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EAN : 9782070128808
496 pages
Gallimard (06/10/2011)
4.15/5   13 notes
Résumé :
C’est « la vague Baudelaire » et ses effets dans l’art et la littérature que Roberto Calasso analyse et raconte ici avec l’érudition et le talent narratif qui sont les siens.
S’appuyant sur un réseau enchevêtré de citations et de rapprochements, le grand écrivain italien nous propose de déambuler dans un Salon imprévisible où seraient exposées des images de toutes sortes, il nous fait circuler dans les méandres de ce système nerveux qui s’appelait Baudelaire,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
L'esprit domine le parfum. Il n'est plus et pourtant il laisse son empreinte. Il flotte et nous devinons dans son absence les senteurs d'une époque. Présage ou annonciation ? Pré-âge ou regénération ?
Baudelaire est il moderne ? Non. Singulier. Absolument singulier. Dans bien des domaines il fut le premier et à la fois le seul.
Qui annonce la modernité prononce le courant. Il n'y eut jamais de courant baudelairien. Il y a Baudelaire.C'est tout.
La folie Baudelaire comme le décrivait Saint-Beuve. Ce lieu unique. Comme le fut la maison Joujou d'Honfleur. Et même sous la plume acide de Saint-Beuve cette folie résonne comme un royaume. Un caravansérail, un carrousel, un kiosque ouvert à tous les naufrages, toutes les tempêtes, toutes les images. Mais jamais refuge des mirages.
Roberto Calasso ne nous livre pas une vie de Baudelaire. Qui pourrait l'écrire?
Il nous laisse à respirer l'odeur d'un sentiment. Et c'est l écho de cette exhalation qui nous parvient à travers ses lignes. Dans un parc il nous parvient l'instant d'une demeure, ...lumières, ombres, musiques, quelques entrelacs, quelques fulgurances, quelques silences, quelques transhumances, des voix, qui nous permettent d'imaginer quel fut ce temps qui permit à Baudelaire de nous délivrer la quintessence de son mal. «Je demande à tout homme qui pense de me montrer ce qui subsiste de la vie » voilà l'invitation du poète. Ce livre est la réponse que nous adresse Roberto Calasso.
« Je ne sais quoi d'étrange et d'enchanté / En l'isolant de l'immense nature ». et si cet « homme jeune, beau et élégant, qui marche avec une excessive précaution, comme empêché par quelque chose d'invisible qui le gène » était lui même cette « découpe sur l'informe qui l'entoure » , et qui « observe à travers lui même », tel un prisme, ce monde qui l'enserre et qui le presse.
Réversibilité du regard. Baudelaire vouait un véritable culte aux images. A tel point que Delacroix fuyait le verbe alchimiste de Baudelaire. Baudelaire voyait et décrivait l'espace qu'il découvrait. Qui mieux que cet explorateur d'extraordinaire pouvait nous ouvrir les portes du royaume de Poe ? Difficile époque où le voile de Degas se posait sur les entrechats des petits rats de l'Opéra. Difficile époque où Saint Beuve demandait « par écrit » directement au Pouvoir en place « d'assainir » le monde littéraire. Difficile époque où l'apologie de la forme tentait d'étouffer la liberté du fond. Difficile époque où se tramaient tous les drames du prochain siècle.Difficile époque où le masque d'une république recouvrait le visage d'un empire. Merveilleuse époque que celle de Lautréamont, Courbet, Manet, Mallarmé, de Rimbaud, La folie Baudelaire : une très belle polyphonie claire, riche , endiablée et extrêmement bien menée.

Astrid Shriqui Garain
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La folie Baudelaire ! C'est Sainte-Beuve qui, pour évoquer la candidature (surprenante) de Baudelaire à l'Académie française (sa demande sera refusée), usa de ce terme pour qualifier son oeuvre. Je ne peux éviter de le citer tant ce passage est remarquablement formulé : « En somme, M. Baudelaire a trouvé moyen de se bâtir, à l'extrémité d'une langue de terre réputée inhabitable et par-delà les confins du romantisme connu, un kiosque bizarre, fort orné, fort tourmenté, mais coquet et mystérieux, où on lit de l'Edgar Poe, où l'on récite des sonnets exquis, où l'on s'enivre avec le haschisch pour en raisonner après, où l'on prend de l'opium et mille drogues abominables dans des tasses d'une porcelaine achevée. Ce singulier kiosque, fait en marqueterie, d'une originalité concertée et composite, qui, depuis quelques temps, attire les regards à la pointe du Kamtchatka romantique, j'appelle cela la folie Baudelaire. L'auteur est content d'avoir fait quelque chose d'impossible, là où on ne croyait pas que personne pût aller. »
Voici donc le propos de ce bel essai : la description de cette folie Baudelaire. Pour l'entreprendre, Calasso s'est nourri bien entendu de l'oeuvre même de l'auteur ainsi que de sa correspondance. Mais il la développe par une divagation heureuse sur les artistes de son temps qui l'inspirèrent ou l'irritèrent. C'est ainsi que, pour évoquer la création Baudelairienne, Calasso nous plonge dans l'atelier de Degas, d'Ingres ou de Manet. Cette façon de laisser l'avantage à la pensée plutôt que borner sa réflexion par des principes plus rigoureux est en parfaite adéquation avec le style de Baudelaire dans ses notes critiques. Calasso ouvre ainsi des espaces, permet au lecteur de passer d'un lieu à un autre, d'un artiste à un autre et d'un art à un autre, tissant au final ce paysage grandiose et inquiétant à la pointe de ce Kamtchatka romantique.
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Déjà, attardons nous un peu sur l'édition. J'avoue ne pas être peu fière d'avoir un essai de la collection NRF dans ma bibliothèque… le livre en lui même est vraiment très soigné. le papier est extèmement épais et aussi : il y a des images ! Ce qui est quand même bien pratique car l'essai parle beaucoup de peinture, donc les avoir sous les yeux pour en lire l'explication est plus simple.

