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Citations de Serge Mestre (21)


Personne n'y croyait du reste, nous avons vite déchanté. C'était sur L'Indépendant que j'ai lu pour la première fois la nouvelle; d'abord le 31 janvier 1939: "Si Dante avait assisté à l'exode des populations espagnoles en France, il aurait eu matière à écrire un nouveau chapitre de son Enfer."
La une du 7 février 1939 ensuite: "Par tous les postes-frontière des Pyrénées -Orientales, une affluence sans précédent de soldats, de réfugiés, est entrée en France..."
Toutes les unes s'étaient emparées de l'évènement: le Travailleur catalan du 21 janvier: "Des canons, des avions pour l'Espagne. Ouvrez la frontière catalane!..."
Le Roussillon (journal royaliste) du 25 février: "La fin des vandales!"
Le Socialiste des Pyrénées -Orientales: "L'Espagne martyre sur le chemin de l'exil."
Somatent (dirigé par le président du P.P.F. Jacques Doriot) du 10 février: "Les marxistes exploitent honteusement ceux qu'ils ont affamés. La pègre de Catalogne déferle sur notre Roussillon."
Encore L'Indépendant du 31 janvier: "Le Perthus reste le passage de prédilection des Espagnols en route vers l'exil agréable qui les attend en France."
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Dans un instant, ce sera le tour des bandilleros, l'un après l'autre, rituel parfaitement réglé, manières raffinées, efficaces, pour ce qui est de distiller la souffrance, ordonnées, lentes, meurtrières. Pour cette fois on ne décrit pas le supplice. On est tout simplement en train d'incendier la République. Il n'y a rien à sauver dans l'épaisseur des braises, même pas la couleur, son reflet, le rouge, le noir, palpitant sous la cendre d'une incandescente fin. (P. 254)
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« Je suis très amoureuse de toi, Georg, lui avoue-t-elle en venant s’asseoir tout contre lui, mais je regrette, je ne pourrai jamais devenir la femme d’un homme, et encore moins d’un seul. » (p. 192)
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Vous êtes incorrigible, sœur Catalina; rangez au moins votre croix, lance la mère supérieure, en retirant la sienne, suspendue à son cou.
Elle défait la ceinture de cuir qui serre sa robe. Elle cache son chapelet dans un tiroir de table à tout faire. Puis, défaisant ses boucles de ses brodequins, se déchausse en massant ses pieds enveloppés dans des mi-bas de laine blanche, couvrant chevilles et mollets. Sa transpiration a laissé des marques noires dans ses chaussures. On peut apercevoir, l'image esquissée des orteils que la sueur a imprimée sur le tissu.
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Le camp abritait toujours cette guerre du ventre en quoi se transforme toujours la guerre des vaincus .Pour l’instant, il abritait surtout la naissance d’un paysage neuf (…) Voilà comment un territoire devient une toute fraîche conscience. »
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Hasardeusement terrés, ils évitent les balles. Il est impossible à Robert Capa de voir la légendaire « Mort d'un soldat républicain » frappé en pleine course, ciblé simultanément par l'ennemi qui lui donne la mort et son Leica qui l'immortalise, mimant le mouvement des épis à flanc de colline, semblant tendre son fusil à un camarade derrière lui, qui ne vient pas, s'affaissant bien entendu, mais ne renonçant pas, pour l'éternité. Tout se fige, la photographie cadrant la chute, restituant le mouvement de la fin, puis le reste est silence. A cet instant, Robert Capa ne sait pas qu'il a pris ce qui deviendra la plus célèbre photographie de la guerre d'Espagne. Lorsque les tirs semblent enfin cesser, il serre Gerda dans ses bras. On a failli ne pas s'en sortir, lui dit-elle en riant aux éclats.
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Je n'ai jamais appartenu à ces partis d'hommes. Elle se tait un instant, regarde autour d'elle, puis reprend : Il n'y a pas de place pour les femmes dans ces appareils de mâles, je partage plusieurs de leurs idées politique, d'accord, ais je ne suis pas communiste, pas comme Georg le voudrait, par exemple, pas orthodoxe. Ruth baisse les yeux, l'air gêné, car elle vient d'adhérer elle-même au KPD. Gerta insiste : Tu vois ce que je veux dire, Ruth, je parle du Parti avec un P majuscule, la sacro-sainte ligne, la discipline, la règle, la doctrine, l'idiotisme politique, énumère-t-elle avant de reprendre son souffle. Ruth demeure silencieuse et Gerta poursuit : Sympathisante, pourquoi pas, mais certainement pas inféodée, docile, soumise, maniable, manipulable, j'aime trop l'indépendance. Puis elle conclut en posant la mains sur celle de Ruth, espérant la rallier à elle : Pour les femmes, la lutte est toujours un double engagement.
