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Critiques de Robert Penn Warren (118)
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Au nom des Noirs : États-Unis, 1964, au coeu..

Un essai dense et passionnant sur les années 60 et le mouvement des droits civiques aux Etats Unis.

Robert Penn Warren part avec son magnétophone et va rencontrer des représentants des mouvements des droits civiques : des connus, comme Martin Luther King, Malcolm X, James Forman mais aussi les écrivains James Baldwin et Ralph Ellison, sans oublier de nombreux militants locaux, actifs sur le terrain. Ces entretiens nous sont livrés tels quels et cela en fait la richesse de la lecture, car c'est des réponses spontanées, des réponses et questions sans filtre, parfois.

Six grandes parties mettent en avant un aspect de cette histoire : « Le carcan » ; « Journal du Mississippi » ; « Les têtes d’affiche » ; « Leaders à la périphérie » ; « La jeunesse ».

Ce texte nous apporte des points de vues sur la situation des afro-américains et la façon d'obtenir des droits. Certains épisodes sont connus, ' 'autres plus méconnus.

J'ai apprécié ce texte pour ces entretiens mais aussi par les questionnements plus intimes de l'auteur. Auteur dont je vais m'empresser de découvrir ses textes, et d'autres textes dont il y a des références, comme "l' Homme invisible", "pour qui chantes-tu" de Ralph Ellison que Robert Penn Warren évoque.

Ce texte nous montre bien aussi le long combat qui a dû être mené et qui doit toujours être mené, pour l'égalité, et les différents moyens pour y arriver (des scènes terribles jalonnent ce texte mais aussi des scènes plus quotidiennes (des écriteaux d'interdiction aux noirs..). Très documenté, ce livre nous incite à aller encore plus loin dans les lectures (des références romanesques, des personnalités que je ne connaissais pas et dont je vais rechercher d'autres textes). Ce texte aborde beaucoup de sujets, des sujets du quotidien (l'accès à l'école, à certains métiers..), la mise en place difficile de certaines mesures (exemple des noirs qui tentent de s'inscrire sur les listes électorales..), l'intégration, la ségrégation (exemple des premières universités noires, les HBCU (Historically black colleges and universities) établissements d'enseignement supérieur américains, créées avant 1964 avec pour objectif de servir la communauté noire. L'entretien avec le Président noir d'une des HBCU m'a impressionné et quelle ironie quand il se retrouve en justice car une étudiante blanche s'était vu refuser son admission dans son établissement et a fiat un recours en justice (!!)... Il y a aussi des "détails" impressionnants qui jalonnent ce texte, comme ce militant pacifiste du Student Nonviolent Coordinating Committee (SNCC) qui explique porter une salopette pour faciliter le travail du policier « quand il vous traîne » ou aux changements de comportement du patron d’un hôtel, dans le Sud, qui rompt les politesses en apprenant les motifs du séjour de Warren…

Le récit est aussi émaillé de témoignages sur les intimidations, les assassinats, les lynchages, les incendies d’églises noires ou les crimes impunis.

Je voulais aussi saluer le travail de traduction de Valérie Le Plouhinec, qui permet une lecture fluide de ce texte.

Un texte très dense et qui ouvre beaucoup de sujets de réflexion et qui nous questionne encore.

#AunomdesNoirs #NetGalleyFrance
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Au nom des Noirs : États-Unis, 1964, au coeu..

En 1964, Robert Penn Warren a entrepris un voyage au cœur de l’Amérique, équipé de son magnétophone, pour une série d’entretiens avec des représentants du mouvement des droits civiques aux Etats-Unis. C’est l’époque où la lutte est intense entre pro et anti-ségrégation, où les manifestations s’enchainent, où les partisans de la lutte violente ou de la non-violence s’opposent. Robert Penn Warren mène un véritable travail d’enquêteur et rencontre Martin Luther King, Malcom X, James Baldwin… (on notera au passage une certaine carence en représentantes féminines, mais Angela Davis, par exemple, si elle était déjà engagée à l’époque n’avait pas encore atteint sa pleine notoriété) pour comprendre les attentes des uns et des autres mais surtout pour analyser l’histoire de l’Amérique et les relations qui se sont construites au fil du temps entre Blancs et Noirs.



Riche, intelligent, puissant, édifiant, passionnant… ce livre mérite un bon nombre de qualificatifs. Cet ouvrage d’un peu plus de 600 pages présente un évident aspect documentaire. Leaders politiques, écrivains, acteurs engagés défilent tout au long des pages et proposent une analyse précise et fine des facteurs qui ont conduit à la ségrégation, de la manière dont est né le mouvement des droits civiques et dont se sont amplifiées les contestations. Mais il met aussi en lumière les divergences d’opinion ainsi que les dissensions qui naissent sur la manière de lutter efficacement et les rivalités entre leaders.



