Citations de Sally Mackenzie (56)
Mon intérêt commence à se manifester en un lieu que la décence m'interdit de nommer.
Si Felicity voulait vraiment attirer lord Westbrooke dans ses filets, elle devrait se servir de sa tête pour autre chose que maintenir ses oreilles en place ! Se laisser guider par ses bas instincts était l’apanage de ces messieurs, pas des femmes.
Je vous avais bien dit que nous aurions dû inclure cette superbe chemise de nuit en soie dans votre
trousseau.
— La rouge ?
— Celle-là même.
— Je ne pourrai jamais porter ça ! C’est trop indécent ! Je mourrais de honte !
Lady Beatrice la regarda sévèrement.
— Vous préférez mourir pucelle ?
Vu sous cet angle…
Elle ne s'était jamais adressée à un homme en l'appelant par son prénom. Mais elle n'avait jamais non plus dormi avec un homme nu. Nue avec un homme nu ! Si la chaleur continuait à lui monter au visage, elle risquait de mettre le feu aux draps.
Il aurait préféré se marier avec une fille qu'il appréciait vraiment, mais il n'en avait pas rencontré jusque-là et il ne voyait pas comment cela pourrait arriver dans un avenir proche.
— Mangeurs de femmes, murmura Abigail.
— Exactement. Ces ducs, ces comtes et autres je-ne-sais-quoi, ils pensent qu'ils peuvent prendre les femmes puis les rejetet à leur gré.
Sa conscience la pressait de parler, mais son corps épuisé l'en dissuadait. Elle aurait été incapable de poursuivre sa route cette nuit-là. À l'évidence, la personne qu'attendait ce gentleman roux n'arriverait pas ce soir et, quand bien même, elle comprendrait certainement. Toute femme serait disposée à partager sa chambre dans pareille situation.
Sarah observa derechef l'homme assis en face d'elle. Même dans le sommeil, son visage long et pâle, au nez busqué, respirait l'arrogance. Elle frissonna en repensant à ses yeux d'un bleu glacial, qu'elle avait aperçus lorsqu'il était monté dans la diligence à Londres. Il ressemblait en tout point au portrait de Satan illustrant l'exemplaire du Paradis perdu que possédait son père. Sarah avait la certitude de se trouver devant son premier spécimen d'aristocrate anglais : nonchalant, bon à rien, alcoolique, vaniteux, coureur de jupons, le produit dégénéré de siècles de mariages consanguins.
James regarda Sarah monter l'escalier pour gagner sa chambre. Quelque chose la préoccupait, c'était évident. Mais il n'avait pas le temps de chercher à comprendre ce que c'était. Ce soir, il allait traquer William Dunlap.
Quand Robbie et lui grimpèrent dans un fiacre quelques minutes plus tard, ils n'étaient plus en tenue de soirée. Ils avaient toujours l'air de gentlemen, mais leurs bottes, leurs chausses noires et leurs capes sombres se fondaient dans l'obscurité et leur permettaient de se mouvoir beaucoup plus rapidement que ne l'exigeaient des tâches comme traverser une piste de danse ou aller chercher un verre de citronnade.
Sarah changea de position sur le tronc. Il n’y avait pas moyen d’y échapper. Elle devait lui poser la question.
— J’ai besoin de savoir quelque chose.
— Oui ? (James sourit.) J’espère que cela n’a rien à voir avec les chemises de nuit.
— Non, enfin pas exactement. (Elle se mordit la lèvre.) Ne vous moquez pas.
— Je ferai de mon mieux.
— Votre tante a dit que j’étais gravement compromise.
— C’est vrai. Je pense qu’il n’y a aucun doute là-dessus.
— Gravement jusqu’à quel point ?
James étouffa un petit rire.
— Très gravement. J’ai bien peur que vous deviez vraiment m’épouser.
Sarah avala sa salive et serra ses mains l’une contre l’autre.
— Me voilà donc enceinte ?
— Quoi ?
