontosoroh, est une femme forte et résiliente, d'origine indigène javanaise mais a été élevée dans un milieu européen. Elle est une concubine d'un homme européen puissant et possède une entreprise prospère. Elle incarne le désir de réussite et d'indépendance face à l'oppression coloniale.



Ce premier tome de "Le Monde des Hommes" suit Minke, dans sa lutte pour briser les barrières sociales et s'opposer à l'injustice coloniale dans l'Indonésie du XIXe siècle. Il noue des amitiés avec des Européens progressistes et se lie donc d'affection avec Annelies et sa famille.

Minke est confronté à l'oppression coloniale, aux préjugés raciaux et aux conflits intérieurs tout en cherchant à réaliser son désir de justice et d'égalité.



Pramoedya Ananta Toer était un écrivain indonésien renommé et un fervent défenseur de la justice sociale. Il a vécu de 1925 à 2006 et a été témoin de plusieurs événements majeurs de l'histoire indonésienne, tels que la colonisation néerlandaise, la période de l'occupation japonaise et la lutte pour l'indépendance de l'Indonésie.



Le roman traite de divers thèmes sociaux et politiques, tels que le colonialisme, l'exploitation, l'injustice, les luttes pour l'indépendance, la discrimination raciale, les inégalités et les relations interpersonnelles. Pramoedya Ananta Toer explore également les aspirations des personnages pour un monde meilleur.



J'ai pris ce livre au hasard à la médiathèque sans m'apercevoir qu'il faisait partie d'une série : premier frein à sa lecture.

Puis j'ai trouvé l'histoire un peu niaise : deuxième frein à la lecture et envie de laisser tomber au bout de quelques dizaine de pages.

Mais Pramoedya Ananta Toer a un style d'écriture puissant et évocateur. Il utilise une narration réaliste et émotionnelle pour dépeindre les conditions de vie difficiles et les luttes des personnages. Et ... je me suis attaché à eux et j'ai fini ce livre avec plaisir et l'envie de poursuivre la lecture des autres tomes.



J'ai trouvé en cet auteur indonésien ce que j'apprécie chez Balzac et sa comédie humaine : les deux œuvres sont des projets littéraires ambitieux qui tentent de dépeindre la société dans laquelle elles se situent.

Les deux auteurs se sont intéressé aux différentes strates de la société et aux relations entre les classes sociales.

Tous deux se penchent sur la psychologie de leurs personnages et explorent leurs motivations, leurs aspirations et leurs conflits intérieurs.



Bref un coup de cœur inattendu !



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Buru quartet, tome 1 : Le monde des hommes

Le début d'une fresque passionnante qui nous invite à réfléchir et se savoure page après page.
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Buru quartet, tome 1 : Le monde des hommes

En pleine période où Java est colonisée par les Pays Bas et se nomment alors les Indes Néerlandaises, Minke, jeune homme brillant, est un des rares indigènes qui étudie au lycée néerlandais de sa ville. Rapidement il va faire connaissance et tomber amoureux d'Annelies Mellema, jeune métisse à la beauté incroyable et fille de Nyai, ancienne concubine d'un riche néerlandais dont elle fait fructifier l'entreprise.

Premier tome d'une tétralogie, c'est bien d'un roman d'initiation qu'il s'agit ici.

Ainsi Minke est en plein apprentissage de la vie à la néerlandaise, des premières amours, mais aussi et surtout de la double culture qu'il est en train de se construire. Cette dernière, du fait de la rigidité de la société coloniale entraine évidemment des conflits de valeurs, des incompréhensions, des jalousies et le rejet tant des colons que des javanais, dont sa propre famille.

Il m'a fallu du temps pour m'imprégner de l'écriture. En effet, sur la première moitié du roman, j'ai assisté à des dialogues, toujours entre Minke et un autre personnage et je trouvais que cela n'apportais pas beaucoup de rythme et n'aidait pas toujours à bien comprendre les pensées profondes des personnages. Il y avait très peu d'action ou d'événements notables. Le personnage d'Annelies m'a aussi beaucoup ennuyée, mais j'ai réussi à m'en accomoder.

