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Critiques de Serge Paugam (13)
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La pratique de la sociologie

Je suis tombé sur ce livre par hasard à la médiathèque. Certes, je traînais au rayon "sciences sociales et sociologie" de manière tout à fait intéressée, ayant en tête une prochaine reprise d'études dans le domaine. J'ai donc largement forcé le destin. Cependant, je n'avais absolument aucune attente vis-à-vis de cet ouvrage et l'ai entamé avec un certain détachement. Eh bien à l'arrivée je confesse que le résultat est tout à fait pertinent et intéressant.



Serge Paugam, spécialiste des questions touchant à la pauvreté, et Cécile Van de Velde - curieusement non référencée en tant que co-autrice - reviennent sur les bases de la sociologie mais dans une perspective très concrète, passant de la définition de l'objet d'étude à la posture de l'enquêteur qui doit conduire son entretien. L'équilibre est de mon point de vue tout à fait atteint entre ce qu'il faut de soubassement théorique et le questionnement pratique auquel tout.e étudiant.e de licence - c'est la cible explicite de l'ouvrage - doit se frotter s'il ou elle souhaite en faire son métier.



Cela n'est bien sûr pas suffisant dans le cadre d'études plus approfondies, les thèmes abordés méritant pour certains des livres entiers. C'est le cas notamment du rapport du ou de la sociologue avec son environnement professionnel (médiatique par exemple), et à l'utilisation d'Internet dans le cadre de son activité. La question du rapport des universitaires aux réseaux sociaux n'est d'ailleurs pas traitée, et, à ce titre, on peut regretter un propos déjà obsolète - le livre est sorti en 2008.



En conclusion, un livre qui remplit bien son objectif, et qui gagnerait à être lu par toute personne souhaitant découvrir ou renouer avec les bases de la discipline.
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Ce que les riches pensent des pauvres

En 2016, la décision de la mairie de Paris et de l'État de construire un centre d'hébergement pour sans-abris et réfugiés dans le XVIe arrondissement de la capitale provoqua des pétitions très suivies, une bataille judiciaire et enfin l'incendie des bâtiments. Cet acte de violence urbaine qui, j'opine, à quelques kilomètres de là eût été qualifié d'« émeute » voire de « séparatisme » caractéristiques des « zones de non-droit de la République » mais qui se solda ici par le gain de cause d'une population très unie, organisée et puissante, fut presque synchronique avec des manifestation analogues qui se déroulèrent dans certains quartiers huppés de São Paulo au Brésil (appelant à la destitution de la présidente Dilma Rousseff du Parti des travailleurs pour ses « allocations familiales »), ainsi qu'à Delhi en Inde (contre les politiques de discrimination positive et la majorité des enseignants et des étudiants de l'Université Nehru accusés d'antinationalisme et de gauchisme).

Ces circonstances ont appelé les quatre auteurs à mener une enquête quantitative de dimensions assez extraordinaires – 240 entretiens dans les trois métropoles sur trois continents – portant sur les représentations que les habitants de certains quartiers très privilégiés de ces villes nourrissent à l'égard des classes défavorisées. Il s'agit donc d'un travail relevant de la sociologie urbaine, puisque le fond commun des revendications de ces contestataires résidait dans la volonté de ségrégation, de discrimination, d'exclusion des plus démunis, en somme de la protection d'une « frontière » (Georg Simmel) aussi bien sociologique que spatiale. La thèse de cet essai [cf. cit. n° 1], est que la justification de cette configuration résidentielle ne tient pas uniquement aux avantages de l'entre-soi – portant bien réels dans les trois contextes géographiques – mais bien plus à une certaine représentation d'ordre moral (voire biologique) des pauvres qui, en dépit de l'évidence de la grande diversité de leur caractérisation d'une société et d'un espace à l'autre, s'avère être singulièrement similaire. Cette similarité se décline dans la supposée nécessité de « se protéger des pauvres » (chap. 3) et dans les stratégies en vue de « justifier la pauvreté » (chap. 4). Ces dernières à leur tour comportent dans les trois cas un mélange – différemment dosé – d'éléments similaires : racismes et « naturalisation de la pauvreté » d'une part, justification des privilèges par les « idéologies du mérite » et les « répertoires néolibéraux » d'autre part. Les effets de cette construction idéologique consistent en des discriminations que les sociologues théorisent sous forme d'un triptyque (chap. 5) : frontière morale, répulsion physique et neutralisation de la compassion (qui pourtant subsiste, à différents degrés, ne serait-ce que sous forme d'obligation du maintien de la paix sociale par une certaine forme de solidarité).