James en resta abasourdi. Puis son regard s’éclaira et il se plaqua une main sur la bouche.
— Vous aviez promis de ne pas vous moquer, protesta Sarah.
Il hocha la tête avec vigueur.
— Je sais bien qu’il est stupide de ma part de ne pas connaître ces choses, et plus encore du fait que mon père était médecin, mais c’est pourtant le cas. Je veux dire, j’ai bien une vague idée. Écoutez. (Elle se lança dans la liste des preuves à charge.) Nous avons dormi dans le même lit, la nuit. Nous n’avions pas de vêtements. Vous m’avez embrassée. Cela ne suffit-il pas ?
James secoua la tête.
— Alors si je ne suis pas enceinte, comment pourrais-je être compromise, ou du moins gravement compromise ? (Sarah fronça les sourcils.) Suis-je toujours vierge ?
— En tout cas, vous n’avez pas perdu votre virginité avec moi.
— Alors, si je ne suis pas enceinte et que je suis toujours vierge, vous n’avez pas besoin de m’épouser, non ?
James décala son pied sur le tronc.
— Ce n’est pas aussi simple.
— Et pourquoi ça ? (Sarah croisa les bras.) Nous n’avons rien fait de mal, pourquoi devrions-nous être punis ?
- Auriez-vous l'obligeance de rappeler votre chien, ma chérie ? Á moins bien entendu que vous ne souhaitiez en voir davantage que ce qui s'offre déjà à votre examen. Cela ne me gênerait pas, bien entendu. Je suis toujours prêt à faire plaisir à une dame. Voulez-vous que je laisse Prinny partir avec la serviette ?
- Ah, Miss Peterson... Je sens que nous allons passer un excellent moment ensemble. Puis-je vous appeler Emma ?
- Certainement pas.
- Parfais. Mais il faut que vous m'appeliez Charles.
- Était-ce cela que cachait votre serviette, ce matin?
- Oui, répondit Charles en réprimant un fou rire. En général, je le garde sur moi.
- Mais comment pouvez-vous ranger cela dans votre pantalon?
- Il se dégonfle si nécessaire, dit Charles en déposant calmement le bougeoir sur la table de chevet.
Emma leva les bras pour rejeter ses cheveux en arrière, ce qui eut pour effet de tendre le tissu de sa chemise de nuit sur ses seins. Charles ferma les yeux et psalmodia une prière muette, dans l'espoir de ne pas céder à la tentation. Il formula également le voeu de ne pas être en train de baver.
- Un peu de tenue, avait-il lancé en lui essuyant le visage.
- Arrêtez de pleurnicher. Vous ne voudriez pas que tout le monde vous prenne pour un bébé, n'est-ce pas ? Allez, venez plutôt m'aider à trouver des salamandres.
La froideur de ses paroles créait un contrepoint intéressant aux flammes qui brûlaient dans ses yeux. Charles comprit alors qu'il fallait envisager un repli stratégique. Mais il s'était déjà trop engagé en territoire ennemi. Il devait charger, sabre au clair.
- Débauché?
L'homme esquiva le coup. Sarah frappa derechef et l'atteignit à l'oreille.
- Parfaitement, débauché ! Sortez de mon lit. Sortez de ma chambre ou je crie.
- Tu es déjà en train de crier, mon cœur.
-Euh, merci. Je réfléchirai à ce que vous m'avez dit.
-Oh non, vous ne le ferez pas, rétorqua Darby, hilare. Vous, les jeunes, vous êtes tous pareils. Vous pensez tout savoir, et aucun vieux barbu ne peut vous faire entendre le contraire, ajouta-t-il en jetant un coup d'oeil à Ash, avant de se concentrer de nouveau sur sa conduite.
Elle reporta de nouveau son attention sur le paysage qui défilait.
Enfin, ses yeux, pas son attention. Elle restait concentrée sur l'homme assit à ses côtés.
Imaginer que cette commère tiendrait sa langue était ridicule. Autant demander à la pluie qui s'abattait sur les fenêtres de ne rien mouiller.