Au-delà de ce travail journalistique, Robert Penn Warren réalise un travail introspectif et s’interroge sur ses propres sentiments, lui qui a été élevé dans le Sud des Etats-Unis, là où la ségrégation était la plus forte. Les interviews deviennent alors des moments d’échanges d’une grande richesse et des supports d’analyse à la fois personnelle et universelle pour l’auteur.



Le livre se construit ainsi autour de 6 grandes parties mettant en avant à chaque fois un aspect de cette histoire : « Le carcan » ; « Journal du Mississippi » ; « Les têtes d’affiche » ; « Leaders à la périphérie » ; « La jeunesse » ; « Pour continuer la conversation ». Robert Penn Warren alterne ainsi interviews, analyses, retours historiques, réflexions personnelles ce qui permet aussi de donner un rythme très dynamique au livre. Et de profiter longuement de la plume de cet auteur détenteur de trois Prix Pulitzer.



Durant toute cette lecture reviennent aussi des réminiscences de lectures passées tel que Black Boy de Richard Wright, Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur d’Harper Lee ou encore Homme invisible, pour qui chantes-tu de Ralph Ellison que Robert Penn Warren évoque un grand nombre de fois.



C’est un livre dense et exigeant mais qui ouvre les yeux du lecteur sur cette époque charnière ainsi que sur une actualité américaine plus récente, et qui découle directement des liens qui se sont tissés au fil des années, de l’esclavage à la déségrégation. Indispensable.

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Au nom des Noirs : États-Unis, 1964, au coeu..

En 1964, l'auteur et poète triple lauréat du prix Pulitzer, Robert Penn Warren, part avec un magnétophone interviewer des dirigeants du mouvement des droits civiques. Certains dont honnêtement je n'avais jamais entendu parler auparavant et d'autres connus de tous, comme Malcolm X et Martin Luther King. Il donne voix à toute une génération américaine en étendant son travail à des militants lambda, à des écrivains (James Baldwin, Ralph Ellison), à des hommes d’églises ou à des intellectuels.



La variété et l'étendue des interviews sont une des richesses de ce livre. Robert Penn Warren radiographie tous les courants de pensées. Il met en évidence les points communs et les divergences entre les leaders. On se rend bien compte qu’il n’y avait pas un front uni, que les rivalités étaient nombreuses et que les positions pour faire avancer les droits divergeaient souvent. De plus avec le recul, il est fort intéressant d’entendre ces raisonnement datés de 1964 à la lumière de ce qui s'est passé (ou ne s’est pas passé) les 60 années suivantes.



L’autre richesse de ce livre, c’est la construction surprenante. On est face à un mélange de travail journalistique, de rappels historiques et de réflexions personnelles. Dans ces dernières on retrouve la grandeur littéraire de l’auteur. Tout cela donne un rythme fluctuant et désarçonnant.



Ce livre est une contribution majeure à notre compréhension de la lutte pour les droits civiques, un travail unique, quasi précieux.



Si le sujet vous intéresse, vous ne pouvez absolument pas faire l’impasse sur cette lecture. Mais attention, c’est dense, exigeant, les entretiens sont profonds, parfois philosophiques et on peut se perdre dans la nébuleuse des partis politiques.
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Au nom des Noirs : États-Unis, 1964, au coeu..

Ce texte passionnant permet de comprendre ce qui s’est passé avec les Noirs en Amérique. C’est cette période qui vit le début de la déségrégation, et qui marqua l’apparition d’une Amérique contestataire et blessée.
Lien : https://www.lefigaro.fr/livr..
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Au nom des Noirs : États-Unis, 1964, au coeu..

Comment imaginer un seul instant pouvoir rédiger une chronique sur ce monumental écrit signé Robert Penn Warren ?

Je n'osais m'y atteler. Et pourtant, je suis là, devant vous, ne sachant par quel bout commencer.

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Au nom des noirs n'est pas un roman, il serait plus juste de le qualifier d'essai ou, en tout cas, de travail journalistique endurant.

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En 1964, R. Penn Warren s'est attribué la délicate et impressionnante mission d'interviewer un grand nombre d'activistes noirs œuvrant pour les droits civiques aux États-Unis : plus ou moins connus du lectorat français, militants reconnus internationalement ou locaux, écrivains, étudiants..., ils ont tous leur mot à dire sur les événements mais surtout sur les changements qui s'opèrent à cette période dans la société américaine.

