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Critiques de Roger de Bussy-Rabutin (5)
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Histoire amoureuse des Gaules

De Bussy-Rabutin on pourrait dire (c’est de Raymond Devos ) qu’il avait « la mémoire en trou de serrure » :ce courtisan libertin a en effet une forte tendance à ce délecter des ragots (vrais ou faux) et à exercer sa verve sur ses congénères de la cour et surtout sur les dames . Cela lui valut foudre , bannissement et disgrâce royale . Ce n’est pas très joli moralement, ce n’est pas très érotique non plus, mais c’est exprimé dans une langue admirable .



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Histoire amoureuse des Gaules

QUAND LA GLACE BRULE



Roger de Bussy-Rabutin (1618-1693), cousin de Madame de Sévigné, tient son talent de sa vision satirique et libertine du Monde.



Son « Histoire Amoureuse des Gaules », roman scandaleux à clés tellement reconnaissables que Louis XIV le disgracia, raconte par le menu les affaires amoureuses qui, hors la guerre, la soif de possessions et le paraître, firent le quotidien de l’aristocratie française, notamment durant la Fronde (1648-1653).



Cet entre-soi où tout le monde surveille jalousement tout le monde, cherche à s’enrichir, à agrandir sa Maison, nourrit des passions qui appartiennent au désir de chair et non au sentiment amoureux,



Séduire, posséder, délaisser, rejeter…On est dans l’univers glacé qu’un siècle plus tard Choderlos de Laclos décrira si brillamment dans son extraordinaire « Les liaisons dangereuses »



En écrivant sa « pipolerie », Bussy-Rabutin n’aurait pu être qu’un quelconque compère à potins licencieux…



Mais cet homme sait écrire, comme sa cousine, le duc de la Rochefoucauld, le cardinal de Retz ou Tallemant des Réaux. Le style, les rebondissements, l’impitoyable description des mœurs en font un roman dur.



L’ouvrage ne devait pas être édité ; il ne devait être lu que par celles et ceux auxquels Bussy-Rabutin ferait l’honneur de le présenter. Une de ces ennemies fît en sorte d’en avoir un exemplaire le fît copier et diffuser. On sait ce qu’il s’en suivit.



La lecture se révèle un peu ardue. Quand on en maîtrise les spécificités (au bout d’une trentaine de pages), en s’appuyant sur un liste décodant les pseudos située vers la page 180 de l’édition Folio, on entre de plain-pied dans un grand texte…
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Histoire amoureuse des Gaules

C'est à peine croyable que ce roman satirique, parodique, un peu caricatural et diffamant, mais loin d'être scandaleux, ait pu valoir à son auteur un an de bastille et plusieurs d'exil. On se demande parfois ce qui pouvait passer par la tête de Louis XIV, lui que la postérité aurait dû plus véridiquement surnommer le roi-queutard plutôt que soleil, qui distribuait sa royale semence avec autant de prodigalité que les lettres de cachet et qui a quasiment fait de la cour de France un club libertin. Derrière la caricature de cette « Histoire amoureuse des Gaules », il y a quand même une part de vérité dans les gentils chassés-croisés vaudevillesques que met en scène Bussy-Rabutin.

Il se moque principalement de madame d'Olonne et de la duchesse de Châtillon, qui ne devaient pas avoir une bonne réputation, et qu'il présente comme deux très belles femmes usant de leurs charmes pour multiplier les amants, un peu par amour, beaucoup par intérêt. Mais ses attaques sont plutôt des taquineries innocentes quand on les compare aux violentes charges que pouvait porter Saint-Simon, à peine un siècle plus tard dans ses Mémoires, et dans lesquelles il mentionne à plusieurs reprises « Histoire amoureuse des Gaules ». Par ailleurs il n'est pas impossible que sa manière de portraiturer lui fut inspiré par cet auteur. On apprend aussi dans les Mémoires de Saint-Simon qu'un autre roman à clef (de qualité tout à fait médiocre, apparemment): « Artamène ou le Grand Cyrus », connaissait un grand succès à l'époque où Bussy-Rabutin écrivait son propre livre. Et j'ai l'impression que sa première intention était surtout de faire une parodie de ce roman, juste un petit livre amusant mais pas malveillant.

Le passage le plus intéressant se trouve à la fin, quand il raconte ce que l'histoire a retenu sous le nom de « l'orgie de Roissy », à laquelle il a participé. En vérité, même cette « orgie » reste quelque chose d'à peine libertin, puisqu'elle consiste juste à avoir rompu un peu tôt le carême. On comprend aussi que deux hommes ont couché ensemble, ce qui fait dire à Bussy-Rabutin : « Souvent on arrive à même fin par différentes voies, pour moi je ne condamne point vos manières, chacun se sauve à sa guise, mais je suis bien assuré de n'aller point à la béatitude par le chemin que vous tenez », et quand un participant s'étonne qu'il ne soit pas encore dégoûté des femmes après avoir fréquenté sa cousine, la célèbre Madame de Sévigné, il entame alors un portrait cinglant mais quand même admiratif de celle-ci, avec qui il est fâché.

