Sébastien Henry

Trouver des instants de paix profonde au coeur du chaos

En pratique...
Partir en voyage dans la pièce à côté

Identifiez un lieu propice pour vous offrir de petites doses régulières de solitude : idéalement une pièce dédiée si vous avez la chance d'avoir une habitation assez grande, ou un coin de pièce si, comme moi, vous n'avez pas assez de place. Aménagez l'endroit avec le plus possible d'éléments de nature à rendre ces moments apaisants (de belles photos ou des objets choisis, une bougie, un coussin de méditation...).
Entraînez-vous à poser votre attention sur votre souffle, ou sur d'autres supports d'attention possibles (l'une des photos, la flamme de la bougie).
Savourez la sensation de vous retrouver, et n'oubliez pas de vous féliciter d'avoir pris ce temps. Sentez au fil des minutes le flot des pensées qui s'apaise, l'agitation qui se réduit. Ne vous mettez pas de pression pour réussir quoi que ce soit : le seul fait de ne rien faire pendant quelques minutes est formidable. Vous êtes parti-e en voyage en chemin vers vous-mêmes !
Si vous le souhaitez, placez l'intention de revenir de ce voyage avec de nouvelles ressources, que vous allez pouvoir offrir aux enfants dont vous avez la responsabilité (un peu plus de paix intérieure, une dose supplémentaire d'attention ou de tendresse).
Puis retrouvez les enfants avec la joie de ceux qui reviennent grandis par un voyage...

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Car même dans les conditions les plus difficiles, cultivier la gratitude est une source bien être et peut faire émerger des forces nouvelles.

Sens, sérénité, sagesse, souffle, force, rayonnement, puissance, joie : tous ces mots peuvent être associés à une pratique spirituelle, dans une acception large qui dépasse la sphère traditionnelle du religieux. La pratique spirituelle n’est pas forcément religieuse : elle est ce qui nourrit l’âme, que l’on soit croyant ou non.

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Nos périodes de découragements ne sont t elles pas finalement liées, au -delà même du refus de nos limites, à la place que nous laissons à notre ego dans notre engagement ?

La vie en communauté, on le voit, peut apprendre beaucoup à chacun. On n’est pas fait pour vivre replié sur soi, on ne trouve un sens à sa vie et on ne vit pleinement son humanité que dans la relation à l’autre, aux autres.

Mon souhait est que ce livre devienne un pont entre deux mondes qui s’ignorent largement : celui des décideurs en entreprise et celui des moines. Puisse ce pont contribuer à apporter davantage de sens aux décideurs qui le traverseront.

Par son exigence et son intensité, la vie monastique peut s’avérer être une source quotidienne d’inspiration et un soutien puissant.

Avant les mots, avant tout dogme, vient l’expérience. Dieu « ne se prouve pas mais s’éprouve », et il ne s’agit pas tant d’en parler que de se transformer.

Une vie intense ne signifie pas courir du matin au soir vers sa propre réussite, débordé par un emploi du temps surchargé. L’intensité – et la joie – naît avant tout de rencontres, de regards, mais aussi de moments de silence intérieur qui donnent le sentiment de toucher à l’essentiel.

La méditation n’est pas ce que beaucoup de décideurs imaginent. C’est une pratique simple et concrète, qui peut les aider dans leur rôle au quotidien.
Plus profonde qu’une simple technique de relaxation ou de gestion du stress – comme elle est parfois présentée –, la méditation peut être abordée de manière laïque et ouvrir, pour ceux qui le souhaitent, un cheminement de nature spirituelle.

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Deux questions sont essentielles face à l'émotion née d'une critique qui me touche:
_ Qu'est ce que cette émotion dit de moi?
- Comment puis je utiliser ce message pour enrichir mon engagement ?

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Le psychologue américain John Gottman a ainsi identifié quatre "poisons" dans les relations interpersonnelle, à savoir des comportements qui entraînent potentiellement la dégradation irréversible d'une relation:
émettre des critiques personnelles, se placer systématiquement en victime, exprimer du mépris et se murer dans le silence.