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Les sujets, extrêmement variés, posent des questions éthiques et philosophiques au lecteur qui ne manquera pas d'approfondir le sujet à l'aide d'internet ou d'autres d'ouvrages. Ce texte n'est en effet qu'une porte d'entrée parmi tant d'autres, même si elle se distingue évidemment par son aspect quasi exhaustif et véritablement monumental.

J'ai aimé devoir me questionner, devoir raisonner et tenter de me faire mon propre avis sur l'intégration (passe-t-elle par les droits de vote, le droit à l'éducation, la mixité dans les écoles, les mêmes chances d'obtenir un travail,...), sur le vote de droits spécifiques aux noirs ou pas, sur le rapport entre les blancs du sud et les noirs, entre les noirs du sud et les noirs du nord,...

J'ai aimé découvrir cette galerie de personnes et les écouter discourir sur leurs méthodes (souvent divergentes), sur leurs avis et sur leurs combats...

La multitude de sujets abordés est presque infinie.

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Bien sûr, tout au long de ses interviews, Penn Warren s'interroge sur les personnalités qui parlent "au nom des noirs" : les noirs ont-ils envie qu'on parle en leur nom ? Certains ne voudraient-ils pas simplement qu'on leur foute la paix ? Et quid de l'utilisation de la violence dans ce combat pour la justice et l'égalité ? Et la jeunesse dans tout ça, elle en pense quoi ?

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Vous l'aurez compris, impossible de tout vous dire sur ce que contient ce mastodonte de 600 pages, tant il renferme d'entrées potentielles à l'exploitation de ce sujet.

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Un ouvrage exigeant, qu'il ne faut pas lâcher tant il est intéressant, mais qui demande une concentration intense. Le lecteur aura parfois l'impression de tourner en rond tant certaines questions sont posées et reposées, usées jusqu'à la moelle, mais ce texte vaut le coup d'être lu. Un infime "reproche" que je pourrais lui faire : j'aurais aimé connaître la part de refus d'interviews qu'a essuyé l'auteur, ainsi que la manière dont il s'y est pris pour rencontrer toutes ces personnes, car en tant que Blanc, j'imagine aisément que tous n'ont pas voulu jouer le jeu avec lui...?

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Un ouvrage qui permet de toucher du doigt une infime partie de l'Histoire des États-Unis d'Amérique, de l'Histoire des Afro-américains, et qui donne encore et toujours envie d'essayer de comprendre comment tout cela a pu exister (et parfois, existe toujours hélas...). Comme le dit l'auteur lui-même : « Il s'agit de ma tentative pour comprendre ce que je pouvais comprendre. »

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Ma lâcheté me permet de conclure en vous conseillant de lire les autres chroniques (de @jiemde ou @madame.tapioca notamment, avec qui j'ai fait ce chemin, accompagnée également de @la_page_qui_marque qui nous en parlera sûrement bientôt 😉), bien plus pertinentes que la mienne, à mon avis.

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Merci à Benoît et au Cherche-midi pour ce texte que je vais garder précieusement.
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Au nom des Noirs : États-Unis, 1964, au coeu..

« D’abord on fait tomber les murs, puis on construit les ponts ».



Je connaissais Robert Penn Warren en virtuose du roman – Tous les hommes du roi, Le cavalier de la nuit… -, je ne savais pas qu’il avait aussi trempé dans le récit sociétal. C’est chose faite avec la lecture de Au nom des noirs, traduit par Valérie Le Plouhinec.



La lutte pour les droits civiques aux États-Unis aura connu plusieurs tournants décisifs, et l’année 1964 en est un avec l’accès des Noirs aux inscriptions sur les listes électorales, véritable tremblement de terre symboliquement égalitaire dans les états du Deep South comme le Mississippi.



Passionné par « le problème noir » comme tous les grands écrivains du Sud et conscient du point de bascule en cours, Penn Warren entreprend un vaste tour d’horizon à 360° des points de vue de l’époque, questionnant leaders engagés, universitaires, politiques, religieux ou simples protagonistes sur la question de la déségrégation.



Mélangeant les interviews, les écrits de l’époque, ses notes et propres réflexions sur la question, il aborde les volets législatifs (plus faciles à voter qu’à mettre en œuvre), historiques, idéologiques ou stratégiques de la cause.



