AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de R.M. Guéra (59)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


The Goddamned, tome 1

Un univers glauque et violent, mais fascinant.
Lien : http://bdzoom.com/115729/com..
Commenter  J’apprécie          00
Scalped - Intégrale, tome 2

Ce tome contient 2 tomes de l'édition initiale.



-

- Dead mothers : épisodes 12 à 18 de la série, parus en 2008. Il faut impérativement avoir commencé la série par le premier tome. Tous les scénarios sont de Jason Aaron.



Épisode 12 (illustrations de John Paul Leon) - Dashiell Bad Horse passe une nuit pénible, seul chez lui. Il réfléchit à sa situation d'agent double, aux risques inhérents, à sa condition. Aaron s'attarde sur ce personnage pour donner quelques éléments d'informations supplémentaires sur son parcours, pour définir son état d'esprit. C'est également l'occasion pour lui d'approfondir la condition d'amérindien. Le discours de Lincoln Red Crow sur la réserve permettait au lecteur de bien comprendre qu'Aaron n'avait pas choisi le lieu de son intrigue au hasard. Avec cet épisode, le scénariste montre que ces personnages ne se contentent pas d'avoir la peau cuivrée ; ils ont grandi dans un milieu indien, ils sont imprégnés de cette culture, ils sont indiens appartenant à différentes tribus. Aaron inscrit la réserve et ses habitants dans l'histoire de ce peuple, ses croyances et ses coutumes. Il s'agit d'un parti pris risqué qui peut vite tourner à la caricature réductrice ou à la simplification exotique prédigérée pour tourisme de masse. Ici Aaron montre que son honnêteté de créateur l'amène à aborder cet aspect de ses personnages. Il n'est qu'à moitié convaincant pour les croyances et la mythologie (difficile de décrire avec respect et conviction des individus animistes), il reprend toute sa force et sa pertinence lorsqu'il y associe l'histoire de ces nations. Les illustrations de John Paul Leon sont sombres à souhait, avec une bonne densité d'informations visuelles. Il sait décrire avec justesse les petits gestes quotidiens tels que l'ouverture d'une bouteille de bière sur un coin de table, ou le rasage du crâne de Dashiell. Elles sont juste un cran en dessous de celles de R.M. Guéra.



-

Épisodes 13 à 17 "Dead mothers" (illustrations de R.M. Guéra) - Le cadavre de femme scalpée (dernière image du tome 1) a été retrouvé dans le désert. Lincoln Red Crow se rend sur place pour rendre hommage à cette personne qu'il a bien connue. Pendant ce temps, Dashiell Bad Horse mène une descente dans un laboratoire clandestin de méthamphétamine. Il y trouve un autre cadavre de femme, ainsi que ses 5 enfants (dont Shelton l'aîné) encore en vie. Il obtient le nom de son meurtrier d'un des truands : Diesel Engine. Il s'occupe un peu de Shelton dans les jours qui suivent. Et il rencontre à nouveau son contact au FBI qui lui apprend qu'il y a un deuxième agent infiltré dans la réserve.



Après une nuit d'inauguration mouvementée et complexe du casino, Aaron revient à sa première intrigue : le destin de Dashiell Bad Horse, et sa mission d'agent double. Mais déjà la série n'est plus l'histoire d'une seule personne. Dashiell s'en incarné en tant qu'individu pour le lecteur et ces épisodes développent encore sa personnalité, ses valeurs, ses convictions, sa souffrance. Lincoln Red Crow occupe une place tout aussi importante et il incarne pleinement la génération précédente, ce qu'elle a construit et comment elle l'a construit. Aaron propose toujours un polar (intrigue policière + problématiques sociétales) brutal, méchant et viril se développant sur une intrigue machiavélique. Le lecteur découvre au fur et à mesure les ramifications des actions des uns et des autres, leurs liens, le poids de leur culture et de leur éducation. Aaron réussit un roman de genre dans ce qu'il a de plus révélateur de notre société, de la nature humaine. Même la composante la plus risquée (les traditions culturelles des nations indiennes) commence à faire sens lorsque Dashiell évoque la légende d'Iktomi à Shelton.



C'est avec un énorme plaisir que le lecteur retrouve les illustrations de R.M. Guéra. L'intérim assuré par John Paul Leon, puis par Davide Furnò permet de mieux apprécier le talent de cet illustrateur. Dès la première scène (3 pages sans texte où Lincoln Red Crow se recueille devant le cadavre scalpé en plein désert), le lecteur plonge dans cette partie monde auprès de ces individus à la présence irrésistible. Dès que Red Crow apparaît il s'en dégage un incroyable magnétisme. Guéra en fait un individu imposant aux traits fermés marqués par l'âge, au langage corporel décidé, à l'allure presque régalienne. L'attitude des personnes qui l'entourent témoigne également de son aura, de son ascendant. Les apparitions de Baylis Earl Nitz permettent également de mesurer toute l'intensité de son implication dans les affaires de la réserve Prairie Rose. Là où Guéra fait encore plus fort, c'est qu'il est capable de dessiner Shelton (très jeune adolescent) de manière crédible. Rendre plausible des enfants dans un récit très noir est un tour de force que peu de créateurs peuvent se vanter de réussir. Or dans ce cas précis, Shelton est bien un enfant déjà autonome et se comportant comme un enfant de son âge, sans mièvrerie, sans que le lecteur ait l'impression de voir évoluer un adulte de petite taille. L'apparence de Mister Brass (un nouveau venu annoncé dans le tome précédent) est également inoubliable, ainsi que ses actes de torture. Guéra continue d'être à l'aise dans la représentation des différents environnements, logements ou milieu naturel.



-

Épisode 18 (illustrations de Davide Furnò) - Lincoln Red Crow a confié l'enquête sur la femme scalpée à l'officier Franklin Falls Down. Cet épisode permet d'en apprendre plus sur ce personnage et ses motivations, pourquoi il continue d'être intègre et de bosser dans ce lieu sans foi ni loi. Malgré les épreuves vécues par Falls Down (à commencer par son nom indien peu flatteur, et qui n'a rien à voir avec un animal fringant), ce personnage apporte une touche positive dans cette histoire où tout le monde voit la violence sur autrui comme une bonne solution à ses problèmes et un défouloir efficace. Aaron en profite pour intégrer un autre élément folklorique : la hutte à sudation (sweat lodge) qui trouve sa place tout naturellement. Les illustrations de Furnò sont tout aussi noires que celle de Guéra, en plus griffée. Le décalage graphique est plus important qu'avec John Paul Leon, mais l'ambiance de la série est respectée.



La mise en couleurs de ces épisodes est assurée par Giulia Brusco. Elle utilise des teintes qui évoquent celles de la terre rouge du désert, de la lumière implacable, des matériaux de construction bon marché. Brusco sait à la fois rester en retrait des images, faciliter leur lecture et renforcer chaque ambiance.



Ce tome emmène le lecteur toujours plus près des personnages, plus près de leur essence, dans le cadre d'un polar toujours aussi violent, brutal, sadique et désespéré. Aaaron et Guéra réalisent l'équivalent d'un roman, en termes de densité des personnages, de complexité de l'intrigue, de substance des comportements psychologiques. Ils ne se limitent pas à tirer les bénéfices de la réserve indienne pour ce qui est de la population déshéritée, ils s'aventurent sur le territoire de l'héritage culturel des amérindiens, petit à petit, et ils s'en sortent plutôt bien.



-

- The gravel in your guts : épisodes 19 à 24, parus en 2008/2009. Tous les scénarios sont de Jason Aaron.



Épisodes 19 & 20 (illustrations de Davide Furnò, couvertures de Tim Bradstreet) - Dashiell Bad Horse se heurte aux limites de ses interventions professionnelles, et à une proposition inattendue et dangereuse de Lincoln Red Crow. Carol Ellroy se heurte à son quotidien étriqué et dégradant de serveuse dans un troquet, au comportement entreprenant des clients, et à ses souvenirs.



