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Critiques de Salvatore Scibona (9)
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Le volontaire

Roman incognito.

A croire que ce roman a voulu copier l’obsession de son héros, passer inaperçu et débarquer au mauvais moment, au mauvais endroit, bouche cousue et masquée à destination d'oreilles sourdes.

Cadeau d’une amie, je suis content de sortir de sa clandestinité Vollie Frade, alias Dwight Tilly, surnommé « Le Volontaire ».

Dans le seul but de fuir une vie morne au fin fond de l’Iowa, un jeune garçon s’engage dans l’armée sans avoir atteint l’âge légal et part au Vietnam. Il va rempiler deux fois, non par foi patriotique ou par appétit guerrier, mais pour échapper à son existence et voir le néant en face. Cantonné au riz, ce n’est ni Rambo, ni le colonel Kurtz, mais à sa façon, il surfe sous les bombardements. Il ravitaille les bases en camion, slalomant entre les mines et jouant le rôle de la cible pour les tirs ennemis. Il est juste un matricule qui va être fait prisonnier au cours d’une opération clandestine.

L’évocation un peu distanciée de ce héros fataliste par rapport aux scènes de guerre et de massacres éloigne ce roman des films qui hantent ma mémoire dès qu’on évoque ce moment de l’histoire. L’auteur nous offre un Platoon plutôt platonique, Good Morning Vietnam un peu blasé pour un voyage guidé au bout de l’enfer. Ce récit m’a davantage rappelé l’atmosphère des films de Terence Malick car, à sa façon, ce volontaire traverse son roman comme un fantôme, juste fardé de son âme.

Dans une seconde partie, libéré après plus d’un an de captivité, le volontaire doit changer d’identité et rentre au pays pour œuvrer incognito à New York pour les services secrets. Il part à la recherche d’un homme. Il se fond dans la masse mais son nouveau « lui » commence à se poser des questions et à se rappeler son ancien « moi ». La guerre intérieure des pronoms. Il se salit les mains, souille sa conscience et fuit à nouveau pour faire stationner sa carcasse dans un ancien camps de hippies. Il se met en couple avec Louisa qui élève tant bien que mal un fils, Elroy, avant de reprendre la route, toujours traqué par son passé.

Je donne l’impression d’en dire beaucoup et pourtant je ne fais qu’effleurer l’écorce de cette histoire. La force de ce roman très américain par sa densité, qui ne succombe pas aux sirènes du light, c’est qu’il est multiple. Etalée sur trente ans, l’histoire interroge magnifiquement les thèmes de l’identité, du lien de paternité, de la guerre et de la solitude. Triple cheese mais le ketchup et la mayo ne coulent pas sur les doigts tant Salvatore Scibona suggère plus qu’il n’évoque. Aucun personnage ne tombe dans la caricature, se succèdent juste des hommes et des femmes qui se cherchent sans jamais se trouver.

Avant d’être séduit, je fus un peu désarçonné de mon canasson car les acteurs de ce roman semblent parfois improviser, prendre des décisions radicales sans logique ni réelles motivations. Un reflet de la vraie vie peu coutumier dans mes lectures mais qui rappelle que tous nos actes ne sont pas réfléchis et obéissent à des intuitions irrésistibles. L’auteur décrit avec beaucoup de subtilité cette part d’inconscient.

Le roman s’ouvre sur un petit garçon abandonné dans un aéroport, belle métaphore qui fait du monde un orphelinat. Je vous laisse découvrir ce qui l’unit au Volontaire.

Aventure mélancolique.