Mais il met surtout en lumière la grande hétérogénéité du mouvement Noir de l’époque, divisé sur le fond comme sur les formes de la lutte, à l’image d’un Martin Luther King et d’un Malcom X que tout ou presque semble opposer, notamment sur la légitimité de la violence.



« Un Noir qui est victime du système peut-il échapper à la marque d’infamie collective placée sur tous les Noirs de ce pays ? La réponse est non. Eh bien, il en va de même pour la race blanche en Amérique. Individuellement, il est impossible d’échapper au crime collectif ».



Il remonte aux sources, celles de Sambo, la représentation rassurante du « fidèle serviteur noir, courbé, reconnaissant, humble, irresponsable, efféminé, joueur de banjo, servile, souriant, bayant aux corneilles, docile, dépendant, lent, rieur, ami des enfants, puéril, voleur de pastèques, chanteur de gospel, fornicateur impénitent, insouciant, hédoniste (…) le stéréotype rassurant du Nègre pour l’homme blanc du Sud ».



Il évoque le fantasme des liens avec l’Afrique, « aussi loin qu’un rêve » et la nécéssité d’intégrer que ce n’est pas le bon référentiel puisque « l’Américain noir est avant tout Américain ». Une assertion loin d’être partagée par les « Chevaliers blancs du Ku Klux Klan du Royaume souverain du Mississippi ».



Il décrypte la difficulté d’intégrer les Blancs à la lutte des Noirs et d’y trouver leur juste place, qu’ils soient « Dixiecrates », libéraux ou Blancs engagés, victimes de « l’idée jalousement gardée que les Noirs doivent conserver le contrôle, doivent être indépendants, peuvent “accepter“ mais pas “demander“. Ne rien demander du tout ».



Il rappelle l’impact accélérateur de la guerre sur « la déségrégation des forces armées, peut-être un des événements les plus importants qui soient survenus dans ce pays. On dormait avec les gars, on passait le temps avec eux, on mangeait ensemble, et il y en avait qui reconnaissaient franchement et librement qu’ils s’étaient fait des idées fausses ».



Et il est aussi question de rééquilibrage scolaire dans les écoles ségréguées, d’indemnisation des esclavages d’antan, de redistribution des terres ou d’un antisémitisme supposé d’une partie des Noirs américains. Et on y croise aussi Camus ou Montesquieu…



Vous l’aurez compris, ce pavé de 600 pages est extrêmement dense et riche, alternant les passages instructifs et passionnants avec d’autres moins digestes pour qui n’est pas un spécialiste du sujet. Un livre pour lequel il faut prendre son temps et savoir passer quelques pages quand la longueur s’installe.



Reste surtout un livre qui, hors contexte et 60 ans plus tard, fait réfléchir et remet en perspective un combat pas toujours bien appréhendé vu d’ailleurs. Avec une dernière citation qui sonne comme évidente et glaçante :



« Je pense que mon frère blanc m’est grandement redevable quand je lui permets de m’accorder mes droits petit à petit. Mes droits m’appartiennent désormais. Il a de la chance que je ne les prenne pas tout d’un coup ».

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Aux portes du ciel

AUX PORTES DU CIEL de ROBERT PENN WARREN

Bogan Murdock est le père de Sue et Hammond. Il attend l’arrivée en avion de Jerry Calhoun qui lui ramène d’intéressants contrats signés. Sue traîne avec Slim, étudiant, poète, Jerry avait vaguement flirté avec Sue auparavant mais elle était devenue distante. Bogan qui brasse de nombreuses affaires d’une avec Jerry et le gouverneur pendant que Sue est avec Slim. Au retour de la soirée, Sue demande à Jerry de lui faire l’amour dans la bibliothèque! Jerry n’est pas du même milieu que les Murdock, il a perdu sa mère à sa naissance et a été élevé entre son père et son oncle dans des conditions très simples. Excellent footballeur, c’est Bogan lui même qui l’avait contacté à sa sortie du collège pour travailler a dans son entreprise. Vite intégré, il gagne rapidement la confiance de Bogan, passe de plus en plus de temps chez les Murdock et se retrouve fiancé à Sue. 15 jours avant le mariage, Sue quitte la maison et s’installe en ville sans un mot pour Jerry.

Intercalé dans le récit principal, il y a un texte en italique qui raconte comment Ashby a rencontré Jesus, le tout dans un texte mi paysan mi biblique, le seul point de rencontre avec le texte principal est qu’Ashby est une cousine d’un des protagonistes.