Dans cet essai, la proportion entre la théorisation et les verbatim des entretiens est idéale. Parfois, cependant, j'ai eu le sentiment d'une disproportion entre les moyens déployés pour la démonstration et les contenus de ces représentations des pauvres, somme toute assez stéréotypés, frustes et incohérentes ; mais ce sentiment a été tempéré par la stupéfaction devant l'adaptation de cette représentation dans des contextes urbains, culturels, géographiques si variés. Je crois donc que j'ai privilégié les analogies aux singularités – que le chap. 6, davantage que les autres, tente de théoriser. Cette approche comparatiste et quantitative, grâce précisément à cette démarche, par son envergure, et malgré ses spécificités (représentations, urbanisme, problème de généralisation), s'insère de façon très opportune dans une étude de la sociologie de la pauvreté.









Table [avec réf. aux cit.]



Introduction [n° 1]:

- La production de l'ordre moral

- Le caractère indésirable des pauvres

- Justifier l'infériorité des pauvres



1. Enquêter dans les beaux quartiers à Paris, São Paulo et Delhi :

- Le choix des métropoles

- Le choix des quartiers

- Le jeu des échelles d'analyse



2. Produire l'ordre moral :

- Repli et régulation des interactions urbaines

- Le sentiment d'adéquation socio-spatiale [n° 2]

- Entre-soi de classe et stratégies de reproduction sociale

- Intégration ou refus de certaines catégories populaires dans l'ordre moral local



3. Se protéger des pauvres :

- Désordre, souillure et contamination [n° 3]

- De l'obsession sécuritaire aux discriminations [n° 4]



4. Justifier la pauvreté [n° 5] :

- Racismes et naturalisation de la pauvreté

- Idéologies du mérite et répertoires néolibéraux de la justification des privilèges



5. Le triptyque de la discrimination :

- La construction d'une frontière morale [n°6]

- Un processus de répulsion

- La justification des inégalités et la neutralisation de la compassion [n° 7]



6. Refoulement de la solidarité ou solidarité à distance ? :

- Les déterminants de la solidarité [n° 8]

- L'empreinte d'un régime d'attachement [n° 9]



Conclusion



Annexe méthodologique : le déroulement de l'enquête



Liste des interviewés

[...]

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Ce que les riches pensent des pauvres

Que ce fut long! Ce livre est en fait une étude sur les rapports des riches aux pauvres. Sans surprise, on y découvre que dans les 3 villes étudiées : Paris, New Dehli et Sao Paulo, les riches réagissent de la même façon. Ils vivent au même endroit par quartier, souvent assez éloigné des quartiers pauvres. Le rapport dualistes des riches sur la pauvreté est aussi largement évoqué. Cela dit, tout ce que j'ai lu dans ce livre me paraît évident. Il me semble que chacun d'entre nous sait cela. C'est pourquoi, je n'ai pas franchement apprécié ce livre et n'en conseillerais pas la lecture. Je reconnais cependant aux auteurs un gros travail d'analyse et d'interviews.
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Les 100 mots de la sociologie

Un petit manuel de base bien pratique, dans la lignée de cette collection.
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Le lien social

Serge Paugam: Le lien social (2014)