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Le volontaire

Le volontaire

Ce roman ambitieux raconte l'histoire de Volly Frade alias Dwight Tilly, un jeune homme qui un beau jour, quitta ses parents et sa ferme natale de l'Iowa pour s'enrôler pour la guerre du Vietnam, et n'y revint jamais, ne donna jamais de nouvelles et même éventuellement, changea d'identité pour laisser derrière lui pour toujours ce Vollie Frade. Il raconte sa vie quand même incroyable ! sa guerre au Vietnam, puis de retour au pays, son emploi de taupe pour les services secrets... des expériences dures et marquantes... Il rencontrera une hippie, Louisa et son fils Ellroy dont il deviendra le père substitut, un rôle qu'il fuira aussi mais qui le rattrapera... Il raconte aussi Ellroy, mais ça, je vous laisse le découvrir.

Quelle histoire ! Comment peut-on tout laisser derrière soi ? Quelle est notre identité, une fois lesté de toutes racines ? Peut-on vraiment tout fuir ? Quelles sont les conséquences de ces décisions que l'on prend sur un coup de tête, de ces occasions que l'on manque, quelles sont les parts du hasard et de la lâcheté dans une destinée...? Mon seul bémol : ce roman est très bavard et se perd parfois en disgressions sur divers sujets qui m'ont fait le lire en diagonale par moments, il aurait mérité d'être resserré selon moi. Je pensais que je n'avais pas tant aimé ce roman, à cause de ces longueurs, mais force est de constater qu'il m'habite, plusieurs jours après avoir tourné la dernière page. PS: mention spéciale pour cette magnifique couverture, envoûtante.
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Le volontaire

Tout commence par l'abandon d'un enfant letton en Allemagne à l'aéroport d'Hambourg en 2010.

A côté de ça, on va suivre bien des années plus tôt le destin de Vollie Frade (alias le Volontaire alias Dwight E. Tilly). Il est un enfant né de parents « vieux », né sur le tard d'un couple de fermiers installé dans l'Iwoa. Il s'engagera dans l'armée et sera projeté au Vietnam, puis volontairement il signera à nouveau pour 3 ans.



S'ensuit une ribambelle d'aventures, un road trip à travers les Etats-Unis même au-delà.



Vous l'aurez compris, l'auteur nous fait voyager ! et j'adore ça, en plus il le fait très bien. C'est aussi un voyage au sein du moi intérieur. En traversant plusieurs générations, plusieurs décors, on observe l'évolution des moeurs et des mentalités rien n'échappe à cette plume inspirée, poétique et cocasse.

Car oui Salvatore Scibona a beaucoup d'humour, tout en subtilité, en finesse mais ne lésine pas non plus sur de belles provocations au travers de ses personnages.
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Le volontaire

Le roman s’ouvre en 2010, à l’aéroport d’Hambourg, sur l’image d’un petit garçon en pleurs. Qui est-il ? D’où vient-il ? Qui sont ses parents et pourquoi est-il seul ? C’est ce que le personnel de l’aéroport cherche à savoir.



Il faudra au lecteur entrer dans l’histoire d’un autre personnage pour comprendre comment et pourquoi cet enfant est arrivé là. Car les origines de l’histoire remonte bien avant cette journée de 2010 à Hambourg. Elle débute avec l’enfance puis la jeunesse de Vollie Frade. Son engagement durant la guerre du Vietnam puis son retour à la vie civile sous le nom de Dwight Elliot Tilly. Sa rencontre avec Louisa et Elroy, un petit garçon qu’il finira par adopter. Vollie-Tilly a passé son temps à tenter de disparaître, à cacher qui il était pour se réinventer autrement.



Le résumé que je viens d’en faire ne fait qu’effleurer le contenu d’un récit d’une incroyable densité. Salvatore Scibona nous entraine dans une fresque romanesque habitée par des questionnements sur la quête d’identité et l’héritage familial. A travers les époques et les générations qui se succèdent et s’affrontent, l’auteur ausculte les conséquences des décisions prises par ses personnages, leur faisant traverser les évolutions de la société américaine jusqu’à en être parfois les jouets.