C’est le deuxième roman de Penn Warren, assez poétique dans lequel les héros cherchent leur voie, leur identité. La confrontation des mondes de Sue , imprévisible et instable, Jerry et Slim sera explosive amplifiée par la débâcle de l’empire de Bogan. Superbe roman.
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L'Esclave libre

C'est un livre (à mon humble avis) inégal : les envolées lyriques, les analyses psychologiques des motivations des différérents protagonistes, l'ambivalence politique autour de la guerre de sécession et du problème de l'esclavage, et l'ambiance faulnérienne du bayou de Louisiane dans une scène magnifique, tout celà est très bon, mais malheureusement contré par une tendance au sentimental-mélo et à l'épopée à rebondissement qui ne permettent pas de vraiment être ébloui par les qualités d'écriture pourtant bien présentes de Robert Penn Warren.

Paru 20 ans après "Autant emporte le vent", le pur mélo grand public, et 30 ans après Sartoris de Faulkner, complexe et subtil dans sa mise en rapport des deux grandes guerres américaines (sécession, 14-18), il est un peu entre les deux et ne peut concurrencer ni l'un ni l'autre sur leur terrain.
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L'Esclave libre

Si être un homme (c'est-à-dire possiblement une femme, car je ne pratique pas l'écriture inclusive) signifie être seul, et si Penn Warren parvient à saisir dans son roman l'ampleur et la désolation de cette solitude, on entrevoit pourtant, à la fin de tant de maux et pérégrinations, un remède, un miracle auquel on n'ose croire : un espoir d'empathie.
Lien : https://www.senscritique.com..
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L'Esclave libre

L’ ESCLAVE LIBRE de ROBERT PENN WARREN

Difficile de s’intéresser aux écrivains du Sud des États Unis sans mentionner Robert Penn Warren qui fût, à son époque, considéré comme un concurrent de Faulkner. L’esclave libre tient plus d’ Autant en emporte le Vent que d’un quelconque roman de Faulkner. C’est l’histoire d’ Amantha Starr, fille d’un planteur du Kentucky, qui découvre à la mort de celui ce qu’en fait il était ruiné et surtout qu’elle a du sang noir et, comme telle, sera assimilée à une esclave. C’est son parcours tortueux, romanesque et rocambolesque en plein cœur de la guerre civile entre les Yankees et les Confédérés. Rien ne manque à cette saga, amour et rebondissements en tout genre. Ce livre s’insère totalement dans l’histoire, très bien documenté et on retrouve au delà de la reconquête de la liberté d’ Amantha, cette volonté de ne pas vivre cette goutte de sang noir comme une sorte de « faute permanente ».

Robert Penn Warren est né en 1906 mort en 1989, prix Pulitzer 1947 pour les Fous du Roi ( j’y viendrai plus tard) et double prix Pulitzer de poésie en 1957 et 1979.
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L'Esclave libre

Autant le dire d'emblée, ce livre m'a un peu déçu.



RP Warren avait mis la barre tellement haut avec 'Tous les hommes du roi', mais aussi 'Un endroit où aller', 'Les endroits de la clairière' ou encore 'La grande forêt' que je suis resté sur ma faim.



Si le sujet peu exploré des esclaves noirs autour des années 1860 aux USA était un excellent point de départ, je me suis passablement ennuyé dans ce livre, avec le sentiment que l'auteur ne savait pas très bien où il allait. Si j'ai appris des choses au niveau historique, ma soif de narration n'a pas été totalement étanchée.



Bref, certainement le moins bon Warren que j'ai eu l'occasion de lire.



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L'Esclave libre

Amantha Starr, dite Manty, apprend à la mort de son père que, malgré sa peau blanche, elle a du sang noir dans les veines et que sa mère n'était autre qu'une des esclaves de la plantation de son père.

Vendue à un propriétaire terrien puis affranchie, témoin des heures sombres de la guerre de Sécession, Manty, déchirée entre deux mondes, le monde blanc de son enfance et le monde noir auquel elle appartient, passera son existence à essayer de trouver cette liberté à laquelle chacun de nous aspire.



Très beau roman sur l'esclavage et la Guerre de Sécession, analyse subtile de l'Amérique à la fin d'une époque, celle des planteurs du Sud, ce récit est également une réflexion sur la liberté, l'espérance et sur la difficulté pour chacun de nous d'y accéder.

Un texte riche et dense, très imagé, qui allie avec brio les sentiments romanesques, la brutalité du réel, le tourbillon de l'histoire, les intérêts et les idéaux politiques.

Souvent comparé à Faulkner, Pen Warren (1905-1989), universitaire et romancier, fut deux fois prix Pulitzer et reste malheureusement peu connu en France.



