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Citations de Seung-U Lee (69)


"Toutes les mères du monde ont une capacité de perception extraordinairement sensible. Chez les animaux, la mère crie lorsqu'elle perçoit un danger. S'il advient quelque chose de néfaste, une mère a le cœur retourné, elle est bouleversée. Même après que le cordon ombilical a été tranché, elle continue d'entendre le cœur de son enfant. Êtres humains ou animaux, c'est pareil. Une mère, c'est comme ça. Mon cœur souffre, je suis très inquiète, je n'en peux plus. Je ne sais pas où tu es, ni dans quelle situation. Allez, rentre vite! J'ai besoin de te voir pour être rassurée." Pour ne pas laisser l'émotion affecter sa voix, Yu rentre son menton, reprend son souffle: " D'accord, maman. Je vais faire comme tu dis." Si elle lui avait trouvé la voix bizarre, il aurait prétendu avoir un rhume.
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Lui, il était supérieur, à moi, aux autres, de tous les points de vue. Dès son enfance, il avait fait la joie et la fierté de ma mère. Qu'un fils pareil fût réduit à cela devait être une souffrance intolérable pour elle. Les autres ne le voyaient peut-être pas, mais moi je m'en rendais parfaitement compte.
Fallait-il pour autant qu'elle le porte sur son dos pour l'emmener voir les putes ? Son affection devait-elle aller jusqu'à s'occuper de ce genre de choses ? Était-ce sa façon de lui montrer qu'elle l'aimait sans limites ? Dans ce cas précis, pouvait-on parler encore de l'amour d'une mère pour son fils ? Là, j'avais du mal à comprendre.
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Le taxi s'est arrêté sur une hauteur d'où l'on avait une vue plongeante sur la mer. Une mer écailleuse, qui étincelait, métallique, mue d'une impulsion perpétuelle. Je croyais buter sur une montagne, mais c'est la mer que je trouvais. Je ne m'y attendais aucunement et j'ai poussé un cri lorsqu'elle s'est offerte. On eût dit une forêt sauvage écartant soudain les pans de son manteau pour laisser paraitre l'immense étendue d'eau. Qu'une forêt sauvage enveloppe la mer dans les pans de son manteau est une image qui ne peut qu'appartenir à un mythe ou à un conte. Toute forêt n'est-elle pas sacrée ? Elle enserre en elle-même la genèse première. Elle est le temple premier des dieux et, dans ce temple, certains arbres sont devenus objets de culte car ils sont habités par les divinités.
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- Pourquoi riez-vous? -
Lorsque, ouvrant des yeux ronds, elle m'a posé la question, moi je songeais à toute autre chose. Rouge à lèvres moiré, short moulant, la fille n'avais pas l'air d'apprécier. Sans doute me prenait-elle pour un client réfractaire. Bien entendu, je ne me souciais guère de savoir si elle avait un tant soit peu d'humour. Je me disais seulement que son rouge à lèvres faisait un peu bizarre. Rien de plus.
(incipit)
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Dans les lieux où le temps ne s'écoule pas, tous repères effacés, l'être transcende les situations.
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Yu ne se sent pas de taille à lutter contre un vent qui rugit comme un molosse en furie, contre les tourbillons de poussière ocre, contre l'air poisseux qui vous colle à la peau comme des tiques, contre la saleté des rues. Il ne peut que se plaindre. Même s'il avait voulu lutter, ces réalités ne se seraient pas laissées faire. Le vent, l'air, c'est à dire les molosses en furie et les tiques, étaient là avant lui, bien avant qu'il se décide à partir pour Sori, avant même qu'il apprenne le nom de cette localité. Ils n'ont pas été ajoutés un jour à Sori, ils lui sont constitutifs.
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Au moment de franchir le seuil, la patronne le retient par le bras et lui souffle à voix basse : "Si vous avez besoin d'une fille, hein, appelez-moi. Je vous en enverrai une jeune, toute frétillante." [...] Une jeune toute frétillante... "On se croirait dans une pêcherie", marmonne-t-il...
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Le policier l'écoute, renfrogné, puis lance : "Vous n'êtes pas d'ici ? - Non ", répond Yu. Ici, on a beau essayer de cacher qu'on vient d'ailleurs, ça se voit comme le nez au milieu de la figure. L'air et le vent façonnent le tempérament, l'allure et même l'odeur du corps. Pour s'acclimater, il faut du temps, et plusieurs générations pour s'assimiler aux autochtones. Inutile donc de cacher qu'on vient d'ailleurs. Parfois, ce sont les efforts que l'on prodigue pour dissimuler son origine qui vous dénoncent.
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C'est bien Noé le Fou ! constate-t-il. Mais à quel titre un homme ordinaire porte-t-il un nom aussi accablant ? Noé le Fou, ce n'est pas son vrai nom, c'est un surnom qui lui a été donné. Il ne le porte pas de droit, il lui a été donné par un quidam, par une personne parmi d'autres. Dont on peut approuver les opinions... ou pas. Noé le Fou n'est donc pas forcément fou. Avoir l'air fou ne veut pas dire qu'on le soit ; de même, ne pas le paraître ne signifie pas toujours qu'on ne le soit pas. L'air qu'on a, cela sert à alimenter les opinions...