Puis la seconde partie est arrivée, enfin, et les pièces du puzzles se sont peu à peu assembler. Minke ouvre les yeux, se bat, s'insurge et comprend mieux les injustices dont il est victime, ainsi que son entourage, notamment des colons néerlandais qui vantent leur supériorité. Il grandit donc.

Et finalement je me suis laissée embarquer et serait ravie de découvrir la suite de cette oeuvre. Comme quoi, j'ai bien fait de m'accrocher !
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Buru quartet, tome 1 : Le monde des hommes

En 1899, l'Indonésie est une colonie néerlandaise. A Surabaya, sur l'île de Java, le jeune Minke, malgré sa condition d'indigène, poursuit des études dans une école prestigieuse en principe réservée aux Blancs et aux métis. Imprégné de l'éducation moderne dispensée par les meilleurs enseignants du pouvoir colonial, Minke est reconnaissant et admiratif de ses professeurs, mais s'interroge tout de même : "Ces connaissances scientifiques, dont je constatais les applications dans mon quotidien, me rendaient très différent de la grande majorité de mes concitoyens. Allaient-elles à l'encontre de mon identité javanaise, je l'ignore, mais c'est un jeune Javanais éduqué à l'européenne qui, de l'intérieur, me poussait à écrire". Car Minke est également journaliste et commet régulièrement des chroniques dans le journal local. Un jour, il fait la connaissance d'Ontosoroh, la concubine indigène d'un riche colon néerlandais. Vendue par ses parents à celui-ci lorsqu'elle était toute jeune, elle a, depuis lors, pris sa revanche, devenue patronne, dans les faits, de l'exploitation agricole de son "maître". Cette autodidacte et gestionnaire de poigne et de talent a eu moins de réussite avec les deux enfants qu'elle a eus avec le riche colon. Son fils Robert la méprise parce qu'en tant que métis il s'estime supérieur à elle. Quant à sa fille Annelies, frêle et divinement belle jeune fille, elle est au contraire trop fusionnelle avec sa mère qui, voulant la protéger, n'a réussi qu'à l'isoler du monde extérieur. Ainsi, quand Minke entre dans leur vie, le coup de foudre entre les jeunes gens est inévitable.

Cette histoire d'amour passionnée est un brin trop exaltée, mais elle cristallise bien la complexité de l'organisation sociale des Indes néerlandaises. Minke observe cette société figée dans un système codifié où chacun est classé en fonction de sa couleur de peau (purs-blancs, métis, indigènes). Sa liaison avec Annelies est mal vue de toutes parts, entre un indigène et une métisse, entre un jeune homme issu de l'aristocratie javanaise et la fille d'une concubine (donc présumée femme de basse extraction et de mauvaise vie), sans compter ce qu'en pensent l'épouse et la descendance légitimes du colon depuis Amsterdam. Peu à peu, au gré des coups du sort qui s'abattent sur lui et Ontosoroh, la conscience politique de Minke s'éveille. Ses yeux s'ouvrent sur les injustices et la domination exercée par les colonisateurs qui, sous couvert paternaliste et condescendant, apportent les "lumières de la civilisation occidentale" à ces "sauvages aux croyances obscures". Face aux discriminations et aux humiliations, Minke se prend à rêver de résistance et de liberté.

Dans ce premier volume de la tétralogie du Buru Quartet, on assiste donc à une prise de conscience, un apprentissage du "monde des hommes", et à l'éclosion d'un sentiment amoureux contrarié par des règles fondamentalement illégitimes. le style est classique, parfois un peu lourd ou désuet, mais cela n'enlève rien à la richesse et à l'importance de ce texte, dont l'auteur, censuré tout au long de sa vie dans son pays, a été maintes fois pressenti pour le Prix Nobel.
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Buru quartet, tome 1 : Le monde des hommes

Fin 19° aux Indes Néerlandaises, l'esclavage est aboli depuis peu mais L'Inde n'en reste pas moins une colonie qui appartient aux "blancs" hollandais. Dans ce paysage politique et social post-esclavagiste, Minke est un jeune indigène brillant qui fait ses études à l'HBS, prestigieuse école à Surabaya normalement réservée aux néerlandais. Jeune journaliste studieux, rêveur et curieux, il rencontre Ontosoroh, "la nyai" ou encore concubine d’un riche colon hollandais, une indigène de poigne, ambitieuse, forte et indépendante. Elle apprit à parler couramment le néerlandais (en plus de sa langue) et s'intéresse à tout. Grande autodidacte libérée, elle tient à elle seule l'entreprise et la maison de son compagnon et l'éducation de la belle Annelies, sa fille. Face à cette femme qui - au regard des lois - n'a aucun droit, ni aucune valeur, Minke se rend compte que Nyai est bien plus proche de lui qu'il ne le pensait. Tout deux s'engagent corps et âme pour leur liberté et leur indépendance face à la colonisation hollandaise. Liberté résonne...