Voilà pour le côté esthétique de la chose. Passons au contenu. C'est la première fois que je me lançais dans un essai aussi conséquant et j'étais un peu effrayée au départ, mais au final je l'ai lu en dix jours ce qui me satisfait pleinement vu la densité d'informations présentes.

Il ne faut pas s'attendre à une biographie de Baudelaire par contre, c'est bien un essai qui nous offre un voyage dans la pensée baudelairienne, dans ses influences, dans l'influence qu'il a eu sur “Chateaubriand, Stendhal, Ingres, Delacroix, Sainte-Beuve, Nietzsche, Flaubert, Manet, Degas, Rimbaud, Lautréamont, Mallarmé, Laforgue, Proust et d'autres”. Tous ces artistes vont être abordés plus ou moins brièvement mais toujours de manière juste et intéressante. Particulièrement Ingres, Sainte-Beuve, Degas et Manet qui auront droit à une partie rien que pour eux ou presque.

Le voyage dans la vie artistique du XIXème siècle est très plaisant, nous sommes au coeur d'un pléthore d'artistes tous plus intéressants les uns que les autres. Beaucoup de peintres sont abordés, d'où les reproduction de peinture dans le livre. Petite parenthèse d'ailleurs, j'ai vu il y a peu l'exposition Degas et le nu au Musée d'Orsay (très intéressant par ailleurs !) et c'est assez agréable de voir un tableau en vrai après l'avoir vu et lu son étude dans un livre, on voit des petits détails qu'on ne peut pas voir sur le livre par exemple.

Le terme voyage dit bien ce qu'il dit, on navigue un peu au hasard de la pensée Baudelairienne sans forcément suivre un fil logique mais plutôt en s'attardant quand l'envie en dit à l'auteur, sur un certain aspect du poète.

Pour le style, il est assez alambiqué parfois et ce n'est pas un livre facile à lire, mais quand on s'intéresse à la période on arrive à se plonger dedans sans problème, c'est question d'habitude aussi. Donc, ça ne m'a pas gênée personnellement, mis à part les phrases en latin non traduites qui parsèment le livre ! Si encore c'était des expressions connues, j'aurai compris mais là non, c'est mettre la culture à portée seulement d'une élite qui comprendrait le latin et je ne trouve pas ça très intelligent. Tout le monde ne comprend pas le latin même si on l'a un peu étudié au collège ou lycée. Bref, seul petit bémol du livre.

La thèse défendue par Roberto Calasso qui est que Baudelaire est l'artiste majeur et capital du XIXème siècle, l'artiste qui a eu une influence révélatrice “sur l'obscurité naturelle des choses” est argumentée solidement par un cortège de citations choisies provenant soit d'écrits de Baudelaire, tant de ses poésies que de ses écrits plus personnels tels les lettres, journaux etc… soit d'écrits d'autres artistes le concernant. le côté peinture est assuré par les nombreux Salons que Baudelaire a rédigé en tant que critique d'art, cette partie ci m'a beaucoup intéressée. Celle également sur Sainte-Beuve qui était donc le critique littéraire de l'époque duquel tous les écrivains attendaient l'écrit qui les concernerait…

C'est d'ailleurs assez curieux de voir l'évolution des journaux. A l'époque on n'hésitait pas du tout à descendre sans soucis un artiste quel qu'il soit, au XXième siècle de ce que je lis dans l'autobiographie de Simone de Beauvoir c'était pareil et les artistes se répondaient de journaux à journaux, et pareil pour les journalistes qui s'ils entraient en conflits s'écrivaient des lettres ouvertes ! Aujourd'hui les journaux parlent plutôt de leurs coups de coeur et mettent de côté ce qu'ils n'aiment pas (même s'il y a des exceptions !).

Et à travers cet essai de nombreux thèmes sont abordés : le rêve, des réflexions sur le beau, sur la modernité, l'imagination, la décandence et bien d'autres encore.

