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3.5/5 (sur 9 notes)

Nationalité : Bulgarie
Né(e) à : Balchik , le 30/09/1950

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Bibliographie de Rumjana Zacharieva   (1)Voir plus

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Citations et extraits (6) Ajouter une citation
Le dimanche, quand les cloches sonnaient et que Mita Maneva menait paitre sa vache a lait, les vieux allaient a l’eglise. Parfois ils en revenaient plus tot que prévu, car il s’etait trouve que le pope – l’ami de Diado, qui s’appelait Ivan comme lui – n’etait pas encore rentre du bistrot. Ou alors ils revenaient plus tard que prevu, parce qu’il avait d’abord fallu passer la-bas chercher Sa Saintete et le remettre a sa femme, qui l’avait tant bien que mal habille derriere l’autel, lui avait fourre la croix et la lampe dans les mains, avant de l’abandonner à son sort et aux fideles dans cet etat problematique. […] Notre pope n’etait pas a envier. C’etait un homme pauvre. Il ne possedait que Dieu, une vieille chevre grise et sa femme, Baba Popadiya, à qui il arrivait de devoir dire la messe quand il s’était trop attarde au bistrot avec mon grand-pere et le mari de Baba Pena. Dieu, s’il existait malgre tant de moqueries et si peu de fideles, n’avait pas non plus la tache facile avec notre pope. « Je porte Dieu en moi », avait fierement declare le pope a table, par un debut d’apres-midi d’ete, apres une troisieme slivova qui lui etait aussitôt montee à la tete. « Où que j’aille, quoi que je fasse, le Seigneur est avec moi ! » Si c’etait bien vrai, le sort echu au bon Dieu n’etait pas rose : devoir chaque jour trainer des heures au bistrot avec Sa Saintete, se laisser regulierement souler comme une barrique, enfourcher la motocyclette deglinguee du pope, que la vieille chevre grise tirait au bout d’une corde, ou passer sous un camion quelconque avec chevre, motocyclette et bonnet de pope, ce qui L’obligeait ensuite a souffler dans le ballon de la milice populaire. Comme mon diado, le mari de Baba Pena et le pope, Dieu faisait partie des leses. Je ne m’etonnais donc pas qu’Il cherche precisement refuge aupres de ces trois-la, meme si Grand-pere se proclamait un athee pur et dur. « Alors tu es un communiste ! Ce sont tous des athees, l’invectivait le pope. — Ta Saintete devrait avoir un peu honte de me mettre dans le meme sac que les Rouges, repliquait Diado en lui reversant un verre de prune. — Bah ! De toute façon tu rotiras a petit feu dans le meme chaudron que tous les mecreants et les pecheurs », affirmait son ami.
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La liste n’a pas besoin d’être calligraphiée : ce sont les mots qui comptent !

Liste des nouveaux mots appris pendant l’été :
ATHÉE : quelqu’un qui râle contre Dieu mais boit de l’eau-de-vie tous les dimanches avec le pope, comme Diado Ivan, mon grand-père maternel.
CAPITALISTE : ivrogne qui bat sa femme et n’a jamais un sou en poche, voir Diado Ivan.
CHRÉTIEN : quelqu’un qui commence par frapper et ensuite seulement essuie le crachat sur sa figure.
COMMUNISTE : quelqu’un qui croit au yoghourt tout en sachant que le lait était déjà tourné.
DÉFILÉ : concours de profs de gym.
DIPLOMATE : quelqu’un qui se débrouille pour être nommé à l’étranger avant d’être renvoyé prématurément chez lui.
DOBROVOLETZ, « VOLONTAIRE » : feignant qui préfère aller faire la guerre plutôt que de rester labourer au pays, comme Tchitcho Koïo, le frère de Maminka.
FASCISTE : quelqu’un qui tue des gens et réclame ensuite un œuf pour son petit déjeuner.
FONCTIONNAIRE : quelqu’un dont les ciseaux ne s’enrayent jamais quand il s’agit de couper par exemple des pantalons bouffants indésirables. Voir Tchitcho Dimitar, le frère de Père.
GUERRE FROIDE : c’est quand on entend toujours la même chose en allumant la radio. Ce peut être aussi bien l’hiver que l’été.
HÉROS : quelqu’un qui a peur de mourir avant chaque offensive parce qu’il ne veut pas perdre ses privilèges. Sans ça il ne lui reste plus que son monument.
HOMME SOCIALISTE : exproprié qui fait des heures supplémentaires par nécessité, attend les Américains et, d’ici là, s’approprie le bien commun, voir de nouveau mon diado Ivan.
INTERNÉ : un prisonnier qui a le droit d’aller et venir mais doit chaque jour signer un papier pour prouver qu’il ne s’est pas enfui.
MAL, MAUVAIS, MÉCHANT : En soi, toute chose est bonne. C’est seulement en quittant la tête de l’être humain qu’elle devient généralement mauvaise. Le mal fait mal, c’est à ça qu’on le reconnaît du bien. Moi, je suis toujours bonne. Seul un autre peut être méchant. C’est seulement en devenant quelqu’un d’autre qu’on mélange le bien et le mal. Alors il faut tout reprendre du début.
OPPOSITION : c’est quand on met exprès trop de sel dans la soupe rien que pour ennuyer l’autre ; le plus souvent on finit pourtant par rajouter de l’eau ensuite, pour pouvoir soi-même en manger.
PACIFISTE : homme qui se fait boire son eau-de-vie par tout le monde et s’en commande chaque fois une autre, ou se ressert lui-même.
PATRIOTE : homme qui – où qu’il aille pour s’enrichir – revient toujours pauvre par amour de son pays et ne rapporte au mieux que des livres ou des poux, comme mon diado Ivan et mon diado Kosta.
PRINCIPE : c’est quand on fait des œufs brouillés, comme Mère, par exemple : pendant des années et toujours de la même façon.
PRIVILÈGES : les qualités et mérites des parents, qu’on intègre dans le dossier scolaire des enfants pour améliorer leur note globale aux examens d’entrée.
SAINTE : une communiste sans carte du Parti, voir Maminka.
J’ai oublié GÂTÉE. Ce n’était pas un joli mot, et enfin mon front en est débarrassé. Tout en moi semble désormais aller très bien. Qu’en diront donc les paysans quand ils verront la différence ? Qu’en penseront-ils ? Il faut absolument que je tire ça au clair ! « Soixante pour cent et une boutonnière de fichue ! »

