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Citations de Shi Dan (14)


La faim a la vertu de rendre délectable ce qui dans l'opulence vous semble une abjection.
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Tout à l'heure, alors que je lui préparais une pipe, sa mère est venue. Elle était très nerveuse. Elle lui a dit : « Je viens d'entendre que tu aurais tué ta troisième épouse. Est-ce vrai ? » Il lui a demandé : « Comment sais-tu ça ? » Elle a dit : « J'ai entendu la nourrice Li raconter qu'elle t'avait vu entrer dans la remise avec un fouet, vers minuit. Après, elle aurait entendu la concubine crier, hurler, supplier, et toi qui aurais frappé jusqu'à ce qu'elle se fût tue tout à fait. Tu l'as tuée, dis-moi ? » Le maître n'a rien répondu et elle a demandé : « Qu'as-tu fait du cadavre ? » Il a dit : « Je l'ai découpé en morceaux. En huit exactement, si tu veux tout savoir. Puis je les ai mis dans une valise et ce matin, j'ai demandé à Duan le Sixième d'aller la jeter dans la campagne, en dehors de la ville. » Sa mère s'est alors mise à pleurer en tremblant comme une feuille. « Pourquoi es-tu si cruel, qu'elle disait, pourquoi ? Quel mal t'avait-elle fait pour mériter que tu la tues ? Depuis sept ans qu'elle était chez nous, on n'avait rien à lui reprocher. - Mêle-toi de ce qui te regarde ! qu'il lui a dit d'un air mauvais. Moi, j'avais quelque chose à lui reprocher.
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- C'est tout l'art de la conservation, reprit-il d'un air très fier. Un art délicat, mais pas très compliqué : une fois que je les ai coupées, je les lave très soigneusement, puis je les sèche et je les fais frire dans de l'huile de sésame. Ensuite, je les égoutte, et enfin je les saupoudre d'une mélange de minerais, de chaux, de camphre, de musc, de bois d'aloès et de camphrier et même de poudre de perles.
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Qu'allons-nous devenir, nous qui avons passé notre vie à travailler honnêtement sans jamais voler, piller ni détourner ? me dit un jour un vieil eunuque, les yeux noyés de larmes. J'étais encore enfant lorsque je suis entré ici, et à l'époque, je me consolais de ne jamais avoir de descendance en caressant l'espoir de devenir un jour chef de palais. Je me disais qu'alors je ferais l'honneur de ma famille et que pour mes anciens amis aussi, je serais enfin un personnage. Quelle dérision ! Je suis aujourd'hui si misérable que je n'oserai jamais plus les regarder en face. Il n'est pas utile que je retourne chez moi pour leur faire honte à tous. Je sais fort bien qu'à ma mort ils refuseront de m'inhumer auprès de nos ancêtres. Ni homme ni femme, nous ne sommes que des monstres qu'aucun parent n'accepterait de prendre chez soi, pas même comme domestique. Dans quelle misère va-t-on finir ? Le plus sage serait de se jeter dans le fleuve pour en terminer au plus vite.
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Entre les murs du palais, les actes les plus naturels de la vie quotidienne devenaient si compliqués que je compris bien vite la nécessité d'un apprentissage. Prenons l'exemple de la pipe. Quoi de plus simple que d'allumer une pipe à qui veut fumer, et combien de fois ne l'avais-je point fait pour mon père ? Or, ici, c'était toute une affaire. La encore, il convenait de présenter la pipe à genoux et de rester dans cette position en tenant le fourneau des deux mains, tout le temps que le maître tirait sur le tuyau. Dans le cas d'une pipe à tuyau court, où il était nécessaire d'être debout pour pouvoir la tenir, il fallait néanmoins garder le corps incliné en signe de respect. En fait, la difficulté de l'entreprise tenait moins à la technique qu'à la connaissance de la psychologie du maître à servir, nous expliqua le vieil eunuque, qui devait savoir de quoi il parlait.
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Yujie, dont le nom qui signifiait Pureté de Jade n'aurait pu être mieux porté. Car tout en elle était pureté. Pureté, la lourde natte de ses cheveux de jais qui ondoyaient au creux de ses reins cambrés ; pureté, le parfait ovale de son beau visage et pureté, son teint, diaphane comme la brume matinale que le soleil levant tendrement rosissait ; pureté encore que les perles noires de ses grands yeux dans lesquels un feu ardent pétillait en mille nuances dorées ; pureté, la peau d'albâtre de sa chair souple et fine que sa veste livrait jalousement à nos regards au détour d'un col ou d'un poignet ; pureté, les courbes légères de ses formes naissantes qui nous chaviraient le cœur et nous mettaient le feu aux joues ; et surtout, pureté que son cœur et que son âme auxquels les miens, dans le secret, avaient juré éternité.
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Sa voix était un chant, comparée au nasillement de la maquerelle, mignarde et délicate avec ce rien d'affectation qui est autant de grâce. Une grâce dont la nature l'avait comblée, et de laquelle la technique moderne, je m'en apercevais maintenant que je la voyais en chair et en os, était impuissante à rendre compte : elle était mille fois plus belle que sur la photo. La main même des dieux semblait avoir paré. Ses yeux étaient de jais, ses lèvres de corail, ses dents de perle fine ; son visage était un bijou à lui tout seul. Elle leva vers Zhang Lande une moue délicieuse, qui arqua ses fins sourcils et retroussa légèrement son petit nez mutin. Sa courte veste d'intérieur rose tendre et son pantalon de soie assortie mettaient en valeur la sensualité de son corps. Deux petits chaussons de satin blanc brodés de roses pourpres enveloppaient ses pieds minuscules.
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Lorsque le palanquin fut posé à terre, il écarta délicatement les rideaux et aida la Vénérable Aïeule impériale à sortir de sa voiture. Une déesse m'apparut alors, la reine mère de l'Occident en personne, étincelante, charriant dans son sillage des flots de soie et d'or, des cascades de perles et de jade, la tête ceinte d'une éblouissante coiffure ornée de bijoux et de fleurs. Tout en elle exprimait qu'elle n'était point de ce monde ordinaire, mais une divinité descendue du Ciel. Elle sortit avec des gestes lents, et toute l'assemblée se prosterna à sa vue, en criant : « Mille bonheurs, Vieux Bouddha. »
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P.173 : Peu à peu nous retrouvions notre dignité. L'impératrice avait abandonné sa robe de toile, ses ongles repoussaient, et avec la splendeur, elle renoua avec la méchanceté.
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[...] Tu comprends maintenant pourquoi je mets tant de soin à les conserver ? A présent, ôte ton pantalon, et va t'allonger.

