AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Robert M. Pirsig (66)


Et puis arriver en avion dans les Rocheuses, c'est se condamner à ne voir en elles qu'un joli spectacle. En revanche, après des jours de voyage pénible à travers la Prairie, elles apparaitront comme une terre promise.
Commenter  J’apprécie          20
Les épreuves, bien sûr, n'ont jamais de fin. La souffrance et le malheur jalonnent toute une vie. Mais j'ai acquis un sentiment que je n'avais pas en partant et qui me pénètre en profondeur : nous avons gagné !

(P447)
Commenter  J’apprécie          20
Le Temple de la Raison, comme toutes les institutions du système, ne se fonde pas sur la force individuelle, mais sur les faiblesses de chacun. On ne vous demande pas d'être capable, mais d'être incapable, afin de pouvoir vous enseigner. Un homme vraiment capable est un danger public.

(P424)
Commenter  J’apprécie          20
Qu'est-ce que le Bien ? Et comment le définir ? Puisque des gens différents l'ont défini de façon différente, comment établir que le bien existe ? Certains disent que le bien, c'est le bonheur. Mais comment définir le Bonheur ? Ce ne sont pas des termes objectifs. On ne peut les étudier de façon scientifique. Et puisqu'il ne s'agit pas de données objectives, elles n'existent que dans nos pensées. Donc, si l'on veut être heureux, il suffit de changer d'idées !

(P413)
Commenter  J’apprécie          21
On ne gagne jamais sans perdre en même temps.

Pour la première fois, il percevait l'incroyable perte qu'avait subie l'humanité en gagnant la capacité de comprendre et de diriger le monde selon les lois de la dialectique. les hommes avaient édifié des montagnes de savoir scientifique pour régir les phénomènes naturels, mais ils avaient renoncé à comprendre ce que veut dire : faire partie du monde. Ils étaient devenus ses ennemis.

(P410)
Commenter  J’apprécie          20
(Sur Aristote)

Phèdre cherchait en vain entre les lignes un doute, une inquiétude. Il ne trouvait que cette autosatisfaction qui, toujours, caractérise les notabilités académiques. Comment Aristote pouvait-il s'imaginer que ses étudiants seraient meilleurs en rhétorique après avoir appris des kyrielles de noms, des listes de relations ? Croyait-il vraiment enseigner, ainsi, la rhétorique ? Certainement - pensait Phèdre. Rien dans son style ne permet de supposer qu'Aristote ait jamais douté d'Aristote. C'est là un homme absolument ravi de ses pirouettes dénominatives et classificatrices. Là commençait, là s'arrêtait son univers. S'il n'était pas mort depuis plus de deux mille ans, Phèdre lui aurait volontiers cassé la gueule : ne représente-t-il pas le prototype des millions de professeurs contents d'eux, bornés, profondément ignorants, qui, tout au long de l'histoire, ont étouffé avec une indifférence vaniteuse l'intelligence créatrice de leurs étudiants, en leur imposant ce rite absurde de l'analyse, cette routine aveugle de l'énumération et de la dénomination ? Entrez dans n'importe qu'elle salle de classe, et écoutez-les diviser, subdiviser, étudier des méthodes : la voix que vous entendez est celle de fantôme d'Aristote, elle porte jusqu'à nous, de siècle en siècle. Desséchée et sans vie, elle tient le discours de la raison dualiste...

(P392)
Commenter  J’apprécie          20
Ce n'est pas le téléphone en soi qui est effrayant. C'est la façon dont il détériore les relations entre les êtres.

