Citations de Sandrine Collette (1581)
Joshua monologuait à voix basse . Pourquoi tu as fait ça , pourquoi tu es parti ? Tu n'es pas bien ici ? Tu as un toit , tu manges . Tu travailles mais tu ne te soucie de rien d'autre . Il y a un tas de gens qui voudraient être à ta place , tu sais . Tu as merdé , le chien . Maintenant , Basile n'a plus confiance. Ça ne va pas être facile , ta vie , et je vais avoir du mal à t'arranger un bout de viande ou une couverture
Des salopards pareils, même au fin fond du monde, ont forcément des ennemis.
J'imagine que je suis dehors, sous une pluie d'étoiles. Les milliards de particules qui me composent me rentrent dans le corps par l'air que j'aspire. C'est comme si je les sentais se disperser dans mes poumons.
Je murmure, des quarks.
Des composants de matière.
Ca sonne comme un poème.
J'en ai vu défiler,des détraqués, en vingt ans d'exercice. Tous m'ont prouvé, les uns après les autres, que les histoires vraies dépassent l'imagination dans ce que 'homme peut avoir de déséquilibré et de dangereux.
Je me souviens, enfant, avoir inventé mille solutions pour ne pas me laver le soir. Mal au ventre, fatigué, pas sale, tout était bon. Comme beaucoup d'autres gamins, j'ai compris un jour que je pouvais laisser couler l'eau de la douche bruyamment en restant sur le tapis de bain et qu'il suffisait de me mouiller un peu les cheveux avant de sortir. (...) Dans l'ensemble, tout cumulé, je pense avoir gagné pas loin d'une année de douches. Enorme.
(p. 94)
[ancien détenu]
La violence, j'en ai soupé et je n'en ai pas le goût. Mais que ce soit clair : s'il faut l'utiliser, je le fais. Je n'ai pas l'âme d'une victime. Certains ressortent écrasés par la prison, d'autres endurcis ; je suis de ceux-ci. Avec une conscience aiguë des choses pour lesquelles cela vaut la peine de cogner, et celles qui ne le justifient pas.
(p. 18)
De manière incompréhensible, obstinée, terrifiante, je veux continuer cette vie, la seule que j’aie à disposition.
Peu à peu, je suis devenu transparent. Les autres êtres transparents possibles sont peu nombreux dans l’univers. Les fantômes. Les ectoplasmes. La fumée peut-être. Comme eux, j’existe à peine et je me coule dans les recoins du monde.
Jamais le lien entre le corps et l’esprit ne m’était apparu avec autant de force, jamais je n’aurais cru qu’il suffisait d’anéantir le premier pour que le second s’éteigne lui aussi.
A quoi cela tient. Aujourd’hui ma victoire sur les autres, il n’en reste rien. Et pour cela il a suffi de deux fous.
Je ne suis plus qu’un reste d’humanité. Une entité qui ne pense qu’à manger, boire et dormir, éviter les coups, et à se relever le lendemain. Les vieux avaient raison. Je ne vaux pas beaucoup plus qu’un chien. Je ne suis même pas affectueux. Je suis de la race de ces bêtes galeuses qu’on attache au bout d’une chaine et que personne ne veut plus caresser.
Tout cet équilibre entre la vie et la mort tenait à un fil. Je ne voulais pas le rompre en basculant d'un côté ou de l'autre.
Nul besoin d'un miroir : mes doigts suffisent à me renvoyer une image terrifiante. Je ne suis plus qu'un reste d'humanité. Une entité qui ne pense qu'à manger, boire et dormir, à éviter les coups, et à se relever le lendemain. Les vieux avaient raison. Je ne vaux pas beaucoup plus qu'un chien. Je ne suis même pas affectueux. Je suis de la race de ces bêtes galeuses qu'on attache au bout d'une chaîne et que personne ne veut plus caresser. Ce que je suis devenu c'est aux vieux que je le dois. Toute ma souffrance et toute ma déchéance, ce sont eux qui les ont faites. J'espère de toutes mes forces qu'il existe quelque chose au delà qui pourra me venger. Au nom de la haine qui me sera restée jusqu'au bout, même sans force, et sans volonté. Un peu de justice
Jamais le lien entre le corps et l'esprit ne m'était apparu avec autant de force, jamais je n'aurai cru qu'il suffisait d'anéantir le premier pour que le second s'éteigne lui aussi. Pour moi la force mentale primait sur tout, il suffisait de vouloir; tout cela était bon à jeter aux oubliettes. Quand on a plus la force de rien, qu'est ce qui peut encore nous sauver?
La terre m'attire d'une façon indéfinissable, peut-être parce que c'est la seule certitude que j'ai ; qu'un jour j'y retournerai
Je sais depuis longtemps que la souffrance épuise. Ce que je ne sais pas, c'est si on peut en mourir
Il n'y aura plus de fierté, plus rien. Juste le sentiment extrême de vivre, de tenir, de continuer.
Il faut que je ravale ma dignité. Même si ça passe mal.