page 311
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Pourvu que personne ne nous voie ! Les rues du village sont pavées de lune, les toits sont magnifiquement enlunés, les coings, encore petits et verts au grand jour, luisent à travers le feuillage. De peur et d’émotion, j’éprouve l’envie irrésistible de m’accroupir au pied du premier mur venu et de faire pipi, mais je n’ose pas. J’ai déjà lâché quelques gouttes et je me trouve ridiculement trouillarde. Est-ce que les partisans avaient peur, eux aussi ? Impossible ! Enfin, qui sait : au moment d’y aller, je veux dire au moment d’affronter les fascistes… mais ça, on n’en parle pas. J’en viens à me dire que si on voulait m’ériger un monument de mon vivant pour mes actes incroyablement héroïques, après une nuit comme celle-ci je supplierais les camarades d’attendre ma mort. Car jamais je ne pourrais passer devant mon propre monument sans penser aux quelques gouttes que je viens de lâcher !

page 149
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Tout le monde mentait : les adultes mentaient aux enfants en leur taisant sans arrêt des choses, et les enfants mentaient aux adultes en leur en taisant d’autres ou en leur racontant simplement des bobards. L’organisation des Pionniers mentait aux vieux en leur faisant croire que c’était aux enfants de cueillir la camomille, et les enfants mentaient à l’organisation en prétendant l’avoir cueillie de leurs mains alors qu’ils mettaient à contribution leurs mémés et leurs parents. D’ailleurs, l’État se moquait bien de savoir qui mentait à qui, puisqu’il n’arrivait jamais rien d’irrémédiable, me semblait-il. Le quota était toujours bouclé. Timour et sa brigade faisaient des émules, et je voulais quand même mourir pour la liberté !

page 147
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Chaque jour, copier cinq lignes en s'appliquant bien et en y ajoutant la date : notre professeur de langue et de littérature s'était mis en tête de faire de nous tous des calligraphes... J'allais maintenant devoir m'asseoir et rattraper tout ça, copier cinq lignes par jour déjà manqué et continuer ensuite jusqu'à la fin des vacances. Sans les sept kilos de camomille, pas de manuels scolaires, sans lignes copiées ni lectures imposées, pas de bonnes notes en langue, pas de paix pendant toute l'année scolaire à venir. Ma mauvaise conscience, la pauvre, s'était déjà assise à la table et copiait avec zèle tandis que je maudissais le professeur, le chef de section et ces longs mois d'été. Parfois je voulais mourir, mourir, mourir pour la liberté... Et je n'avais plus envie de parler à personne, de quoi que ce soit, sans ça je risquais de penser encore à une chose que la camomille m'aurait fait oublier, et pas question d'aller au-devant de nouveaux ennuis. La camomille, les lectures imposées, les lignes d'écriture. C'était sans doute assez pour toute une vie.

Et moi, je n'avais que les vacances d'été.
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D'un grand geste, je passais le peigne dans la camomille, je le relevais, et une trentaine de fleurs tombaient dans le ventre de la caisse. En trois heures, ce ventre aurait pu être plein. J'avais le bras gourd depuis longtemps, je respirais mal, je suais de fatigue et je mesurais le temps en grammes de camomille. Mon été s'appelait "Camomille" et pesait sept kilos - de la mi-juin à la mi-septembre.
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