Jason Aaron développe l'histoire de ses personnages. Il s'attache cette fois-ci à la relation entre Dashiell Bad Horse et Carol Ellroy, en revenant sur le passé de Carol. À nouveau, Aaron surprend le lecteur, il façonne petit à petit des individus complexes, au passé forcément traumatisant puisqu'il s'agit d'un roman noir, mais aussi d'une tragédie. Au fil des pages le lecteur peut commencer par sourire devant une telle accumulation de coups du sort, mais la passion des personnages et le savoir faire d'Aaron transforment ces ressorts dramatiques traditionnels en une étude de caractère psychologique qui montre plutôt qu'elle n'explique, qui fait apparaître les émotions, les liens affectifs et les horreurs de la condition humaine, à commencer par l'incommunicabilité. Ce dernier point est mis en images dans une scène d'une intensité incroyable, aussi désespérée qu'humaine.



Si les illustrations de Furnò semblent un peu fades par comparaison avec celles de Guéra, il fait la preuve dans cette scène entre Dashiell et Carol d'une sensibilité et d'une justesse remarquables au travers de sa mise en page. La densité d'informations visuelles dans ses cases est un peu plus faible, mais le découpage et la mise en scène s'avèrent vivants et adaptés au récit. La scène finale achève le lecteur, en s'inscrivant dans le ton tragique du récit. Impossible de rester de marbre devant la décision de Dashiell Bad Horse.



-

Épisodes 21 à 24 (illustrations de RM Guéra, couvertures de Jock) - D'un coté, Lincoln Red Crow doit gérer les affaires courantes : Mister Brass très encombrant et très salissant (il s'agit de l'envoyé des Hmong pour s'assurer des qualités de gestionnaire de Red Crow, du fait qu'ils ont investi de l'argent dans le casino), le souvenir de l'âme d'une défunte, l'impatience grandissante de Shunka (Uday Sartana), et les magouilles de ses hommes de main. De l'autre coté, Dino Poor Bear a enfin réparé sa Camaro ce qui le met dans un pétrin inextricable.



Aaron se tourne cette fois-ci vers Lincoln Red Horse et Dino Poor Bear, en mettant en évidence les différences dans leurs parcours. À nouveau, il ne s'agit pas d'un dispositif un peu artificiel pour donner un air intelligent au récit. Comme pour Dashiell et Carol, l'histoire de ces 2 personnages s'entremêle. Ces 2 individus sont à leur manière le produit de leur environnement qui magnifie leurs traits de caractère. Le lecteur en découvre plus sur le passé de Lincoln Red Crow, ses liens avec Gina Bad Horse et Reginald Standing Rock. Il peut également observer comment Red Horse se perçoit lui-même et par quoi ses actions sont motivées. À nouveau Aaron fait en sorte que ce personnage dépasse les simples clichés pour devenir un être humain complexe avec plusieurs facettes. À nouveau il respecte les codes du roman noir, tout en décrivant des modes de fonctionnement très humains. Le parallèle avec la situation de Dino n'a rien de simpliste. Il ne s'agit pas d'une dichotomie basique entre un chemin de vie opposé à un autre. Outre l'époque de leur jeunesse qui n'est pas la même, et donc les opportunités qui sont pas les mêmes, Aaron met en lumière qu'ils sont rongés par un mal être de même nature (d'où le titre "gravel in your guts"), tout en évoluant dans 2 mondes totalement différents du fait de leur position sociale. Le lecteur est amené à ressentir de l'empathie pour l'un comme pour l'autre, bien que ni l'un ni l'autre ne puisse prétendre au titre de modèle, et encore moins de héros. Il ne s'agit pas simplement d'une fascination malsaine ou morbide devant leur malheur, il y a également un enjeu affectif pour leur devenir, et une forme sentiments partagés lorsqu'ils se cognent à des obstacles, au plafond de verre, à leur condition sociale et humaine.



Ces 4 épisodes sont aussi l'occasion de profiter des illustrations incomparables de R.M. Guéra. Sous ses pinceaux, Lincoln Red Crow est un individu toujours aussi massif, imposant et terrifiant. Mister Brass est toujours aussi abject et angoissant par sa simple présence. Guéra sait montrer juste ce qu'il faut pour donner une réalité insoutenable aux agissements sadique et dépravés de Mister Brass (et son horrible petit sourire satisfait et écoeurant), sans tomber dans le voyeurisme, un équilibre parfait et exceptionnel. Sa mise en page rigoureuse fait monter la tension pendant les confrontations psychologiques qu'il s'agisse de l'interpellation pour excès de vitesse de Dino, ou de sa rencontre avec son premier client, et cela en l'absence de toute violence physique. Le lecteur peut ressentir les fluctuations de niveau d'ascendance que les uns prennent sur les autres, par leur jeu d'acteur. Guéra utilise le langage corporel, l'apparence, les expressions du visage pour montrer les tensions, les appréhensions, l'assurance des personnages. Et lorsque la violence physique éclate, l'action est décrite avec évidence, un maximum de force et de douleur, en un minimum de cases.



Ce quatrième tome confirme la forme et le fond du récit. Il s'agit d'un thriller haletant où chaque individu est susceptible de commettre les pires bêtises, comme de ne pas en réchapper. Il s'agit d'un roman noir où l'espoir est la denrée la plus rare. Il s'agit de véritables êtres humains souffrants, prisonniers à la fois de leur environnement social désespéré, mais aussi de leur condition humaine. Il s'agit d'une immersion graphique d'une grande qualité dans un milieu social condamné, parmi des individus qui refusent de capituler.
Commenter  J’apprécie          70
Django unchained

Django Unchained, le film de Quentin Tarantino, a remporté un très grand succès au niveau du public et des critiques en 2013.



Dès janvier 2014, la BD fait son entrée dans le prolongement du film, puisque c’est Tarantino en personne la scénarise avec plusieurs illustrateur qui assurent le dessin.

Django, ancien esclave s’associe avec le Dr. Schultz en tant que chasseurs de prime. Les deux hommes vont développer une belle amitié et tenter de sauver Bromhilda, l’épouse de Django, vendue comme esclave à l’un des plus vils « négriers » du Mississippi…



Un film que j’ai beaucoup aimé, avec le très bon casting de Jamie Fox à De Caprio en passant par Christoph Waltz dans le rôle du docteur Shultz.



Même si la BD se laisse lire, j’ai été déçue dans l’ensemble.



La transposition du script d’origine de Tarantino, avec les scènes coupées promettait d’être superbe ! Mais je n’ai pas ressenti de plaisir particulier !



La reproduction est trop identique au film, sans se démarquer, alors que le support BD, donne une liberté d’action, c’est en fin de compte une transposition du script d’origine, du coup je me suis ennuyée…



Le Dr Shultz n’a aucun charisme ! L’attitude plutôt cool de Django a disparu et la BD perd tout l’attrait que le film avait.



J’ai trouvé dommage que les dessins soient trop ressemblants aux visages des acteurs du film, au lieu de partir sur des nouveaux en accentuant peut être leurs traits de caractère, en plus les visages sont vraiment ratés (enfin pour moi)



Danijel Zezelj est le seul qui se démarque et dont j’ai aimé les dessins, il n’a pas essayé de copier le film et ça fait u bien.



Pour un western, il y a une absence quasi douloureuse de décors ! Ce qui donne une BD quasiement ans âmes.



Malgré quelques planches très sympa, cette BD n’apporte rien de nouveaux.



peut être suis-je influencée par le film, peut être qu’une personne qui ne l’a pas vu aura un oeil nouveau et trouvera à cette BD l’âme qui lui manque !