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L'Esclave libre

Ce roman relate le parcours d'Amanda Starr, fille d'un riche planteur du Kentuchy, au XIXe siècle. Elle vit une enfance heureuse. À la mort de son père, elle apprend malheureusement qu'elle doit être vendue comme esclave. Elle va appartenir à Hamish Bond, homme très bon avec ses esclaves. Il va traiter Amanda comme une amie.

Il s'agit d'un bon roman, qui traite de l'esclavagisme, de la guerre de Sécession, et des rapports complexes entre Noirs et Blancs. Je ne peux que conseiller ce roman, qui décrit très bien cette époque trouble, même s'il y a quelques longueurs.
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L'Esclave libre

"L'Esclave libre" de Robert Penn Warren, n'est pas, je vous rassure un énième roman érotique ou prétendu tel...



Non, l'érotisme y est aussi présent que la compassion humaine dans une Marine....

Inexistante...



Non, "L'Esclave libre" est un très beau livre. Romantique certes...

Il est impossible de ne pas faire le rapprochement avec le fameux "Autant en emporte le vent", mais il est en bien des points différents....



A la mort de son vieux père, la vie de la petite et jolie Amantha Starr, ravissante poupée à la peau si joliment hâlée, va basculer dans l'autre monde que celui dans lequel elle a grandi....



Elle va apprendre que la couleur de sa peau n'est pas étrangère à ce changement de situation...

Délit de sale gueule ?....



Nous sommes dans le Sud opulent de la grande époque avant la Guerre de Sécession...



Amantha Starr est vendue comme une bête, comme les autres dont la couleur est un peu plus foncée qu'elle, mais qu'importe vu que son sang est "pollué par du sang noir".... Une seule goutte de sang noir qui coule dans vos veines suffit pour vous rendre impur et pour vous basculer en enfer....



Amantha Starr, telle une Scarlett refusera le sort que la vie lui réserve, et se battra pour construire son rêve...



La liberté, elle la trouvera mais sera, malgré tout , à jamais que "L'Esclave libre".....



Robert Penn Warren nous livre une chronique sublime de ce Sud, qui nous, Européens, nous émerveille, mais avons-nous conscience de la souffrance endurée ?

Mais Robert Penn Warren, avec une grande humanité, nous montre à quel point le combat quotidien est difficile lorsque nous sommes "différents" des autres... la lutte pour vivre de façon décente et libre dans un monde où tous les Hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits...



Et les femmes ?



Illusions ?
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L'Esclave libre

Il y a trop longtemps que j'ai lu et vu ' Autant en emporte le vent ' pour pouvoir dire si oui ou non, l'esclave libre est son rival. Ce roman est intéressant pour toute personne qui s'intéresse à la guerre de sécession et particulièrement à la situation en Louisiane à cette époque. Il dresse un panorama historique de la confusion qui régnait alors et de la difficulté pour les uns et les autres de choisir un camp. Comment anticiper l'avenir ? Comment se battre pour ses idéaux, fût-ce au détriment de ses propres intérêts ?



L'histoire est celle de Amanda, la jeune fille d'un planteur désargenté. A la mort de celui-ci, elle réalise que sa mère était esclave et elle est vendue comme telle. Elle est achetée par Hamish Bond, un homme riche dont ce nom n'est pas le sien, par bonté. Histoire dans l'histoire, le récit de la vie de Hamish Bond est palpitante. Elle croise le destin de Rau-Ru. Mais seule les deux dernières page de ce livre m'ont semblé positives. Les personnages sont ternes et faibles. Ils ne vont pas au bout de leurs capacités. Ils ne savent pas remercier. Même la pureté de Tobias Sears est entachée par son misérable échec. Mais c'est peut-être cela que voulait dépeindre Robert Penn Warren. Il l'écrit d'ailleurs dans les dernières pages : ' la triste nature humaine '. Et seules les toutes dernières pages donnent un maigre espoir sur notre condition.
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L'Esclave libre



Plus facile à lire , moins hermétique que Faulkner auquel on l'a souvent comparé Robert Penn Warren est quelque peu tombé dans l'oubli.

Ses romans profondément enracinés dans le Sud profond sont un reflet de la mentalité de l'époque et "L'esclave libre" en est le parfait exemple.

Bien que le personnage principale soit la fille d'un blanc et d'une esclave et qu'elle prenne réellement conscience de sa condition d'esclave à la mort de son père sa vision des choses reste celle des propriétaires terriens qui ont fait la légende du Sud.