Il se tut brusquement et je me déshabillai dans un état second, comme drogué. J'avais les jambes molles et les doigts gourds, de la peine à ordonner mes mouvements, mal au ventre, mal au coeur. J'avais peur tout simplement. Peur de souffrir, peur de mourir, je ne saurais plus dire exactement ; mais j'avais peur.

[...]
J'avais la sensation de tomber dans un puits sans fond, de perdre pied, de m'enliser. Je poussai une longue plainte aiguë, les yeux écarquillés sur le vide, comme si j'avais eu la certitude de vivre au moins le temps que durerait ce gémissement continu.
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- Oncle Qian, qu'est ce que maître Han a voulu dire tout à l'heure en parlant de purifier mon corps? Je n'ai pas osé lui demander, mais je n'ai pas compris.
- Tu me demandes ça à moi ! se défila-t-il. Crois-tu que j'en sache plus que toi sur le sujet ? Seulement, je te préviens que devant tes nouveaux maîtres, il faudra perdre cette habitude de questionner à tors et à travers. Tu n'es pas encore embauché, alors au lieu de chipoter, tu ferais mieux de te soucier de leur plaire. Si tu veux travailler, tu dois obéir, et te taire !
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- Tu me rends fou, criait-il, tu me mets le feu au corps, tu vas voir si je t'attrape !
- Oui, oui, attrapez-moi, disait-elle entre une cascade de rire et un gloussement. J'aime tellement que vous me preniez dans vos gros bras.
De nouveaux rires jaillirent, entrecoupés de plaintes et de soupirs qui me mirent le corps en émoi. Ils se turent un moment, puis il reprit :
- Viens, j'ai envie de cracher.
En l'entendant se racler la gorge grassement, je me souvins de ce que m'avait raconté le cuisinier Yuan ; sans même réfléchir, je me glissai sous la fenêtre et, me mouillant un doigt de salive, je le passai sur le papier paraffiné tendu sur la croisée pour regarder à l'intérieur : Jincui était agenouillée devant Zhang Lande ; les deux mains posées sur les cuisses du seigneur, la tête rejetée en arrière, les yeux mi-clos, elle tendait vers lui ses lèvres entrouvertes. Il se pencha au-dessus d'elle et, la saisissant par les épaules, il approcha sa bouche de la sienne, pour cracher à l'intérieur un long filet glaireux. Je fus pris d'un haut-le-cœur, comme s'il avait craché dans ma propre bouche.
Il se redressa, hilare.
- C'est bien, mon petit trésor. Il n'est de crachoir plus doux que ta bouche parfumée.
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P.168 : Elle, qui jadis, n'approchait les lèvres que dédaigneusement des mets les plus rares, comme si jamais rien n'était assez précieux pour elle, elle se jeta sur les pâtisseries tel le loup affamé sur la brebis, sans même attendre que le plateau fût posé sur le guéridon, et elle en engloutit en quelques secondes une quantité invraisemblable, avec inélégance et force bruits de mastication.

P.169 : Depuis le temps que je luis dit de ne plus fumer cette cochonnerie ! hurla-t-elle. Il n'a pas voulu m'écouter et il a continué à mon insu. Où veut-il qu'on trouve de l'opium dans ce désert ? Qu'il crève ! C'est lui qui l'aura cherché !
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P.135 : (...) aussi ne fis-je jamais jamais partie d'aucune cabale et ne portai-je jamais ombrage à personne. Toujours disponible pour les travaux pénibles que d'autres rechignaient à exécuter, j'acceptais avec humilité les remontrances et j'ignorais les offenses, le mépris ou les railleries. Je ne me mêlais à aucun conflit. J'étais réservé et discret à en faire oublier que j'existais. Ainsi, ne gênant personne, je me fis accepter, sinon apprécier, de tous.
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