Pourtant Tarantino s’est entouré de pas moins de 4 talents, ce qui entraine différents coups de crayon propre à chacun et peut perturber la lecture.
Lien : https://julitlesmots.wordpre..
Commenter  J’apprécie          70
Scalped - Intégrale, tome 2

Scalped ne vous déçoit pas. Cette nouvelle édition intégrale permet aux "retardataires" de retrouver l'une des meilleures séries de ces dernières années, d'un très haut niveau.
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
Commenter  J’apprécie          00
Scalped, tome 9 : A couteaux tirés

Dashiell Bad Horse a pour mission de faire tomber Lincoln Red Crow, le chef de la police de la réserve de Prairie Rose et… de la mafia locale. Dans ce volume, l’heure de s’amender est venue pour Red Crow. A la surprise générale, il décide de mettre fin à toutes ses activités illicites. Dashiell, gravement blessé, découvre l’identité de l’assassin de sa mère.

Je décris un personnage pour chacun des 10 volumes de la série :

Volume 09 – L’Officier Franklin Falls Down

Franklin est l’officier le plus intègre de la réserve. Il est aussi un des seuls à ne pas avoir été engagé par Red Crow. Le dossier Gina Bad Horse lui a été confié, mais loin de lui apporter une reconnaissance appréciable, ses découvertes le mettent avant tout en danger. En discutant avec Laurence Belcourt, condamné à tort pour le meurtre de deux agents fédéraux, Falls Down apprend la véritable identité de l’assassin. Capturé par Catcher, il parvient à s’échapper, aidé par ce qu’il pense être l’esprit de Gina.
Commenter  J’apprécie          90
Scalped, tome 8 : Le prix du salut

Dashiell Bad Horse est un agent du FBI infiltré dans la police tribale de la réserve de Prairie Rose. Il a pour mission de faire tomber Lincoln Red Crow, le chef de la police et… de la mafia locale. Dans ce volume, Baylis Nitz, le patron de Dash met enfin la main sur l'élément déclencheur susceptible de relancer son enquête sur le chef Lincoln Red Crow. De son côté, Dash Bad Horse remue ciel et terre pour retrouver l'assassin de sa mère, et l'officier Falls Down endure quant à lui une bien étrange captivité.

Je décris un personnage pour chacun des 10 volumes de la série :

Volume 08 – Catcher

Arthur J. Pendergrass, alias Catcher, est un ancien chef du mouvement radical aux côtés de Red Crow et Gina. Catcher a depuis progressivement sombré dans l’alcool et la folie. Il prétend recevoir des visions des Êtres du Tonnerre, dieux vénérés par son peuple: des visions de malheur imminent, toutes centrées sur Dashiell ou ses proches. Malgré l’amour qu’il lui portait, Catcher assassina Gina lors d’un accès mystique. Blessé après avoir tenté de tuer Dashiell, il erre depuis en pleine nature.
Commenter  J’apprécie          110
Scalped, tome 4 : La rage aux tripes

L'agent spécial Dashiell Bad Horse est infiltré dans la police tribale sioux oglala de Prairie Rose. Il travaille pour Lincoln Red Crow, chef de la réserve, de la police et… de la mafia locale. Depuis l'ouverture de son casino, Red Crow fait de gros efforts pour ne pas faire de vagues, mais il lui faut encore garder son calme face à celui qui le harcèle sans cesse.



Je choisis de décrire un personnage pour chacun des 10 volumes :

Volume 04 – L'Agent Baylis Nitz

L'impitoyable supérieur hiérarchique de Dash Bad Horse n'a jamais eu de cesse depuis 15 ans de vouloir se venger de Red Crow et de Gina Bad Horse depuis leur implication dans le meurtre de deux de ses collègues. II a intimé l'ordre à Dash de mettre tout en oeuvre pour que son ennemi juré Red Crow puisse être épinglé pour meurtre. Si la victime s'avère être Dash lui-même, Nitz n'en perdra pas le sommeil pour autant.
Commenter  J’apprécie          40
Scalped, tome 3 : Mères mortes

Depuis son retour dans la réserve indienne des sioux oglalas ou il avait passé sa jeunesse, l'agent spécial Dashiell Bad Horse est en infiltration dans la police tribale de Red Crow, chef de la réserve, de la police et... de la mafia locale. Dashiell Bad Horse se retrouve mêlé à deux meurtres atroces : celui d'une junky et celui de sa propre mère Gina.



Je décris un personnage pour chacun des 10 volumes de la série :

Volume 03 – Gina Bad Horse

Gina Bad Horse est la mère de Dashiell Bad Horse. Gina est brouillée avec son fils. Elle est aussi l'ex-amante et camarade de Red Crow. Gina est restée fidèle å ses convictions et à ses racines  et pour ça elle s'est fait beaucoup d'ennemis à l'intérieur comme à l'extérieur de la réserve. Impliquée dans les coups de feu qui ont tué deux agents du FBI lors de sa période activiste, elle a récemment désespérément tenté de renouer avec son fils, avant d'être elle-même assassinée.

Commenter  J’apprécie          70
Scalped, tome 1 : Pays indien

Cette série en 10 volumes se déroule de nos jours dans la réserve indienne des sioux oglalas du Dakota du Sud. La réserve est ravagée par le crime organisé, la drogue, l'alcool et la violence.



Je choisis de décrire un personnage pour chaque volume de la série :

Volume 01 – L'agent spécial Dashiell Bad Horse.

Encore adolescent, Dash a quitté la réserve de Prairie Rose sans même un regard en arrière, en se jurant de ne plus jamais y remettre les pieds. Il ne veut plus revoir sa mère, à qui il reproche d'avoir été accaparée par ses activités de militante de la libération amérindienne au lieu de s'occuper de lui pendant son enfance. Pourtant des années plus tard, les circonstances l'ont contraint à revenir sur ses pas. le FBI, dont il est devenu membre, lui a donné une mission : faire tomber le chef Lincoln Red Crow qui tire les ficelles de toutes les activités criminelles, en infiltrant les rangs de sa police tribale. Au FBI, son supérieur espère surtout qu'il sera capable de mettre à jour des éléments sur le meurtre de deux agents survenu dans les années 1970.

Commenter  J’apprécie          60
Scalped, tome 9 : A couteaux tirés

Amputé du bras droit, le bas empire.

Après une terrible introduction du scalpeur scalpé, flashback de la tragique histoire amérindienne, le pénultième volume de la série Scalped plonge là où le précédent et trépidant opus avait laissé le lecteur sonné. Lincoln Red Crow a décidé de détruire tous ses laboratoires clandestins fabriquant des drogues de synthèse, provoquant colère, peurs et violences. Hors de la réserve lakota, le shérif Wooster Karnow veut en faire autant, mettant au trou de gros méchants, épargnant Dino le borgne. Dans sa prison de White Haven s’entassent déjà Wade Rouleau, père de Dash Bad Horse, Catcher, meurtrier mystique, James Festus Selby, minable dealer diligenté par Red Crow pour occire Catcher puis, peu après, Shunka, bras droit du caïd. Le jeu de massacre n’élimine pas nécessairement les cibles. Pour Dashiell Bad Horse, blessé et hospitalisé, la mâchoire fracturée, le moment est venu d’affronter Shunka. L’épisode se clôt sur un cliffhanger infernal.

La série ne faiblit jamais, conservant lisibilité dans l’éclatement, cohérence dans la polyphonie, souplesse dans la violence. Le lecteur ne peut bouder son séjour en enfer.
Commenter  J’apprécie          20
Scalped, tome 8 : Le prix du salut

Catch à sept, Catcher, set.