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Mémoires

Edition présentée & annotée par Daniel-Henri Vincent





ISBN : 9782715233119





Roger, comte de Bussy-Rabutin, est avant tout connu pour deux raisons : son cousinage avec l'incomparable épistolière que fut Mme de Sévigné (née Marie de Rabutin-Chantal) et son roman satirique à clefs, "Histoire Amoureuse des Gaules", qui, publié contre le gré de son auteur par une amie indiscrète, lui vaudra les foudres de Louis XIV, peu satisfait de découvrir, étalées dans ces pages frondeuses, les amours un peu trop ostensibles de la Cour. Mais Bussy est l'auteur de bien d'autres textes, parmi lesquels des "Mémoires" qui couvrent son enfance mais s'arrêtent à son exil en son domaine de Bourgogne, où il passera les dix-sept dernières années d'une existence à la fois tumultueuse et minée par l'aigreur.



Le mot est jeté : l'amertume de Bussy, y compris lorsqu'il relate sa jeunesse insouciante et ses folies de jeune homme, atteint un degré des plus sombres, sourd, poignant, dont on ne sait trop s'il précéda ou non le sentiment de paranoïa qui naît de l'ensemble du discours. Dans ses "Mémoires", le comte de Bussy-Rabutin affirme n'écrire que la vérité, celle-ci lui fût-elle peu flatteuse à son encontre. Il est vrai que, lorsqu'il évoque sans détour certains épisodes ayant pour héroïnes les maîtresses plus âgées qui l'initièrent au sexe, on ne fait pas plus gaillard - et même, n'ayons pas peur des mots, plus mufle. Mais la grande question de son intégrité repose sur les sentiments réels qui le lièrent à Louis XIV et à sa Cour.



Homme de guerre valeureux, ce qu'on ne saurait lui dénier, Bussy ambitionnait une carrière glorieuse dans les armées royales. Il s'y distingua en maintes occasions - sur ce plan, ses "Mémoires", dont Daniel-Henri Vincent a pourtant élagué pas mal de passages trop techniques, ne sauraient que ravir l'amateur - mais toujours, pour une raison ou pour une autre, se vit maintenu dans l'ombre et encore plus souvent privé de sa solde et de ses pensions. Il en tient pour principal responsable Henri de La Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne, l'un des généraux les plus remarquables du Roi-Soleil, qui, dès leur première rencontre, se serait, selon l'intéressé, pris d'aversion pour Bussy dont il jalousait les dons militaires. Au fil des pages, Turenne devient l'obsession de Bussy, une espèce de Némésis moustachue et emperruquée qui, à force de rapports orientés et profondément injustes rendus à Louis XIV, aurait causé la perte définitive du comte aux yeux du monarque.



L'auteur, on le sent, est sincère : il ne doute pas un seul instant de l'influence néfaste de Turenne sur son destin. Mais il évoque aussi à ce sujet le prince de Condé et, de quelque façon qu'on retourne ses malheurs financiers, on découvre toujours un officier supérieur - et surtout un courtisan bien plus obséquieux et plus rusé que lui, l'innocent Bussy, toujours implacablement franc du collier - pour s'en aller conter les pires ragots au monarque à la seule fin de briser la carrière militaire du malheureux. Alors, forcément, on finit pas s'interroger : que voulez-vous, cela semble trop beau pour être vrai ... Seule alternative : si les choses se sont réellement passées ainsi, alors, forcément, le comte de Bussy-Rabutin fut hanté toute sa vie par la plus acharnée des malchances.



Ou bien ... Ou bien ... Ou bien Louis XIV, prévenu en cela par le cardinal de Mazarin, aurait vu très jeune en Bussy le prototype même de l'aristocrate qu'il devait garder en respect pour préserver la paix intérieure de son règne, à savoir le rebelle-né, insolent, se morguant sans complexe devant la couronne fermée, s'estimant pour autant d'aussi bonne race que les Bourbon, et positivement incapable de ne pas se répandre, par la grâce d'une plume cruelle et incisive, en discours et propos si moqueurs, si subversifs aussi qu'il convenait par tous les moyens de lui imposer silence.



Nous laissons au lecteur le soin de se faire son opinion, à l'issue de ces trois-cent-quarante-trois pages non dépourvues d'intérêt mais qui, nous l'avouons, se ressentent du rapprochement inévitable avec la joyeuse et méchante "Histoire Amoureuse des Gaules." A lire cependant pour l'intérêt incontestable du témoignage sur les guerres de ce temps. Et à approfondir par la lecture d'une correspondance particulièrement riche qui nous restituera peut-être le "vrai" Bussy qui, dans ses "Mémoires", se plaint de tout et de tout le monde sans guère convaincre, ce qui finit par lasser le plus accommodant. ;o)
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Histoire amoureuse des Gaules

Ah, Bussy-Rabutin, ce célèbre trublion! Il fallait absolument que je lise le texte qui lui a valu treize mois de prison et un long exil dans son château du fin fond de la Côte d'Or.



L'édition ayant gardé la grammaire et la conjugaison de l'époque, le régal en est d'autant plus grand! Un superbe témoignage de l'insouciance et de la frivolité qui régnait à la cour du Roy, quand au même moment ces gens assistaient à au moins trois messes par jour...
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