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Citations de Sarane Alexandrian (63)


En fait, si la littérature érotique est dangereuse pour les mœurs, elle ne l’est pas plus que toutes les autres espèces de littérature qu’on lit en renonçant à son sens critique. On l’accuse d’encourager à la débauche. La littérature policière peut inciter au vol et au meurtre, et même la littérature religieuse à la persécution fanatique des non-croyants, quand elles sont la nourriture d’un esprit faible se persuadant que le texte imprimé indique infailliblement ce qu’il faut faire. Les livres nous renseignent sur ce que d’autres hommes pensent ou imaginent, voilà tout. On garde toute liberté d’adopter ou de rejeter leurs principes. Cette littérature présente l’érotisme non tel qu’il est en réalité, mais tel qu’il se déploierait si les désirs s’affranchissaient totalement des convenances et des inhibitions. [...] L’idéal de la culture est de rendre l’homme capable de tout lire et de tout voir.
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À Rome, on nommait un sorcier un veneficus, c'est-à-dire, le préparateur d'un veneficum, ou potion pour l'amour
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Pour déraciner le paganisme, les auteurs chrétiens employèrent la propagande par le merveilleux, opposant aux mythes païens où les dieux agissaient, des vies de saints où les hommes de la vraie foi accomplissaient facilement tout ce qui est impossible. La conséquence inattendue fut de remplacer les anciennes superstitions par de nouvelles. (...)
Cet acharnement à faire triompher la pensée religieuse contre la pensée magique apportait des aperçus excellents, qu'aucun philosophe antique n'avait jamais eus ; mais il s'accompagnait d'une campagne de dénigrement des trois mille ans de civilisation précédant l'ère chrétienne. C'est pourquoi il se forma une résistance pour maintenir l'esprit de ces cultes chtoniens où l'on voulait voir des vérités qu'il ne fallait pas laisser perdre. (...) Il s'ensuivit, chez les philosophes en révolte, une tentative de récupération idéologique du paganisme dans le cadre chrétien, qui est précisément ce qu'on doit entendre par philosophie occulte. Pas de magie occidentale sans l'héritage de la magie assyro-babylonienne, je l'admets à condition que l'on ajoute : pas de magie occidentales sans la fondation du christianisme, dont elle fut tantôt la contestation, tantôt l'interprétation surérogatoire.
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Mon principe initial est que l'histoire de la philosophie occulte ne commence qu'avec le début du christianisme : j'étaye ce postulat de nombreux exemples, et d'une analyse des rapports entre le sacré, le religieux et le magique. Ordinairement, on ne fait pas la différence entre la magie des Orientaux et des Occidentaux, comme si, depuis les temps antiques jusqu'aux temps modernes, elles appartenaient au même système. Or, on ne peut les mettre en balance, pour la simple raison que dans l'Orient ancien et dans l'Antiquité gréco-romaine, le sacré dépendait d'un ensemble où la magie et la religion se confondaient. (...) Un Égyptien du Nouvel Empire attachant à son poignet quelque amulette, soit un « oeil d'Horus » ou un « pilier djed », n'encourait pas le blâme des prêtres de Karnak. (...) Tandis qu'un chrétien des premiers siècles usant de talismans, d'incantations, de procédés divinatoires, agissait à l'encontre des constitutions apostoliques, des interdits contre l'astrologie et les charmes décrétés en 366 par le concile de Laodicée, puis par les conciles ultérieurs d'Agde, d'Orléans, d'Auxerre, de Narbonne. Les pères de l'Église veillèrent à montrer que le sacré ne s'identifiait pas au magique, mais qu'il était exclusivement le fait du religieux ; si bien que la magie, dissociée de la religion, rejetée à part, tenta de s'allier avec la philosophie pour justifier de son importance et se muer en idéologie d'opposition.
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... La manie de l'exotisme est devenue telle qu'on croit tirer plus d'enseignement de l'autobiographie d'un sorcier Hopi, Don Tayalesva, que de celle d'un mage de la Renaissance, Jérôme Cardan. Même les essais d'hérésiologie sur les sectes européennes négligent l'apport des doctrines occultistes du XIX° siècle, et ne citent guère Fabre d'Olivet et Papus. Il y a là, partout, une lacune persistante dans l'appréciation des fondements de l'esprit occidental, qui justifie ma tentative pour la combler.