Je retrouve ici le style des épopées américaines que j’apprécie chez John Irving ou Richard Ford, mettant en scène des personnages atypiques, parfois dépassés par la vie ou les actes qu’ils commettent. L’humour en moins.



Les personnages que l’auteur nous fait découvrir sont en marge. En marge de la société, de l’histoire, parfois même de leur vie. Par choix ou par obligation. Et c’est peut-être cette marginalité qui les rapproche. On est frappé par la grande solitude qui caractérise chacun d’entre eux, une solitude qui permet par exemple à Vollie de devenir Tilly et d’endosser une nouvelle identité sans que cela ne semble préoccuper qui que ce soit.



Je découvre ici un auteur à la plume puissante, habitée par un lyrisme certain. Peut-être parce qu’il manque parfois cet humour dont je parlais plus haut, j’ai bizarrement peiné sur les 60 dernières pages de ce roman qui en compte 440 alors que le reste du récit m’avait vraiment séduite.



Malgré ce petit bémol, j’ai apprécié la lecture de ce roman riche et très bien construit.
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Le volontaire

Ce livre est fascinant.

Tout d'abord parce qu'il raconte des personnages qui refusent d'en être, qui refusent même l'idée d'être une personne, qui veulent s'effacer et qui traversent leur vie comme des fantômes hantés. 3 hommes sur 3 générations.

Le plus ancien, Vollie, à qui est consacré la majeure partie du roman, "regardait sa propre vie sans être dedans". Pour cette raison, il s'engage à trois reprises dans la guerre du Vietnam, passe une année en captivité dans une grotte, survit miraculeusement, comme si rien ne pouvait le toucher. Puis il est recruté comme espion et disparaît à nouveau dans une communauté hippie, tombe amoureux sans savoir le dire et adopte un enfant à qui il ne saura pas parler.

Elroy, l'enfant adopté, entamera à son tour une quête pour se trouver en passant par la drogue, la violence, la prison et l'armée.

Son fils, Janis renommé Willy, abandonné par son père à l'aéroport de Hambourg, sera recueilli par un prêtre et sera convaincu qu'il est un fantôme au paradis.

Et ceci n'est qu'une synthèse, bien superficielle, de ce roman si dense, si intelligent, si riche et magnifiquement écrit.
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Le volontaire

C'est l'histoire d'une disparition.

La disparition d'un homme.

Un effacement volontaire pour un vide nécessaire.

La déshumanisation comme promesse de paix par la libération de l'esprit.

Disparaître de soi-même pour pouvoir disparaître aux yeux des autres.

Rester visible pour mieux s'évanouir.

L'effacement de la réalité soumis à la réalité de l'effacement.

L'évanouissement du moi intérieur indispensable à la disparition du monde extérieur.

L'évanouissement de l'être extérieur soumis à la permanence de l'identité intérieure.

Quand l'âme disparaît, reste un nom, marque indélébile d'une vie passée, matérialisation permanente d'une identité refoulée. D'une histoire révolue.



C'est l'histoire d'une disparition.

Une disparition de l'histoire.

La disparition d'une vie dans un tunnel, entre rêve et réalité.

Quand l'âme soumise à la temporalité par un principe de réalité terrestre cherche à s'envoler vers les cieux.

Cherche à s'échapper par des visions de dématérialisation vers un Paradis Céleste.

Une vie entre deux mondes.

Une réécriture de l'histoire conjuguée au conditionnel. Un mensonge aux autres. Un mensonge à soi-même.

Une histoire ne vivant dans le corps et la mémoire de personne.

Une vérité inventée pour une nouvelle identité.

Une réécriture de l'histoire , narration d'un passé, avenir fictionnel.

Un dédoublement de réalité pour une existence intérieure mystique en opposition à la réalité extérieure profane.



C'est l'histoire d'une disparition.

La disparition d'un père.

L'abandon d'un fils.

Incipit du récit.