Un nouveau tour d’écrou resserre le 8e volume de Scalped. Tous les protagonistes jouent leur jeu avec de maigres atouts en main. Le pathétique shérif de White Haven, Wooster Karnow ouvre le bal des maudits. Son impuissance patente le gangrène bien qu’il s’imagine être un autre. L’arrivée du marshal Virgil Drum pistant un forcené évadé va lui remettre les pendules à l’heure et lui sonner les cloches. L’épisode suivant braque sa lumière crépusculaire sur l’agent du FBI Baylis Earle Nitz acculé au suicide par dégoût suprême de soi-même, improvisant une opération kamikaze, jouant le va-tout de sa vie et empochant sur le fil des gains inespérés. Vient ensuite la confrontation entre Lincoln Red Crow et Hassel Rock Medicine, son père de substitution, désireux de le remplacer comme leader tribal. Le redoutable Catcher, fantôme émacié, mystique et déjanté tient à sa merci le policier indien Franklin Falls Down avec l’intention de l’éliminer. Quant à Dashiell Bad Horse promu par Red Crow comme son successeur, il attise la jalousie, la méfiance et la haine de Shunka, le bras-droit du chef tribal. La confrontation entre Dash et Catcher, en fin de partie, va s’avérer sanglante.

Résumer Scalped est complexe et vain car le récit tisse, expose, noue les liens entre les personnages avec fluidité et naturel. Chacun s’enfonce un peu plus dans le marigot de l’existence. Red Crow est un guerrier agissant. Il voit en Dashiell Bad Horse un combattant lakota capable de le remplacer. Les affects en jeu brouillent sans cesse les cartes. Nul ne maîtrise son destin et la tragédie avance monstrueusement.
Commenter  J’apprécie          30
Scalped, tome 1 : Pays indien

Moisson rouge

Après quinze années d’absence, Dash Bad Horse revient dans la réserve sioux de Prairie Rose où il a vécu enfant. Là, tout n’est qu’horreur, fureur et noirceur. Dash a des comptes à régler avec son passé mais pour le moment, diligenté en sous-main par le FBI, il doit infiltrer le gang de Lincoln Red Crow afin de faire tomber les têtes dont celle du leader mouillé dans de sordides trafics et impliqué dans le meurtre d’agents de la police fédérale. Red Crow a beaucoup misé dans la construction d’un casino sur la réserve et il ne veut aucun couac lors de l’inauguration. Les Blancs doivent être plumés consciencieusement. Dash est un cheval retors et une sacrée bourrique. A force de harangue et de castagne, il se fait remarquer et embaucher par Red Crow dans la police tribale. Il ne lui reste plus qu’à faire ses preuves et les occasions ne manquent pas.

Couverture et titre opèrent comme repoussoirs et dissuadent d’ouvrir le comics. Si le lecteur pousse la porte de la réserve et ouvre les premières pages, il plonge immédiatement dans la noirceur et la violence, le graphisme et les aplats noirs accentuant encore des dialogues rudes et des combats où le sang rutile. Si on passe outre la brutalité du propos et le choc visuel immédiat, la narration tendue et la mise en page électrisée entraînent de force le regard. L’histoire est simple à suivre et la psychologie des personnages est peu fouillée. Pourtant, à mesure, les flashbacks resserrent les liens entre les protagonistes et la complexité augmente avec les chausse-trapes en regard. Le suspense de la dernière image incite vivement à continuer le chemin dans le monde délabré de la réserve Lakota.
Commenter  J’apprécie          20
Scalped, tome 4 : La rage aux tripes

« Qui a le temps de se soucier des morts ? »

La longue introduction dessinée par Davide Furno allume en clair-obscur les passés conjugués de Carol, la fille de Lincoln Red Crow et de Dash Bad Horse, fils de Gina et d’un père devenu une épave. Le trait anguleux et expressif, les couleurs éteintes exacerbent une descente aux enfers programmée depuis toujours avec au menu le cocktail explosif de sexe et de drogues, de solitude et de déprime. Dash et Carol pourraient se trouver mais ils ne se touchent que pour mieux se repousser.

L’épisode suivant réalisé par R. M. Guéra entre dans le vif des sujets en se recentrant sur Dino Poor Bear que Red Crow avait gratifié d’une grosse somme d’argent lui permettant de fuir la réserve de Prairie Rose afin de concrétiser un rêve. Le geste altruiste de Red Crow n’a pas suffi à tirer Dino de l’engrenage mortel de la délinquance. Rattrapé par deux agents corrompus de la police tribale, Dino est obligé à convoyer de la drogue pour le compte des ripoux. Si les petits manèges s’avèrent lucratifs au début, bien vite la roue dentée de la mort s’active sous le scalpel d’un tortionnaire zélé, Mister Brass, agissant pour le compte de l’investisseur du casino désireux de mettre un peu d’ordre dans une réserve indienne livrée au chaos.

Le 4e volume fait littéralement décoller la série. Red Crow est encore un homme dangereux au corps à corps mais les combats les plus redoutables sont ceux qu’il se livre à lui-même, tenaillé par un passé qui pulse par à-coup dans le contrepoint désenchanté de flashbacks brefs et intenses.
Commenter  J’apprécie          20
Scalped, tome 3 : Mères mortes

L’amour flou et la mort convulsive

Les cauchemars récurrents et morbides réveillent brutalement Dashiell Bad Horse et le laissent seul avec ses souvenirs et ses hantises notamment celle d’être un agent infiltré du FBI découvert par le chef tribal et mafieux Red Crow qu’il doit faire tomber coûte que coûte. Après ce one-shot d’introduction dessiné par John Paul Leon, le récit démarre sous les pinceaux du dessinateur attitré R. M. Guéra. Lincoln Red Crow prévenu par la police tribale s’est assis auprès de la femme scalpée et assassinée qui n’est autre que celle qu’il a aimée, Gina Bad Horse. Dash se désintéresse du sort tragique de sa mère. Il intervient avec pertes et tracas dans un laboratoire clandestin pour y découvrir le cadavre d’une femme. Engine Diesel, l’autre agent infiltré du FBI serait responsable des abus sexuels et du meurtre conclusif. Dashiell est contraint de réfréner sa soif de justice d’autant qu’il semble s’investir auprès des jeunes orphelins laissés sur le pavé. Pour son malheur, il va initier l’aîné au maniement des armes.

La série prend son temps pour creuser les personnages à coup de flashbacks éclairants. Si les dessins de Leon en prologue et de Furno en épilogue ne convainquent pas, le récit principal réalisé par Guéra est dynamique et percutant. Les cadrages variés et les images raccords fluidifient une narration heurtée à travers laquelle éclate à tout instant une violence convulsive mais le dessinateur apporte davantage de force à travers des regards pensifs et des postures accablées loin des éructations grimaçantes et d’une bestialité explosive.
Commenter  J’apprécie          50
Django unchained

Une fois n'est pas coutume, c'est d'un film que l'on tira une BD.

Django, Tarantino est alors au sommet de son art, s'cusez du pneu !

Scénario chiadé, bande originale mythique, que du lourd.

Les adorateurs du film devraient y trouver leur compte, la version à bulles égalant presque celle sur grand écran.

A tous les autres que j'envie et ignorant totalement de quoi il retourne, un seul mot d'ordre, ruez-vous dare-dare sur l'objet livresque qui présente la particularité de posséder quelques plans alors gommés de la version originale..



Django est aux mains de négriers lorsqu'il croise la route du bon Dr Schulz.

Cinq minutes et quelques échanges d'amabilité plus tard, c'est en homme libre qu'il chevauche à ses côtés.

Bien plus qu'un libérateur, il deviendra son mentor.

L'homme qui fera de lui la plus fine gâchette du Sud mais également celui susceptible de lui faire retrouver les bras protecteurs de Broomhilda, sa dulcinée.



On est pas loin du sans-faute.