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L'instruction ouvra la voie du libre arbitre , la route du penser oui, du rétorquer non, de prendre sur soi de feindre quelquefois d’obéir, pour ne pas finir le voyage en martyr, quelle horreur ! [.....] Elle dégage le chemin du penser que tout se bouleverse un jour, se bouleversera. Ce jour là, il convient d'être présent, bien réveillé, parfaitement droit. (P. 48)
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Je crois qu’être originaire de Grenade(…) me confère une certaine compréhension envers les opprimés, une sympathie légitime envers le Gitan, le Noir, le Juif …le Maure que chacun porte en soi
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Mère Monica se plante devant la prisonnière: maintenant embrasse-moi les pieds, Etrange-fruit; pour faire pénitence lui ordonne-t-elle.
Sœur Catalina projette la jeune fille à genoux devant la supérieure. Soumise, celle-ci s'est résignée à passer sa langue autour des orteils qu'on lui présente.
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Et Gerta sentit depuis le premier jour que rien n'est plus subjectif qu'une photographie, que l'objectivité ne faisait pas partie du monde du photographe, que bien photographier c'est prendre parti, c'est dire son opinion, et que la photo était une opinion.
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Dans un angle de la pièce, Gerta venue accompagner son amie à une séance de pose destinée à une publicité pour un fard à lèvres rouge cherry, est curieuse de ce qu'elle aperçoit, côté modèle bien entendu, mais aussi versant maître d'œuvre, intuition qui construit, habille, éparpille, offre, reprend, regard qui invente, s'égare, se pose, circule.
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Mes « petits amis » d'avant deviennent fréquemment mes « grands amis » de toute la vie, reprend-elle avec ce naturel qui ne la quitte jamais.
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(...) sous la fausse apparence d'une gaieté inébranlable, Frederico est extrêmement inquiet à propos de la situation politique de son pays. A Buenos Aires, il interroge systématiquement les journalistes sur les événements qui se déroulent en Espagne.
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Je crois qu’être originaire de Grenade(…) me confère une certaine compréhension envers les opprimés, une sympathie légitime envers le Gitan, le Noir, le Juif …le Maure que chacun porte en soi
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A perte de vue, le même terrain plat où ne serpente aucun sentier, les pieds du garçon s'enfoncent dans le sable.
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Les deux reporters, visent, déclenchent, réarment, visent, déclenchent, réarment, visent, déclenchent, réarment pour l'histoire, pour la mémoire.
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L'ignorance soumet. L'Eglise le sait, en a fait son pré carré qui fleurit de toute son influence. L'instruction aguerrit, elle enrayé la suggestion des soutanes. Depuis la nuit des temps, dans ce pays, les politiques, les militaires l'ont compris, qui courtisent le religieux [...] Leur complicité date de Mathusalem. (P. 47)
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On les fait monter dans un camion de l'armée pour les conduire jusqu'à la gare de France. Mère Monica accompagne les gardes civils, sœur Catalina est là.
Elles montent dans le seul wagon de voyageurs accroché à un train de marchandises. On leur explique comment s'installer, tandis que mère Monica commence à protester : vous ne partez qu'à deux ? ce n'est pas une escorte, ça ! dit-elle en regardant les autres gardes civils restés sur le quai ; vous ne prenez même pas la peine de leur lier les poignets ? entravez-les, au moins.
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« Un couple qu’on imagine tout récent, jeune femme conservant son fusil en bandoulière, revolver à la ceinture pour le garçon. Les amoureux se tournent vers elle, s’enlacent, s’embrassent pour la photo, pas seulement, ils s’aiment dans cette Espagne qui résiste, entend défendre les droits qu’on veut lui soustraire, ils offrent à Gerda, tandis qu’elle cadre, l’éclat de leur sourire, clic, manivelle pour le réarmement de la pellicule, clic, manivelle, à deux reprises. Les clichés affichent la rangée de leurs dents blanches, l’épais bourrelet des lèvres se frôlant, s’épousant, la bonne humeur, la confiance en la victoire, la foi en l’avenir victorieux. » (p. 160 & 161)
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