Avec Farid BENHAMMOU, chercheur associé, laboratoire Ruralités, université de Poitiers et Rémy MARION, auteur réalisateur.
L'ours polaire est souvent utilisé pour incarner le réchauffement climatique alors que, certes menacée, l'espèce est dans une situation plus complexe qui ne correspond pas forcément aux simplifications médiatiques.
Il est des animaux et des familles animales qui nous fascinent au-delà des modes et des époques : les félins sont de ceux-là. Mystérieux, élégants, sauvages et parfois dangereux, les chats et leurs proches cousins, les grands fauves, hantent l'imaginaire des hommes depuis des temps immémoriaux.
L'ours polaire, qui est-il ?
Les scienctifiques l'appellent Ursus maritimus (l'Ours marin) prenant comme points majeurs de la biologie de l'ours polaire ses capacités à vivre sur la mer et grâce à la mer, en opposition aux autres espèces d'ours parfaitement terrestres.
Les études montrent que pendant la période de pêche, un ours transporte en moyenne 1600 kg de matière organique de l'embouchure du fleuve vers la forêt et jusqu'à 500 mètres à l'intérieur des terres. Dans cette frange, les arbres croissent jusqu'à 60% plus vite que dans le reste de la forêt.
Il est probable qu'à l'époque où ils étaient nombreux, les ours ont contribué à la formation de chemins qui furent à l'origine empruntés par les chasseurs, les bergers, les explorateurs. Les ours étaient l'avant garde des hommes.
Les bergers qui de nos jours veulent détruire l’ours comme l’ont fait leurs ancêtres oublient que les premiers habitants de ces montagnes ont très certainement suivi les sentiers tracés par les ours et les loups.
La disparition des ours à l'automne et leur réapparition au printemps, comme une véritable renaissance semblent avoir fasciné les hommes depuis la nuit des temps.
En règle générale, le chasseur occidental armée d'une arme à feu ne connaît plus la vie de son gibier, il l'observe de loin pou mettre en place la meilleure stratégie pour le meilleur rendement, et tire. Qu'a-t-il appris de son alimentation, de son adaptation, de sa vie sociale ? La chasse ne sera qu'un événement de plus de son récit, dans lequel il pourra se glorifier du nombre de bêtes abattues.
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L'arrivée de l'arme à feu agit comme une drogue, elle intoxique l'homme, le rend fou, fou de plaisir de tuer sans besoin, elle le conduit au manque et à la pauvreté. Il faut alors à ces populations chercher péniblement d'autres ressources, un nouvel équilibre de vie, ou disparaître.
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Et chaque génération demandera à son tour : où est donc passé le grand ours blanc? Ce sera dommage de devoir répondre qu’il a succombé pendant que les protecteurs de la nature avaient le dos tourné.
Le paysan qui tué l’ours dans les Pyrénées ou le lion en Éthiopie, creuse lui-même sa tombe. Le prochain ça sera lui.