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Les auteurs rationalistes tiennent le domaine occulte pour un ensemble d'errements idéologiques dont on s'est délivré à force de raison discursive et de science ; (...) Mon point de vue admet, au contraire, qu'on n'est pas entièrement sorti des des croyances magiques, et qu'on n'en sortira probablement jamais : l'homme le plus raisonnable du monde les conserve affaiblies et travesties en lui. Elles ne tendent pas à s'effacer, mais à se dissimuler de plus en plus profondément sous des apparences logico-pragmatiques. Au lieu de considérer ces croyances magiques comme lettres mortes, on doit y voir les signes vivants d'un état d'esprit en perpétuelle évolution au cours des âges. Elles correspondent à des ressources psychiques permanentes de l'humanité, que la philosophie occulte prétend définir, augmenter, utiliser pour le mieux de l'individu, ce qui rend son étude indispensable, parmi d'autres, à une bonne appréciation du devenir de l'être humain.
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... La pensée magique entre en action chaque fois qu'intervient un problème devant lequel la pensée pragmatique reste impuissante.
(...) La pensée magique est une fonction réparatrice du Moi.
(...) La pensée magique recèle deux principes indispensables à la vie humaine, et dont la pensée pragmatique ne sait pas se servir : la connaissance par intuition et le raisonnement analogique.
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... Pour moi - et c'est là une des lignes directrices de mon étude -, la philosophie occulte est nécessité par la constitution de l'esprit humain comportant inévitablement la pensée magique et la pensée pragmatique. La pensée magique est inhérente à l'inconscient, la pensée pragmatique résulte du conscient. La philosophie occulte est de tous les temps parce qu'elle systématise la pensée magique que chacun porte en soi, qu'il l'accepte ou la nie, qu'il la cultive ou la réprime. Cette pensée magique apparaît sans entraves dans la fabulation enfantine, dans le rêve et dans la névrose. Tout homme a été enfant, tout homme rêve la nuit, tout homme peut traverser une névrose d'angoisse relative à un traumatisme moral ; tout homme est donc susceptible, à chaque instant de sa vie, d'assister à l'émergence en lui des paradigmes de la magie ancestrale.
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Au début du XXe siècle, Aleister Crowley, écrivain ayant le génie du scandale, d'un dandysme pervers dépassant celui d'Oscar Wilde, entreprit de combiner la magie noire et la magie rouge. (...)

L’œuvre d'Aleister Crowley, comptant des recueils de poèmes, des récits et des rituels magiques, fut un mélange de notions tirées du Livre des Morts égyptien, de l'enseignement de John Dee, du yoga tantrique et du grimoire attribué à Abramelin le Mage. Il employa la sexualité avec frénésie, cherchant à jouir dangereusement, à travers un paroxysme faisant craquer les nerfs de ses partenaires ; on peut lui reprocher d'avoir utilisé des adjuvants artificiels (alcool, drogue), alors que Randolph se limitait aux excitants naturels (couleurs, parfums). Ce personnage prodigieux reste celui qui a le mieux réalisé l'hypnose sexuelle permettant à un couple d'explorer le monde invisible, l'amant servant d'opérateur et l'aimée de médium.
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Maria de Naglowska, (...), fonda en 1932 à Paris la Confrérie de la Flèche d'or, dont le but premier était de réparer le règne de la Mère (succédant au règne du Père et du Fils établi par l'ère chrétienne), en formant des "prêtresses d'amour" capables de la fécondation morale des hommes. Son mouvement d'un féminisme superbe, au rituel codifié dans son livre La Lumière du sexe (1933), prétendait neutraliser le Mal en lui opposant des actes sexuels religieux, exécutés sous la direction de prostituées sacrées comparables aux hiérodules de Byblos.
