L’université m’avait gâtée. La logique voulait que la fac prépare au monde du travail or j’avais passé trois années phénoménales à York à faire ce que je voulais : un module sur Shakespeare, un autre sur les romantiques et même, pour le fun, ce drôle de module d’écriture créative. Je ne me doutais pas vraiment qu’après, n’étant pas parvenue à exceller dans un domaine avant vingt et un ans, j’allais devoir abandonner ce que j’adorais (car personne n’est payé à s’asseoir et à lire des livres) et trimer pour gagner une vie qui pour être honnête n’en était pas une.
Pour être franc, j’ai du mal avec les lesbiennes. Certaines sont très compliquées. Elles ont toujours l’air d’en vouloir à la terre entière pour une raison ou une autre, je trouve que, par bien des côtés, c’est plus facile d’être homo pour un homme que pour une femme, il y a beaucoup de pression sur les femmes. L’hétéro moyen ne voit pas très bien ce qu’une femme peut être d’autre qu’une femme. Les lesbiennes sont mal vues parmi les hétéros ; les pédés, elles les agacent, sans plus.
Il était beau, solvable, facile à vivre. Il était aussi plus vieux, avec deux mariages ratés derrière lui. Il ne devait pas chercher à s’engager sentimentalement, ni être en quête d’une relation qui lui donnerait des ailes. Ce n’était pas ce que je cherchais non plus. Je me méfiais de l’amour et de ce qu’il faisait aux gens — les plonger dans de sombres abysses d’angoisse et d’horreur —, je tremblais rien que d’y penser.
Les hommes étaient en manque de grand air. Ce besoin étrange de se tenir à l’écart des éléments, de s’enfermer dans des maisons, des voitures, des bureaux en pensant s’abriter du vent, de la pluie et du soleil cancérigène… ça leur amochait le cœur, ça les rendait malades. Ils ignoraient à quel point le remède était simple : sortir. Marcher. Respirer. Vivre.
Cette jeunesse. Cette vitalité. Cette liberté. Alice était à des années-lumière de l’âge où le sommeil devient une drogue que l’on se procurerait à n’importe quel prix. Elle pouvait certainement passer des nuits entières sans dormir. Le sommeil devait figurer quelque part en bas de sa liste des priorités après danser, manger, faire l’amour.
Les auteurs connus et aguerris de ce programme choisiraient volontiers quelqu’un comme moi — une jeune femme enthousiaste avec beaucoup de choses à dire — pour travailler, partager réflexions et observations, l’idée étant de permettre à de nouveaux talents de percer.
C'était un amour divin mais, quand il a basculé, il nous a entraînées toutes deux en enfer.
Elle adorerait ces roses, si je pouvais les lui envoyer. Des roses blanches pour un amour éternel. Elle en comprendrait la signification. Elle était sensible aux symboles. Peut-être qu’alors elle me pardonnerait.
J’avais cultivé ce talent au fil des années : semer la graine de la moitié de mon désir, puis le laisser se saisir du reste et le planter.
Tout le monde est un piètre écrivain. Simplement, persévérez pour dépasser ce stade.