Par ailleurs, la romance naît d'un regard croisé entre Annelies la métisse reconnue et Minke l'indigène inconnu.



Cependant, au-delà de cet aspect romanesque du livre, Pramoedya Ananta Toer dévoile un travail minutieux et rigoureux du système colonial, des lois néerlandaises qui régissent l'Indonésie à cette époque, provoquant un profond fossé entre les indigènes et les hollandais.



Ainsi, à travers le petit indigène "insignifiant", Pramoedya travaille la psychologie, les émotions et les ambitions de Minke pour que sortent de ce roman, tout un regard idéaliste (vision de Minke et Nyai) qui est contre-balancé par une époque où quelque soit le sujet/débat, un javanais a toujours tort, est toujours fautif et un hollandais gagne toujours. Cette discrimination, Minke mais aussi Nyai, la ressentiront et .



Le Monde des hommes mélange l'amour, la loyauté, l'amitié, le succès, l'échec mais aussi les conflits politiques et sociaux. Pramoedya Ananta Toer ramène son lecteur à une époque (pas si lointaine) où le pouvoir, l'argent et malheureusement la couleur primaient sur les valeurs et les droits de chacun.



Sous un style magnifique empreint de subtilités, de poésies et de descriptions précises et imagées, l'auteur écrit une véritable perle de la littérature étrangère.
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Buru quartet, tome 1 : Le monde des hommes

Durant les deux dernières années du XIXe siècle, Minke est un brillant étudiant dans la plus prestigieuse école des Indes Néerlandaises, la HBS. Il est un privilégié car cette école est normalement réservée aux Néerlandais et que les autres, les indigènes et les "Vremde Oosterlingen" comprenant les chinois, indiens et malais ne sont acceptés que par petite poignée. Or Minke est un indigène et malgré qu'il soit issu d'une famille de souverains javanais, il fait parti "du petit peuple". Sa réussite scolaire suscite beaucoup de jalousie, car il n'est pas possible qu'un indigène soit plus intelligent que les autres. C'est pourquoi, un de ses camarades l'embarqua un jour chez une concubine car il n'est pas bon de fréquenter ce genre de personnel. Contre toute attente, Minke se sentira bien auprès de Nyai et de sa sublime fille Annelies dont il tombera éperdument amoureux. De plus, Nyai est une femme charmante, rien à voir avec les clichés que l'on donne aux concubines. C'est une femme cultivée, intègre, gérant la ferme familiale comme une véritable femme d'affaires. Une femme aux bonnes moeurs contrairement à ce qu'il se raconte à l'extérieur. De visiteur occasionnel, Minke deviendra très vite un visiteur permanent. Mais ce nouveau lieu de résidence nourrira les commérages mais pourtant de plus grands malheurs frapperont Wonokromo.



"Le monde des hommes" est une véritable merveille, un joyau de la littérature indonésienne. Pramoedya Ananta Toer dit Pram avait inventé cette histoire lors de son incarcération sous le régime de Suharto et principalement au bagne der l'île de Buru dans l'est de l'Indonésie. Il l'avait transmise par voie orale. Ce n'est qu'une dix ans après, en 1975, qu'il eut l'autorisation de l'écrire. A sa sortie de prison, une importante partie de son roman lui a été confisqué, Pram a du alors réécrire le roman pour enfin le publier. Mais le livre fut censuré quasiment immédiatement et durant 25 ans alors que le roman fut traduit dans de nombreuses langues à travers le monde. "Le Monde des hommes" est le premier épisode du "Buru Quartet", une tétralogie nous transportant à l'époque des Indes Néerlandaises où Pram nous dépeint l'injustice subit par le peuple indonésien pendant cette période de colonisation à travers l'expérience d'un indigène qui a eut une éducation européenne. C'est un roman exceptionnel et je n'ai qu'une seule hâte, c'est de lire la suite, très vite.