Lecture utile au débutant. La notion de base est que le lien social a une double fonction: assurer la protection et satisfaire le besoin de reconnaissance de l’individu, deux fonctions aussi formulées comme "je compte sur" et "je compte pour". Durkheim distingue la solidarité mécanique des groupes archaïques où tous les individus ont peu près les mêmes activités, et la solidarité organique des sociétés modernes où les individus ont des activités complémentaires et interdépendantes, se partageant les tâches. La double fonction existe dans le lien de filiation, le lien de participation élective (amitiés, associations, bandes), le lien de solidarité organique (emploi), et le lien de citoyenneté. Ces liens, famille, groupes électifs, emploi, nation, se superposent ou se suivent. Deux tableaux (2 et 3, pages 64 et 89) résument les chapitres décrivant les principes et dysfonctions de ces liens. Le lien social implique une dette sociale dès la relation mère-enfant (voir page 34). La solidarité imprime la morale: "La seule puissance qui puisse servir de modérateur à l'égoïsme individuel est celle du groupe; la seule qui puisse servir de modérateur à l'égoïsme du groupe est celle d'un autre groupe qui les embrasse" (Durkheim, cité page 24). Les implications socio-politiques des dysfonctions du lien social sont innombrables et sont l'objet de la recherche vivante et contemporaine (Chapitres 4 et 5).

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La pratique de la sociologie

Un ouvrage que j'ai trouvé un peu par hasard - même si je cherchais des livres de méthodo en sciences humaines - mais je dois dire que j'ai été agréablement surprise par sa richesse. Les deux auteurs ont tenté de brosser la pratique sociologique des premiers questionnements en passant par le terrain et les résultats, et je dois dire que c'est assez complet. D'ailleurs, de riches bibliographies sont disponibles à chaque partie.
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L'enquête sociologique

Un ouvrage qui reste hétérogène et inégalement intéressant en fonction des auteurs contribuant aux différents chapitres.

Je trouve les apports de Serge Paugam particulièrement pertinents notamment sur la réflexivité sociologique que chaque chercheur devrait avoir à l'égard de ses enquêtes. Grâce à ses connaissances et à ses nombreuses années de terrain, il réussit à faire réfléchir le lecteur, et pour moi, c'est l'objectif que doit se donner un tel ouvrage

Par contre, d'autres auteurs se contentent un peu de faire une recension des écrits déjà existants ou alors de commenter des ouvrages de références... Bof, je n'attends pas cela de chercheurs de terrain !



A lire, mais choisir ses chapitres avant pour ne pas perdre de temps.
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L'attachement social : Formes et fondements..

Paugam s’est employé à conscientiser le quotidien et il l’a fait avec brio. Des clés pour demain. Un répertoire de lien sociaux commun à tous à différents niveau donnant des indices sur la personne que nous sommes et sur les risques de rupture de ces liens. À plus grande échelle, une classification sans hiérarchie de pays ayant un type de lien prévalant sur les autres.
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L'attachement social : Formes et fondements..

En prolongeant et en renouvelant les travaux qu'il mène en France et à l'étranger, Serge Paugam analyse les liens sociaux et leur entrecroisement chez les individus et dans les sociétés.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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L'attachement social : Formes et fondements..

Comment tiennent et se maintiennent les sociétés ? En montrant à la fois la force et la vulnérabilité des liens entre les individus, Serge Paugam explore les formes de l'« attachement social ».
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Des pauvres à la bibliothèque. Enquête au Centre ..

Un livre passionnant pour décrouvrir un public méconnu de la Bibliothèque Publique d'Information : les pauvres.

Il est intéressant de décrypter comment ces personnes en marge de la société s'approprient les lieux. Ils sont à la recherche d'un accès à la culture, parfois d'outils pour se former ou plus simplement d'un lieu leur offrant chaleur et confort, un lieu de rencontre aussi.

Les entretiens réalisés avec ce public et les observations sociologiques illustrent très bien la situation de la BPI.
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L'attachement social : Formes et fondements..

Dans son nouvel ouvrage, le spécialiste de la précarité déploie une vaste théorie de l’« attachement social ». Un travail largement salué pour son ambition intellectuelle.
Lien : https://www.nouvelobs.com/id..
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Le lien social

Dans un essai important, le sociologue analyse avec une ampleur nouvelle les mécanismes du lien social et de la solidarité.


Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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