La particularité de ce récit, l'alternance de dessinateurs se succédant régulièrement avec un bonheur presque égal. Et c'est ce presque qui fera ici toute la différence. Si trois d'entre eux se lisent avec une continuité dans les traits presque rassurante, lorsqu'apparait Danijel Žeželj, j'avoue avoir les yeux commencer à piquer.

Trait épais, sombre, imprécis, cassant véritablement une dynamique jusqu'alors irréprochable.

Ceci étant dit et purement subjectif, rien de rédhibitoire au point de vouloir faire l'impasse.

Un découpage vivant, des dialogues à la verve rafraichissante (mention spéciale à Schulz), tout concorde finalement à ce que cette variante crépusculaire tienne la dragée haute à sa version primitive.

A découvrir ou redécouvrir fissa.



4.5/5



https://www.youtube.com/watch?v=xdOykEJSXIg
Commenter  J’apprécie          480
Django unchained

1858, quelque part dans le Texas... En pleine nuit, deux négriers trainent avec eux sept esclaves noirs achetés au marché de Greenville. Un homme, se présentant comme le docteur King Schultz mais reconverti en chasseur de primes, les accoste. En s'adressant aux esclaves, il leur demande si l'un d'eux n'aurait pas résidé à la plantation Carrucan. Un nègre, Django, s'avance. Le docteur lui explique alors qu'il est à la recherche des frères Brittle, leurs têtes ayant été mises à prix, et qu'il souhaiterait l'aide de ce dernier pour les retrouver, ne sachant à quoi ils ressemblent. Schultz propose 80$ pour acheter Django mais les négriers ne l'entendent guère de cette oreille, leur esclave n'étant pas à vendre. Les balles fusent, l'un des négriers est tué, l'autre blessé. Après quelques billets jetés à terre, le docteur libère les esclaves et part avec Django. Evidemment, lorsqu'ils débarquent à Daughtrey, l'aubergiste voit d'un très mauvais œil ce noir qui entre dans son saloon. Les autorités locales sont prévenues de cette intrusion. Le shérif, qui se trouve être finalement un hors-la-loi , est abattu froidement. Les deux hommes s'en sortent bien. Le docteur Schultz va ainsi prendre Django sous son aile, lui apprendre à tirer et à devenir un véritable chasseur de primes. Mais, il va également l'aider à retrouver sa femme, Broomhilda, enlevée, martyrisée et vendue aux enchères aux frères Brittle...



Une fois n'est pas coutume, le 7ème art a inspiré le 9ème... Cette version papier reprend l'intégralité du script du film de Quentin Tarantino. En effet, des scènes ont dû être coupées dans le film pour s'adapter aux exigences du cinéma. "Django Unchained", réalisé en 2012, avec au casting Jamie Foxx, Samuel L. Jackson et Leonardo DiCaprio, a connu un vif succès dans les salles obscures.

Divisé en 7 chapitres, Quentin Tarantino et Réginald Hudlin au scénario, nous plonge au cœur de cette Amérique du XIXème siècle et nous offre un western riche, quelque peu revisité, qui fleure bon la poussière, la vengeance et les règlements de compte. L'on suit la chevauchée de ces deux hommes à travers les Etats-Unis, du Texas au Tennessee, à la recherche de Broomhilda. Les personnages sont d'une force incroyable et les scènes de violence ne manquent pas.

Pour le dessin, Tarantino s'est entouré de pas moins de 4 talents, Guera en tête. L'on pourra justement regretter les différents coups de crayon propre à chacun d'eux, ébranlant quelque la lecture. Les traits sont d'une noirceur implacable, les jeux d'ombre et de lumière sont omniprésents, créant une ambiance d'autant plus sombre. Les pleines pages entre chaque chapitre sont magnifiques.

Même si cet album comporte des scènes supplémentaires par rapport au film, cela ne gâche en rien la lisibilité du scénario, bien au contraire. Avec pas moins de 280 pages, il rend magnifiquement hommage au 7ème art tant l'adaptation est fidèle.



Django Unchained... une version papier aussi réussie que le film!
Commenter  J’apprécie          500
Scalped, tome 9 : A couteaux tirés

Ce tome fait suite à Le prix du salut (épisodes 43 à 49). Il contient les épisodes 50 à 55, parus en 2011. C'est l'avant dernier tome de la série. Le scénario est de Jason Aaron, et les illustrations de R.M. Guéra.



Épisode 50 - Jason Aaron revient sur l'histoire des amérindiens à partir de 1876, sur une forme donnée à leur extermination, et sur le parcage en réserve de force. Il donne également une leçon de comment scalper (à déconseiller aux âmes sensibles). Cet épisode est illustré par R.M. Guéra et il contient quelques pages de dessinateurs invités : 1 page dessinée par Timothy Truman (auteur connu pour sa série post-apocalyptique Scout mettant en scène un amérindien, et pour ces bandes dessinées sur leur histoire, par exemple The true story of Simon Girty, the renegade, en VO), 1 par Brendan McCarthy (connu pour son penchant pour le psychédélisme, par exemple Spider-Man : Fever), 1 par Jill Thompson (l'excellent Bêtes de somme), 1 par Jordi Bernett (Torpedo), 1 par Denis Cowan, 1 par Dean Haspiel (Cuba, my revolution), 4 par Igor Kordey, et 1 par Steve Dillon.



Aaron expose une pratique ignoble liée à l'extermination des amérindiens et il intègre dans sa narration les dessins pleine page des artistes invités qui semblent correspondre à des illustrations qui auraient pu se trouver en fin de volume. Timothy Truman illustre à merveille le vent de la révolte d'une jeunesse opprimée. Jill Thompson réalise un magnifique portrait d'Agnes Poor Bear. Brendan McCarthy capture la facette la plus merveilleuse de Catcher.



-

Épisodes 51 à 55 - Lincoln Red Crow fait appliquer les décisions qu'il a prises dans le tome précédent, malgré le désaccord de Chunka. Wooster T. Karnow s'en tient à son nouveau code de conduite à ses risques et périls. Baylis Earl Nitz essaye de reprendre contact avec Dashiell Bad Horse. Rath se fait coffrer. Dashiell récupère ses nunchakus. Arthur Pendergrass vit mal sa séparation d'avec Festus. Beaucoup de confrontations violentes et brutales s'en suivent.



Comme à son habitude, R.M. Guéra insuffle une plausibilité maximale à chaque endroit, et une personnalité intense à chaque individu. Le lecteur peut ainsi se retrouver transporté dans un laboratoire clandestin synthétisant de la méthamphétamine, dans le quartier général de Rath, avec un de ses sbires à compter les recettes, à préparer les colis de drogue et à recevoir les coursiers, ou dans une cellule de prison. Il peut tout aussi bien sentir la chaleur du soleil couchant sur le bas coté de l'autoroute à la frontière de la réserve Prairie Rose, ou la froideur de la nuit dans les collines avoisinant la réserve. En pleine planque devant une installation illicite, il va craindre ce que cache chaque ombre ; comme dans un lieu confiné, il va redouter ce qui se trouve derrière chaque encoignure. Chaque action se déroule en fonction du lieu dans lequel elle se situe, l'agencement du lieu imprime sa logique et ses contraintes sur les mouvements des personnages, leur évolution dans l'espace. Au milieu de ces espaces à la conception rigoureuse, le lecteur en vient même à ne pas remarquer que par 2 ou 3 fois, Guéra s'économise sur les décors le temps d'une page, ou une page et demie.



Ce tome est également l'occasion de revoir de nombreux personnages déjà croisés lors des précédents, et le lecteur retrouve des visages familiers dont la personnalité saute aux yeux. Il y a l'attitude posée et impressionnante de Lincoln Red Crow. La détermination silencieuse de Dashiell Bad Horse se lit sur ses traits durs et marqués. La rage de Shunka couve à fleur de peau dans son visage crispé, son attitude rigide. L'incroyable morgue et le sentiment d'impunité irradie du visage de Rath, encore un individu à la présence incroyable. Baylis Earl Nitz reste toujours aussi terrifiant dans son mépris pour les autres, l'intensité de sa haine pour Red Crow. Il faut voir son visage contorsionné hurler le nom de Red Crow dans le casino pour recevoir de plein fouet cette émotion dévastatrice.



