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Citations de Rachel Khan (44)


Nous acceptons que l’intimité soit chosifiée, puis commercialisée. La pensée devient lisse et s’uniformise à son tour. Avec une telle mise en danger de l’intimité15, c’est la laïcité et la fraternité qui s’appauvrissent dans notre République.
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Selon l’article premier de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité ». Ce texte décrète le sentiment indomptable qu’est la fraternité. Si nous avons en tant que citoyens du même pays des causes communes, une obligation morale de nous lever contre tout assaillant et un devoir à la résistance, entre nous le ciment qui créera l’unité réelle ne peut être une injonction. Des coupes du monde de foot tous les quatre ans ne suffisent pas à rendre possible l’attachement commun. Or, dans la rue, aussi infimes qu’ils soient, les comportements sont d’une violence rare contre le respect de l’intimité de chacun. Le temps que nous accordons à l’intimité se restreint. C’est pourtant la clef pour trouver le désir ultime de s’unir, de devenir « un et indivisible »
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Aucune réparation n’est possible sans cette écoute, ce silence. Pourtant, la place du silence se restreint comme peau de chagrin. Sous l’influence des réseaux sociaux et autres applis, la communication est ininterrompue à l’échelle planétaire. Nous y participons désormais jour et nuit. Qu’importe l’heure universelle, c’est écran allumé, toujours prêts à dire quelque chose aux followers, que nous tentons de trouver le sommeil. Nous vivons ainsi le paradoxe d’un besoin criant d’être en relation avec les autres, tout en exigeant d’eux un peu de silence.
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Les communautaristes ont compris que la notion de minorité est un levier. Pour eux, la seule question est de savoir comment maintenir dans ce monde de mélanges une ligne de démarcation permettant de nourrir les revendications victimaires. Affirmer son appartenance à une minorité a vocation à se couper du reste de la population et d’en jouir. Si la Constitution ne permet pas le dénombrement des citoyens en fonction de caractères ethniques, qu’importe ! Certains racisés se réclament de la minorité pour se séparer d’une majorité « française » à laquelle ils fantasment ne pas appartenir. Peu importe le chiffre, la stratégie est dans la revendication, même si, à l’œil nu, le nombre de Noirs est supérieur à celui des roux34. Ce clivage est alimenté par la victimisation. Cette dernière est fondamentale pour justifier la revendication de nouveaux droits. Dès lors, se dire victime de harcèlement, de contrôle au faciès, de non-représentativité, par exemple, permet d’attirer les soutiens nécessaires pour faire entendre sa voix.
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Comme beaucoup d’enfants d’immigrés, je suis Afro-européenne, bourgeon de deux continents. La déchirure des terres est certaine, mais la possibilité d’en faire quelque chose aussi. Il m’est impossible d’être Afro-descendante, de tricher, de me définir uniquement à l’aune d’une seule terre, d’une seule histoire et d’une seule culture. Il m’est impossible intellectuellement d’exclure autant de moi.
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L’appauvrissement du langage, le rétrécissement du champ lexical, la diminution du vocabulaire ont un impact sur la construction d’une pensée complexe, nuancée, aux multiples subtilités. Plus le langage est pauvre, moins la pensée existe et plus les incompréhensions engendrent la haine. Des études ont montré que l’incapacité à mettre des mots sur les émotions provoque les pires tensions.
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Comment répondre à Rokhaya Diallo quand elle explique doctement que les jeunes Noirs ne peuvent s’identifier à personne puisqu’il n’y a pas assez de Noirs à la télé ? Comment consentir à un tel affront ? Aucun de mes parents n’a la même couleur que moi, puisque l’une est très blanche et l’autre très noir. Or, c’est précisément parce que je m’identifie à eux, forts de leur dissemblance, tournés de concert vers l’avenir, que chaque jour, comme dirait Socrate, je diffère de moi-même. Comment se taire quand une pyromane simplifie le monde et lave le cerveau d’une jeunesse racée, en attente d’une parole enfin responsable ? Qu’y puis-je ? Je ne mange pas de ce pain blanc. L’homogène me dérange.
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Racée, mais casée. Pourtant, afro-yiddish, je ne suis pas de la diversité, j’ai la diversité en moi, nuance. Et puis, ce mélange, je vous assure que l’on peut vivre avec ! On doit même le faire vivre, en lui donnant corps. Danseuse et athlète, rappeuse et juriste, conseillère politique et comédienne, codirectrice d’un lieu culturel mais hip-hop – cette dernière contradiction n’en est pas une, ou plutôt n’en est une qu’aux yeux d’un public étroit.
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Racée, j'ai un secret intraduisible, intime, celui d'avoir la peau des autres dans la mienne, qu'ils soient visibles ou invisibles.
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Qui peut partager l'existence d'un Brassens focalisé pendant six jours sur le pied manquant d'une chanson ? Voilà la vie du créateur, un enfer.
L'échec sourit en coin. Gary se tue pour mettre fin à ses pseudos.
Ironie du sort, ces artistes nous réparent chaque jour. Je veux croire que c'est dans nos yeux contemplant leurs chefs-d'œuvre que se trouve la clef nécessaire à la réparation. C'est la vie de l'œuvre, condition essentielle à celle de l'artiste, qui y participe. Seule une création partagée permet de recoudre.
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Par exemple, " racisé.e " ou " afro-descendant.e " me font froid dans le dos. Il a pourtant fallu que je les avale, ces termes, au point de devenir une " femme de couleuvre " à l'écriture faussement inclusive mais si excluante, mes cher.e.s ami.e.s, qu'elle n'a trouvé comme solution pour asseoir l'égalité entre les hommes et les femmes que le point final, empêchant la discussion. De plus, cette sorte d'écriture ( un cauchemar pour les dyslexiques, noirs ou non) impose paradoxalement une lecture hachée, donc coupée de nos congénères mâles, et qui nous fait passer après " E ", puisque la lettre qui nous caractérise se met toujours à la fin. De la même manière, nous voici, avec de nouveaux mots, soi-disant pertinents pour lutter contre les discriminations, alors qu'ils sont eux-mêmes discriminatoires. Concernant l'égalité raciale, il y a une importation massive de mots tout droit venus des Etats-Unis, à consommer sur place, à avaler et à répéter sans réfléchir, sans regarder ce qu'il y a dedans, par culpabilité ou par faiblesse. Cette dernière étant " une force extraordinaire à laquelle il est très difficile de résister* ".