Si les tribulations de Manty ne sont pas toujours très crédibles et certaines de ses pensées profondes ne passeraient plus de nos jours malgré tout l' histoire est forte, par moment poignante et romantique à souhait, mais manque cruellement de ce souffle épique qui a fait le succès d' "Autant en emporte le vent" .



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L'Esclave libre

De Robert Penn Warren, j'ai adoré Tous les hommes du roi. C'est donc uniquement en me fiant au nom de l'auteur que j'ai acheté L'Esclave libre.



Évoquant la guerre de Sécession, je n'avais lu - il y a très longtemps - que le ô combien célèbre Autant en emporte le vent, que j'avais beaucoup aimé.



Dans L'Esclave libre, c'est encore une fois un personnage féminin qui se retrouve au premier plan pour vivre cet épisode de l'histoire américaine : Samantha Starr. Lorsque son père meurt, fini la petite vie de fille unique choyée, puisqu'elle découvre avoir été la fille d'une esclave. Son sang noir la laisse au nombre des propriétés de son père à être vendues. Elle se retrouve entre les mains du vieillissant mais généreux Hamish Bond alors que se prépare l'affrontement entre le Nord et le Sud.



La quête de l'identité, la liberté, la fin du règne des grands du Sud, le peu de scrupules de certains "libérateurs" du Nord qui n'en considèrent pas plus la population noire désormais libérée sont au coeur de cette fresque.



Un texte addictif à la langue âpre, qui s'éloigne de toute facilité. Chez Penn Warren, la vie n'épargne personne. Encore une fois convaincue par cet auteur, un sacré raconteur d'histoire qui ouvre également à une large réflexion philosophique. Inspirant.
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L'Esclave libre

La tranche abimée, il a bien vécu. Au point d’ailleurs que j’ai presque hésité à le prendre. Mais la tendresse particulière que j’éprouve pour la collection « libretto » des éditions Phébus et le fait qu’il s’offre ainsi à moi, petit trésor parmi d’autres ouvrages plus communs dans une boîte à livres, ont eu raison de mes préventions.

L’Esclave libre est paru pour la première fois aux Etats Unis en 1955, soit cinq ans après Autant en emporte le vent. La quatrième de couverture indique que ces circonstances lui auront fait de l’ombre et que Robert Penn Warren a longtemps été considéré comme le principal rival de Faulkner (Doriane, descends de cette armoire, lâche ce couteau et respire ! tu vas voir, ça va aller). Avec ces éléments en tête, je m’attendais à de la crinoline, du bal et des larmes. A un traitement… sévère de la narration peut-être aussi.

La prose de Warren est tout à fait classique, c’est en tout cas ce qu’il m’en a semblé à lire la traduction de J.G. Chauffeteau et G. Vivier, et de froufrous il est très peu question malgré le fait que le personnage principal du roman soit une femme.

Dans les années 1860, Amantha Starr, originaire du Kentucky, suit sa scolarité dans une austère pension qui prône l’abolition de l’esclavage au nom de principes religieux. Elle se vautre dans des exercices de mortification, songe à son âme et au torturé et immaculé Seth qui l’honore de son attention. Orpheline de mère depuis son plus jeune âge, Amantha a toujours vécu entourée de l’affection distraite de son père et des nègres familiers qui habitent avec elle la riche plantation paternelle.

Quand son père meurt, ruiné, dans les bras de sa maitresse, la jeune fille va découvrir que sa mère était une esclave et qu’à ce titre, elle ne peut prétendre à aucun héritage pas plus qu’à aucune liberté. Commence alors pour elle une vie à la merci des hommes qui l’achèteront pour user d’elle à leur convenance.

Durant la première moitié du roman, j’ai été un peu déçue du traitement que recevait cette histoire si rocambolesque. Puisque le filigrane d’Autant en emporte le vent s’imposait, où étaient donc les regards embrasés, les frissons et les soupirs ? A la première personne, avec le recul de quelques années, le récit est conduit par une Amantha presque désincarnée, subissant les aléas de l’existence sans que le lecteur accède pleinement aux émotions que cela suscite en elle. C’est parce que, ainsi qu’elle le dit sans cesse, elle ne sait qui elle est, elle ne sait ce qui gouverne ses impulsions, pas plus qu’elle ne comprend la raison de ce qui lui arrive. Ainsi dès l’incipit : « Oh, qui suis-je ? … Tel a été le cri de mon cœur pendant si longtemps ! Il y avait des fois où je me répétais mon nom – je m’appelle Amantha Starr – inlassablement, essayant par là, en quelque sorte, de me donner une existence réelle. Mais alors mon nom lui-même se dissolvait dans l’air, dans l’immensité de l’univers. »

Le roman déploie ensuite la folle et parfois macabre farandole des événements qui entraineront la « pauvre Manty » d’une existence innocente et comblée aux bras d’un riche et vieil armateur sudiste puis vers les ravages de la guerre de Sécession, les affres d’une identité sans cesse chahutée par ceux qui la trouvent trop blanche pour être nègre, trop désirable pour être honnête, trop noire pour être fiable. Elle se mariera, elle trahira, elle connaitra richesses et déchéances.