Arrivé à ce neuvième tome, l'avant dernier de la série, la question se pose de savoir ce que le lecteur attend du récit. Il ne s'agit pas d'une question de pure rhétorique, mais plutôt de prendre conscience que le déroulement du récit lors des tomes précédents a tissé une narration d'une grande richesse, brassant plusieurs thèmes complexes, développant chaque personnage pour en faire des individus aux motivations différenciées et crédibles, aux aspirations particulières, aux défauts très humains. De ce fait le lecteur a acquis le sentiment qu'il ne peut pas y avoir de résolution simple ou définitive de chaque conflit, de chaque difficulté. Ces individus ont une vie propre, et comme pour chacun d'entre eux il n'y a pas de solution magique aux difficultés de la vie. Or Aaron choisit d'orchestrer plusieurs confrontations au travers desquelles le lecteur peut avoir l'impression de le voir tirer les ficelles de ses personnages pour apporter des résolutions bien tranchées. En fonction de l'attente du lecteur il pourra être satisfait par ces issues bien nettes, ou un peu déconcerté par ce qui ressemble à des duels qui tombent à point nommé, de manière trop providentielle. C'est comme si Aaron avait eu le souci de tenir ses promesses en matière de conflit de manière simple et directe. C'est un aspect qui peut surprendre dans la mesure où Aaron continue à faire montre d'une finesse psychologique qui met en lumière de nouvelles facettes des personnages principaux. De même les agissements de Festus s'inscrivent dans le thème de l'animisme et des croyances amérindiennes, mais le résultat verse plus dans la farce que dans le drame.



Aaron et R.M. Guéra font converger la majeure partie de leurs fils narratifs pour apporter des résolutions à plusieurs conflits. L'histoire est très prenante et très intense. La forme du récit est plus directe que dans les tomes précédents, sans rien perdre de la finesse psychologique des personnages, mais en proposant des aboutissements très tranchés. La série se conclut dans le tome 10 (épisodes 56 à 60).
Commenter  J’apprécie          40
Scalped, tome 8 : Le prix du salut

Ce tome fait suite à Rez blues (épisodes 35 à 42). Il contient les épisodes 43 à 49, parus en 2011. Tous les scénarios sont de Jason Aaron.



Épisode 43 (illustration de Jason Latour) - Cet épisode s'intéresse à un personnage déjà apparu dans les épisodes 16 et 30 : l'inénarrable Wooster T. Karnow, shérif de White Haven dans le Nebraska. Il a le déplaisir prononcé de voir débarquer Virgil Drum, U.S. Marshal de son état, à la poursuite d'Eugene Evers, un évadé de prison.



Avec cet épisode, Aaron invite le lecteur à découvrir qu'un autre personnage qui ne semblait là que pour faire souffrir Bad Horse et apporter une touche d'humour sadique dispose d'une personnalité développée et tourmentée. L'exercice de style est à nouveau convaincant, réussi et distrayant. La fin laisse supposer que le lecteur aura l'occasion de revoir Wooster Karnow. Latour utilise un style plus esquissé que celui de Guéra, insistant plus sur l'ambiance et le fardeau porté par chaque personnage. Le résultat se marie parfaitement avec le thème principal de l'histoire et le lecteur se retrouve au premier rang pour voir la souffrance de chaque individu, sa mesquinerie, ses bassesses tellement humaines.



-

Épisode 44 "The night they drove old Dixie down" (illustrations de Davide Furnò) - Dans la série il y en aura pour tout le monde, c'est au tour de Baylis Earl Nitz de trinquer. Il subit les conséquences de ce qui est arrivé à Britt Fillenworth : son supérieur hiérarchique à décidé de le lourder, et les nouvelles vont vite.



Personne n'est à l'abri dans cette série, et le concept d'impunité n'y a pas sa place. Il est impossible de se retenir d'éprouver un grand plaisir à voir Baylis Earl Nitz tomber en déchéance. C'est un personnage qui n'a rien pour lui et qui représente un danger pour Dash et Lincoln depuis le début. Aaron lui réserve une série d'épreuves à sa façon qui finissent même par attendrir le lecteur le plus coriace quant au sort de Nitz. Furnò a accompli des progrès en termes de dessins : ses illustrations sont plus viscérales et disposent de plus de détails que précédemment. Il sait faire passer le feu intérieur de chaque personnage, sa détermination, et sa dangerosité. Le résultat est très intense du début à la fin, avec quelques touches d'humour noir bien malsaines.



-

Épisodes 45 à 49 (illustrations de RM Guéra) - Le temps est venu pour Dashiell Bad Horse de donner sa réponse à Lincoln Red Crow quant à son engagement. La réponse n'est pas du goût de Shunka. Les élections de chef de la tribu approchent et Red Crow fait face à un candidat sérieux : Hassell Rock Medecine, son père adoptif, et mentor d'une certaine manière. Arthur Pendergrass et l'officier Franklin Falls Down ont une dangereuse discussion à coeur ouvert. Carol Ellroy se confie à Dino Poor Bear. Lawrence Belcourt s'entretient avec Lincoln Red Crow.



Tous les personnages principaux de la série sont présents pour un grand jeu de massacre. S'il est possible de ressentir qu'Aaron déplace ses pions vers une résolution à tiroirs, il est également manifeste que l'histoire réserve encore de nombreuses surprises. Au-delà des révélations, des coups de théâtre et des explosions de violence très brutale, le lecteur retrouve le thème des conséquences de la faute des pères sur leur progéniture. Aaron joue avec le concept de destin implacable, tout en montrant qu'il suffit d'un battement d'aile de papillon pour que le sort de chaque protagoniste change du tout au tout. Cette façon d'osciller entre une voie ou une autre peut s'avérer parfois agaçante. Qu'Aaron choisisse et qu'il raconte son histoire en conséquence ! D'un autre coté, c'est également une façon de tester les limites du libre arbitre de chaque individu, de montrer que chacun doit faire au mieux avec ce qu'il a. Le plus terrifiant est qu'un des personnages énonce cet état de fait dans ces mêmes termes, le plus terrifiant réside dans l'état mental de ce personnage. Aaron continue également à évoquer la spiritualité des uns et des autres au travers des traditions amérindiennes (très bien intégrées, sans aucun mépris, aucune supériorité intellectuelle). Il semble que le sort de chacun se jouera sur ce petit supplément d'âme, la qualité de sa vie spirituelle, le prix qu'il accorde à la vie humaine, à celle des autres que lui.



R.M. Guéra dessine ces 5 épisodes, et c'est un délice rare. Il est impossible de déterminer de quelles références il dispose, mais il est certain que ses illustrations de la réserve exhalent un parfum d'authenticité totalement immersif. Guéra sait créer des images qui ne donnent pas une impression d'accumulation compulsive de détails photographiques. Et pourtant dès que le regard s'attarde sur une case il découvre des éléments qui apportent une substantialité dense à chaque endroit. Il suffit de s'attarder sur la décoration intérieure de la maison de Hassell Rock Medecine pour savoir qu'effectivement ce personnage aménagerait son intérieur ainsi, ça c'est vraiment lui, le reflet de sa personnalité.



Guéra fait montre d'un sens du cadrage et du langage corporel tout aussi juste. Lorsque le lecteur voit Lawrence Belcourt se rendre à la douche, il n'a pas besoin de lire le texte pour comprendre les enjeux de ce parcours, les risques encourus, la résignation particulière du personnage. Tout se voit dans la posture des individus, dans la démarche de Belcourt, etc.



