Citations de Romain Puértolas (750)
Les hôpitaux sont pleins de gens qui disent vouloir se suicider. Les cimetières, de gens qui n’ont jamais rien dit et l’ont tout simplement fait.
Quelquefois, le destin ne tenait qu'à cela, que quelqu'un croie en vous, au moins une fois dans votre vie.
Vous savez, être un bon père, c'est accepter d'être détesté. C'est la même chose qu'on que l'on commande une armée ou une famille.
Cela lui rappela la bonne époque, lorsqu'il lui arrivait de flâner incognito dans les rues de Paris afin de connaître l'opinion du peuple à son sujet. Même si quelquefois il n'aimait pas du tout ce qu'il entendait. C'était le risque à payer pour savoir ce que les gens pensaient vraiment de vous, pour échapper quelques instants aux éloges hypocrites de votre entourage, qui trouvait toujours que vous étiez le meilleur et que vos pets sentaient la fleur d'oranger et la violette. Même après avoir ingurgité un copieux cassoulet.
Je serai donc fin août-début septembre au pied du mur avec une solution définitive à prendre : suicide seul ou suicide collectif.
Il ne peut s'empêcher de penser à Sartre, une vieille lecture de jeunesse. "L'enfer, c'est les autres." Seul, enfin . Repartir de zéro, Avec de nouvelles idées plein la tête.
Dans "Les Misérables", un de mes livres de chevet, Victor Hugo écrit : « La police supposa que le forçat évadé [Jean Valjean] avait dû se diriger vers Paris. […] Aucune forêt ne cache un homme comme cette foule. »
« Aucune forêt ne cache un homme comme cette foule »..., me répétais-je en hochant la tête, l'air faussement pensif. Ligonnès était un rat des villes, pas des champs, pourquoi donc imaginer qu'il était parti se cacher dans les bois ? Cela ne tenait pas debout.
- Nous sommes dans un tribunal, lance l'avocat général en me fusillant du regard, pas dans l'un de vos romans, soyez sérieux, je vous prie, l'affaire est grave. Je précise ma question : quel usage avez-vous fait de ce couteau à beurre le 26 mai 2023, très précisément ?
- Je l'ai utilisé contre quelqu'un.
- Contre qui ?
- Un homme.
- Connaissiez-vous cet homme ?
- Comme tout le monde.
- Pourriez-vous me donner son nom ?
- Xavier Dupont de Ligonnès.
- Est-ce exact de dire que vous avez tué M. Dupont de Ligonnès à l'aide de ce couteau à beurre, monsieur Puèrtolas ?
- Je n'ai fait que me défendre !
Patricia m'avait quitté pour un autre écrivain au nom à consonance grecque dont elle préférait les romans aux miens et chez lequel elle aimait, accessoirement, les lunettes, le bouc, les jolies boucles poivre et sel et la délicatesse...
– Tu sais, à force d’imaginer, tu vas peut-être tomber sur la vérité.
J’adorais la formule. Pouvait-on trouver la vrai en imaginant le faux ?
– J’ai autant de nouvelles de ma mère que de Xavier Dupont de Ligonnès, lui répondis-je, certain que je pouvais faire de cette phrase un tee-shirt ou un bandeau de livre.
Ce soir-là, il plut dans mon coeur et, non satisfait par la réalité, je poursuivis le récit des aventures de Ligonnès dans la fiction.
Le livre est un bon compagnon, un ami, un amant. Il se glisse dans notre lit, dans notre bain, sur notre sofa. La lecture est un moment de solitude que l'on partage avec des personnages, une histoire que l'on fait nôtre. Un livre, c'est quelque chose de très personnel. On ne l'interprète pas tous de la même façon, il ne réveille pas les mêmes émotions en chacun de nous. Que les gens lisent ce qu'ils veulent!
- Bon, Rosita, un petit bouquin facile et sympa? Guerre et Paix? C'est juste mille quatre cent quarante pages. À lire pour demain. Un peu de lecture pour tuer le temps à New York, Colorado. Faut bien trouver une alternative à Facebook, non?
Je lis tout. Il n'y a pas de sous- littérature, de sous-culture. On commence par dire qu'il y a des sous-livres et après, on dit qu'il y a des sous-hommes. Le snobisme littéraire et culturel est une plaie aussi néfaste que l'illettrisme. Ne pas vouloir s'ouvrir aux autres, ne pas chercher à découvrir d'autres choses, rester dans son petit confort, enfermé dans sa petite case, ne jamais se remettre en question, ce n'est pas faire preuve d'intelligence. J'aime les livres, tous, sans discrimination.
Mille.
C’était le nombre de fois où Xavier Dupont de Ligonnès avait été aperçu après le 15 avril 2011. Plus de mille témoignages avaient été recensés en onze ans. Au monastère Saint-Désert dans le Var, dans une abbaye de l’Indre, dans un bus à Versailles, à Bastia, dans un train à Soulac-sur-Mer, dans un restaurant de Mondovi, en Italie, à l’aéroport de Glasgow, sur le bord d’un lac à Chicago, à Sospel.
Tel Jean Valjean, et « comme tous ces tristes fugitifs qui tâchent de dépister le guet de la loi et la fatalité sociale », le fantôme de Ligonnès apparaissait de temps en temps dans l’actualité pour qu’on ne l’oublie pas. Hugo l’écrivait déjà en 1862 : « On a pu, plus tard, retrouver quelque trace de son passage dans l’Ain […] On vient de le voir à Montfermeil. […] Du reste on le croyait mort, et cela épaississait l’obscurité qui s’était faite sur lui. » On n’aurait pu mieux écrire concernant Ligonnès.
Tu sais, à force d’imaginer, tu vas peut-être tomber sur la vérité.
Pour ma part, je pensais que Michel avait vu Xavier, j'en étais convaincu, mais cela n'engage que moi. Le flair de flic, ou d'écrivain. Lui avait-il donné de l'argent ? Peut-être pas, mais ils s'étaient vus, leur petite virée dans le Var n'était pas due au plus grand des hasards. Indépendamment de l'horrible acte que Ligonnès avait commis, c'est un sentiment grisant que d'être le meilleur ami de l'homme le plus recherché de France et d'être le seul détenteur de son secret. Mesrine devait bien avoir un meilleur ami. Et Hitler donc !
Agnès le critiquait plus qu'elle ne l'admiration, elle le coulait plus qu'elle ne l'encourageait. Lorsqu'on a franchi cette frontière, dans le couple, il est difficile voire impossible, de revenir en arrière,dm d'être de nouveau l'homme aimé, désiré, celui des commencements dont Molière dit qu'ils ont des "charmes inexprimables". On n'est plus que l'ombre de celui-ci.
- Tu sais, à force d'imaginer, tu vas peut-être tomber sur la vérité.
J'adorais la formule. Pouvait-on trouver le vrai en imaginant le faux?