* Emile Ajar, Gros-Câlin.
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Liberté, liberté chérie où le droit de ne pas être d'accord est banni, le dialogue impossible, au risque d'être considéré comme un harceleur, un réac, une Négresse de maison ou, mieux, un Bounty, noir dehors, blanc dedans.
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Ô Races, ô des espoirs !
Je suis racée.
Voilà tout.
Non pas, comme le définit " Le Petit Robert ", parce que j'aurais des qualités propres à mon pedigree ou que mon élégance naturelle m'offrirait, de fait, un port de tête altier. Non. Je suis racée parce que je porte en moi plusieurs racines que certains prennent pour des races. Telle un Arlequin coloré ou une barbe à papa sucrée, c'est par un excès de race que je suis racée.
Femme européenne et africaine à la fois, binationale, française et gambienne, juive aux origines chrétiennes et musulmanes, animiste avant l'islamisation de l'Afrique de l'ouest, blanche et noire, je veux aujourd'hui annoncer la couleur : je suis bien dans ma peau. Heureusement d'ailleurs, car si j'étais raciste avec toutes ces "races" à l'intérieur, ce serait inévitablement la haine de soi.
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Rachel Khan
La création est une douleur. C'est une déception permanente face à la traduction d'un secret intérieur dont on s'approche, mais qui reste insaisissable.
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La diversité est une fake news que l'ego impose au selfie de l'être.
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Par exemple, « racisé.e » ou « afro-descendant.e » me font froid dans le dos. Il a pourtant fallu que je les avale, ces termes, au point de devenir une « femme de couleuvre » à l’écriture faussement inclusive mais si excluante, mes cher.e.s ami.e.s, qu’elle n’a trouvé comme solution pour asseoir l’égalité entre les hommes et les femmes que le point final, empêchant la discussion. De plus, cette sorte d’écriture (un cauchemar pour les dyslexiques, noirs ou non) impose paradoxalement une lecture hachée, donc coupée de nos congénères mâles, et qui nous fait passer après « E », puisque la mettre qui nous caractérise se met toujours à la fin. De la même manière, nous voici, avec de nouveau mots, soi-disant pertinents pour lutter contre les discriminations, alors qu’ils sont eux-mêmes discriminatoires. (…) Dans le contexte du dérèglement climatique, de la disparition des espaces et des espèces, il existe une autre disparition, celle de l’expression des nuances linguistiques, de l’humour, des silences, de la pluralité des univers. (p.25)
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C’est susceptible, les Noires, je le sais, à cause de mon père. Sur Twitter, il fallait que je la ferme face aux indigènes et autres racistes s’autoproclamant « racisés » pour être intouchables. (p. 17-18)
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Monsieur Cousin va jusqu'à nous confier que s'il y avait l'esclavage, il aurait épouser Mlle Dreyfus. "Tout de suite, je me sentirais quelqu'un", dit-il.
C'est ce que m'inspire la journaliste de la maison pour l'égalité femmes-hommes. En attendant une réponse de moi "en tant que racisée", elle se sentait enfin quelqu'un.
Or que je sache, nous n'avons pas gardé les aurochs ensemble !
Le besoin de repentance viscérale des "white gauchos" est un moyen d'exister sur un vieux continent européen en quête d'intensité.

p. 43
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Ce qui prime, c'est la foire aux bons sentiments portés par des mots devenus sans vie à force de les utiliser comme des figues imposées.
Une dose d'ouverture, de modernité, de "progressisme", d'écologie et le tour est joué. Ainsi, au green painting, pour les préoccupations environnementales, correspond le black washing. De la même manière, le gay friendly a trouvé son pendant dans la race friendly.
'Diversité", "mixité", "collectif", "vivre-ensemble", les mots creux sont si légers à dire que nous les colportons sans nous en rendre compte. A ces mots vides correspondent des actes inactifs où seules les fameuses "annonces" permettent de croire qu'un discours morbide est vivant.

p. 77-78
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(p. 93 - pied de page)
Est-ce que le livre de Rokhaya Diallo peut m'être remboursé ?
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