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J’écrivais le soir, et le matin j’allais au bureau. Ce que j’avais écrit la veille, je le rayais le lendemain, et ainsi de suite chaque jour. Certaines parties, je les ai réécrites plus de dix fois. Parfois je rayais tout ce que je venais d’écrire et recommençais depuis le début. Les phrases avançaient lentement comme si j’apprenais à ramper. L’écriture m’a permis de concevoir cette lutte acharnée entre le désir de montrer ce qui est en moi et le souci de le dissimuler. Mes mots se heurtaient, entraient en collision, en conflit. D’où ces phrases de sang, tout en paradoxes. Réécrire ce qui a été déjà écrit est un travail éreintant. Je souffrais de la fatigue, de manque de sommeil, de la faim, non sans cesser, en proie à une ardeur sadique, de me battre contre les phrases. J’avais l’impression d’être possédé.
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Chaque jour qui passe nous ôte un peu de notre vie. Il nous faut céder cette part pour rester vivants. C'est comme ça. Quand on n'a plus rien à céder, la vie s'arrête.
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Sous cet arbre qui plongeait et qui lançait ses palmes dans le ciel, elle s’était déshabillée sans aucune honte, telle Ève au jardin d’Éden, et elle s’était étendue sur le corps de l’homme. Nulle impudeur dans leur nudité. Par l’union de deux corps incomplets, ils avaient crée un seul corps. Cette scène curieuse avait tout d’un rituel. Oui, c’est bien la notion de rite qui rendait le mieux compte de cette scène, davantage en tout cas que les mots « hallucination », « mirage » ou « rêve ». Mais de quel rite s’agissait-il donc ?
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Le vent a des hurlements de bête féroce. Au moment de quitter sa voiture, Yu a l'impression qu'un molosse enragé se jette sur lui. Il a un mouvement de recul. Le long des rues, papiers sales et sacs plastiques tourbillonnent sous la bourrasque. Quelques véhicules cahotent sur la chaussée éventrée en soulevant des nuages de poussière ocre. Les rares passants, silencieux, font la gueule. Les bâtiments bas à deux ou trois étages, passablement décrépits, couverts d'enseignes délabrées, semblent se tasser sur eux-même comme des chiens battus. On dirait que les rayons du soleil subissent eux aussi la loi du vent. L'absence d'arbre amplifie le sentiment de désolation. Où suis-je donc ? Se demande le nouvel arrivé. L'air lui colle à la peau comme une gale. Il se campe dans une posture de défense. Ouais, c'est pas la joie ! Et de secouer ses cheveux et ses vêtements comme pour en chasser une vermine.
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...la vie, ce n'était pas une chose si solennelle ni toujours bien composée, que c'était comme le temps, il fait beau, puis gris, il pleut, et puis, avec le retour du soleil, le beau temps revient.
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Vous entendiez le bruit de la sève monter dans les arbres depuis les racines jusqu'à la pointe des branches, vous voyiez la rosée rouler comme des perles sur les herbes, les rayons de la lune fendre l'air en vibrant, vous sentiez le parfum des fleurs pas encore écloses. Votre corps etait devenu prodigieusement sensible.
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J’étais au volant de ma voiture, vitres baissées, et elle avait passé la tête par la fenêtre. Les genoux raidis, elle tendait sa croupe en arrière, si bien que je ne pouvais me faire une idée précise de sa physionomie. Le bâillement d’un ample T-shirt m’offrait en revanche une vue plongeante sur le galbe superbe de ses seins. La décence eût exigé que je détourne mon regard, mais, franchement, cela ne me vint pas à l’esprit.
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« Vous ne pensez pas qu’on pourrait aller n’importe où si on s’avançait sur un chemin tracé par la lune ? »
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Je me suis senti envahi de compassion pour mon frère. Jusque-là, je pensais comprendre sa souffrance et sa tristesse. Mais ma compréhension n'était que partielle. Il souffrait d'avoir renoncé à occuper une place en ce monde, il souffrait davantage encore de devoir se supporter tel qu'il était. Il voulait transcender sa condition, devenir pur esprit, échapper enfin aux lourdes contingences de sa vie. Cela n'était possible que par la métamorphose. Renoncer à sa condition présente pour se transmuer en un autre être, quelle entreprise à la fois démesurée et désespérante ! Vouloir se métamorphoser, n'est-ce pas le désir le plus fou, le plus absolu ?
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Je reste parfois plusieurs jours de suite sans sortir, je passe tout mon temps dans cette petite chambre. Avant de sortir, je dresse une liste des choses nécessaires. J’ai rapporté de mon studio la cafetière électrique, la cuisinière à gaz portable, une casserole, des nouilles instantanées, des cuillers à thé, des gobelets, du sucre et des kleenex. Je me fais des nouilles instantanées et du café. J’ai apporté aussi le grille-pain, un couteau, le lecteur de CD, un plateau, du pain de mie, des cintres, des sous-vêtements, des chaussettes et mon fauteuil.
Je me fais griller du pain, j’écoute de la musique, lis ou somnole dans mon fauteuil. J’ai pris un abonnement à l’internet haut-débit, un autre à un journal, puis j’ai transporté mon téléviseur. Je commande des livres sur internet, j’envoie des e-mails à ma femme, je lis mon journal, je regarde les matchs de foot à la télé. Ma femme ne répond jamais, le journal m’apporte tous les bruits du monde, mais le monde ne change pas et les matchs sont ennuyeux. Bon, peu importe. Certains jours, je dors toute la journée. Je ne m’en plaindrai pas.
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Le clair de lune faisait des vagues dans son cœur.
Les rayons de lumière oscillaient dans la mer. Des rayons immaculés, plein du désir de la chair de l'eau, qui s'infiltraient en elle, jouaient avec elle.
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