Dans le chaos des événements incessants, des batailles et des prises de guerre, difficile de comprendre les enjeux des uns et des autres. A fortiori quand, comme moi, on n’a qu’une connaissance très lacunaire de cette période. Le roman a été intitulé en anglais Band of angels et ce titre dépeint avec suffisamment d’ironie distancée tout ce que contient le livre de faux-semblants et de postures. Bien mieux que le fade L'esclave libre qui a le défaut supplémentaire de mettre le seul accent sur Amantha.

Le roman fait la part belle aux enjeux de la guerre de Sécession. Les confédérés (sudistes) qui se battent pour garder leurs privilèges esclavagistes contre les unionistes fervents défenseurs… fervents défenseurs… c’est là que ça coince… D’un idéal abolitionniste ? D’un libéralisme à tout crin que le paternalisme des sudistes empêche ? D’une réelle conception égalitaire des hommes quelle que soit leur couleur de peau ? Cette proposition n’est jamais pleinement assumée par aucun des personnages. Pas plus que le parti confédéré ne s’incarne dans une unanime défense du bon vieux uncle Ben’s. C’est toujours beaucoup plus torturé que cela, soit que les personnages les meilleurs puisent leurs motivations dans un sombre passé, soit que leurs élans cachent d’orgueilleuses et vénales motivations, soit enfin que le fondement même de leur abnégation ne soit encore qu’un orgueil démesuré. Au même titre que tous les autres personnages, les nègres, soi-disant enjeux de cette guerre, sont en proie aux mêmes circonvolutions, aux mêmes marchés de dupes : personne n’échappe à cette confrontation à l’Histoire en train de se faire.

Encore une fois, le traitement qui est fait de cette histoire n’est ni celui de la bluette sentimentale ni celui de l’introspection. Encore moins celui d’une revendication identitaire. Au fil des pages, Amantha Starr est le siège de désirs et de discours portés sur elle. Elle est elle-même saisie d’impulsions, se voit proférer des propos qu’elle ne savait même pas pouvoir abriter. Et ainsi se déroule le fil de son existence presque malgré elle tandis qu’elle attend que l’Histoire lui révèle le sens de sa vie.

Je tourne depuis quelques années autour des questions du féminisme, de l’intersectionnalité, de l’assignation et, - sans qu’il soit jamais possible de le définir en parfaite opposition avec ces derniers termes - de l’universalisme. De manière aussi caricaturale que fausse, certains pourraient croire que tout texte antérieur à cette lecture du réel selon ce prisme serait bon à oublier. Que seul notre temps est à même de proposer un propos pertinent sur ces questions qu’il a cœur de problématiser. Ce qui m’a fasciné dans L’Esclave noire, c’est justement cette distance temporelle. Ce que nous propose Warren en 1955, c’est le portrait de personnages qui cherchent toute leur existence durant ce que les autres font d’eux. En tant que Noirs, même si cela ne se voit pas, en tant que Blanc sauveurs et puritains, en tant qu’homme, en tant que femme. Et la conclusion de cette quête, que je ne révèlerai pas pour ne pas en gâcher la découverte, est d’une admirable portée, en remonte sobrement à bien de nos discours contemporains.

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L'Esclave libre

Magnifique roman abordant la question de l'esclavage dans les plantations et la guerre de Sécession à travers le regard et la vie d'Amantha Starr, fille de planteur et...d'esclave. A la mort de son père, sa vie bascule : elle quitte le confort et les certitudes de petite fille riche et libre pour une vie de soumission. Elle va subir les évènements historiques, observatrice des luttes pour un idéal et de ses dérives. Elle-même est tourmentée par son refus d'avoir du sang noir au point de haïr ce Père qui l'a trahie. Elle veut être libre, avoir sa part de bonheur : mais sa liberté ne passe t-elle pas d'abord par l'acceptation de ses origines et le pardon ? Les personnages de Robert Penn Warren sont amers, pleins de désillusion et c'est peut-être pour ca qu'ils sont si réels.
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L'Esclave libre

cool
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