(P167)
Commenter  J’apprécie          20
Dans toutes les religions orientales, on attache la plus grande importance à la formule sanscrite du tat tvam asi, le fameux « Tu es cela », qui nie toute coupure entre l'idée qu'on se fait de soi-même et l'idée qu'on se fait de la réalité perçue. La lumière ne vient que pour qui comprend pleinement cette formule.
Commenter  J’apprécie          10
Un jour, pendant un cours de philosophie, comme un professeur démontrait allègrement, pour la cinquantième fois, la nature illusoire du monde, Phèdre, leva la main, pour lui demander d'un ton calme, si les bombes atomiques lancées sur Hiroshima et Nagasaki, étaient elles-aussi de nature illusoire. Le professeur, avec un léger sourire, lui répondit qu'elles l'étaient. Et le débat s'arrêta là.
Cette réponse était peut-être conforme à la tradition de la philosophie indienne, Mais elle était désespérément erronée pour quiconque lit les journaux et se préoccupe des destructions massives d'êtres humains. Phèdre était de ceux-là. Il quitta la salle de cours, il quitta l'Inde et renonça à la philosophie.
Commenter  J’apprécie          10
On ne peut se rendre compte qu'on a vu un arbre qu'après l'avoir réellement vu et, entre l'instant de la vision et l'instant de la conscience, il s'écoule un certain laps de temps. On considère parfois que ce laps de temps n'a pas d'importance. C'est à tort. Et cette erreur est injustifiable.
Le passé n'existe que dans nos souvenir. Le futur n'existe que dans nos projets. Le présent est notre seule réalité. L'arbre dont on prend intellectuellement conscience, à cause de ce bref laps de temps, est toujours situé dans le passé. Il est donc toujours irréel. Tout objet conçu intellectuellement est toujours situé dans le passé, et par conséquent, irréel. La réalité n'est que l'instant de la vision qui précède la conscience.
Commenter  J’apprécie          10
Je parie que si tu y réfléchis assez longtemps, tu vas te mettre à tourner en rond, jusqu'à ce que tu atteignes la seule conclusion possible, rationnelle et intelligente: la loi de la gravitation universelle et la gravitation elle-même existait pas avant Isaac Newton. Ce qui veut dire que cette loi n'existe en fait nulle part, si ce n'est dans la tête des gens: c'est un fantôme. Nous sommes tous remplis d'arrogance et de prétention, nous rejetons les fantômes des autres. Mais nous sommes aussi ignorants, barbares et superstitieux qu'eux-mêmes quand il s'agit des nôtres.
Commenter  J’apprécie          10
Je suis un hérétique qui a renié son hérésie, et qui, aux yeux de tous, a sauvé son âme. Mais il y quelqu'un qui sait très bien, au fond de lui-même, que tout ce qu'il a sauvé, c'est sa peau. Mon principal moyen de survie, c'est de plaire aux autres, c'est ce qu'on fait pour s'en sortir. On se fait une idée de ce que les autres aimeraient qu'on dise, et on le dit avec autant de talent et d'originalité que possible. S'ils sont convaincus, on arrive à s'en sortir.

(P435)
Commenter  J’apprécie          10
Il te faut traverser cette vallée solitaire
Il te faut la traverser seul.

(Cantique de l'Ouest)

(P429)
Commenter  J’apprécie          10
Tant de solitude dans la ville. Cela m'a frappé au supermarché, à la laverie, au motel. Toutes ces solitudes ici, sous les séquoias ; ces campeurs, avec leurs petits bus, ces retraités solitaires, qui regardent les arbres, qui vont voir la mer. Au premier regard posé sur un visage nouveau, on sent la même interrogation, la même quête muette. Puis l'impression fugitive disparaît.

Elle est partout, maintenant, la solitude, plus intense dans les grandes villes côtières de l'Est et de l'Ouest, où les gens sont entassés les uns sur les autres. On pourrait s'imaginer que les habitants de l'Idaho, du Montana, du Dakota, où la population est si dispersée, souffriraient de solitude plus que personne. Je n'en ai pas eu l'impression.

La distance matérielle qui sépare les individus n'a rien à voir avec la solitude. C'est la distance psychique qui compte. Dans le Montana ou dans l'Idaho, les distances matérielles sont immenses, mais les gens sont proches en esprit. Ici c'est l'inverse.

J'appelle ces régions l'Amérique primaire. L'Amérique primaire, c'est l'Amérique des autoroutes, des avions à réaction, de la télé et des superproductions. Les hommes et les femmes qui y sont englués semblent passer l'essentiel de leur vie sans la moindre conscience critique de ce qui se passe autour d'eux. Les grands moyens d'information les ont convaincus que ce qui les entoure n'a pas d'importance. Et c'est pour cette raison qu'ils se sentent seuls. De là vient l'indifférence qu'on lit dans leurs yeux : l'étincelle du doute a vite fait de s'y éteindre et, quand ils vous regardent, vous n'êtes pour eux qu'un objet. Vous ne comptez pas. Vous n'êtes pas ce qu'ils recherchent.
Tout autre est l'Amérique secondaire que nous avons traversée : les routes perdues, le fossé du Chinois, les chevaux d'Appaloosa, les massifs de montagnes aux courbes majestueuses, le loisir de méditer, les enfants qui s'amusent avec des pommes de pin, et le bourdonnement des abeilles, et le ciel libre jusqu'à l'horizon. Dans cette Amérique-là, la réalité domine. Le monde ne se laisse pas oublier. Et on ne se pas seul. Il en était ainsi j'imagine, il y a un ou deux siècles. Presque personne, mais pas de solitude. Sans aucun doute, je généralise à l'excès. Mais il suffirait de nuancer quelque peu ce jugement pour qu'il prenne toute sa vérité.

(P387)
Commenter  J’apprécie          10
On soutient quelquefois que le progrès n'existe pas ; qu'une civilisation qui extermine des populations entières en menant des opérations de guerre totale, qui pollue les océans, qui détruit la dignité des individus en les soumettant aux contraintes d'une existence mécanisée, qu'une telle civilisation ne représente aucun progrès par rapport aux sociétés primitives fondées sur la chasse, la cueillette ou l'agriculture. Mais cet argument, quoique séduisant et romantique, ne résiste pas à l'analyse. Les peuples primitifs faisaient encore moins de place à la liberté individuelle que nos sociétés d'aujourd'hui. Autrefois, de même, on déclenchait des guerres avec encore moins de justification morale qu'à notre époque. Une technologie qui produit des détritus peut trouver aussi - et trouve en effet - les méthodes nécessaires pour s'en débarrasser, sans bouleversement écologique. Les livres de classe nous enseignent ce qu'était la vie primitive : souffrances, maladies, famines, labeur quotidien très pénible et permettant tout juste de survivre. Le passage à la vie moderne constitue un progrès. Un progrès qui ne s'explique que par la raison. [...] La rationalité apparaît comme un agent au service de l'homme civilisé, d'une telle puissance hégémonique qu'elle a presque réussi à éliminer tous les autres modes de pensée, et que maintenant elle domine l'homme lui-même. Voilà la source du conflit.