(Mais) l'esprit de la méditation de pleine conscience ne consiste pas à devenir un ascète immobile, imperméable aux émotions. Il s'agit plutôt d'accueillir avec la plus grande attention possible tout ce qui se présente à la conscience, y compris les émotions.
J'aime par exemple voir mes enfants manger une mangue. Ils commencent par transformer chaque moitié de mangue en "hérisson" (la chair est découpée en quadrillage puis la peau est retournée). Leur regard et leur posture indiquent ensuite qu'ils sont totalement présents à la joie de manger leur fruit, un morceau après l'autre. Rien d'autre ne compte pour eux. Ils sont de fait en train de manger leur mangue en pleine conscience. Quant à nous, ne nous arrive-t-il pas de manger une mangue en deux minutes en pensant avant tout aux factures encore à payer, aux coups de téléphone à passer ou au prochain repas à préparer ?
....
De même qu'il y a des mangues que nous ne mangeons pas vraiment, il y a des moments de réussite que nous ne célébrons pas vraiment, parce que nous pensons aussitôt aux autres domaines dans lesquels nous ne réussissons pas.
Il y a de bons moments en famille que nous ne savourons pas, car notre attention se porte trop vite sur tout ce qui n'est pas assez bien à nos yeux.
Il y a des compliments reçus que nous n'accueillons pas, parce que tant d'autres aspects de nous-mêmes ne nous plaisent pas.
Chaque petite joie ainsi perdue est une occasion gâchée de colorer la journée. Une touche de lumière a toujours son importance - surtout quand le tableau est sombre autour de nous !

En tant que dirigeant ou manager, la pratique spirituelle n’est pas une priorité. (…) Par leur vie pourtant faite de beaucoup de silence, les moines interpellent avec force les décideurs en leur rappelant l’urgence de leur pratique spirituelle.

Si le défi que représente la vie des moines vous intéresse, comment y répondre ? Trouver une réponse à cette question commence par un double mouvement :

- comprendre en profondeur les principes fondamentaux de la vie des moines ;

- vous interroger sur votre propre définition du succès.

Si j’ai commencé à écrire ce livre, il y a quatre ans, j’ai fait au cours de ces quinze dernières années, en parallèle de mon engagement en entreprise, de nombreux séjours dans des monastères chrétiens et bouddhistes en France, en Chine et au Japon. J’ai rencontré des dizaines de moines durant ces séjours, lu de très nombreux témoignages de moines afin de mieux comprendre leur vie, lu et relu des textes majeurs des fondateurs de communautés, et surtout essayé de mettre en pratique dans ma vie de décideur ce que j’avais appris.

La vie monastique n’est pas aussi différente qu’il y paraît du quotidien du dirigeant et du manager, en particulier la vie de chef de communauté (abbé, abbesse, chef spirituel, etc.). Certaines des difficultés liées à la direction d’une entreprise ou d’une équipe sont aussi présentes. Aider chacun à progresser en utilisant au mieux ses ressources et ses talents, placer chaque personne au poste le plus adapté, faire face au découragement dans les équipes, aux tensions, aux jalousies, aux ambitions personnelles : la matière humaine est là, sans cesse en mouvement, avec ses facettes brillantes et ses aspérités. Il est donc intéressant d’observer comment les moines travaillent cette matière humaine, à leur manière.

La pratique spirituelle doit être une démarche consciente et déterminée pour avoir une chance de réussir. De ce point de vue, la vie des moines offre une formidable source d’inspiration aux dirigeants et managers. Les moines sont parfois décrits comme des « professionnels » de la recherche spirituelle.

Dans la tradition bénédictine comme dans la tradition zen, le monastère est envisagé comme une école. C’est une « école où l’on apprend le service du Seigneur » selon saint Benoît, et où l’on apprend à reconnaître sa propre nature de Bouddha et à vivre en pleine conscience dans la tradition zen.

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Lorsque le niveau de conscience de chacun est au plus haut, les egos se mettent en effet spontanément de côté et des liens approfondis se créent entre les acteurs présents.