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En s'inspirant de l'hindouisme et de l'ascétisme chinois, les occultistes modernes voulurent revaloriser la hiérogamie, union sacrée où l'homme et la femme se considèrent comme le prêtre et la prêtresse d'une religion primordiale, et cherchent dans l'accouplement un effet encore plus sublime que le plaisir.
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La croyance aux incubes et aux succubes fut une croyance savante, et non une superstition populaire.
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On peut affirmer que le rituel des messes noires a été inventé sous Louis XIV, auprès de la Voisin, car dans les papiers de son procès, le conseiller du roi, Gabriel de la Reynie, parle de "ces malheureuses pratiques encore inconnues" : et il s'y connaissait en affaires criminelles.
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Le sabbat était une scène de carrefour, paysanne, mythique, plutôt rêvée que vécue ; la messe noire sera une action réelle, aristocratique, à huis clos. Seigneurs et grandes dames qui voulaient obtenir quelque chose du Diable croyaient le disposer en leur faveur en lui offrant ce spectacle destiné à lui plaire : une parodie blasphématoire de la messe, aggravée d'un sacrifice humain et d'un usage rituel de la nudité féminine.
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Il y a une différence à établir entre la sorcière, l'ensorcelée et la possédée, les trois types féminins de l'érotisme chrétien ésotérique. La sorcière se persuadait d'elle-même, ou sous la pression des Inquisiteurs, qu'elle avait des rapports amoureux avec un démon incube. L'ensorcelée avait le sentiment d'être contrainte de se donner à un homme véritable qui, en raison d'un pacte démoniaque, la pliait à tous ses désirs sans qu'elle pût résister. La possédée se plaignait d'être envahie à l'intérieur de son corps par plusieurs démons qui la forçaient à agir et à parler contrairement à toutes les bienséances.
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Les sabbats, s'il en a existé, furent des fêtes campagnardes où l'on dansait au son du hautbois et de le flûte, et que l'on accompagnait de ripailles et de priapées. On les tenait dans des lieux écartés et le soir, afin de ne pas être inquiété par les autorités. Il s'y rencontrait des personnes masquées - appelées en Lombardie les mascas - venues s'y divertir sans se compromettre. Ce n'est certes pas un paysan qui a eu l'idée de comparer au sabbat juif ce genre d'assemblée, mais un Inquisiteur imbu de l'antisémitisme régnant, et subordonnant l'hérésie dans une réunion rustique.
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L'avortement n'était pas accepté par les médecins : "Avorter, acte inhumain et damnable", dira Ambroise Paré. Cependant, on remarquera que si Hippocrate faisait jurer à ses disciples de ne jamais pratiquer d'avortement, Aristote le permettait à condition que l'âme ne fût pas encore présente dans le fœtus.
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En ce dernier livre [La crise du monde moderne (1929) Guénon], il dit que le monde est parvenu au quatrième âge, "l'âge sombre", le Kali-Yuga des Hindous, où les vérités deviennent de plus en plus cachées et difficiles à atteindre ; seul le recours à la Tradition permettrait d'empêcher le chaos social produit par l'opposition de l'Orient et de l'Occident, de la contemplation et de l’action, et par le "savoir ignorant" de la science profane, ayant abdiqué "tout principe qui pourrait lui assurer une place légitime, si humble soit-elle, parmi les divers ordres de la connaissance intégrale.
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(...) ce fut en 1848 que la famille Fox, habitant une maison à Hydesville, en Acadie, découvrit le table-moving et le rapping, c'est-à-dire l'art de faire tourner les tables et d'obtenir, par des coups frappés, des réponses d'outre-tombe aux questions posées. Les trois sœurs Fox et leur mère exploitèrent commercialement ce procédé en ouvrant, à Rochester, une officine où l'on pouvait, pour quelques dollars, converser avec ses parents morts. Elles donnèrent une démonstration publique à l'université de Saint-Louis en 1852, si bien que l'épidémie du spiritisme éclata cette même année en Amérique, et gagna l'Europe l'année suivante.
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Ce ne furent donc pas des libertins et des athées qui convoquèrent dans un cercle magique Lucifer, ou son premier ministre Lucifugé Rofocale, mais des croyants ténébreux détournant la foi au profit d'une volonté de jouissance et de puissance.
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