(P140)
Commenter  J’apprécie          10
Phèdre se lança dans l'étude des vérités scientifiques et la cause apparente de leur fragilité acheva de le bouleverser. Il crut voir que la longévité des vérités scientifiques est inversement proportionnelle à l'intensité de l'effort accompli pour les découvrir. Les vérités scientifiques du XXe siècle ont l'air de vivre beaucoup moins longtemps que celles du siècle dernier : parce que l'activité scientifique est aujourd'hui bien plus grande. Si au siècle prochain, l'activité scientifique se multiplie par dix, l’espérance de vie d'une vérité sera le dixième de ce qu'elle est de nos jours. La raison de ce phénomène est l'augmentation du nombre des hypothèses susceptibles de remplacer chaque vérité. Plus il y a d'hypothèses, moins la vérité est viable. Ce qui, apparemment, a entrainé la multiplication des hypothèses, au cours de ces dernières décennies, c'est la méthode scientifique elle-même. Au lieu de sélectionner une vérité parmi des tas de vérités, on ne sait qu'en accroître la multitude. Ainsi, logiquement, alors que l'on tâche de progresser vers une vérité éternelle en appliquant ladite méthode, on s'en éloigne. Et c'est le fait de l'appliquer qui empêche justement la vérité d'être éternelle.

En multipliant les faits, les données, les hypothèses, la science conduit l'humanité à des vérités multiples, indéterminées et relatives. Elle est à l'origine du chaos social, de l'indétermination des pensées et des valeurs, bref, d'une situation que la connaissance rationnelle était censée devoir éliminer.

(P127)
Commenter  J’apprécie          10
L'histoire de la science n'est qu'une suite d'explications, toujours renouvelées et modifiées, de faits anciens et immuables. La longévité d'une explication ne s'explique pas. Certaines vérités scientifiques semblent durer des siècles, d'autres moins d'une année.

(P127)
Commenter  J’apprécie          10
"Le nombre des hypothèses rationnelles propres à expliquer un phénomène donné est infini."

Si la loi qu'il avait énoncée était vraie, il y aurait là une énorme faille dans la structure du raisonnement scientifique. Ce serait une loi absolument nihiliste. Il faudrait y voir une réfutation logique, catastrophique, de la valeur générale de toute méthode scientifique. Si le but de la méthode scientifique est de choisir entre une multitude d'hypothèse, et que le nombre d'hypothèse s'élève trop vite pour que la méthode expérimentale puisse les assumer sans exception, il est clair que nul ne parviendra jamais à vérifier toutes les hypothèses, le résultat d'une expérience, quelle qu'elle soit, ne pourra jamais être considérée comme concluant. La méthode scientifique aura manqué son objectif, qui est d'établir un ensemble de connaissances démontrées.


(P126)
Commenter  J’apprécie          10
3. « Je crois que, si nous devons réformer le monde et en faire le séjour d'une vie meilleure, la voie n'est pas dans les discours sur les structures politiques, qui sont inévitablement dualistes, fondés sur les rapports des sujets et des objets ; […]
Pour améliorer le monde, il faut commencer par améliorer son propre cœur, et sa tête, et ses mains – puis avancer, progressivement, vers le reste du monde. » (pp. 320-321)
Commenter  J’apprécie          00
2. « Selon les nouvelles conceptions de Phèdre, le monde se compose de trois éléments : la pensée, la matière, et la Qualité. Tout d'abord, il n'a pas réussi à établir la relation entre eux, mais cela ne lui semble pas gênant. Si la relation entre la pensée et la matière a été, pendant des siècles, l'objet de mille controverses inextricables, comment lui, en quelques semaines, serait-il arrivé à des conclusions définitives en ce qui concerne la Qualité ? Il n'essaya même pas. » (p. 256)
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Robert M. Pirsig (392)Voir plus

Quiz Voir plus

Littérature et parfums

" Elle arrivait essoufflée, les joues roses, et exhalant de toute sa personne un frais parfum de sève, de verdure et de grand air. Rodolphe, à cette heure-là, dormait encore. C’était comme une matinée de printemps qui entrait dans sa chambre. (indice : ..........c'est moi !)

Albertine/Proust, À l'ombre.........
Odette Swann/Un amour de Swann
Emma Bovary/Madame Bovary

12 questions
1 lecteurs ont répondu
Thèmes : Parfums , parfumerie , littérature , nez , olfactif , romanCréer un quiz sur cet auteur

{* *}