Un grand merci à Babelio de m'avoir donné l'occasion de découvrir ce livre que je convoitais depuis si longtemps.
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Buru quartet, tome 1 : Le monde des hommes

Une immersion dans le Java de l'époque coloniale, du temps où on parlait des indes néerlandaises, passionnante par son intérêt historique et la découverte des différentes coutumes indonésiennes . Un très bon moment de lecture, roman parfait pour les vacances .
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Buru quartet, tome 1 : Le monde des hommes

Si j'ai eu un peu de mal à rentrer dedans notamment à cause d'un contexte historique et d'un vocabulaire en partie inconnu pour moi, cette fresque historique m'a finalement beaucoup plus et j'en ai dévoré la fin. J'ai hâte de lire la suite
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Buru quartet, tome 1 : Le monde des hommes

Pram a passé le quart de sa vie en prison (un peu moins que Sade), à diverses époques, toujours pour opposition au régime en place.

Nationaliste jusqu'au fond de l'âme, il a écrit sa tétralogie dans les années 60.



Le roman s'ouvre sur deux personnages principaux : Nyai (une concubine achetée par un hollandais à ses parents, mais jamais légitimée) et Minke (étudiant javanais prometteur), vecteurs qui permettent de dénoncer sans concession la main mise néerlandaise sur l'Inde, colonisée par les Pays-Bas de 1800 jusqu'à la 2nde guerre mondiale.



La chronique sociale et politique est certes intéressante, mais les envolées romanesques intercalées sont longues, mais longues, et furieusement nunuches.



Je suis allée au bout car c'est un cadeau de ma nièce chérie.

Cela dit, c'est un livre que j'aurais pu sélectionner aussi, avec son estampille "chef d'œuvre de la littérature mondiale".

Peut être à tort, je ne lirai pas la suite...
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Buru quartet, tome 1 : Le monde des hommes

« C’est une longue est belle histoire » : tout est dit.

Belle car la vie de cet auteur est passionnante. Défenseur de la liberté, humaniste, son Histoire est douloureuse et la décolonisation néerlandaise de l’Indonésie peu connue. Sa plume est magnifique.

Longue car son style brut dénudé d’émotions et ses réflexions permanentes apportent beaucoup de longueurs ennuyantes.
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Buru quartet, tome 1 : Le monde des hommes

Minke est un jeune homme intelligent issu d’un milieu privilégié de Java, ce qui lui permet d’être l’un des rares indigènes étudiant dans une école prestigieuse de Surabaya. Il fait un jour la connaissance d’Annelies, une jeune métisse, et de sa mère concubine d’un riche colon. Minke tombe aussitôt sous le charme de la jeune fille et est en même temps fasciné par la mère, intellectuelle et entrepreneuse autodidacte.



A vrai dire j’ai plus été intéressée par les éléments historiques du roman, ainsi que par le contexte de sa rédaction, que par l’histoire elle-même. L’auteur nous fait une description de la société javanaise sous la colonisation néerlandaise. Il dénonce l’archaïsme javanais, le racisme ambiant, la hiérarchisation de la société, la position de la femme.



Prisonnier politique pendant de longues années , c’est en prison que Pram imagine son roman. N’ayant pas la possibilité de l’écrire, c’est à ses codétenus qu’il récite son roman avant de pouvoir enfin l’écrire en 1975. Le roman restera interdit en Indonésie jusqu’en 2005.



Mais je n’ai pas vraiment été intéressée par l’histoire de Minke, Annelies et Nyai. J’ai trouvé beaucoup de longueurs et si les personnages de Minke et Nyai sont intéressants, Annelies est insupportable de mièvrerie. J’ai l’impression que les personnages et leur histoire ne sont là que pour servir de support aux propos de l’auteur. C’est un roman engagé et politique avant d’être un roman.



Il s’agit du premier volet d’une tétralogie, mais je ne pense pas lire la suite, car même si j’ai trouvé des éléments intéressants, je ne me suis pas suffisamment investie dans l’histoire pour avoir envie d’en connaître la suite.
Lien : https://tantquilyauradeslivr..
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