Une histoire de filiation sur plusieurs générations qui questionne la paternité que l'auteur aborde sous un angle métaphysique teinté d'une couleur quasi biblique. La notion d'identité est au centre dans le roman, abordée sous l'angle du choix, les personnages évoluant entre deux mondes , en quête permanente d'échappement à une réalité qui leur est imposée et qui les rattrape fatalement. Une réalité terrestre qui fait souvent figure d'enfer en opposition systématique à un paradis céleste. Le lecteur aussi fera ses choix, navigant dans les symboles et métaphore au sein d'une écriture exigeant, lyrique et onirique. Au sein d'un roman dense, profondément américain dans sa construction, son écriture et les thématiques abordées.
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Le volontaire

Un petit garçon de cinq ans est abandonné dans l'aéroport de Hambourg, sans papiers, avec 263 $ en poche, il ne parle pas l'allemand. Il s'appelle Janis.

Puis nous changeons d'époque et de lieu pour suivre Vollie, le volontaire, surnom donné par ses parents dans les années cinquante au fin fond d'une ferme américaine. Par défi vis à vis de de son père, il s'engage sur le front de la guerre du Viêt Nam. Il rempile trois fois. Impossible de comprendre ce qui le motive, mais il va jusqu'au bout de ses forces. Fait prisonnier dans un tunnel, il ne revoit le jour qu'après plus d'un an d'enfer. Sorti du trou, il est considéré comme déserteur par l'armée américaine.

Ce n'est que le début de l'épopée du volontaire, personnage extraordinaire au sens propre, qui s'est construit tout seul, sans l'amour de ses parents, sans référence avec pour toute richesse sa force mentale et physique hors normes. D'ailleurs, l'argent ne l'intéresse pas, voire il s'en méfie. Il résiste à tout, ressent très intensément les situations et les gens sans rien en laisser paraître. Rien n'est prévisible dans son parcours, l'imagination peut déborder.



Rares sont les livres avec une si bonne histoire et un héros pareil. Pour aller plus loin, cette fiction amène à réfléchir sur la filiation, la place de l'argent, l'absurdité de la guerre, le besoin d'amour … Scibona s'amuse parfois à changer son style en fonction de la situation, à nous offrir des dialogues surréalistes.



En bref, c'est brillant et plein d'humour. Rêve de lectrice.
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Le volontaire

Vollie Frade aka Dwight Tilly aka Le Volontaire est le personnage central de ce roman qui associe son destin à celui de deux autres personnages masculins, Elroy Heflin que Vollie adoptera et Janis dit Willy, le fils qu’Elroy abandonnera. Mais c’est la vie de Vollie qui est le fil conducteur de ce roman difficile, au style parfois elliptique, volontairement brumeux et énigmatique comme Vollie, un homme qui ne laisse pas facilement deviner ses sentiments. Il m’est arrivé de décrocher, de ne plus savoir qui parlait, où se déroulait l’action mais je raccrochais toujours grâce à des scènes visuelles et criantes de vérité comme les conditions d’emprisonnement de Vollie au Cambodge ou des personnages toujours bien campés comme le plaisant Lorch ou le bon prêtre allemand. Si la lecture du Volontaire est exigeante, elle en vaut finalement la peine. Un roman sur la solitude des hommes et la difficulté de trouver un sens à sa vie.

Masse Critique Babelio
Lien : https://puchkinalit.tumblr.c..
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Le volontaire

La plupart des gens ne disparaissent pas de leur propre vie.

Ils changent plus ou moins.

Ce n'est pas le cas de Vollie Frade, un ancien du Vietnam.

A partir d'un certain moment, l'Histoire l'ayant vidé, il s'absente des restes de lui-même pour devenir non pas vraiment un autre mais un fantôme solitaire.

Texte impressionnant par son ampleur et sa densité.

On traverse plusieurs décennies d'histoire américaine sur trois générations.

L'isolement est-il une fuite, une résistance ou une autre manière d'être au monde?
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