Citations de Romain Puértolas (755)
La vie se divisait en deux catégories : ceux qui étaient avec moi et ceux qui ne l’étaient pas. Malheureusement, il y avait en général plus de monde dans cette dernière.
– Vous savez ce qu’on dit ? Les compagnies d’assurance vous prêtent un parapluie quand il fait beau…
– … et vous le reprennent quand il pleut, complétai-je.
Vous savez… maître, reprit-il à grand-peine, la photo, c’est comme la chasse. Oui, je chasse aussi, les fins de semaine. La technique de ces deux arts, apparemment si différents, est la même. La maîtrise de la respiration, le doigt sur le bouton ou la détente, l’acuité de l’œil qui vise, savoir quoi chercher et où, le souci du détail. On chasse un sujet comme on chasse un sanglier, une biche. Dans les deux cas, on n’a droit qu’à un coup…
Avant d’être nègre, Michel me raconta qu’il était camerounais, de Yaoundé, plus précisément. « Car au Cameroun, voyez-vous, les Nègres n’existent pas, c’est une invention des Blancs. » Dans son pays, Michel était noir comme tout le monde, alors il passait inaperçu, même s’il était grand comme un haricot. Ce n’est qu’en arrivant en France, à M., qu’il devint noir. La métamorphose fut presque immédiate. Il la sentit passer. Cela lui fit un peu l’effet de « se prendre une porte en pleine figure » (...)
Son attention a été capturée par cette foule qui se masse comme de l’eau, de l’huile pour être plus précis, plus dense, plus visqueuse, de l’huile donc qui se refermerait inévitablement sur eux, dont ils deviendraient partie intégrante, un magma dont ils seraient tous deux des cellules organiques vivantes.
Jouer un rôle pendant des mois avec la seule intention de tuer quelqu’un, on avait déjà vu cela. Certains mettaient des années à échafauder une vengeance, relisez donc Le Comte de Monte-Cristo !
Les ceintures servaient moins à tenir les pantalons qu'a réprimander les femmes.
Elle repéra des poseurs de girouettes sur le haut des cathédrales, aperçut des laveurs de vitres en pause, avachis sur des toits en cristal. C'est fou tout ce qu'elle voyait tomber des balcons. Des jeunes filles en larmes, des alpinistes amateurs, une ribambelle de personnages sortis d'une chanson d'Higelin.
Non mais attendez, vous vous foutez de moi ? Ca fait une heure que vous vous attardez sur des détails sans importance et quand on arrive enfin à ce qui m'intéresse, le vol de Providence Dupois, vous bâclez ça en une seconde. "Et sans plus attendre, portée par l'insoutenable bla-bla-bla, elle s'envola..." Vous croyez que je vais me contenter de ça ?
L'auto-stop ? La jolie jeune femme n'aurait eu aucun mal à trouver un conducteur masculin désireux de la conduire au bout de l'univers. Mais c'était bien trop risqué On pouvait toujours tomber sur un déséquilibré, ou un ex-directeur général du Fonds monétaire international en vacances dans les parages.
Comment leur fille unique pouvait t'elle faire ses premiers pas à un âge aussi jeune ? Comment le squelette de ses jambes pouvait-il déjà supporter ce petit corps de Bouddha souriant plein de bourrelets ? Cela avait-il un quelconque rapport avec les six orteils de son pied droit ?
Je remarquai que ce voyage avait un effet revigorant sur ma personne. Je me sentais, d'une certaine manière, libre. Libre, je l'étais, mais l'on est trop souvent ancré à notre vie quotidienne, la maison, le travail, et fuir, ne serait-ce que quelques heures, le paysage familier qui compose notre existence, tout en gardant la réconfortante certitude de pouvoir y revenir à tout moment, nous entraine dans une nouvelle dimension où tout est possible. Ce n'est qu'une illusion mais le lâcher-prise est d'une jouissance extrême.
Había hecho un increíble viaje de nueve días, un viaje interior que le había enseñado que, al descubrir otras cosas en otros lugares, uno puede convertirse en otra persona.
Mais l'erreur est humaine. C'est pour cela qu'il y a des gommes au bout des crayons à papier.
C'était trop facile de baisser les bras comme ça. Elle avait peut-être tout essayé. Mais pas l'impossible.
Oui, à partir de maintenant, il m'appartient d'être une victime. La victime d'une tentative de meurtre, et m'apitoyer sur mon sort. Ou une battante. Une femme que la mort aurait rendue plus forte. Une gagnante. Une femme qui infligerait maintenant la plus grosse des corrections à un homme qui ne devrait plus jamais avoir le droit de vivre libre. Et c'est cette deuxième femme que je voulais être.
Dans la prison, le silence s'est fait et c'est comme une pluie de diamants qui tombe sur un toit de cristal.
Les changements d'habitude, dans une affaire criminelle, sont toujours très suspects.
Être parti pour trouver un travail, gagner de l'argent, et finir en prison à l'autre bout du monde. Non, personne ne doit savoir.
Tout est oublié. Jusqu'à la fois suivante. C'est ainsi qu'agissent les grands psychopathes.'