Ce qui est encore plus hallucinant, c'est que Guéra sait tout rendre plausible. 2 hommes courant tout nu dans la neige pour plonger dans un cours d'eau glacé : normal, évident même. Il ne s'agit pas d'une scène dans laquelle le scénariste se fait plaisir, il s'agit d'une scène qui en dit long sur les convictions de ces individus, sur leur degré d'implication, sur ce qui les lie, sur leurs non-dits. Un homme à cheval qui en tire un autre à pied par une corde : non, il ne s'agit pas d'un cliché sorti d'un western spaghetti bon marché, il n'y a aucun doute que ça s'est vraiment passé comme ça, que le cavalier s'est vraiment conduit de cette façon. Le talent de conteur de Guéra mène le lecteur par le bout du nez ; il souhaite savoir comment ça s'est passé parce que Guéra ne saurait lui mentir.



Aaron et ses illustrateurs renouvellent le miracle de tome en tome : ils impliquent émotionnellement le lecteur sur le sort d'individus violents englués dans leurs conditions et les conséquences de leurs actes et de leur nature. Il n'y a pas de bons et de méchants, il n'y a pas d'âme noble, il n'y a pas de héros. Et pourtant chaque personnage est attachant. La suite dans Scalped, tome 9 (épisodes 50 à 55), l'avant dernier tome.
Commenter  J’apprécie          40
Scalped, tome 4 : La rage aux tripes

Ce tome fait suite à Mères mortes (épisodes 12 à 18). Il contient les épisodes 19 à 24, parus en 2008/2009. Tous les scénarios sont de Jason Aaron.



Épisodes 19 & 20 (illustrations de Davide Furnò, couvertures de Tim Bradstreet) - Dashiell Bad Horse se heurte aux limites de ses interventions professionnelles, et à une proposition inattendue et dangereuse de Lincoln Red Crow. Carol Ellroy se heurte à son quotidien étriqué et dégradant de serveuse dans un troquet, au comportement entreprenant des clients, et à ses souvenirs.



Jason Aaron développe l'histoire de ses personnages. Il s'attache cette fois-ci à la relation entre Dashiell Bad Horse et Carol Ellroy, en revenant sur le passé de Carol. À nouveau, Aaron surprend le lecteur, il façonne petit à petit des individus complexes, au passé forcément traumatisant puisqu'il s'agit d'un roman noir, mais aussi d'une tragédie. Au fil des pages le lecteur peut commencer par sourire devant une telle accumulation de coups du sort, mais la passion des personnages et le savoir faire d'Aaron transforment ces ressorts dramatiques traditionnels en une étude de caractère psychologique qui montre plutôt qu'elle n'explique, qui fait apparaître les émotions, les liens affectifs et les horreurs de la condition humaine, à commencer par l'incommunicabilité. Ce dernier point est mis en images dans une scène d'une intensité incroyable, aussi désespérée qu'humaine.



Si les illustrations de Furnò semblent un peu fades par comparaison avec celles de Guéra, il fait la preuve dans cette scène entre Dashiell et Carol d'une sensibilité et d'une justesse remarquables au travers de sa mise en page. La densité d'informations visuelles dans ses cases est un peu plus faible, mais le découpage et la mise en scène s'avèrent vivants et adaptés au récit. La scène finale achève le lecteur, en s'inscrivant dans le ton tragique du récit. Impossible de rester de marbre devant la décision de Dashiell Bad Horse.



-

Épisodes 21 à 24 (illustrations de RM Guéra, couvertures de Jock) - D'un coté, Lincoln Red Crow doit gérer les affaires courantes : Mister Brass très encombrant et très salissant (il s'agit de l'envoyé des Hmong pour s'assurer des qualités de gestionnaire de Red Crow, du fait qu'ils ont investi de l'argent dans le casino), le souvenir de l'âme d'une défunte, l'impatience grandissante de Shunka (Uday Sartana), et les magouilles de ses hommes de main. De l'autre coté, Dino Poor Bear a enfin réparé sa Camaro ce qui le met dans un pétrin inextricable.



Aaron se tourne cette fois-ci vers Lincoln Red Horse et Dino Poor Bear, en mettant en évidence les différences dans leurs parcours. À nouveau, il ne s'agit pas d'un dispositif un peu artificiel pour donner un air intelligent au récit. Comme pour Dashiell et Carol, l'histoire de ces 2 personnages s'entremêle. Ces 2 individus sont à leur manière le produit de leur environnement qui magnifie leurs traits de caractère. Le lecteur en découvre plus sur le passé de Lincoln Red Crow, ses liens avec Gina Bad Horse et Reginald Standing Rock. Il peut également observer comment Red Horse se perçoit lui-même et par quoi ses actions sont motivées. À nouveau Aaron fait en sorte que ce personnage dépasse les simples clichés pour devenir un être humain complexe avec plusieurs facettes. À nouveau il respecte les codes du roman noir, tout en décrivant des modes de fonctionnement très humains. Le parallèle avec la situation de Dino n'a rien de simpliste. Il ne s'agit pas d'une dichotomie basique entre un chemin de vie opposé à un autre. Outre l'époque de leur jeunesse qui n'est pas la même, et donc les opportunités qui sont pas les mêmes, Aaron met en lumière qu'ils sont rongés par un mal être de même nature (d'où le titre "gravel in your guts"), tout en évoluant dans 2 mondes totalement différents du fait de leur position sociale. Le lecteur est amené à ressentir de l'empathie pour l'un comme pour l'autre, bien que ni l'un ni l'autre ne puisse prétendre au titre de modèle, et encore moins de héros. Il ne s'agit pas simplement d'une fascination malsaine ou morbide devant leur malheur, il y a également un enjeu affectif pour leur devenir, et une forme sentiments partagés lorsqu'ils se cognent à des obstacles, au plafond de verre, à leur condition sociale et humaine.



Ces 4 épisodes sont aussi l'occasion de profiter des illustrations incomparables de R.M. Guéra. Sous ses pinceaux, Lincoln Red Crow est un individu toujours aussi massif, imposant et terrifiant. Mister Brass est toujours aussi abject et angoissant par sa simple présence. Guéra sait montrer juste ce qu'il faut pour donner une réalité insoutenable aux agissements sadique et dépravés de Mister Brass (et son horrible petit sourire satisfait et écoeurant), sans tomber dans le voyeurisme, un équilibre parfait et exceptionnel. Sa mise en page rigoureuse fait monter la tension pendant les confrontations psychologiques qu'il s'agisse de l'interpellation pour excès de vitesse de Dino, ou de sa rencontre avec son premier client, et cela en l'absence de toute violence physique. Le lecteur peut ressentir les fluctuations de niveau d'ascendance que les uns prennent sur les autres, par leur jeu d'acteur. Guéra utilise le langage corporel, l'apparence, les expressions du visage pour montrer les tensions, les appréhensions, l'assurance des personnages. Et lorsque la violence physique éclate, l'action est décrite avec évidence, un maximum de force et de douleur, en un minimum de cases.



Ce quatrième tome confirme la forme et le fond du récit. Il s'agit d'un thriller haletant où chaque individu est susceptible de commettre les pires bêtises, comme de ne pas en réchapper. Il s'agit d'un roman noir où l'espoir est la denrée la plus rare. Il s'agit de véritables êtres humains souffrants, prisonniers à la fois de leur environnement social désespéré, mais aussi de leur condition humaine. Il s'agit d'une immersion graphique d'une grande qualité dans un milieu social condamné, parmi des individus qui refusent de capituler. Le destin continue d'avancer dans La vallée de la solitude (épisodes 25 à 30).
Commenter  J’apprécie          30
Scalped, tome 3 : Mères mortes

Ce tome comprend les épisodes 12 à 18 de la série, parus en 2008. Il fait suite à Casino boogie (épisodes 6 à 11). Il faut impérativement avoir commencé la série par le premier tome. Tous les scénarios sont de Jason Aaron.