Pour résumer, un livre très instructif sur la vie artistique du XIXème siècle, avec une écriture très érudite et pleine de références, un auteur passionné et emporté par ce qu'il écrit. Un Baudelaire qui nous apparaît comme la figure du XIXème siècle avec sa modernité et son caractère de dandy solitaire.
Lien : http://lecturetcie.wordpress..
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J'ai acheté ce livre un peu par hasard, sans attente d'un thème précis, d'une thèse: à la recherche d'une découverte. C'est dans cet esprit que je l'ai lu... et qu'il m'a plu. 
Décousu? Peut être. En fait surtout une déambulation raffinée entre les influences réciproques autour de Baudelaire.
J'ai notamment été sensible aux nombreuses correspondances avec les peintres contemporains. 
Ces mises en perspectives donnent à l'auteur des prétextes à des incises dédiées à un tableau. Ainsi pour la Baigneuse Valpenson, parmi pages qui y sont consacrées, peut on lire: "Mais ,ce regard descend de la tête au buste de la baigneuse, il rencontre une étoffe: claire, délicate, elle enveloppe le coude gauche nde la femme et retombe ensuite jusqu'à terre. Sa fonction est impénétrable."
Ce parcours est rehaussé de différentes "amabilités" savoureuses entre les différents protagonistes. Par exemple Baudelaire à propos à propos de Ingres; "Mr Ingres adore la couleur, comme un e marchande de mode... le résultat, non pas toujours discordant, mais amer et violent, plait aux poètes corrompus".....

Pour conclure, ce livre est à ouvrir et à lire sans attente préconçue, en se laissant glisser dans une balade érudite donbt le seul fil rouge est l'entourage de Baudelaire.
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Ce livre atypique est comme un chant d'amour à Baudelaire, à la richesse et à la pureté de ses créations, à sa capacité et volonté de vivre son art, de l'enraciner dans sa chair. Robero Calasso nous offre des fulgurances, parfois surprenantes sur l'oeuvre, l'artiste, sa vie, des parallèle aussi avec d'autres oeuvre set artistes.
Pour tous les amoureux de Baudelaire!
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critiques presse (5)
LeMonde
02 janvier 2015
Fascinante analyse, où des fulgurances éclairent « l’obscurité naturelle des choses » ; où les cheminements vers le « fond de l’Inconnu » sont toujours aimantés par la tentation de l’absolu.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Lexpress
29 février 2012
[Roberto Calasso] mène avec érudition ses déambulations baudelairiennes.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Bibliobs
19 décembre 2011
Voilà ce qu'est un grand livre. Il remue la vase des souvenirs et des certitudes, redessine le paysage autrement. Calasso sait tout, a tout lu, vu, retenu et compris; avec cela intelligent comme le diable. Alors il tricote un maillage serré d'analyses, d'anecdotes, de petites phrases qui n'ont l'air de rien, mais se révèlent cruciales, de digressions lentes et minutieuses.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Liberation
25 novembre 2011
Le livre de Calasso explore ce «tout» Baudelairien, selon lui décrit par Sainte-Beuve, en sept chapitres, sept gestes, sept caresses pleines d’élégance et moites de références.
Lire la critique sur le site : Liberation
Telerama
09 novembre 2011
On emboîte le pas à Roberto Calasso, érudit et passionné, réfléchissant ici sur la représentation, la nécessité du chaos et celle du cadre, là sur l'étroitesse des liens entre le sublime et le ridicule, la décadence et la modernité, plus loin encore sur l'articulation entre l'imagination - chacun le sait, « la reine des facultés » -, le rêve et la vérité.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
"Il y a une vague Baudelaire qui traverse tout. Elle a son origine avant lui et elle se propage au-delà de n'importe quel obstacle. Parmi les pics et les creux de cette vague on reconnaît Chateaubriand, Stendhal, Ingres, Delacroix, Sainte-Beuve, Nietzsche, Flaubert, Manet, Degas, Rimbaud, Lautréamont, Mallarmé, Laforgue, Proust et d'autres, comme s'ils étaient atteints par cette vague et submergés pendant quelques instants. Ou comme si c'était eux qui heurtaient la vague. Des poussées qui se croisent, divergent, se ramifient. Des tourbillons, des remous soudains. Puis le cours reprend. La vague continue à voyager, elle se dirige toujours vers le "fond de l'Inconnu" d'où elle est venue".
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La couleur opaque, ténue, comme d'une fresque, la lumière diffuse et pale, les rares accentuations de couleur: tout confirme l'irrémédiable froideur et l'aspect silencieux de l’événement.
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S'il n'y avait pas eu Ingres, le XIX ème serait encore plus désespérément dix-neuviémesque.
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La littérature […] est toujours faite d’exclusions non moins que d’inclusions et laisse tomber sur le monde une lame de lumière oblique et tranchante, sans se soucier de ce qu’elle abandonne à l’obscurité, car son défi est de faire respirer le tout, même dans le détail le plus désolé et sans aucune relation.
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l’écriture d’un livre commence lorsque celui qui écrit se découvre aimanté dans une certaine direction, vers un certain arc de la circonférence, qui est parfois extrêmement petit, délimitable à quelques degrés
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