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Citations de Roberto Calasso (40)


l’écriture d’un livre commence lorsque celui qui écrit se découvre aimanté dans une certaine direction, vers un certain arc de la circonférence, qui est parfois extrêmement petit, délimitable à quelques degrés
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S'il n'y avait pas eu Ingres, le XIX ème serait encore plus désespérément dix-neuviémesque.
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Tiepolo : la dernière bouffée de bonheur en Europe. Et, comme tout vrai bonheur, il était plein de côtés obscurs, qui n'étaient pas destinés à disparaître, mais plutôt à prendre le dessus.
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Cercle vicieux : la légitimité est la seule force qui assure la durée d’un gouvernement ; mais pour qu’un gouvernement devienne légitime, il faut qu’il dure déjà depuis un certain temps.

(p.73)
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La puissance qui meut le terrorisme et le rend obsédant n’est ni religieuse, ni politique, ni économique, ni revendicative. C’est le hasard. Le terrorisme est ce qui rend visible le pouvoir toujours inentamé qui sous-tend le fonctionnement du tout et dont il dévoile le fondement. Il est en même temps une modalité éloquente à travers laquelle se manifeste dans la société l’immense étendue de ce qui l’entoure et l’ignore.
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Comme toute pratique sacrificielle, le terrorisme islamique se fonde sur la signification. Et cette signification s’enchaîne à d’autres significations qui toutes convergent vers le même motif : la haine à l’égard de la société séculière.
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Le terrorisme islamique est sacrificiel : dans sa forme parfaite, la victime est l’auteur de l’attentat. Ceux qui sont tués sont le fruit bénéfique du sacrifice de l’auteur de l’attentat. Il fut un temps où le fruit du sacrifice était invisible. La machine rituelle tout entière était conçue pour établir un contact et une circulation entre le visible et l’invisible. À présent, au contraire, le fruit du sacrifice est devenu visible, mesurable, photographiable. Comme les missiles, l’attentat sacrificiel pointe vers le ciel, mais retombe sur la terre. Voilà pourquoi les attentats des assassins-suicidés qui se font exploser prédominent. Quoi qu’il en soit, il est entendu que les auteurs d’attentats finissent par se faire tuer. Faire exploser un quelconque engin télécommandé estompe la nature sacrificielle de l’attentat.
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Auden intitula L’âge de l’anxiété un petit poème à plusieurs voix situé dans un bar de New York vers la fin de la guerre. Aujourd’hui ces voix résonnent comme si elles venaient de loin, comme si elles venaient d’une autre vallée. L’anxiété ne manque pas, mais elle ne prévaut pas. Ce qui prévaut, c’est l’inconsistance, une inconsistance meurtrière. C’est l’âge de l’inconsistance.
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Dans le nouveau millénaire, il est sans forme, brut et toujours plus puissant. Aucune de ses composantes n’offrant de prise, il est l’opposé du monde que Hegel entendait étreindre dans l’étau du concept. C’est un monde broyé, y compris pour les hommes de science. Sans style propre, il les utilise tous.
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De quoi parlent les écrivains quand ils nomment les dieux? Si ces noms n’appartiennent pas à un culte — ni même à ce culte au sens figuré qui est la rhétorique —, quel sera leur mode d’existence? « Les dieux sont devenus des maladies », écrivit une fois Jung avec une brutalité éclairante. L’informe masse psychique est le lieu où tous les dieux ont fini par se rassembler, comme autant de réfugiés du temps. Mais est-ce là une diminution ? Ne pourrait-ce pas être au contraire considéré comme un retour à l'origine — ou du moins un repli à l’intérieur de l’enclos d’où, depuis toujours, les dieux s’étaient évadés? En effet, quoi qu’ils soient, les dieux se manifestent toujours d’abord comme des événements mentaux. Contrairement à l’illusion moderne, les forces psychiques sont des fragments des dieux, et non pas les dieux des fragments des forces psychiques.
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On ne devient jamais assez immortels
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Si les dieux parvinrent au ciel à travers une forme, les hommes auront d'autant plus besoin d’une forme pour rejoindre les dieux... Les mètres sont notre teménos, la forme à l’intérieur de laquelle apparaissent toutes les formes... Nous commençons alors à comprendre pour quelle raison, par exemple, la littérature est si souvent liée à l’immortalité, en un sens bien plus radical que celui - à vrai dire plutôt modeste - de la mémoire qui s’étend sur les générations futures.
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Dans sa forme la plus concise, ce postulat déclare que la pensée est langage. Plus ambitieusement, que l'esprit est langage. Mais nous ne pensons pas en paroles. Nous pensons parfois en paroles. Les paroles sont des archipels fluctuants et sporadiques. L'esprit est l'océan. Reconnaître dans l'esprit cet océan semble quelque chose d'interdit, que les orthodoxies en vigueur, dans leurs différentes versions, scientistes ou seulement commonsensical, évitent presque instinctivement. C'est là que réside justement la bifurcation essentielle. C'est là qu'on décide dans quelle direction va opérer la connaissance
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Le monde — il est désormais temps de le dire, même si la nouvelle est désagréable pour beaucoup — n’a aucune intention de se désenchanter jusqu’au bout, ne serait-ce que parce que, s’il y parvenait, il s’ennuierait trop. Entre-temps, la parodie est devenue une fine pellicule qui enveloppe tout. Aujourd’hui, ce qui était, chez Baudelaire et Heine, un fragment empoisonné d’Offenbach s’est révélé être le chiffre d’une époque. Aujourd’hui, tout ce qui se manifeste apparaît d’abord comme une parodie. La nature elle-même est parodie. Ensuite, avec de la peine et
des précautions subtiles, il se peut que quelque chose se révèle aller au-delà de la parodie. Mais il faudra toujours la
confronter avec sa version parodique originaire. Enfin : la littérature absolue. Ce qui, selon le Grand Inquisiteur de Baudelaire, se manifestait encore comme danger dans l'ombre, sourde menace, éventuelle dégénération s'est révélé être la littérature elle-même.
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La couleur opaque, ténue, comme d'une fresque, la lumière diffuse et pale, les rares accentuations de couleur: tout confirme l'irrémédiable froideur et l'aspect silencieux de l’événement.
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"Il y a une vague Baudelaire qui traverse tout. Elle a son origine avant lui et elle se propage au-delà de n'importe quel obstacle. Parmi les pics et les creux de cette vague on reconnaît Chateaubriand, Stendhal, Ingres, Delacroix, Sainte-Beuve, Nietzsche, Flaubert, Manet, Degas, Rimbaud, Lautréamont, Mallarmé, Laforgue, Proust et d'autres, comme s'ils étaient atteints par cette vague et submergés pendant quelques instants. Ou comme si c'était eux qui heurtaient la vague. Des poussées qui se croisent, divergent, se ramifient. Des tourbillons, des remous soudains. Puis le cours reprend. La vague continue à voyager, elle se dirige toujours vers le "fond de l'Inconnu" d'où elle est venue".
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La littérature […] est toujours faite d’exclusions non moins que d’inclusions et laisse tomber sur le monde une lame de lumière oblique et tranchante, sans se soucier de ce qu’elle abandonne à l’obscurité, car son défi est de faire respirer le tout, même dans le détail le plus désolé et sans aucune relation.
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La possession est avant tout la reconnaissance que notre vie mentale est hantée par des puissances qui la dominent et qui échappent à tout contrôle, mais qui peuvent avoir des noms, des formes et des contours.
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Un appel oscillait entre l'Asie et l'Europe : à chaque oscillation, une femme, et, avec elle, une foule de pilleurs, passaient d'une rive à l'autre.
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