Citations de Régis de Sa Moreira (180)
La télé c’était personne, Internet c’est tout le monde.
Je n’ai plus besoin de voyager, je trouve tout dans mon quartier ! Si je veux manger péruvien, je n’ai qu’à composer un numéro. Si je veux baiser philippin, un autre. L’important c’est de ne pas se tromper…
Qu'il est chiant depuis qu'il a 6 ans. Il était si mignon avant. Oui, c'est mon fils, oui, je donnerais ma vie pour lui, mais il est vraiment pénible en ce moment, je ne sais pas comment sa soeur le supporte ...
A chaque phrase que vous allez dire, que vous formulez, si vous vous demandiez : Pourrais-je la dire en ce moment, à quelqu'un d'autre ? et si, au cas où effectivement vous le pourriez, vous ne la disiez pas. Et si vous vous taisiez...
Rares seraient sans doute vos paroles...
Les clients préférés du libraire ne savaient pas ce qu'ils cherchaient. C'était pour ça qu'ils étaient ses préférés.Ils étaient si timides que lorsqu"ils s'adressaient au libraire c'était la plupart du temps à travers des questions qui n'avaient pas grand chose à voir avec le fait qu'il était libraire.
- Pensez-vous qu'il va pleuvoir ?
- Y a t-il un cinéma dans le coin ?
- Pourrais-je passer un coup de téléphone ?
Le libraire qui n'avait pas toujours les réponses à leurs questions, encore moins le téléphone, s'arrangeait alors pour essayer de comprendre quels livres se cachaient derrière ces questions. (...) Mais les requêtes des clients préférés, au fur et à mesure qu'ils lisaient et que le temps passait, se précisaient et s'affinaient. Leur timidité se transformait peu à peu en exigence, tout en gardant l'innocence que le libraire aimait chez eux et qui mettait souvent au défi son orgueil de libraire. C'était aussi pour ça qu'ils étaient ses préférés.
- Auriez-vous un livre avec deux femmes, quatre hommes, et trois enfants? ...
- Auriez-vous un livre où tout se passe dans un bois ?...
- Auriez-vous un livre dans lequel une princesse croit trouver la mort... et se rend compte ensuite qu'en fait, elle a trouvé l'amour ?...
- Auriez-vous un livre dont l'héroïne s'appelle Teresa ?...
- Auriez-vous un livre qui contienne à plusieurs reprises le mot : mansuétude ?...
- Auriez-vous un livre avec Gary Cooper ?
- Auriez-vous un livre sans aucun appareil électroménager ?...
- Voyons, voyons... dit le libraire. Même pas un frigidaire ?
- Surtout pas un frigidaire.
Je n’ai pas envie d’être seule, j’ai envie d’être en silence et quand mon mari s’endort c’est la salle des machines qui commence. J’aime mieux le laisser turbiner et le retrouver au réveil pour savoir comment s’est passée sa nuit…
Dans le fond, on n’est jamais seul.
Il m’a dit bonjour et je lui ai dit bonjour, il m’a souri et je lui ai souri, il m’a demandé mon numéro et je lui ai donné celui d’une amie…
Lorsque, au milieu de la journée, il n’avait plus la force de lire, le libraire, les yeux grands ouverts, rêvait.
Et lorsqu’il rêvait, il rêvait qu’il lisait.
Un livre où il ne se passait rien. Absolument rien.
Le libraire avait longtemps cherché ce livre en dehors de son rêve.
Longtemps, il avait espéré le trouver.
Puis il avait abandonné.
Certains livres s’en étaient approchés, mais au dernier moment, ou au premier, à un moment en tout cas, il y avait toujours quand même quelque chose qui se passait. Quelqu’un s’asseyait. Ou allumait une cigarette. Ou disait quelque chose. Ou avait une pensée.
Ou bien quelqu’un naissait.
Ou bien quelqu’un mourait.
Aucun livre où il ne se passait vraiment rien.
Aucun.
C’est très difficile de vivre sans devenir débile. C’est pour ça que j’ai préféré arrêter. M’acheter un fusil de chasse, terminer la bouteille de calvados et me faire sauter le caisson…
Je remarque toujours les belles femmes qui s’habillent mal, je trouve que le contraste rehausse leur beauté, surtout si en plus elles ont les cheveux sales.
"Nos yeux savent des choses que nos esprits nous cachent."
En bon gardien, le libraire suivait la vie de ses livres, saluait ceux qui partaient et accueillait les nouveaux venus. Il veillait sur leur sommeil, sur leur propreté et vers midi, le libraire allait jusqu'à nourrir ses livres, c'est à dire qu'il en prenait quelques-uns au hasard et en lisait des passages aux autres, à voix haute, en marchant dans les allées.
La nuit s'installa.
La librairie était sombre.
Le libraire aussi.
Il n'avait plus le coeur à lire.
Assis derrière son bureau, il tourna les pages de son livre intérieur.
Je ne suis pas chinoise moi, je baise, je jouis, je me douche et c’est bon.
Les enfants ça se dégomme à deux, quoi qu’on dise. Un qui tient, l’autre qui frappe…
Des gouttes de sueur perlaient sur mon front, mes poings se serraient, ils étaient en train de se plaindre que la couleur des serviettes n'allait pas avec la musique d'ambiance...
Nourri de tous les livres qu'il avait lus et relus, le libraire disposait d'une palette assez immense, à laquelle s'ajoutait sa propre imagination, elle-même nourrie de toutes les autres.
Lorsqu'il redescendit dans sa librairie, le libraire remarqua d'un seul coup d'oeil quelques livres avaient été volés.
"Enfin des gens qui ne volent pas de la merde", se dit-il rapidement
Le libraire pensait que croire c'était créer.