Épisode 12 (illustrations de John Paul Leon) - Dashiell Bad Horse passe une nuit pénible, seul chez lui. Il réfléchit à sa situation d'agent double, aux risques inhérents, à sa condition. Aaron s'attarde sur ce personnage pour donner quelques éléments d'informations supplémentaires sur son parcours, pour définir son état d'esprit. C'est également l'occasion pour lui d'approfondir la condition d'amérindien. Le discours de Lincoln Red Crow sur la réserve permettait au lecteur de bien comprendre qu'Aaron n'avait pas choisi le lieu de son intrigue au hasard. Avec cet épisode, le scénariste montre que ces personnages ne se contentent pas d'avoir la peau cuivrée ; ils ont grandi dans un milieu indien, ils sont imprégnés de cette culture, ils sont indiens appartenant à différentes tribus. Aaron inscrit la réserve et ses habitants dans l'histoire de ce peuple, ses croyances et ses coutumes. Il s'agit d'un parti pris risqué qui peut vite tourner à la caricature réductrice ou à la simplification exotique prédigérée pour tourisme de masse. Ici Aaron montre que son honnêteté de créateur l'amène à aborder cet aspect de ses personnages. Il n'est qu'à moitié convaincant pour les croyances et la mythologie (difficile de décrire avec respect et conviction des individus animistes), il reprend toute sa force et sa pertinence lorsqu'il y associe l'histoire de ces nations. Les illustrations de John Paul Leon sont sombres à souhait, avec une bonne densité d'informations visuelles. Il sait décrire avec justesse les petits gestes quotidiens tels que l'ouverture d'une bouteille de bière sur un coin de table, ou le rasage du crâne de Dashiell. Elles sont juste un cran en dessous de celles de R.M. Guéra.



-

Épisodes 13 à 17 "Mères mortes" (illustrations de R.M. Guéra) - Le cadavre de femme scalpée (dernière image du tome 1) a été retrouvé dans le désert. Lincoln Red Crow se rend sur place pour rendre hommage à cette personne qu'il a bien connue. Pendant ce temps, Dashiell Bad Horse mène une descente dans un laboratoire clandestin de méthamphétamine. Il y trouve un autre cadavre de femme, ainsi que ses 5 enfants (dont Shelton l'aîné) encore en vie. Il obtient le nom de son meurtrier d'un des truands : Diesel Engine. Il s'occupe un peu de Shelton dans les jours qui suivent. Et il rencontre à nouveau son contact au FBI qui lui apprend qu'il y a un deuxième agent infiltré dans la réserve.



Après une nuit d'inauguration mouvementée et complexe au casino, Aaron revient à sa première intrigue : le destin de Dashiell Bad Horse, et sa mission d'agent double. Mais déjà la série n'est plus l'histoire d'une seule personne. Dashiell s'est incarné en tant qu'individu pour le lecteur et ces épisodes développent encore sa personnalité, ses valeurs, ses convictions, sa souffrance. Lincoln Red Crow occupe une place tout aussi importante et il incarne pleinement la génération précédente, ce qu'elle a construit et comment elle l'a construit. Aaron propose toujours un polar (intrigue policière + problématiques sociétales) brutal, méchant et viril se développant sur une intrigue machiavélique. Le lecteur découvre au fur et à mesure les ramifications des actions des uns et des autres, leurs liens, le poids de leur culture et de leur éducation. Aaron réussit un roman de genre dans ce qu'il a de plus révélateur de notre société, de la nature humaine. Même la composante la plus risquée (les traditions culturelles des nations indiennes) commence à faire sens lorsque Dashiell évoque la légende d'Iktomi à Shelton.



C'est avec un énorme plaisir que le lecteur retrouve les illustrations de R.M. Guéra. L'intérim assuré par John Paul Leon, puis par Davide Furnò permet de mieux apprécier le talent de cet illustrateur. Dès la première scène (3 pages sans texte où Lincoln Red Crow se recueille devant le cadavre scalpé en plein désert), le lecteur plonge dans cette partie monde auprès de ces individus à la présence irrésistible. Dès que Red Crow apparaît il s'en dégage un incroyable magnétisme. Guéra en fait un individu imposant aux traits fermés marqués par l'âge, au langage corporel décidé, à l'allure presque régalienne. L'attitude des personnes qui l'entourent témoigne également de son aura, de son ascendant. Les apparitions de Baylis Earl Nitz permettent également de mesurer toute l'intensité de son implication dans les affaires de la réserve Prairie Rose. Là où Guéra fait encore plus fort, c'est qu'il est capable de dessiner Shelton (très jeune adolescent) de manière crédible. Rendre plausible des enfants dans un récit très noir est un tour de force que peu de créateurs peuvent se vanter de réussir. Or dans ce cas précis, Shelton est bien un enfant déjà autonome et se comportant comme un enfant de son âge, sans mièvrerie, sans que le lecteur ait l'impression de voir évoluer un adulte de petite taille. L'apparence de Mister Brass (un nouveau venu annoncé dans le tome précédent) est également inoubliable, ainsi que ses actes de torture. Guéra continue d'être à l'aise dans la représentation des différents environnements, logements ou milieu naturel.



-

Épisode 18 (illustrations de Davide Furnò) - Lincoln Red Crow a confié l'enquête sur la femme scalpée à l'officier Franklin Falls Down. Cet épisode permet d'en apprendre plus sur ce personnage et ses motivations, pourquoi il continue d'être intègre et de bosser dans ce lieu sans foi ni loi. Malgré les épreuves vécues par Falls Down (à commencer par son nom indien peu flatteur, et qui n'a rien à voir avec un animal fringant), ce personnage apporte une touche positive dans cette histoire où tout le monde voit la violence sur autrui comme une bonne solution à ses problèmes et un défouloir efficace. Aaron en profite pour intégrer un autre élément folklorique : la hutte à sudation (sweat lodge) qui trouve sa place tout naturellement. Les illustrations de Furnò sont tout aussi noires que celle de Guéra, en plus griffée. Le décalage graphique est plus important qu'avec John Paul Leon, mais l'ambiance de la série est respectée.



La mise en couleurs de ces épisodes est assurée par Giulia Brusco. Elle utilise des teintes qui évoquent celles de la terre rouge du désert, de la lumière implacable, des matériaux de construction bon marché. Brusco sait à la fois rester en retrait des images, faciliter leur lecture et renforcer chaque ambiance.



-

Ce tome emmène le lecteur toujours plus près des personnages, plus près de leur essence, dans le cadre d'un polar toujours aussi violent, brutal, sadique et désespéré. Aaaron et Guéra réalisent l'équivalent d'un roman, en termes de densité des personnages, de complexité de l'intrigue, de substance des comportements psychologiques. Ils ne se limitent pas à tirer les bénéfices de la réserve indienne pour ce qui est de la population déshéritée, ils s'aventurent sur le territoire de l'héritage culturel des amérindiens, petit à petit, et ils s'en sortent plutôt bien. La tension continue d'augmenter dans La rage aux tripes (épisodes 19 à 24).
Commenter  J’apprécie          20




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de R.M. Guéra (158)Voir plus

Quiz Voir plus

Un quiz plein d'étoiles (titres en littérature)

Quel écrivain, auteur de "Croc-Blanc", publie, en 1915, un roman fantastique intitulé "Le vagabond des étoiles" ?

Jack London
Romain Gary
Ernest Hemingway

10 questions
159 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature française , littérature américaine , bande dessinée , culture générale , poésie , étoile , littérature , livres , romanCréer un quiz sur cet auteur

{* *}