Citations de S. J. Watson (270)
Lorsqu'ils ont fouillé son logement, ils ont trouvé la boucle d'oreille de Kate.
L'espace d'un instant, j'ai envie de tout lui avouer. Sur Lukas, sur ce que j'ai fait.
Je pense à Kate, je la vois assise devant son ordinateur en train de bavarder avec des étrangers, de leur raconter ses secrets.
Que s'est-il passé ?
- elle venait de quitter un bar. Elle a été adressée.
Ce n'est pas Connor
Je suis désolé, chérie. C'est Kate.
Je prends conscience, avec une soudaine clairvoyance , que nous portons des masques, tous, tout le temps. Nous présentons un visage, une version de nous-mêmes, au monde, aux autres. Nous affichons un visage différent en fonction de ceux que l'on côtoie et de ce que l'on attend de nous. Même lorsque nous sommes seuls, nous portons un autre masque encore, la version de nous mêmes que nous préférons.
Quel bonheur , me dis-je . J'avais oublié ce que c'était , ce bonheur pur , simple , plus puissant que n'importe quelle drogue . Ce n'est pas ce que je viens de faire , ce que je vais faire d'un instant à l'autre . Ce n'est pas d'avoir trompé mon mari et de ne pas m'être fait prendre . C'est moi . J'ai quelque chose , maintenant , quelque chose qui m'appartient . Une chose personnelle , un secret .
Je peux le garder caché dans une boîte et le sortir de temps en temps , comme un trésor .
J'ai quelque chose qui n'appartient à personne d'autre .
Les photos que je prends ce samedi-là sont mauvaises ; un manque total de discernement. Je me sens rouillée, comme un chanteur ayant passé des années contraint au silence.
Je n’aime pas être entourée de gens qui boivent, surtout à cause de mon addiction.
J’ai bu un verre. Que ce soit une minuscule gorgée ou une bouteille entière ne fait aucune différence.
Je n'arrive pas à imaginer comment je supporterai de découvrir que ma vie est derrière moi, qu'elle s'est déjà déroulée et qu'il n'en reste pas une trace. Pas de coffre aux trésors plein de souvenirs, pas la moindre richesse issue de l'expérience, pas de sagesse accumulée à transmettre. Que sommes-nous d'autre que la somme de nos souvenirs?
Je ne lui en veux pas de m’avoir parlé, jour après jour, d’Adam, de ma mère, de Claire. A sa place, je ferais pareil. Ces choses sont douloureuses, et si je peux passer une journée entière sans m’en souvenir, le chagrin m’est épargné, et lui n’a pas la souffrance de l’avoir causé. Comme il doit être tentant pour lui de garder le silence, et comme la vie doit être difficile, en sachant que je me promène ces brisures de souvenir en moi, tout le temps, partout, comme de minuscules bombes, et qu’à n’importe quel moment l’une d’entre elles peut perforer la surface et me forcer à vivre la douleur comme si c’était la première fois, en l’entraînant lui aussi dans la souffrance.
Nous marchons côte à côte. Le froid est mordant et j’enroule soigneusement mon écharpe autour de mon cou. Je suis contente d’avoir dans mon sac le téléphone portable que Ben m’a donné. Contente aussi que le Dr Nash n’ait pas insisté pour que nous allions ailleurs. Une partie de moi fait confiance à cet homme, mais une autre, plus importante, me dit qu’il pourrait être n’importe qui, un étranger. Je suis une adulte, mais une adulte abimée. Il serait aisé pour cet homme de m’emmener quelque part, même si je ne sais pas ce qu’il voudrait me faire. Je suis aussi vulnérable qu’une enfant.
La chambre à coucher est étrange. Inconnue. Je ne sais pas où je le trouve, ni comment je suis arrivée ici. Je ne sais pas comment je vais rentrer à la maison.
p.13
[…] Je me suis interrogée sur ce qu’il pensait de mes activités de la journée. Il ne sait pas que je passe des heures à lire mon journal et parfois des heures à l’écrire. Il ne sait pas qu’il y a des jours où je vois le Dr. Nash.
Je veux rester assise ici un moment, pendant que mon passé est encore une page vierge. Suspendue, en apesanteur, entre possibilité et réalité. J'ai peur de découvrir mon passé. Ce que j'ai accompli et ce que je n'ai pas fait.
J'ai senti la colère monter à nouveau, mais je l'ai fait taire. Je n'avais aucun droit d'être fâchée contre lui; il ne savait pas ce que je savais et ce que j'ignorais.
" Ben, je sais ce qui s'est passé...
Je le regarde dans les yeux. Eux aussi paraissent vides, sans vie, comme s'ils avaient vu tant d'horreurs qu'ils ne pouvaient plus en supporter d'autres.
Maintenant, je lui demande combien de temps va durer le trajet.
Il hausse les épaules. "Cela dépend de la circulation, dit-il. Pas très longtemps une fois que nous serons sortis de Londres."
Refus de me donner une réponse, déguisé en réponse. Je me demande s'il est toujours comme ça. Je me demande si les années passées à me dire les mêmes choses l'ont usé, l'ont ennuyé au point qu'il ne peut plus se résoudre à me parler, tout simplement.
Ben a dû penser que notre séparation serait définitive lorsqu'il a écrit cette lettre, mais aussi garder l'espoir qu'elle ne le serait pas, sinon pourquoi l'écrire? Que pensait-il, assis là, dans sa maison, dans ce qui avait été notre maison, en prenant son stylo pour essayer d'expliquer à quelqu'un dont il ne pouvait pas espérer qu'elle comprenne pourquoi il avait l'impression qu'il n'avait pas d'autre choix que de la quitter? Je ne sais pas écrire, a-t-il écrit. Et pourtant, je trouve ses mots magnifiques, profonds. On dirait qu'ils parlent de qu'elqu'un d'autre, et malgré tout, quelque par au fond de moi, sous la peau et les os, les tissus et le sang, je sais que ce n'est pas le cas. Il parle de moi, et il me parle, à moi. Christine Lucas. Sa femme brisée.